:
Bonsoir aux membres du Comité et à nos invités.
Je déclare la séance ouverte et je souhaite la bienvenue à tous à la neuvième réunion du Comité mixte spécial sur la déclaration de situation de crise, créé conformément à l'ordre de la Chambre du 2 mars 2022 et à celui du Sénat du 3 mars 2022.
La séance d'aujourd'hui se déroulera selon une formule hybride, conformément à l'ordre de la Chambre du 25 novembre 2021.
J'aimerais rappeler à toutes les personnes présentes qu'elles doivent suivre les recommandations des autorités sanitaires ainsi que les consignes de santé et de sécurité données par le Bureau de régie interne.
Si des problèmes techniques surviennent, veuillez m'en informer, car nous devrons peut-être suspendre la séance pendant quelques minutes afin de nous assurer que tous les membres sont en mesure de participer pleinement.
J'informe les témoins qu'ils ont accès aux services d'interprétation en cliquant sur l'icône du globe au bas de leur écran et, bien sûr, en utilisant les microphones devant eux.
Nous accueillons aujourd'hui, de 18 h 30 à 20 heures, des représentants du ministère de la Justice. Nous avons François Daigle, le sous-ministre de la Justice et sous-procureur général du Canada ainsi que Samantha Maislin Dickson, la sous-ministre adjointe du portefeuille de la Sécurité publique, de la Défense et de l'Immigration; Jenifer Aitken, la sous-ministre adjointe par intérim du Portefeuille des organismes centraux; et Heather Watts, la directrice générale adjointe et avocate générale de la Section des droits de la personne. Bienvenue.
Vous disposerez tous de cinq minutes pour vos déclarations liminaires. Nous commencerons par...
Allez‑y, monsieur le greffier.
:
Merci, monsieur le président.
Bonjour à tous.
[Traduction]
Mesdames et messieurs les coprésidents et membres du Comité mixte, merci de l'invitation à prendre la parole.
Je tiens à aborder trois points dans ma déclaration liminaire. Le premier est le critère pour invoquer la Loi sur les mesures d'urgence. Comme deuxième point, je veux parler des mesures temporaires et comme troisième, de la conformité à la Charte.
[Français]
Pour ce qui est du premier élément, qui porte sur le test, je vous invite à consulter les articles 3, 16 et 17 de la Loi sur les mesures d'urgence. À l'article 3, on mentionne qu'une crise nationale est un concours de circonstances critiques à caractère d'urgence et de nature temporaire qui met gravement en danger la santé et la sécurité des Canadiens, et auquel il n'est pas possible de faire face adéquatement sous le régime des lois du Canada.
[Traduction]
J'aimerais faire deux remarques à ce sujet.
Premièrement, le 14 février, la gouverneure en conseil a décidé que notre pays se trouvait effectivement dans une telle situation de crise. Les raisons de la déclaration de situation de crise liée à l'ordre public ont été exposées de façon très détaillée dans le document public prescrit par l'article 58 de la Loi. C'est ce document qui résume les faits sur lesquels la gouverneure en conseil s'est appuyée à l'époque pour conclure qu'il y avait des motifs raisonnables d'invoquer la Loi sur les mesures d'urgence. Je crois que ce document a été soumis au Comité.
Deuxièmement, la gouverneure en conseil a déterminé que la situation dépassait la capacité et le pouvoir des provinces et des territoires de réagir « adéquatement », ou « effectively » comme il est écrit dans la version anglaise.
Le critère n'est pas de savoir si d'autres lois existaient, comme d'autres codes de la route provinciaux. Il s'agit de savoir si elles permettaient de faire face adéquatement à la situation de crise. Le critère n'est pas non plus de savoir si elles auraient pu être adéquates. Le critère est de savoir si elles étaient adéquates. Le gouvernement a déterminé qu'elles ne l'étaient pas et a pris des mesures d'une durée limitée que les forces de l'ordre et les fournisseurs de service financier pouvaient utiliser, à leur discrétion, pour faire face à la situation de crise.
[Français]
Le Règlement sur les mesures d'urgence qui a été décrété interdisait certains comportements ciblés et conférait aux agents de la paix le pouvoir de préserver et de maintenir la paix publique.
Chacune des interdictions énumérées aux articles 2 à 5 du Règlement visait des comportements observés lors des blocages illégaux et de l'occupation des rues d'Ottawa. L'interdiction clé est celle qui est prévue au paragraphe 2(1), qui vient compléter les pouvoirs dont dispose la police, en common law, pour maintenir la paix par l'interdiction de certaines assemblées publiques. Elle ne vise pas toutes les assemblées publiques, mais seulement un type très précis et ciblé. Il s'agit d'une assemblée publique dont il est raisonnable de penser qu'elle pourrait avoir comme effet de troubler la paix par trois moyens: en entravant gravement le commerce ou la circulation des personnes et des biens; en entravant le fonctionnement d'infrastructures essentielles; ou en favorisant l'usage de la violence grave ou de menaces de violence contre des personnes ou des biens.
Les mesures interdisaient également aux personnes d'emmener des enfants à ces assemblées illégales — c'est un comportement que nous avons tous pu observer à Ottawa et à Windsor. Les mesures interdisaient également à un étranger d'entrer au Canada avec l'intention de participer à une telle assemblée. Elles interdisaient la fourniture de biens ou de fonds destinés à appuyer les assemblées illégales.
Le Décret sur les mesures économiques d'urgence connexe, qui a permis le gel de certains comptes de banque, était lui aussi très ciblé et limité. Les obligations auxquelles étaient soumises les institutions financières ne s'appliquaient plus, c'est-à-dire qu'elles cessaient de s'appliquer, si « la personne désignée », terme défini dans le Décret, cessait de participer aux activités illégales. Il était donc facile pour une personne de se soustraire à ce gel tout simplement en quittant les assemblées illégales.
[Traduction]
Les objectifs des mesures étaient clairs: décourager les gens de participer à des rassemblements illégaux, mettre fin aux blocages illégaux et faire partir les gens et empêcher la formation de nouveaux blocages et mouvements de manifestations illégaux.
Enfin, en ce qui concerne la Charte, comme le l'a dit lors de sa comparution le 26 avril, les mesures étaient conformes à la Charte et la déclaration n'a pas suspendu la Charte. Cela ressort clairement de la Loi. La Charte a continué de protéger les droits et libertés alors que le gouvernement prenait les mesures nécessaires, légales et proportionnelles pour mettre fin aux blocages.
Je veux expliquer ce que nous faisons au ministère de la Justice lorsque nous examinons de nouvelles lois, comme ces mesures temporaires, pour vérifier leur conformité à la Charte. Nous ne sommes pas la police qui décide de la pertinence ou du moment d'exercer les pouvoirs existants ou nouveaux, ni des procureurs qui décident d'engager des poursuites. Nous examinons les projets de loi tels qu'ils sont présentés, dans ce cas‑ci les décrets temporaires, pour saisir leurs objectifs et déterminer si les mesures sont incompatibles avec la Charte.
L'examen peut comporter la question de savoir si toute atteinte à un droit garanti par la Charte est justifiée dans une société libre et démocratique comme le permet l'article 1 de la Charte. Nous examinons leur portée et leur relation avec les objectifs des mesures. Nous nous appuyons sur des décisions judiciaires, notamment celles de la Cour suprême du Canada.
Bien que nous ne puissions pas communiquer les avis juridiques que nous avons pu préparer pour le pouvoir exécutif, nous pouvons expliquer la position du gouvernement. Le ministre a déjà expliqué que sa position était que les mesures étaient ciblées, proportionnelles, de durée limitée et conformes à la Charte.
Le ministre a déposé aujourd'hui un document d'information sur la Charte qui expose les considérations relatives à la Charte touchant les alinéas 2b) et c) et les articles 6, 7 et 8. J'espère qu'il facilitera votre compréhension et vos délibérations.
[Français]
En conclusion, nous avons constaté que, dans l'ensemble, le Règlement et le Décret ont prévenu l'organisation de manifestations illégales et ont permis à la police de maîtriser la situation. Les occupants sont partis afin d'éviter que leurs comptes ne soient gelés. Les gens ont arrêté d'emmener leurs enfants aux manifestations illégales, ce qui a permis à la police d'appliquer la loi à Ottawa. Les mesures ont également dissuadé d'autres personnes de se joindre aux blocages. En effet, tels étaient les objectifs des nouvelles mesures adoptées en vertu de la Loi sur les mesures d'urgence.
Cela conclut mon introduction. Nous avons bien hâte de répondre à vos questions.
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Merci beaucoup. Je ferai remarquer que nous avons un peu dépassé les cinq minutes prévues, mais il est important que cette déclaration liminaire soit entendue. Dans votre déclaration, vous avez dit qu'un document avait été préparé. A‑t‑il été soumis pour distribution à ce comité?
Une voix: Il a été distribué plus tôt aujourd'hui.
Le coprésident (M. Matthew Green): Excellent. Je vous remercie beaucoup.
Avant de passer aux séries de questions, j'aimerais que vous sachiez qu'au cours de notre séance, nous allons probablement adopter un rythme assez rapide, compte tenu de nos contraintes de temps. Le député qui a la parole contrôle son temps. Si vous entendez des députés dire « Merci » ou s'ils vous interrompent gentiment pour passer à la question suivante, sachez que ce n'est pas personnel. C'est qu'ils souhaitent passer à la question suivante pour protéger leur temps. Je demande aux députés de faire preuve de tact et de permettre la discussion de suivre son cours.
Si un tour touche à sa fin, mais que des renseignements sont en train d'être présentés, je vous le ferai savoir et vous pourrez conclure votre réflexion. Nous ne voulons certainement pas couper la parole à qui que ce soit au milieu d'une phrase.
Nous allons commencer la première série de questions avec M. Motz, qui disposera de cinq minutes.
Monsieur Motz, vous avez la parole.
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Merci, monsieur le président.
Avant que vous ne lanciez le chrono, j'aimerais simplement vous remercier publiquement d'être ici en personne en tant que représentants du ministère. C'est l'une des premières fois que cela se produit, exception faite de la présence des ministres, et cela en dit long sur votre volonté d'être entendus et d'être ouverts à ce que nous faisons. Je vous en remercie beaucoup.
Monsieur le sous-ministre Daigle, je tiens simplement à faire un commentaire sur votre déclaration liminaire. Vous avez dit que l'invocation était nécessaire parce que les lois en vigueur étaient fondamentalement inadéquates. Ce n'est pas une question, mais un commentaire. Je dirais plutôt que les lois en vigueur ont été appliquées de manière inadéquate plus qu'autre chose.
Permettez-moi de passer aux questions. Comme vous l'avez dit, monsieur, la Loi sur les mesures d'urgence dit clairement qu'une crise nationale est « un concours de circonstances critiques à caractère d'urgence et de nature temporaire, auquel il n'est pas possible de faire face adéquatement sous le régime des lois du Canada ». Étant donné le nombre de lois que nous avons dans ce pays qui auraient pu être invoquées pour faire face à ces manifestations, le gouvernement a dû atteindre un seuil très élevé avant d'invoquer les pouvoirs d'urgence.
Pouvez-vous affirmer catégoriquement, oui ou non, que le gouvernement a exercé toutes les options prévues par la loi avant d'invoquer la Loi sur les mesures d'urgence?
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Merci, monsieur le président.
Je remercie également les témoins de leur présence.
Mes questions s'adresseront à M. Daigle. Je ne voudrais pas manquer de respect envers les dames du groupe, mais je m'intéresse au premier plan aux critères juridiques et au respect de la Charte.
Cela dit, avant d'aborder ces questions, permettez-moi de vous rappeler que Perrin Beatty, l'ancien ministre de la Défense qui est aussi l'auteur de cette mesure législative, a insisté sur le fait qu'un gouvernement qui est investi de pouvoirs extraordinaires a d'office une responsabilité extraordinaire. Le Comité a été légalement constitué pour procéder à un examen approfondi du rôle qu'a joué le gouvernement dans l'invocation de la Loi sur les mesures d'urgence. Nous ne sommes pas ici pour parler des manifestants ou des circonstances qui ont précédé leur arrivée, mais plutôt du respect des critères juridiques et de la Charte. C'est sur cela que je vais me concentrer.
La Loi établit les deux critères qui doivent être remplis, et vous les connaissez bien. Le premier est l'existence de menaces à la sécurité du Canada, qui sont définies de manière très précise dans la loi sur le SCRS. J'imagine que vous connaissez bien cette loi, monsieur Daigle.
Nous accueillons maintenant des représentants du ministère de la Sécurité publique et de la Protection civile, qui seront avec nous de 20 heures à 21 h 30. Il s'agit de M. Rob Stewart, le sous-ministre; de M. Dominic Rochon, le sous-ministre adjoint principal, Secteur de la sécurité et de la cybersécurité nationale, ainsi que de M. Talal Dakalbab, le sous-ministre adjoint, Secteur de la prévention du crime.
Vous disposez de cinq minutes pour nous présenter vos remarques liminaires.
Monsieur Stewart, je crois que vous êtes l'heureux élu.
Je précise tout d'abord que durant les périodes de questions, comme vous l'avez peut-être entendu au cours des périodes précédentes, les membres du Comité sont maîtres de leur temps de parole. S'ils vous interrompent pour passer à une autre question, ne vous en formalisez pas. Il se peut aussi que je m'immisce dans la conversation pour remercier quelqu'un ou lui demander de conclure ou, encore, pour lui demander d'enchaîner sur un autre sujet.
Sur ce, monsieur Stewart, vous avez la parole pour cinq minutes.
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Merci. Nous vous remercions de votre invitation.
Mes propos aujourd'hui s'inscriront dans la foulée du témoignage du devant le Comité. Je suis ici également pour apporter ma contribution à l'étude de la proclamation de l'urgence d'ordre public et expliquer le rôle qu'a joué la Loi sur les mesures d'urgence dans la résolution de cette crise.
Plus précisément, je vais vous parler du rôle que j'ai eu, à titre de sous-ministre, dans divers domaines. Le premier a trait à l'analyse de la nature des menaces qui a précédé l'invocation de la Loi sur les mesures d'urgence. Le deuxième volet portera sur la façon dont la Loi a facilité les interventions des forces de l'ordre, et le troisième sur notre rôle dans les communications et la coordination avec les provinces, les territoires et les municipalités.
[Français]
L'urgence publique de janvier et de février 2022 a pris racine dans un mouvement centré sur les sentiments intergouvernementaux liés à la réponse de la santé publique à la pandémie de la COVID‑19.
[Traduction]
Durant cette période, les tactiques déployées par les participants aux manifestations et aux blocus dans la capitale nationale et à divers points d'entrée stratégiques pour troubler la paix et nuire à l'économie canadienne posaient une menace pour la sécurité nationale. Ces tactiques comprenaient des manifestations agressives, des comportements menaçants et des activités destinées à ralentir la circulation ou à occasionner des embouteillages, particulièrement aux points d'entrée.
Les manifestations ont porté atteinte à la liberté et au bien-être des citoyens, et des entreprises ont été forcées d'interrompre leurs activités pour des raisons de sécurité ou parce que les blocus aux points d'entrée perturbaient la circulation des biens et des services.
Un peu partout au pays et de manière imprévisible, des manifestants ont organisé des convois de véhicules de plus en plus imposants et nombreux. À plusieurs endroits, les manifestations ont perdu leur caractère pacifique et franchi le seuil de la légalité, créant un environnement instable et imprévisible qui, selon les évaluations, présentait un potentiel pour une escalade de violence.
Fait très important, il était généralement très difficile d'avoir l'heure juste sur les agissements des groupes de manifestants. Le SCRS n'a pas décelé de menaces d'extrémisme violent à caractère idéologique, mais il savait que des partisans plus radicaux tentaient de se greffer aux manifestations.
Je tiens à rappeler que le SCRS ne mène pas d'enquête, comme en a témoigné le directeur, concernant des activités légales de défense des intérêts, de manifestation ou de dissidence, sauf si elles impliquent des activités qui menacent la sécurité du Canada.
Le Centre intégré d'évaluation des menaces a publié des résultats non classifiés d'évaluations de l'extrémisme violent à caractère idéologique qui nous ont aidés à comprendre le contexte de menace complexe et changeant, qui était alimenté par la désinformation et les discours nuisibles. Un des risques qu'il fallait surveiller était celui que des loups solitaires s'infiltrent parmi les manifestants. Dans un tel contexte, un marginal bien déterminé peut faire beaucoup des dégâts en peu de temps.
[Français]
De plus, on craignait que les mesures prises par les policiers se heurtent à une opposition ferme et déterminée pouvant causer des troubles et une plus grande instabilité.
[Traduction]
Les motifs de la déclaration de l'état d'urgence ont été expliqués dans un document public qui a été produit au titre de l'article 58, comme il a déjà été dit devant le Comité.
De plus, les deux chambres du Parlement ont reçu un rapport sur les consultations qui fait état des comptes rendus sur l'escalade de la menace entre la fin de janvier et le 14 février que le gouvernement fédéral a reçus des provinces, des territoires et des autorités policières compétentes, ou qui leur ont été communiqués. Le gouvernement fédéral a été appelé à prêter main-forte aux autorités policières compétentes pour les aider à faire face à la menace.
Au ministère de la Sécurité publique, moi-même et mes collègues avons eu de nombreuses discussions avec nos partenaires des provinces, des territoires et des municipalités. Ces discussions portaient sur le soutien aux forces de l'ordre pour les aider à empêcher les rassemblements illégaux, sur le renforcement des pouvoirs pour gérer les convois, y compris des pouvoirs de donner des constats d'infraction, des amendes, de prendre des mesures d'application de la loi, de remorquer des véhicules, ainsi que sur le déploiement de ressources matérielles et humaines de la GRC.
[Français]
C'est dans ce contexte que la Loi sur les mesures d'urgence a été invoquée à la mi-février.
[Traduction]
La Loi permettait de renforcer les pouvoirs des forces de l'ordre. Par exemple, elle leur donnait accès à des dépanneuses pour démanteler les blocus. La Loi offrait aussi des moyens de faire cesser les manifestations illégales et de rétablir l'ordre public, en interdisant par exemple les rassemblements publics et le financement des convois.
Au sein du gouvernement fédéral, le ministère de la Sécurité publique, le Service canadien du renseignement de sécurité, l'Agence des services frontaliers du Canada, le ministère de la Justice, la Gendarmerie royale du Canada et Transports Canada ont tous joué un rôle déterminant.
Durant les trois semaines de la crise, nous sommes restés en contact avec nos partenaires et nous avons coordonné nos activités avec eux. Nous avons collaboré avec nos homologues des provinces et des territoires par l'intermédiaire du Comité fédéral-provincial-territorial sur la prévention du crime et la police, composé de sous-ministres adjoints. J'ai aussi discuté avec les sous-ministres provinciaux. En ma qualité de sous-ministre, j'ai eu des discussions avec le directeur de la Ville d'Ottawa, des responsables de la GRC, de la Police provinciale de l'Ontario, du Service de police d'Ottawa, ainsi qu'avec les sous-ministres des provinces.
Pour terminer, je réitère qu'après avoir reçu les avis et les points de vue de nombreuses parties prenantes, la Loi sur les mesures d'urgence a été invoquée pour mettre fin aux conditions d'instabilité présentant un risque pour la sécurité nationale qui régnaient un peu partout au pays.
Je serai très heureux de répondre à vos questions.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Sous-ministre Stewart et fonctionnaires, bienvenue. Nous vous remercions de votre témoignage ici, ce soir.
J'aimerais revenir sur certaines des questions posées par M. Green concernant votre point de vue sur les événements qui ont mené à la déclaration des mesures d'urgence.
Plus tôt ce soir, nous avons entendu votre collègue, le sous-ministre Daigle, dire que les événements ont dépassé la capacité des autorités en place à ce moment‑là. Il en est question à l'article 58 de la mesure elle-même.
Quand avez-vous conclu avec vos collègues qu'il s'agissait en quelque sorte d'un jugement collectif sur l'évolution de la situation dans ce que vous décrivez comme un ensemble de circonstances sans précédent et imprévisibles?
:
C'était avant la Saint-Valentin.
Au cours de nos consultations avec nos collègues fédéraux et provinciaux et avec les services de police compétents, nous avons constaté que, dans certaines circonstances, il était très difficile de faire respecter la loi. Cela concernait le nombre de personnes disponibles pour le faire et, par conséquent, leur capacité à appliquer les lois et les règlements.
Nous avons également pris conscience, et je l'ai déjà mentionné, de la nature évolutive de la protestation, y compris la possibilité de nouveaux blocus. La loi avait, en partie, comme je l'ai dit, pour objectif d'éviter que de tels blocages se créent.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins.
Monsieur Stewart, je commencerai par dire que, pour reprendre les paroles de Perrin Beatty, des pouvoirs extraordinaires exigent une responsabilité gouvernementale extraordinaire. Avec tout le respect que je vous dois, monsieur, aux questions que vous a posées mon collègue, M. Motz, je n'accepte pas votre réponse selon laquelle le n'a pas utilisé ses mots de façon appropriée, lorsqu'il a déclaré publiquement que les forces de l'ordre ont demandé le recours à la Loi sur les mesures d'urgence. Votre réponse est qu'il a choisi les mauvais mots, ou qu'il a été mal compris.
Le est un haut fonctionnaire du gouvernement. Il a longtemps été député. Il est avocat. Les mots comptent. Il a pris la parole à la Chambre à de nombreuses reprises. Il a prononcé des discours à la Chambre à de nombreuses reprises. Il a répondu à des questions, a fait des communiqués de presse et est passé à la télévision. Chaque fois qu'il l'a fait, M. Stewart, il a été cohérent dans son message voulant que les forces de l'ordre ont réclamé la Loi sur les mesures d'urgence. Ce n'est que lorsque les forces de l'ordre, témoignant devant ce comité et d'autres comités, ont carrément réfuté cette déclaration que nous avons entendu un changement de la part du ministre Mendicino, qui a déclaré qu'il consultait les forces de l'ordre.
Ma question est la suivante: étiez-vous, vous-même, responsable, ou des membres de votre bureau étaient-ils responsables de donner au ces mots voulant que les forces de l'ordre avaient demandé la Loi sur les mesures d'urgence à plusieurs reprises?
:
Je serai très brève, monsieur le président.
Je remercie tous les gens de leur patience.
Je propose d'amender la motion de M. Green en ajoutant « dans le cas où ils existeraient » à la toute fin de la phrase.
Je vais lire mon amendement en anglais.
[Traduction]
À la toute fin de la phrase qui vous est présentée, mesdames et messieurs, je propose de modifier la motion en ajoutant les mots « s'ils existent ». La raison de cet amendement est que, comme nous l'avons entendu dans le témoignage du sous-ministre de la Justice ce soir au cours de la réunion, il n'existe pas de tels décrets secrets. C'est son témoignage, et la motion, dans sa formulation actuelle, présuppose l'existence de décrets secrets.
Nous sommes heureux de voter pour la motion et d'obtenir une réponse officielle à la question. Toutefois, nous demandons que l'amendement soit ajouté afin que nous ne présumions pas de l'existence de tels documents.
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Je peux peut-être ramener la discussion, car nous avons une heure d'arrêt ferme.
Je pense que la motion est sage. Les sénateurs ont aussi leurs considérations. Elle permet à notre analyste et à notre greffier de s'en occuper et de revenir avec une date. Nous nous réunirons la semaine prochaine et la semaine suivante pour nous assurer que nous sommes prêts.
Si nous pouvons nous entendre autour de la table pour adopter cette approche, qui me semble très sage et judicieuse, et revenir sur le sujet à l'automne, alors la directive sera envoyée et nous reviendrons lors de la prochaine réunion. Avons-nous des objections à cela?
Des députés: D'accord.
Le coprésident (M. Matthew Green): Cela étant dit, que le compte rendu indique qu'il y a consentement unanime à ce sujet.
Ce n'est pas pour les dates. Les dates vont vous être communiquées et nous reviendrons à la prochaine réunion pour les confirmer.
Cela étant dit, j'aimerais remercier tout le monde pour leur participation à la réunion de ce soir.
La séance est levée.