Je déclare ouverte la 19e réunion du Comité mixte spécial sur l'aide médicale à mourir. Je souhaite la bienvenue aux membres du Comité, aux témoins, ainsi qu'aux gens du public qui suivent cette réunion sur le Web.
Je m'appelle Marc Garneau et je suis le coprésident du Comité venant de la Chambre des communes. Je suis accompagné de l'honorable Yonah Martin, la coprésidente du Comité venant du Sénat.
Aujourd'hui, nous continuons notre examen prévu par la loi des dispositions du Code criminel concernant l'aide médicale à mourir et leur application.
[Traduction]
Je rappelle aux membres et aux témoins de garder leur microphone en sourdine, à moins que le coprésident ou la coprésidente vous nomme. Veuillez toujours vous adresser à la coprésidence.
Lorsque vous avez la parole, veuillez parler lentement et clairement. Les services d'interprétation offerts pour cette vidéoconférence sont les mêmes que pour une réunion du Comité en personne. Pour l'interprétation, vous pouvez probablement voir le bouton, au bas de l'écran, et les options « parquet », « anglais » et « français ».
Sur ce, j'aimerais souhaiter la bienvenue aux témoins de notre premier groupe. Ils sont ici pour discuter de l'état des soins palliatifs au Canada.
[Français]
Parmi les témoins qui comparaîtront à titre personnel, nous accueillons la Dre Geneviève Dechêne, qui est médecin de famille.
[Traduction]
Nous accueillons le Dr James Downar, professeur et chef de la Division des soins palliatifs de l'Université d'Ottawa.
Nous avons également M. Spencer Hawkswell, président et directeur général de TheraPsil.
Merci de vous joindre à nous aujourd'hui. Nous allons commencer par les déclarations liminaires. Chacun de vous aura cinq minutes pour parler. Nous allons commencer par la Dre Dechêne.
[Français]
Vous avez la parole, docteure Dechêne.
:
Je vous remercie de me permettre de m'adresser au Comité mixte spécial sur l'aide médicale à mourir.
Comme médecin en soins palliatifs à domicile, j'aimerais vous parler du manque d'accès à domicile, aussi bien pour les soins palliatifs que pour l'aide médicale à mourir.
Je vous parle ce matin en tant qu'experte en soins palliatifs à domicile exerçant au Québec depuis 35 ans. Ces soins à domicile couvrent les résidences pour personnes âgées. Au Québec, les cliniciens ont malheureusement échoué, jusqu'à ce jour, à convaincre les décideurs de l'importance de donner accès aux gens à des soins palliatifs complets à domicile. Je parle ici d'équipes multiprofessionnelles de soins palliatifs. Celles-ci doivent inclure minimalement le duo de base constitué d'une infirmière et d'un médecin, qui travaillent en équipe pour offrir une garde 24 heures. Au Québec, nous utilisons le terme « équipe intensive ».
Expertes en soins palliatifs, ces équipes ont démontré leur efficience. Les hospitalisations sont réduites de 65 %, et 64 % des décès des patients suivis ont lieu à domicile. Ces chiffres sont bons et comparables à ceux des équipes palliatives des principales autorités canadiennes-anglaises et européennes. Malheureusement, les cliniciens québécois tentent encore à ce jour de faire accepter la durée moyenne du suivi médical palliatif des patients en fin de vie à domicile, qui est de huit mois, et non de 7 jours, comme l'ont fixé les autorités québécoises en 2019.
Les données internationales démontrent que les soins infirmiers palliatifs à domicile sont des soins rehaussés. Il s'agit ici de l'expertise des infirmières cliniciennes bachelières qui se consacrent à cette pratique. On donne à ces infirmières une formation supplémentaire ainsi que du temps pour soigner ces patients lourds et soutenir les proches, qui participent très activement aux soins à domicile. Ce n'est pas une pratique infirmière de base, et ce n'est pas une pratique hospitalière du tout.
On sait aussi que tous les médecins n'ont pas la formation et l'expérience nécessaires pour soulager les souffrances des patients au cours de leur dernière année de vie. Ces patients sont effectivement complexes et instables. Ce n'est pas une pratique médicale de base.
Il a été démontré, dans plusieurs publications scientifiques reconnues, que les médecins en soins palliatifs soulagent mieux et plus rapidement les patients, et à moindre coût pour le système de santé. Malgré cela, on déplore encore au Québec une grave pénurie de médecins en soins palliatifs à domicile. Il s'agit carrément d'un désert médical, qui touche de 80 à 85 % de tous les Québécois en fin de vie.
Les cliniciens à domicile espéraient que des soins palliatifs complets seraient enfin mis sur pied dans tous les milieux de soins, y compris à domicile, en même temps que l'aide médicale à mourir, et ce, grâce à l'application de la loi québécoise de 2015 concernant les soins de fin de vie. En effet, pour respecter les critères de cette loi, il faut tout faire pour soulager le patient avant de procéder à une aide médicale à mourir, qu'il s'agisse de souffrances physiques ou psychiques-psychologiques. Cependant, la priorité a été donnée à l'aide médicale à mourir, et non aux soins palliatifs, ce qui est absurde, car les deux sont en réalité — et j'insiste sur ce point — complémentaires et essentiels.
Je vais maintenant parler de l'indicateur chiffré reconnu pour mesurer l'accès aux soins palliatifs à domicile et le taux de décès à domicile. Le taux de décès à domicile du Québec est le plus faible en Occident. Il se situe à 12 % alors qu'il est en moyenne de 30 % ailleurs au Canada et en Europe. Nous vivons cette situation quotidiennement dans nos urgences majeures débordées. Les données démontrent pourtant qu'au moins 70 % des Québécois veulent être soignés et mourir chez eux. Il y a, au Québec, une particularité: nos médecins de famille consacrent une partie très importante de leurs heures de travail à l'hôpital.
Lors de notre première visite à domicile, les patients nous parlent très souvent de l'aide médicale à mourir, car ils souffrent. Beaucoup ne connaissent même pas leur pronostic de moins de 12 moins, surtout dans les cas de maladies non cancéreuses. Ils nous font part de leur épuisement et de leur désespoir devant les souffrances persistantes auxquelles ils font face, après avoir fait des séjours répétés dans des salles d'urgence bondées. Lorsque les équipes palliatives sont présentes à domicile, les souffrances sont prises en charge intensivement jusqu'au soulagement, et peu de patients choisissent alors l'aide médicale à mourir.
Théoriquement, la Loi concernant les soins de fin de vie stipule que des soins palliatifs, ainsi que l'aide médicale à mourir, devraient être accessibles à tous les Québécois qui le désirent, et ce, dans tous les milieux de soins, y compris à domicile. Toutefois, ce n'est pas le cas au Québec. L'iniquité dans l'accès aux soins palliatifs à domicile et à l'aide médicale à mourir perdure, alors que la majorité des autres provinces donnent la priorité au domicile plutôt qu'à l'hôpital quand il s'agit d'offrir ces soins.
Au Québec, en 2022, notre code postal décide de notre lieu de décès. Nous devons et nous pouvons faire mieux à cet égard.
Pour cela, il nous faudra sortir du modèle de soins centré sur l'hôpital et accepter le fait que, en Occident, la fin de vie est longue et que celle‑ci requiert une prise en charge médicale experte associée à des soins infirmiers rehaussés.
Je vous remercie.
:
La matinée va être intéressante.
Je pense qu'il est très important de souligner que les crises que nous connaissons actuellement dans le domaine des soins palliatifs et de la prestation de ces soins sont liées en grande partie à un manque généralisé de personnel dans l'ensemble du système de santé, en particulier dans le domaine des soins à domicile. Nous avons besoin d'un plus grand nombre d'infirmières et de préposés aux services de soutien à la personne en particulier, mais surtout, nous devons accroître notre bassin de main-d'œuvre dans ces domaines sans dépouiller d'autres secteurs. Si nous nous contentons d'injecter de l'argent dans les soins palliatifs et que nous volons du personnel aux hôpitaux ou aux établissements de soins de longue durée, nous ne ferons que déplacer la crise, comme cela s'est produit à plusieurs reprises pendant la pandémie. Il faut donc faire attention.
Je pense qu'il est important de reconnaître que, même avant la pandémie, le manque de financement, le nombre insuffisant de lits pour les soins palliatifs et le nombre insuffisant de ressources pour les soins palliatifs à domicile ont eu un effet en amont très important sur l'ensemble du système de soins de santé. Parmi les patients admis dans un hôpital, il y en avait probablement un sur cinq ou six qui attendait simplement d'être transféré dans un autre établissement, dans un autre lit qui n'existait pas. Cette situation a fortement contribué à submerger nos établissements de soins aigus.
Ce qui est encore plus triste, c'est que dans tous les endroits où ces patients attendaient d'aller, les lits sont moins chers que ceux qu'ils occupaient dans les soins aigus. Il y a un an, nous avons publié un rapport de C.D. Howe selon lequel il suffirait de déplacer vers les lits voulus les patients qui en sont aux 90 derniers jours de leur vie — c'est près de la moitié des patients qui ont besoin de ce qu'on appelle un autre niveau de soins, ou ANS, à l'hôpital — pour économiser des centaines de millions de dollars par an tout en améliorant les soins pour ces patients et en atténuant la crise des soins de santé. La crise des soins aigus est surtout une crise des soins de fin de vie, et c'est sur cela que nous devons vraiment nous concentrer en ce moment.
Je voudrais également souligner l'importance d'améliorer le soutien et le financement de la recherche sur les soins palliatifs dans ce pays. Nous avons incontestablement connu une augmentation au cours des deux dernières années. Un financement important a été accordé au collectif de recherche pancanadien en soins palliatifs, de même qu'à l'institut de soins palliatifs de l'Alberta. Voilà d'excellents points de départ; continuez, car nous devons vraiment améliorer notre capacité de traiter de nombreux types de souffrance, et en particulier la souffrance existentielle, qui est très courante. C'est le facteur numéro un chez les personnes qui demandent l'aide médicale à mourir, et il n'existe actuellement aucune thérapie éprouvée pour traiter ce type de souffrance. C'est très important. Nous disposons de thérapies prometteuses; nous avons simplement besoin d'un soutien pour mener les recherches et commencer à faire progresser notre domaine.
L'amélioration des soins palliatifs répond à un impératif moral pour tous les Canadiens, indépendamment de l'aide médicale à mourir. Seule une infime minorité de Canadiens choisissent l'aide médicale à mourir en fin de vie, et 98 % de ces personnes obtiennent des soins palliatifs ou y ont accès. De nombreuses personnes n'ont pas accès aux soins palliatifs ou ne reçoivent pas de bons soins palliatifs. Elles ne bénéficient pas non plus de l'aide médicale à mourir. Nous ne parlons pas vraiment de l'aide médicale à mourir, mais de l'amélioration des soins de fin de vie pour tous les Canadiens.
J'aurai probablement l'occasion de répondre à des questions, et je vais donc conclure ma déclaration liminaire sur ce point.
Je vous remercie.
Je suis un défenseur des droits des patients, et je suis président et directeur général de TheraPsil, un organisme sans but lucratif qui aide les patients à accéder à la psilocybine, une substance que l'on trouve couramment dans ce que l'on appelle les champignons magiques et qui a la capacité étonnante d'aider les gens au cours du processus thérapeutique. Cette substance est généralement utilisée dans le cadre d'études visant à atténuer la détresse des personnes en fin de vie.
Je suis ici aujourd'hui pour parler au nom de nos nombreux concitoyens et patients qui ont le droit, au Canada, de se prévaloir de l'aide médicale à mourir, mais à qui on refuse actuellement le droit d'essayer la psilocybine. Plus précisément, je parlerai d'une patiente, Janis Hughes, une Manitobaine de 65 ans atteinte d'un cancer du sein de stade 4 et dont le pronostic est de deux ans. Je la cite: « En plus de se montrer paternaliste, le gouvernement canadien enfreint les droits que me confère la Charte en me refusant l'accès à la psilocybine, alors que cette substance m'a aidée pour mes soins palliatifs et a atténué ma détresse en fin de vie, ce qui ne m'a laissé qu'une solution, soit l'aide médicale à mourir. »
Le lien avec l'aide médicale à mourir, c'est qu'il est question d'améliorer les soins palliatifs et les thérapies complémentaires ou préalables.
La dernière fois que la psilocybine a été évoquée lors de cette réunion, elle a été rejetée parce qu'elle était perçue comme étant une pseudoscience sous prétexte qu'elle a fait l'objet de peu de recherches, et on estimait qu'elle n'avait pas grand-chose à voir avec l'aide médicale à mourir. Cependant, tout d'abord, en ce qui concerne la recherche, je voudrais rappeler à tout le monde que la psilocybine a fait l'objet de nombreuses recherches, notamment des recherches spécifiques menées par Johns Hopkins et la NYU, qui dépassent de loin la plupart des recherches effectuées sur le cannabis médical et peut-être l'aide médicale à mourir. Dans les deux cas, la légalisation se fonde sur les droits de la personne, et c'est ce dont nous parlons ici aujourd'hui. Il est question des droits de la personne et de la compassion dont il faut faire preuve.
Ensuite, pour répondre au lien entre l'aide médicale à mourir et la psilocybine, les personnes que je représente, comme Mme Hughes, sont directement touchées par les travaux de ce comité. L'accès à la psilocybine est actuellement possible grâce au Programme d'accès spécial destiné aux personnes pour lesquelles tous les autres traitements ont échoué, ce qui laisse l'aide médicale à mourir comme une des seules solutions si la psilocybine n'est pas autorisée. Cela représente une incongruité déplorable dans notre système de soins de santé. Le Comité, une fois mis au courant de cette incongruité, pourrait se rendre compte que nous permettons à des personnes de mourir avant qu'elles ne puissent essayer des substances telles que la psilocybine qui pourraient les aider à soulager leur détresse en fin de vie et les aider dans leurs soins palliatifs avant de recourir à l'aide médicale à mourir.
Où est la compassion? Pourquoi n'y a‑t‑il pas une approche plus centrée sur le patient, alors que les commettants et les personnes touchées par les actions de ce comité se font refuser des traitements préalables ou complémentaires à l'aide médicale à mourir?
Je suis personnellement un grand partisan de l'aide médicale à mourir et je suis d'accord avec tout ce que j'ai entendu jusqu'à présent. Nous devons faire avancer ce dossier rapidement, mais nous devons aussi le considérer dans le contexte des soins palliatifs au Canada, surtout lorsque les patients se voient refuser l'accès à d'autres thérapies.
Le projet de loi et le projet de loi exigeaient la création de ce comité mixte de la Chambre des communes et du Sénat pour qu'il procède à un examen complet du Code criminel, des dispositions relatives à l'aide médicale à mourir et de leur application, ainsi que des questions relatives à la maladie mentale et à l'état des soins palliatifs au Canada. Je crois que nous parlons de l'état des soins palliatifs au Canada.
Je suis ici pour défendre les Canadiens atteints de maladie mentale et ceux qui se battent pour obtenir des soins palliatifs adéquats. Notre système de soins de santé se targue d'être axé sur le patient et de donner aux gens le droit de mourir, dans le sillage de l'arrêt Carter: si vous n'avez pas le droit de mourir, alors à qui appartient ce corps? En même temps, on restreint les possibilités des Canadiens en élargissant la portée de l'aide médicale à mourir, mais en ignorant les problèmes liés aux traitements complémentaires ou préalables, comme l'accès à la psilocybine.
Je pense que c'est inadmissible. Des citoyens sont touchés par les travaux de ce comité, mais l'examen actuel va explorer de plus vastes options en matière d'aide médicale à mourir, alors qu'on ignore leurs demandes de recourir à un traitement basé par exemple sur la psilocybine pour améliorer leur qualité de vie.
Je ne crois pas que les membres de ce comité devraient laisser une telle chose se produire. Je vous demande de faire preuve de compassion et de soutenir des personnes comme Janis. Je crois que les Canadiens qui ont le droit de mourir devraient également avoir le droit d'essayer la psilocybine et peut-être d'autres substances contrôlées avant de recourir à l'aide médicale à mourir.
Je crois cependant que nous devrions commencer par l'accès à la psilocybine, étant donné la robustesse des recherches. Nous devrions nous attendre à ce que cela s'étende à d'autres traitements et substances qui pourraient avoir d'autres fondements.
Je demande instamment à ce comité d'ajouter dans son rapport que la réglementation de l'accès à la psilocybine à des fins médicales pour ceux qui demandent l'aide médicale à mourir devrait être une priorité et que le recours à cette substance devrait constituer un traitement préalable possible pour un certain nombre de Canadiens qui en ont besoin. Je n'ai nullement l'intention de ralentir les autres travaux en cours sur l'aide médicale à mourir et sur d'autres questions; j'encourage plutôt l'expansion d'autres traitements possibles en même temps. Encore une fois, je parle de la psilocybine.
Je suis ici pour défendre la cause des personnes comme Mme Janis Hughes et des centaines d'autres patients qui sont découragés après avoir contacté notre organisation, parce que nous pouvons leur accorder l'aide médicale à mourir en seulement trois jours alors qu'une personne comme Mme Hughes a attendu sept mois pour avoir accès à la psilocybine et a été obligée d'enfreindre la loi pour y avoir accès.
Je ne crois pas que cela donne une image positive des soins palliatifs au Canada, et je pense, comme le Dr Downar, que c'est la même chose pour les autres thérapies — complémentaires ou préalables — qu'il faut rendre disponibles à l'issue de l'étude du Comité qui vise à étendre les options possibles en matière d'aide médicale à mourir.
Veuillez envisager cela. Je vous remercie.
:
Je vous remercie de cette excellente question.
Au Québec, nous avons des Centres locaux de services communautaires, soit des CLSC. Ce sont des établissements fabuleux, qui offrent de très bons soins à domicile. On y trouve, entre autres, des infirmières, des ergothérapeutes et des physiothérapeutes. Tous les corps professionnels de la santé y sont représentés, sauf les médecins. C'est aberrant, je le sais.
Pour des raisons purement politiques, et probablement syndicales, depuis 35 ans, les médecins ne font pas partie de ce modèle exemplaire de soins interprofessionnels que constituent les CLSC. Or, dans le cas des soins palliatifs, cela ne peut pas fonctionner sans médecins. Je ne parle pas de l'agonie, des sept derniers jours, mais bien des soins palliatifs, qui sont tous les soins de confort donnés dans la dernière année de vie, comme je le disais tout à l'heure.
Prenons l'exemple d'une personne souffrant d'insuffisance cardiaque, qui « fait de l'eau dans les poumons », comme le disent les patients, qui étouffe à répétition. L'équilibre médicamenteux doit être constamment modifié, que les médicaments soient administrés par la bouche ou par intraveineuse. De jour en jour, et parfois deux fois par jour, nous modifions les doses de médicaments. Cela se fait par téléphone, ou lors de nos visites, pour nous assurer que le patient a une bonne qualité de vie et qu'il n'étouffe pas.
Que peuvent faire nos infirmières extraordinaires à domicile...
:
Je vous remercie de cette belle question.
En médecine familiale, il existe des pratiques améliorées. Il ne s'agit pas de refaire son cours de médecine, mais de faire un stage de deux ou trois mois, suivi d'une supervision par les pairs, soit d'autres médecins qui font ce travail, d'une durée de trois mois également. Après ces six mois, un médecin est capable d'avoir une pratique différente de la pratique en cabinet.
Je pratique aussi en cabinet. Mon téléavertisseur ne sonne pas à 2 heures la nuit pour mes patients au cabinet. Ils ne font pas d'hémorragie, ils n'étouffent pas et ils ne crient pas de douleur à 2 heures du matin. Ils sont très stables et beaucoup moins souffrants, pour la plupart. Je vous dirais que c'est presque une pratique d'hospitalisation à domicile.
À l'hôpital, on est réveillé la nuit pour ses patients hospitalisés. C'est la même chose pour les soins palliatifs à domicile. J'insiste beaucoup sur ce point: les patients très instables et dont le cas est très complexe médicalement ont besoin d'avoir un médecin au bout du fil 24 heures sur 24, sinon ils vont retourner à l'urgence à répétition.
Encore une fois, je me répète, docteur Downar. Merci beaucoup. C'est la crise médicale la plus importante dans notre réseau de la santé partout au Canada.
[Traduction]
Si vous saviez, docteur Downar, à quel point la situation est pire dans la province de Québec.
[Français]
Nos chiffres concernant les décès à domicile le démontrent, puisque nous n'avons que 12 % de décès à domicile. C'est un taux effondré, comparé à celui que vous avez au Canada anglais, soit 30 %.
:
Je voudrais ajouter quelques commentaires sur la situation à l'extérieur du Québec. Il existe des problèmes partout au Canada, mais il y a plusieurs façons de combler les lacunes du système.
Ici, en Ontario, il y a plusieurs équipes et différents modèles pour soutenir les patients à domicile. Vous avez demandé ce que cela prenait pour aider les patients à domicile. Comme la Dre Dechêne l'a dit, il manque souvent de médecins dans la communauté qui font des visites à domicile. Il est donc important d'avoir une équipe qui a les compétences nécessaires pour répondre aux besoins des patients. Cela pourrait être une infirmière praticienne.
Par exemple, une infirmière praticienne ou des infirmières qui ont les compétences nécessaires peuvent répondre aux besoins des patients. Un médecin de famille peut être accompagné d'un consultant spécialiste sur appel pour lui donner des conseils afin de l'aider à gérer certaines situations. Pour les patients ayant des besoins plus complexes, des équipes de médecins spécialisés en soins palliatifs peuvent faire des visites à domicile. Souvent, on ne les retrouve que dans les communautés urbaines, comme vous l'avez dit.
Plusieurs modèles existent. Comme la Dre Dechêne l'a dit, il est important de trouver des modèles qui offrent des récompenses. C'est parfois difficile pour les médecins de gagner un bon salaire lorsqu'ils font des visites à domicile, car ce n'est pas très payant. Toutefois, on retrouve souvent des systèmes de rémunération, surtout en Ontario.
Au fond — vous me corrigerez, si vous n'êtes pas d'accord sur cette affirmation —, l'aide médicale à mourir doit être vue comme un soin dans un continuum de soins.
Les gens disent parfois que c'est en raison de l'échec des soins palliatifs qu'ils font une demande d'aide médicale à mourir. Le patient mourant n'ayant pas accès aux soins palliatifs, il demande l'aide médicale à mourir.
Or les soins palliatifs, dans une vision globale bien donnée d'un accompagnement vers la mort — je vous demanderais aussi de définir cette notion —, pourraient faire que, à un moment donné, un patient est prêt à lâcher prise. Puisqu'il a reçu de bons soins palliatifs, qu'il a eu un bon accompagnement vers la mort et qu'il se sent totalement serein, il pourrait alors décider que c'est aujourd'hui qu'il lâche prise et qu'il aimerait partir.
Cet exemple ne représente pas un échec des soins palliatifs. On pourrait le voir comme un succès des soins palliatifs du fait que, tout à coup, émerge une demande d'aide médicale à mourir parce que le patient est totalement serein et qu'il lâche prise.
Êtes-vous d'accord là-dessus?
:
Merci, madame la présidente.
Merci à tous nos témoins de comparaître aujourd'hui.
Monsieur Hawkswell, c'est à vous que j'aimerais poser mes questions, si vous le permettez. Je suis ravi de votre participation aux travaux du Comité aujourd'hui. J'ai vraiment aimé que vous mettiez l'accent sur une approche axée sur le patient. Notre comité a antérieurement entendu la Dre Valorie Masuda, qui appartient à ma circonscription. Elle est médecin en soins palliatifs et a pu constater de visu, avec ses patients, que la psilocybine, dans un environnement contrôlé, soulage véritablement leur anxiété, la peur existentielle qu'ils ressentent lorsqu'ils approchent de la fin de leur vie. Ils peuvent ainsi se concentrer sur cette partie de leur vie en compagnie de leurs parents et amis, dans un état d'esprit beaucoup plus sain.
Vous avez mentionné les travaux de recherche de Johns Hopkins. Je suis en train de regarder leur site Web et j'y ai lu ceci:
Les recherches menées à ce jour démontrent l'innocuité de la psilocybine dans des espaces réglementés, avec un encadrement médical au cours d'une série de séances guidées; et dans le cadre d'une thérapie cognitivo-comportementale, la psilocybine aide à réduire l'anxiété chez certains patients atteints de cancer, et facilite même l'abandon du tabac chez certains.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur les résultats de ces recherches, et pourriez-vous plus tard soumettre certaines de ces recherches à notre comité afin que nous puissions en tenir compte à l'approche de la production de notre rapport final?
:
Je peux assurément vous soumettre des recherches et des articles d'opinion de patients et de médecins si vous le souhaitez. Je crois qu'ils sont très utiles et qu'ils décrivent des cas plus axés sur les patients dans lesquels les patients et les professionnels de la santé, ainsi que les familles, ont profité de cette aide.
Je vais juste en dire un peu plus sur l'utilisation de la psilocybine et sur ce que nous avons vu dans le cadre de près de 100 traitements que notre organisation a contribué à faciliter en collaboration avec des médecins comme la Dre Val Masuda.
La psilocybine, la molécule en soi, n'atténue pas à elle seule toute la détresse en fin de vie. C'est l'expression courante, mais il s'agit en fait du mélange d'anxiété, de dépression et de désespoir qu'un patient éprouve lorsqu'on lui annonce qu'il va mourir. Encore une fois, cela n'affecte pas tous les patients atteints de cancer, mais des analyses documentaires que nous avons réalisées — et que nous essaierons également d'inclure — montrent que, chaque année, environ 2 800 Canadiens entrent dans cette catégorie de dépression ou d'anxiété résistante au traitement en raison d'un diagnostic de fin de vie.
Conjuguée à la psychothérapie — c'est ce dont vous parlez, et ce dont Johns Hopkins parlait —, la psilocybine facilite le processus psychothérapeutique lorsqu'elle est administrée par des médecins dans un espace sûr comme le domicile du patient, lieu souvent choisi à cette fin. Elle permet aux patients de se laisser aller. Dans de nombreux cas, elle permet au thérapeute de faire réellement le travail qu'il doit faire.
Pour de nombreuses personnes, les mensonges qu'elles se racontent et leurs peurs entravent le processus psychothérapeutique. Dans de nombreux cas, les patients qui sortent de ces expériences déclarent qu'ils n'ont plus peur de la mort ou qu'ils se sentent en harmonie avec l'univers. Il s'agit essentiellement d'années de psychothérapie réunies en une seule séance avec l'aide de la médecine.
:
Je vous remercie de cette très belle question.
Je rêve que, partout au Canada et pas seulement au Québec, des soins palliatifs complets soient offerts et, donc, que tous les professionnels dont je viens de parler soient présents. Comme le disait le Dr Downar, le médecin peut intervenir à domicile ou au téléphone, mais il faut des équipes complètes pour que les patients en fin de vie aient accès à des soins médicaux et infirmiers ainsi qu'à d'autres soins professionnels complets, selon leurs besoins. Je veux préciser que cet accès aux soins est crucial, qu'il y ait cancer ou pas, car on oublie toujours les maladies non cancéreuses, qui représentent plus de la moitié des décès. Tout le monde devrait avoir accès à ces soins, tant ceux qui ont besoin de plus que ceux qui ont besoin de moins.
Je répète que l'aide médicale à mourir est complémentaire à de bons soins palliatifs et qu'elle n'est pas un continuum de soins. Aussi, je crois que le nombre de demandes va augmenter. Nous comptons en moyenne 3,4 % de décès médicalement assistés au Québec. Cette proportion a donc grimpé, et je crois qu'elle le fera encore. Le Québec a d'ailleurs précédé plusieurs provinces canadiennes à ce sujet. Je ne pose pas de jugement de valeur parce que, l'important pour moi, c'est de répondre aux demandes des patients.
Nous allons maintenant poursuivre nos travaux avec notre deuxième groupe de témoins.
[Traduction]
J'aimerais présenter quelques règles de régie interne aux nouveaux témoins.
Veuillez attendre que la coprésidence vous nomme avant de prendre la parole.
Je vous rappelle que toutes les observations doivent être adressées à la coprésidence.
Lorsque vous parlez, veuillez vous exprimer lentement et clairement, pour le bien de nos interprètes. Les services d'interprétation offerts pour cette vidéoconférence sont les mêmes que ceux offerts pour une réunion en personne. Les personnes qui se joignent à nous virtuellement peuvent choisir, au bas de leur écran, entre le parquet, l'anglais et le français. Le petit globe est le bouton pour l'interprétation. Lorsque vous n'avez pas la parole, veuillez mettre votre micro en sourdine.
Maintenant, j'aimerais souhaiter la bienvenue à notre deuxième groupe de témoins. Je le répète, la réunion d'aujourd'hui porte sur les soins palliatifs.
Se joint à nous par vidéoconférence le Dr José Pereira, professeur et directeur de la division des soins palliatifs du département de médecine familiale de l'Université McMaster. Nous recevons aussi en personne M. Mike Kekewich, directeur du Champlain Regional MAID Network et du Champlain Centre for Health Care Ethics.
Je ne le vois pas en ce moment, mais nous espérons aussi recevoir le Dr Louis Roy.
[Français]
Le Dr Roy représente le Collège des médecins du Québec. Nous l'attendons incessamment.
[Traduction]
Je vous remercie de vous joindre à nous.
Nous allons commencer par les déclarations préliminaires des trois témoins. Le Dr Pereira prendra la parole en premier. Chaque témoin aura droit à cinq minutes pour faire sa déclaration. Nous passerons ensuite à la période de questions.
Docteur Pereira, vous avez la parole pour cinq minutes.
:
Merci, monsieur le coprésident, madame la coprésidente. Merci au Comité de m'avoir invité à venir discuter des soins palliatifs au Canada.
Comme vous venez de l'entendre, je suis professeur et directeur des soins palliatifs à l'Université McMaster. Je suis également cofondateur et directeur scientifique de Pallium Canada.
J'ai consacré la majeure partie de ma carrière à l'amélioration des soins palliatifs au Canada et à l'étranger. J'ai joué différents rôles dans les secteurs de la pratique clinique, de la formation, de la recherche et de la direction à plusieurs endroits au Canada. Je suis ravi d'être ici aujourd'hui pour vous faire part de mes connaissances scientifiques dans le domaine des soins palliatifs.
J'aimerais attirer votre attention sur trois enjeux liés aux soins palliatifs au Canada: l'accès, la formation et le financement.
Bien que des progrès notables aient été réalisés par rapport à tous ces enjeux au cours des 20 dernières années, les lacunes demeurent importantes. Aujourd'hui, il est impossible d'affirmer que tous les Canadiens et Canadiennes ont accès aux soins palliatifs. En réalité, nombreux sont ceux et celles qui n'y ont toujours pas accès. La bonne nouvelle, c'est qu'il y a des exemples d'excellence dans ces trois secteurs partout au pays et qu'il existe des solutions.
Parlons d'abord de l'accès aux soins palliatifs et aux services de soins palliatifs.
En moyenne, seulement environ de 30 à 50 % des Canadiens et Canadiennes ayant besoin de soins palliatifs y ont accès ou en reçoivent, que ces soins soient fournis par des spécialistes en soins palliatifs ou par d'autres professionnels de la santé. De plus, en moyenne, seulement entre 15 et 25 % des patients ont accès à des équipes spécialisées en soins palliatifs pour répondre à des besoins complexes. Dans de nombreuses régions rurales et éloignées du pays, les soins palliatifs spécialisés sont inexistants, et une grande partie des professionnels de la santé qui s'occupent de ces populations manquent de compétences de base en soins palliatifs, tout comme leurs collègues des régions urbaines.
De plus en plus d'études montrent qu'il est préférable de commencer les soins palliatifs au début de la maladie, plutôt que durant les derniers jours ou les dernières semaines de vie. En plus d'améliorer la qualité de vie, les soins palliatifs précoces réduisent l'anxiété et la dépression, la détresse des proches aidants, les hospitalisations, ainsi que — détail important — les coûts des soins de santé.
Malgré ce fait, les soins palliatifs sont constamment amorcés à une étape très avancée de la maladie. Je le constate souvent dans ma pratique clinique, et des études le confirment.
Par ailleurs, votre lieu de résidence, la maladie qui causera votre décès et le temps qu'il vous reste à vivre sont les facteurs principaux qui détermineront si vous recevrez les soins palliatifs dont vous avez besoin. Dans certaines régions, l'accès aux soins est excellent; dans d'autres régions, les soins sont quasi inexistants. Il est également moins probable que vous receviez des soins palliatifs si vous êtes pauvre, autochtone, sans abri ou incarcéré.
L'accès aux services essentiels de soins palliatifs demeure disparate d'un océan à l'autre. Par exemple, les experts recommandent un minimum de 10 lits réservés aux soins palliatifs pour 100 000 habitants. Cela comprend les unités et les centres de soins palliatifs. Nombreuses sont les régions canadiennes qui ne satisfont pas à cette norme. Certaines y répondent, mais beaucoup, non. De plus, beaucoup d'hôpitaux partout au pays ne disposent pas d'un nombre suffisant de médecins et d'infirmières et infirmiers en soins palliatifs. En outre, de nombreuses collectivités ne disposent pas d'équipes spécialisées en soins palliatifs suffisantes pour soutenir les médecins de famille, ainsi que d'infirmières et infirmiers en soins à domicile pour fournir des soins palliatifs à domicile et dans la collectivité.
La pandémie de COVID‑19 a eu une incidence majeure sur la main-d'œuvre du secteur des soins à domicile. Le manque de mesures d'appui aux soins palliatifs à domicile nous empêche de renvoyer les patients de l'hôpital. La population canadienne a besoin de mesures d'appui et d'aide à la vie. Nous sommes en situation de crise.
La pandémie a également mis en lumière les lacunes chroniques au chapitre de l'intégration des soins palliatifs dans les centres de soins de longue durée. Cependant, dans ce secteur aussi, il y a des exemples d'excellence.
Dans le domaine de la formation, le Canada compte trop peu de spécialistes en soins palliatifs et trop peu de postes de formation pour de nouveaux spécialistes. Cela dit, les spécialistes en soins palliatifs ne peuvent pas répondre à eux seuls à l'ensemble des besoins en soins palliatifs d'une population.
Nous devons apprendre l'approche palliative aux fournisseurs de soins primaires et aux professionnels de divers domaines de spécialisation, comme l'a souligné le gouvernement en 2018 dans son cadre sur les soins palliatifs.
Encore aujourd'hui, nombre d'apprenants de toutes les professions de la santé finissent leurs études sans compétences de base. Au Canada, par exemple, moins d'un étudiant en médecine sur trois effectue un stage clinique en soins palliatifs durant sa formation. Dans le cadre des programmes de résidence, seulement 60 % des étudiants en médecine familiale suivent un stage clinique, et les chiffres sont aussi faibles dans d'autres domaines de spécialisation.
Beaucoup de fournisseurs de soins primaires en exercice et d'autres professionnels de différents domaines de spécialisation ne possèdent pas de compétences de base en soins palliatifs. Fait intéressant: d'après une étude portant sur 10 pays de l'OCDE, au Canada, seulement 42 % des fournisseurs de soins primaires se sentent préparés à offrir des soins palliatifs. Au Royaume-Uni, le taux est de 80 %.
Pour aider à combler cette lacune, Pallium Canada, un organisme sans but lucratif que j'ai cofondé il y a 22 ans, a appris l'approche palliative à plus de 40 000 professionnels de la santé d'un océan à l'autre. Aujourd'hui, nous offrons aussi de la formation aux proches aidants et nous soutenons la mise sur pied de communautés bienveillantes. Néanmoins, cela représente encore en deçà de 6 % de la main-d'œuvre.
Il faut du financement pour élargir ces initiatives. Il faut aussi apprendre à la population en quoi consistent réellement les soins palliatifs et les avantages qu'ils apportent.
Cela m'amène au dernier enjeu: le financement. L'accès aux services de soins palliatifs et la formation dans ce domaine nécessitent du financement durable et adéquat de la part des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux. Trop souvent, le financement est sporadique.
Nous saluons quelques gouvernements provinciaux, notamment le gouvernement de l'Alberta, qui vient d'investir massivement dans la formation en soins palliatifs, ainsi que le gouvernement de la Nouvelle-Écosse, qui forme des préposés aux bénéficiaires à grande échelle.
Le gouvernement fédéral doit contribuer au financement des infrastructures et des ressources nécessaires pour mettre en œuvre les grandes priorités définies dans le Cadre sur les soins palliatifs au Canada.
Merci beaucoup, madame la coprésidente, monsieur le coprésident.
:
Merci beaucoup, monsieur le président et chers membres du Comité.
Bonjour à tous ainsi qu'aux autres témoins.
Je suis le directeur du Réseau d’aide médicale à mourir de la région de Champlain, ici à Ottawa. Nous fournissons des soins dans toute la région de Champlain qui s'étend environ de Pembroke jusqu'à Hawkesbury. J'occupe également le poste de directeur du Centre de bioéthique Champlain. Les deux organisations sont sous l'égide de l'Hôpital d'Ottawa, ici à Ottawa.
J'aimerais faire quelques observations sur ce que nous vivons actuellement en matière d'AMM, puis j'aborderai les soins palliatifs puisque c'est le sujet d'aujourd'hui.
Tout d'abord, je veux réagir aux plus récentes données de Santé Canada qui révèlent que l'AMM continue à augmenter considérablement d'une année à l'autre et représente actuellement 3,3 % des morts au Canada. Notre région et notre province suivent la même tendance, et il est évident que de plus en plus de Canadiens se renseignent sur le service et y ont recours. Je crois que nous pouvons anticiper une augmentation continue de ces chiffres au fur et à mesure où les conditions d'admissibilité évolueront dans la loi.
Rapidement, j'aimerais reconnaître formellement le travail acharné des cliniciens de partout au pays qui appuient les patients et leurs familles pendant cette prise de décisions très difficiles. C'est d'autant plus vrai en cette période d'interventions liées à la pandémie.
Au bout du compte, les médecins; les infirmières praticiennes; les intervenants en AMM, comme on les appelle, ou les coordonnateurs; et les autres professionnels de soins de santé dévoués sont essentiels pour la prestation de soins de grande qualité empreints de compassion aux patients qui demandent l'AMM.
Je crois qu'il importe de mentionner au passage que les professionnels qui évaluent les patients et qui administrent l'AMM forment un groupe moins nombreux qu'on pourrait le croire. En 2021, le nombre total de cliniciens ayant administré l'AMM à au moins une personne s'élevait à 1 577. Le nombre peut sembler important, mais 35 % d'entre eux n'ont fourni qu'une procédure d'AMM alors qu'un peu plus de 16 % en ont fourni plus de 10.
La situation représente un défi. La situation occasionne beaucoup de stress à ce groupe de cliniciens dévoués. L'AMM a été administrée à plus de 10 000 patients en 2021, et, bien entendu, un nombre beaucoup plus important de patients ont été évalués dans le cadre du processus. Ce groupe de cliniciens est encore aujourd'hui grandement sollicité.
J'aimerais également formuler quelques commentaires au sujet des soins palliatifs.
Il va sans dire que je suis d'accord avec les témoins qui ont pris la parole plus tôt. J'ai eu l'occasion de les écouter d'ici. Les soins palliatifs représentent un service essentiel et critique pour les Canadiens, et en particulier pour ceux qui envisagent d'avoir recours à l'AMM. Je crois fermement — et ce, depuis longtemps — que l'AMM et les soins palliatifs ne sont pas incompatibles.
Je sais, en raison de mon expérience, que de nombreux patients qui demandent l'AMM ont reçu par le passé des soins palliatifs de grande qualité, ou en reçoivent au moment de la demande. Ces services les aident à gérer leurs souffrances de plusieurs façons. Un grand nombre de patients qui ne reçoivent pas de tels soins lors de leur demande d'AMM sont orientés vers ces services. Ils peuvent ainsi profiter des meilleurs soins possibles, peu importe leur décision définitive. Même les patients qui finissent par recevoir l'AMM continuent souvent à recevoir des soins palliatifs jusqu'à leurs derniers jours afin de contribuer à atténuer leurs souffrances. En effet, les fournisseurs d'AMM agissent avant tout comme experts-conseils: dans la plupart des cas, on ne leur confie pas l'intégralité des responsabilités pour s'occuper des patients.
J'ai trouvé encourageant de constater dans les rapports fédéraux des dernières années que plus de 80 % des bénéficiaires d'AMM avaient reçu des soins palliatifs, nombre d'entre eux en ayant reçu pendant un mois ou plus. Il convient de noter ces statistiques.
Fait très encourageant: en 2021, 88 % des patients ayant reçu l'AMM au Canada avaient eu accès à des soins palliatifs.
D'autres études et rapports localisés sur la question démontrent, à des degrés divers, que la plupart des patients qui ont demandé l'AMM recevaient des soins palliatifs ou y avaient accès. Il se pourrait également que l'ajout de la renonciation au consentement final, qui faisait partie du projet de loi , fasse en sorte que les patients continuent à recevoir des soins palliatifs jusqu'à leur dernier souffle. Par le passé, certains patients redoutaient effectivement l'exigence voulant qu'il faille conserver sa capacité décisionnelle au moment de recevoir l'AMM.
Il va de soi que les données m'encouragent. Je crois que la définition d'un accès adéquat aux soins palliatifs pour ces patients ne fait toujours pas l'unanimité. Je ne me sens pas particulièrement qualifié pour répondre à la question, mais je pense qu'on ne pourra jamais offrir de soins palliatifs trop accessibles. Cette question transcende probablement la conversation entourant les patients qui demandent l'AMM parce qu'il semblerait qu'ils jouissent d'un assez bon accès à ces services.
Je m'arrête ici. C'est avec plaisir que j'écouterai vos questions après le prochain témoin.
:
C'est parfait, je vous remercie.
Je suis ici pour présenter la position du Collège des médecins du Québec, où je travaille depuis un an et demi à titre d'inspecteur à la Direction de l'inspection professionnelle.
Le Collège des médecins, devant l'avancement de l'accès à l'aide médicale à mourir et l'expérience des dernières années, a mis sur pied un comité de travail composé de cliniciens. Ce comité a commencé à réfléchir à cela à partir d’avril 2021 et a remis son rapport en décembre 2021. Ce dernier a ensuite été entériné par le conseil d'administration.
Je vais maintenant dresser les constats et les recommandations de ce comité et du conseil d'administration.
Tout d'abord, le Collège tient à souligner — cela touche le gouvernement fédéral, mais aussi le gouvernement provincial du Québec — le problème de l'harmonisation des lois québécoises et canadiennes. La non-concordance du choix de certains mots amène une confusion auprès de ceux qui offrent des soins de santé.
Par exemple, la loi canadienne parle « d'une maladie, d'une affection ou d'un handicap », ce qui n'est pas le cas dans la loi québécoise. Cela entraîne beaucoup de problèmes sur le plan de l'interprétation de la loi. De plus, cela pourrait porter préjudice à l'accès pour des gens qui auraient droit à l'aide médicale à mourir, selon le côté de la rivière des Outaouais où ils demeurent.
Sur le plan de l'accessibilité aux soins, le comité de travail s'est d'abord penché sur l'accès à l'aide médicale à mourir des personnes ayant des troubles neurocognitifs, c'est-à-dire des démences qui sont en évolution. Le comité et le conseil d'administration du Collège se sont montrés favorables à ce qu'une demande anticipée puisse être faite au moment où la personne est consciente qu'il y a un risque inévitable de perdre ses aptitudes causé par une maladie en progression. Il faudrait donc pouvoir faire une demande anticipée d'aide médicale à mourir, même si cela veut dire que la demande est faite plusieurs années avant l'accomplissement de l'acte.
Le deuxième élément de réflexion portait sur l'accès à l'aide médicale à mourir pour les gens qui présentent uniquement un problème de santé mentale. À nouveau, le conseil d'administration a entériné la recommandation selon laquelle l'aide médicale à mourir devrait être accessible aux personnes qui ont un trouble de santé mentale grave et persistant, pour lequel les traitements ont été tentés et pour lequel la personne ne voit pas d'autre issue. Évidemment, cela nécessite une réflexion plus approfondie sur la façon de mettre cela en place. Il faut s'assurer que la loi est interprétée correctement et que l'accessibilité aux soins respecte les gens. Il faut aussi s'assurer que tous les soins nécessaires et possibles ont été donnés à une personne qui a des problèmes de santé mentale. Dans notre système de santé actuel, nous savons que cela peut présenter certains problèmes quant à l'accessibilité aux soins en santé mentale.
Le troisième élément de réflexion portait sur l'accès à l'aide médicale à mourir pour les mineurs émancipés qui ont entre 14 et 17 ans.
Soutenu par le conseil d'administration, le comité a recommandé que les mineurs émancipés puissent, conjointement avec l'autorité parentale ou le tuteur, faire une demande d'aide médicale à mourir. On doit tenir compte de la souffrance que ces jeunes peuvent vivre; cette souffrance peut devenir intolérable et peut, dans certaines situations, ne plus avoir de sens. Il en va de même pour les bébés de zéro à un an qui viennent au monde avec de graves malformations et des syndromes très graves, pour lesquels la perspective de survie est pour ainsi dire nulle, et qui engendreront de telles souffrances qu'il y a lieu de se prononcer sur l'idée de ne pas laisser souffrir un enfant. À cet égard, le comité soulignait l'expérience des Pays-Bas, entre autres. Cette piste pourrait être explorée.
Finalement, le comité s'est penché sur la fatigue de vivre de certaines personnes âgées. En gériatrie, on appelle cela le syndrome de glissement. Pour ces gens, la vie n'a plus aucun sens. La fragilité de la vie, la diminution des capacités physiques et la souffrance existentielle, entre autres, deviennent des fardeaux intolérables. Le comité et le Collège ont approuvé l'idée d'entreprendre une réflexion approfondie à cet égard.
C'est un sujet qui demeure délicat pour la population et pour lequel, actuellement, nous n'avons pas de réponses claires de notre côté. Or nous souhaitons pouvoir continuer à réfléchir de concert avec les sociétés savantes et l'ensemble de la population pour voir dans quelles circonstances cela pourrait être une option.
Je vous ai donc présenté rapidement ici, en quelques minutes, le fruit des réflexions du comité de travail du Collège, réflexions qui ont été entérinées par son conseil d'administration. Les travaux du comité ont duré six mois, mais ils ont fait suite à de nombreuses années de réflexion et de travail autour de ce sujet.
Je suis disponible pour répondre aux questions des membres du Comité et offrir des précisions.
:
Oui, et certains de mes collègues ont décrit des expériences similaires. Je vais vous donner un exemple.
J'ai travaillé pendant deux ans dans une unité de soins palliatifs de ma région où l'on administre l'AMM. Les patients y sont orientés depuis d'autres hôpitaux et milieux pour recevoir l'AMM. Il est arrivé que j'évalue des patients qui, selon moi, auraient retiré des bienfaits des soins palliatifs parce que le traitement qu'ils recevaient, la palliation, n'était pas optimal. J'étais d'avis que nous pourrions l'optimiser, mais on m'a fait sentir que j'en entravais l'accès.
Je crois que de telles situations se produisent et, si vous discutez avec mes collègues, vous entendrez ce genre d'exemples.
La question me rappelle qu'un intervenant a dit tout à l'heure que la plupart des patients qui demandent l'AMM reçoivent des soins palliatifs. Il arrive que des patients arrivent dans des unités de soins palliatifs et que, en principe, ils se retrouvent donc dans un centre de soins palliatifs. Ils ne reçoivent toutefois pas de soins palliatifs: ils sont en attente de l'AMM.
Je crois que nous devons examiner les chiffres de plus près et un peu plus prudemment.
:
Oui. Les sociétés ou associations de soins palliatifs ne sont pas les seules à juger que l'AMM ne fait pas partie des soins palliatifs: l'Organisation mondiale de la santé en pense autant.
Je crois qu'il existe une distinction entre les deux. Je comprends que, dans une société démocratique, on puisse avoir accès à l'AMM, mais cela ne veut pas pour autant dire qu'elle va de pair avec les soins palliatifs.
J'ai constaté de la confusion par rapport aux deux. À titre d'exemple, il y a quelques semaines, j'ai vu une de mes patientes qui souffrait d'un stade avancé de démence et qui recevait des traitements d'hémodialyse. Elle vivait les derniers moments de sa vie et recevait toujours de tels traitements. J'ai rencontré sa famille pour expliquer que nous devions envisager de mettre fin à l'hémodialyse parce que les traitements étaient vains. Mes propos ont grandement fâché les proches parce qu'ils avaient l'impression que je faisais la promotion de l'AMM. J'ai dû longuement expliquer que je ne proposais pas l'AMM, que nous ne prodiguons pas.
Je crois aussi que l'établissement de liens entre les deux entraîne de la confusion. Nous tentons de prodiguer les soins palliatifs plus tôt pendant l'évolution de la maladie. Les données à l'appui existent depuis 2002. Des données émergentes démontrent les bienfaits des soins palliatifs lorsque les traitements commencent quelques mois avant les derniers jours de vie. Le fait d'associer l'AMM aux soins palliatifs établit un lien entre ces derniers et la fin de vie.
J'ai été témoin de la réorientation de ressources. Dans une des zones périphériques de la région où je vis, des infirmières et des infirmières praticiennes ont été affectées à l'AMM. Il en résulte une pénurie de professionnels de la santé pour répondre aux besoins en soins palliatifs des patients et pour s'occuper de ces soins.
:
Je vous remercie, monsieur Arseneault, de cette question.
Dans ce cas-ci, je vais mettre mon chapeau de clinicien, étape de ma carrière qui s'est terminée lorsque je suis entré au Collège des médecins du Québec, mais j'ai tout de même eu une longue carrière de clinicien. J'ai aussi beaucoup travaillé en soins palliatifs, j'ai participé à l'implantation de l'aide médicale à mourir et j'ai moi-même administré l'aide médicale à mourir à de nombreux patients.
Pour répondre à votre question, je peux parler de mon expérience de clinicien au Québec, en particulier dans la ville de Québec, où j'étais, entre autres, chef des soins palliatifs à l'hôpital universitaire. La très vaste majorité des gens, comme vous l'avez dit avec vos chiffres, avaient accès aux soins palliatifs lorsqu'ils ont demandé l'aide médicale à mourir. Il faut vraiment voir cela comme un continuum de soins. Lors de l'implantation de l'aide médicale à mourir au Québec, nous avons beaucoup insisté sur le fait que les soins palliatifs doivent être présents.
Il faut se rappeler qu'une loi a été adoptée au Québec, il y a un certain nombre d'années, pour que les soins palliatifs ne soient pas facultatifs dans les établissements. Tous les établissements publics doivent avoir un programme ou un plan pour offrir des soins palliatifs, ce qui n'est pas le cas partout au Canada et ce qui est complètement différent de ce que j'avais vécu une quinzaine d'années avant l'adoption de cette loi. Je m'étais même fait dire par une personne qui occupait un poste administratif que mes affaires de soins palliatifs étaient sans intérêt pour la mission de son établissement...
:
Merci, monsieur le président.
Je suis contente d'intervenir après mon collègue M. MacGregor, parce que sa question est la même que l'une des miennes.
On remarque de plus en plus que la population et l'ensemble des professionnels reçoivent beaucoup d'informations relativement à la mise en place du programme d'aide médicale à mourir. Cependant, quand je pratiquais la médecine, j'ai remarqué que la population ne savait rien des soins palliatifs. Les gens à qui l'on proposait des soins palliatifs y étaient réticents.
Aujourd'hui, on oppose encore les soins palliatifs à l'aide médicale à mourir. Que pourrait-on faire pour informer la population sur ce que sont les soins palliatifs, comme on le fait pour l'aide médicale à mourir?
Comment les collèges des médecins des provinces pourraient-ils mieux former les professionnels au chapitre des soins palliatifs, afin qu'ils puissent conseiller les gens sur l'une ou l'autre option, le moment venu?
Docteur Roy, le Collège des médecins du Québec a-t-il déjà réfléchi à cela?
:
Je vous remercie, sénatrice Mégie.
Oui, cela a suscité beaucoup de réflexion.
À ce propos, je dirais que le problème de l'information sur l'accès aux soins palliatifs date de très longtemps. C'est celui aussi de la crainte de parler de la mort, d'aborder des sujets qui ne sont pas faciles.
Je crois que le raccourci vers l'aide médicale à mourir a été pris non pas parce que c'était nécessairement plus facile d'en parler, sur le plan de l'information publique, mais parce que c'était quelque chose de nouveau pour la presse et les médias. Il y avait quelque chose de nouveau à mettre en avant, tandis que, lorsqu'on veut parler des soins palliatifs, on a tous les problèmes liés à ce qu'on va dire, à qui on va le dire et à la manière dont on va le dire.
Du côté de la population, il faut vraiment qu'il y ait des éléments de campagne de presse très ciblés, mais également bien organisés, pour expliquer aux gens ce que sont les soins palliatifs.
J'ai remarqué, au cours de ma longue expérience en soins palliatifs, que les meilleurs ambassadeurs pour bien en parler sont les familles et les proches de gens qui ont reçu ces soins. Ce sont les meilleures personnes pour le faire. Elles sont capables de dire que leur mère ou leur tante est allée aux soins palliatifs, que ce fut une expérience positive, et que cette personne a reçu des soins, du confort et du soulagement.
Du côté des médecins, le Dr Pereira en a parlé. Les facultés de médecine s'y sont mises, mais il faut absolument qu'elles continuent à [difficultés techniques]. Évidemment, tout cela s'intègre dans un curriculum qui est de plus en plus lourd en médecine et dans lequel il est difficile de dire aux futurs étudiants en médecine qu'on va devoir leur ajouter une ou deux années d'études pour réussir à tout couvrir. Il faut réussir à tout condenser encore davantage.
De toute évidence, il faut que nos étudiants en médecine soient mis devant le fait que tout le monde va mourir un jour, mais ils doivent également être mis en contact avec les soins palliatifs pendant leur formation.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins.
Avant de poser mes questions, je prierais le président de demander au Dr Pereira de fournir au Comité un rapport écrit étayant son opinion et comprenant ce qui suit: premièrement, des preuves appuyant que des patients reçoivent l'AMM plutôt qu'un accès aux soins palliatifs même si c'est ce qu'ils souhaitent; deuxièmement, les données démontrant que les patients qui reçoivent l'AMM ont eu droit à des soins palliatifs moins qu'optimaux; et, troisièmement, des faits démontrant que des ressources sont détournées des soins palliatifs au profit de l'AMM en parallèle de la réaffectation annuelle continue des ressources dans le système de santé.
J'ai des questions à poser à M. Kekewich et au Dr Roy.
Monsieur Kekewich, vous avez exprimé des inquiétudes quant à la possibilité d'une pénurie réelle d'effectifs en santé pouvant prodiguer l'AMM et les soins palliatifs. Les deux sont très importants. Comment le gouvernement fédéral peut‑il remédier à ce problème de ressources humaines? Croyez-vous que des transferts en santé ciblés pourraient faire partie de la solution?
Docteur Roy, les organismes de réglementation ont-ils compétence pour exiger que les fournisseurs de l'AMM terminent un programme national de formation en évaluation et en prestation de l'AMM?
Allez‑y, monsieur Kekewich.
:
Je vous remercie pour votre question.
Si vous me le permettez, je vais poursuivre mon témoignage en français pour m'assurer de... [difficultés techniques]... plus clairement.
[Français]
En ce qui concerne les soins palliatifs, évidemment, on est parti de loin, à l'origine, parce qu'il n'y avait aucune formation. Des initiatives se sont organisées localement un peu partout. À l'échelle nationale, un groupe de travail est à mettre sur pied un programme de formation sur l'aide médicale à mourir qui va s'adresser aux médecins et aux infirmières praticiennes. Ce programme, auquel je collabore pour en revoir les modules, devrait normalement entrer en vigueur au printemps 2023. Pour ce qui est de la formation des médecins et des infirmières en matière d'aide médicale à mourir, je crois que les éléments se mettent progressivement en place. On aurait dû le faire avant, mais, à tout le moins, il y a du travail qui se fait.
Une chose reste à faire et demeure pour moi un élément très intéressant. Dans mon domaine, très peu de médecins s'opposent à l'aide médicale à mourir. Beaucoup de médecins disent qu'ils ne se sentent pas capables de l'administrer, mais qu'ils comprennent très bien leur patient et qu'ils vont donc le rediriger vers quelqu'un qui a la formation nécessaire et qui se sent physiquement, psychologiquement et moralement prêt à le faire. Il y a donc cette dichotomie, mais, globalement je dirais que...