:
Bienvenue à la 7
e réunion du Comité mixte spécial sur la déclaration de situation de crise, créé conformément à l'ordre de la Chambre du 2 mars 2022 et à celui du Sénat du 3 mars 2022.
La séance d'aujourd'hui se déroulera selon une formule hybride.
J'aimerais rappeler à toutes les personnes présentes dans la salle qu'elles doivent suivre les recommandations des autorités sanitaires, ainsi que les consignes de santé et de sécurité données par le Bureau de régie interne.
Si des problèmes techniques surviennent, veuillez m'en informer, car il faudra peut-être alors suspendre la séance pendant quelques minutes, afin de nous assurer que tous les membres sont en mesure de participer pleinement.
J'informe les témoins que des services d'interprétation sont disponibles et qu'ils n'ont qu'à cliquer sur l'icône au bas de leur écran pour y avoir accès.
Êtes-vous d'accord pour répéter ce que nous avons fait la semaine dernière, soit des tours de cinq minutes? Je crois que nous nous sommes entendus là‑dessus.
Des députés: D'accord.
La coprésidente: Nous accueillons aujourd'hui des représentants de la Gendarmerie royale du Canada et du Service canadien du renseignement de sécurité.
Nous sommes heureux d'avoir parmi nous la commissaire Brenda Lucki de la GRC. Elle est accompagnée de Michael Duheme, sous-commissaire de la Police fédérale, et de Brian Brennan, sous-commissaire des Services de police contractuels et autochtones.
Nous sommes également heureux d'accueillir David Vigneault, directeur du SCRS. Il est accompagné de Cherie Henderson, directrice adjointe des Exigences, et de Marie-Hélène Chayer, directrice exécutive du Centre intégré d'évaluation du terrorisme.
Nous allons commencer par la déclaration préliminaire de la commissaire Lucki.
La parole est à vous, je vous en prie.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
[Français]
Bonsoir, tout le monde.
[Traduction]
Je vous remercie de me donner l'occasion d'être ici aujourd'hui.
Comme la présidente l'a mentionné, je suis accompagnée de mes collègues, les sous-commissaires Brian Brennan et Mike Duheme.
Le principal objectif des organismes d'application de la loi est réellement de toujours maintenir l'ordre public et d'assurer la sécurité des citoyens. Comme nous l'avons tous constaté, les services de police de tout le pays ont dû réagir à des manifestations sans précédent et hautement perturbatrices, à des barrages illégaux et à des occupations.
Dans les secteurs relevant de la compétence de la GRC, nous avons utilisé avec succès une approche mesurée et les lois existantes pour résoudre les barrages frontaliers à Emerson, au Manitoba, à Coutts, en Alberta, et sur l'autoroute du Pacifique, qui traverse la Colombie-Britannique. La GRC, la Police provinciale de l'Ontario et le Service de police d'Ottawa ont établi à la fois un centre de coordination de la région de la capitale nationale et un centre de commandement intégré pour assurer une collaboration continue, l'échange d'information, ainsi que la coordination des activités d'enquête et d'application de la loi dans la capitale nationale.
Le 14 février, le gouvernement du Canada a fourni aux organismes d'application de la loi des outils supplémentaires. Les mesures adoptées en vertu de la Loi sur les mesures d'urgence ont permis à tous les agents de police du pays — et non pas seulement ceux de la GRC — de mettre fin aux barrages routiers et aux attroupements publics illégaux. Le Règlement sur les mesures d'urgence est venu compléter les pouvoirs existants et a fourni de nouveaux instruments aux organismes d'application de la loi pour mettre fin à ces barrages illégaux.
En voici quelques exemples concrets.
Premièrement, la police a pu maintenir un périmètre de sécurité dans toute la région de la capitale nationale et refuser l'entrée aux personnes qui se rendaient à la manifestation illégale dans l'intention d'y participer. Deuxièmement, il a été également interdit d'appuyer les attroupements illégaux, et la police avait le pouvoir d'arrêter les personnes qui continuaient de fournir du carburant, de la nourriture et d'autres produits aux participants à de tels attroupements. Troisièmement, de nouveaux pouvoirs ont été mis en place pour obliger des particuliers à fournir les biens ou les services essentiels pour l'enlèvement, le remorquage et l'entreposage des véhicules et de l'équipement. J'ai délégué ces pouvoirs à la Police provinciale de l'Ontario, qui les a utilisés pour obtenir le matériel nécessaire pour dégager les rues d'Ottawa.
L'objectif était de mettre fin rapidement et en toute sécurité aux barrages illégaux. Je crois que nous avons atteint cet objectif ensemble, et je tiens à remercier tous les policiers, de tous les organismes d'application de la loi, qui ont participé à cette opération.
[Français]
J'aimerais maintenant parler du Décret sur les mesures économiques d'urgence.
[Traduction]
Il est bien connu que le « convoi de la liberté » était bien financé, avec un soutien financier fourni aux organisateurs par divers moyens, y compris des plateformes de sociofinancement, utilisant à la fois de la cryptomonnaie et de l'argent.
Une fois ces ordonnances mises en œuvre, la GRC et ses partenaires ont pu travailler encore plus étroitement avec les institutions financières canadiennes en temps réel. La GRC a élaboré un processus simplifié, dans le cadre duquel nous avons agi à titre de point de contact central pour communiquer des renseignements aux institutions financières au nom des organismes d'application de la loi provinciaux, municipaux et fédéraux.
Une fois cela fait, la GRC a fourni les renseignements pertinents aux institutions financières, qui avaient alors la responsabilité de déterminer quels produits financiers pouvaient et devaient être gelés. Les renseignements fournis ne concernaient que les propriétaires et les conducteurs de véhicules ayant participé activement aux barrages routiers à Ottawa ou aux organisateurs du convoi.
Pour que les choses soient bien claires, parce que je sais que la question a été soulevée sur un certain nombre de tribunes différentes, la GRC n'a jamais divulgué de renseignements sur des personnes dont la participation s'est limitée à un don au convoi ou à l'achat de produits pour celui‑ci.
De plus, la GRC a veillé à ce que les institutions financières soient informées régulièrement lorsque les propriétaires et les conducteurs des véhicules quittaient la zone de la manifestation. Cela a permis aux institutions financières de mieux évaluer et éclairer leurs propres décisions quant au moment de geler ou de dégeler les comptes.
[Français]
Une fois la situation résolue, le gouvernement a levé l'état d'urgence déclaré en vertu de la Loi sur les mesures d'urgence.
[Traduction]
En date du 23 février 2022, les mesures prises par la GRC ont abouti au gel de 257 produits financiers, dont des comptes bancaires, des comptes d'entreprise et des cartes de crédit. La divulgation de l'identité de 57 entités aux institutions financières visait des particuliers, des propriétaires et des conducteurs de véhicules impliqués dans les barrages, et 170 adresses de portefeuilles de cryptomonnaie ont été communiquées aux fournisseurs de services liés aux actifs virtuels.
En terminant, je crois vraiment que la loi nous a fourni les outils nécessaires pour résoudre la crise rapidement et pacifiquement, et je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de parler davantage de ce sujet.
Merci.
:
Merci, madame la présidente.
Mesdames et messieurs les membres du Comité, bonsoir.
Je m'appelle David Vigneault et je suis directeur du Service canadien du renseignement de sécurité. Je suis accompagné ce soir de Cherie Henderson, directrice adjointe des Exigences, et de Marie-Hélène Chayer, directrice exécutive du Centre intégré d'évaluation du terrorisme au SCRS.
[Français]
Je tiens à vous remercier de l'invitation à témoigner devant vous aujourd'hui au sujet de l'invocation de la Loi sur les mesures d'urgence. Je suis reconnaissant de l'occasion qui m'est offerte de discuter de ce sujet très important avec vous.
[Traduction]
Ce que je peux dire avec certitude, c'est que le SCRS est toujours déterminé à travailler en étroite collaboration avec les collectivités et ses partenaires partout au pays pour assurer la sécurité du Canada et de tous les Canadiens.
Comme le Comité le sait très bien, le SCRS a le mandat d'enquêter sur les menaces à la sécurité du Canada, de conseiller le gouvernement sur ces menaces et, s'il y a lieu, de prendre des mesures pour les réduire.
[Français]
Les menaces envers la sécurité du Canada sont définies à l'article 2 de Loi sur le Service canadien du renseignement de sécurité. Elles comprennent l'espionnage, le sabotage, les activités influencées par l'étranger qui sont d'une nature clandestine ou trompeuse et qui comportent des menaces, le terrorisme et l'extrémisme violent, ainsi que la subversion.
[Traduction]
Je dois souligner qu'il est expressément interdit au SCRS d'enquêter sur des activités licites de défense d'une cause, de protestation ou de contestation, sauf lorsqu'elles sont menées conjointement avec des activités qui constituent une menace à la sécurité du Canada.
Dans le cas du « convoi de la liberté », le SCRS était préoccupé par la menace de l'extrémisme violent à caractère idéologique, ou EVCI, et plus particulièrement par la possibilité d'actes de violence graves. Comme je l'ai dit publiquement récemment, l'EVCI représente actuellement une menace importante à la sécurité nationale. La combinaison d'événements perturbateurs majeurs, comme la pandémie, l'influence toujours croissante des médias sociaux et la propagation des théories du complot, ont créé un environnement propice à être exploité par les influenceurs et les extrémistes. Cet environnement est susceptible d'inspirer des personnes à commettre des actes de violence.
La menace de l'EVCI évolue constamment, alimentée par des points de vue extrêmes sur la race, le sexe, le pouvoir et l'autorité. L'EVCI est une menace qui se nourrit de la division et qui s'envenime dans l'espace en ligne, mais la rhétorique haineuse en ligne associée à ces points de vue se répand dans le monde réel avec des conséquences tragiques, y compris pour des communautés qui méritent l'équité partout au Canada.
Pendant la période qui a précédé le « convoi de la liberté », le SCRS a surveillé de près les auteurs de menaces connus d'EVCI, afin d'évaluer tout danger d'actes de violence graves. Cette posture opérationnelle a été éclairée par le contexte. Tout d'abord, le SCRS a observé une montée des discours hostiles à l'autorité et violents, particulièrement en ce qui concerne les mesures de santé publique. Le SCRS était également au courant des possibilités que les grands rassemblements et les manifestations pouvaient offrir aux partisans de l'EVCI de commettre des actes de violence et de recruter des personnes aux vues similaires. Enfin, le SCRS était préoccupé par la menace posée par des acteurs isolés.
Tout au long des événements qui se sont déroulés en janvier et en février, le SCRS a continué de collaborer avec la GRC et d'autres partenaires chargés de l'application de la loi pour assurer l'échange rapide de renseignements. Comme vous le savez, la définition d'état d'urgence comprise dans la Loi sur les mesures d'urgence fait référence aux « menaces envers la sécurité du Canada » au sens de la Loi sur le service canadien du renseignement de sécurité.
Pour déterminer si une situation atteint le niveau de gravité correspondant à l'état d'urgence, le gouverneur en conseil peut tenir compte de multiples sources d'information, et pas seulement du renseignement du SCRS. En effet, le SCRS n'est qu'un des ministères et organismes fédéraux qui ont collectivement éclairé la décision du gouverneur en conseil d'invoquer la Loi sur les mesures d'urgence.
Avant de conclure, j'aimerais souligner que certains facteurs limitent ce dont je pourrai parler publiquement ce soir. Comme vous le comprendrez sûrement, il y a certaines choses que je ne peux pas révéler en vertu de la Loi sur la protection de l'information. De plus, les renseignements et les conseils que nous fournissons au gouvernement sont classifiés, afin de protéger nos sources et nos méthodes.
Je prends très au sérieux la responsabilité de protéger nos employés, nos sources et notre métier.
[Français]
En conclusion, je tiens à garantir au Comité que, même si le SCRS travaille souvent dans l'ombre, il est déterminé à respecter son engagement d'assurer la sécurité de la population canadienne. Cet engagement passe par l'interaction avec les communautés qu'il protège, de même que par le partenariat avec les autres organisations gouvernementales, les services d'application de la loi, la société civile, le milieu universitaire et le secteur privé.
[Traduction]
Merci, madame la présidente.
:
Merci, madame la présidente.
Je remercie les témoins de leur présence. Je vais commencer par vous donner un exemple très récent et préoccupant du discours des députés de l'opposition conservatrice. Le député de Carleton, , a récemment indiqué que la GRC recevait des ordres du Cabinet du premier ministre et des bureaux de ministres. Lors d'un récent événement de la course à la direction, il a déclaré qu'il croyait que le gouvernement saisissait les comptes bancaires de ses ennemis politiques.
J'aimerais savoir ce que vous en pensez. Lors de notre réunion de la semaine dernière, nous avons eu le plaisir d'accueillir des témoins du CANAFE et du ministère des Finances, qui ont tous déclaré publiquement que le gouvernement ne s'occupait pas directement du gel des comptes bancaires, et que c'était la GRC qui s'était chargée de fournir des renseignements aux banques, si nécessaire. J'espère que vous pourrez préciser quel était le rôle de la GRC à cet égard et aussi, dans la mesure du possible, quelle a été la participation du gouvernement, le cas échéant, au gel des comptes bancaires.
Je vais maintenant parler de la situation à la frontière, qui me préoccupe beaucoup depuis ces barrages illégaux. Je crois comprendre que les barrages à la frontière, à Emerson, à Surrey, à Coutts et ailleurs, n'ont été levés qu'après l'application de la Loi sur les mesures d'urgence. Vous êtes libre de commenter cela si vous le voulez.
De plus, d'un point de vue économique, nous parlons de passages frontaliers qui facilitent, littéralement, des échanges commerciaux représentant des milliards de dollars entre les États-Unis et le Canada. À ma connaissance, dans l'histoire de notre pays, il n'y avait jamais eu aucun barrage de ce genre. Encore une fois, libre à vous de commenter cela.
Ma question est la suivante: croyez-vous que l'effet dissuasif de l'application de la Loi sur les mesures d'urgence a été utile? Je suis en train d'examiner une déclaration du sergent Paul Manaigre de la GRC, qui a indiqué que, dans ses pourparlers avec les gens qui bloquaient nos corridors commerciaux internationaux, cette loi a effectivement été très utile pour encourager les gens qui bloquaient nos frontières à partir volontairement. Êtes-vous d'accord pour dire que la Loi sur les mesures d'urgence a eu cet effet?
:
Merci, madame la présidente.
Je vous remercie de vos présentations, madame Lucki et monsieur Vigneault.
Ma question va s'adresser à vous, madame Lucki.
Jusqu'à présent, je comprends de votre témoignage que, environ une semaine avant le 14 février, vous avez eu des discussions concernant une possible déclaration de l'état d'urgence.
Tout d'abord, pourriez-vous me dire avec qui vous avez eu ces discussions? De quoi a-t-il été question, précisément? Quelles étaient les sources d'inquiétude? Quels éléments laissaient croire qu'on pourrait publier une proclamation déclarant l'état d'urgence?
Ma question s'adresse à Mme Lucki, de la GRC.
Je consulte présentement le site Web du Service de police d'Ottawa. Nous pouvons y consulter les rapports sur les activités quotidiennes du Service de police. Par exemple, on peut y lire que, le 6 février, les policiers ont donné 450 contraventions et arrêté sept personnes. Le 7 février, cela se poursuit. Le 8 février, 23 personnes ont été arrêtées et 1 300 contraventions ont été données.
Il y avait donc quand même des dispositions réglementaires qui s'appliquaient avant le 14 février sur le territoire d'Ottawa, tant sur le plan du Code de la route en Ontario que sur celui du Code criminel.
N'est-ce pas?
:
Merci beaucoup, monsieur Naqvi, et merci, madame la présidente.
Ma question s'adresse au directeur du SCRS, M. Vigneault.
La clé permettant d'invoquer la Loi sur les mesures d'urgence est de respecter la définition de menaces à la sécurité du Canada en vertu de la Loi sur le Service canadien du renseignement de sécurité, et cette loi est celle qui régit le SCRS. Je pense que vous êtes la personne qui connaît le mieux cette question aujourd'hui.
Je me demande si vous savez — et si vous ne le savez pas, est‑il possible de le découvrir... non pas les détails, car ils pourraient encore être considérés comme secrets — combien de fois, dans ses activités d'application de la loi, le SCRS s'est‑il trouvé face à une situation ou à un événement qui correspondait à la définition d'une menace à la sécurité du Canada?
:
Le chef de police de l'époque nous avait dit que, quant à lui, il ne voyait pas comment il aurait pu y arriver. Vous conviendrez que c'est un peu inquiétant, madame Lucki. Je ne vous en veux pas. Je suis convaincu que vous êtes une femme compétente dans vos fonctions, mais il nous manque de l'information.
Il y a quelque chose, quelque part, qui n'a pas de sens. Ce que je comprends de ce vous avez dit, vous et M. Vigneault, c'est que l'on a réglé la situation partout ailleurs sans proclamation de l'état d'urgence. À Ottawa, il y avait un spa et un barbecue dans la rue et plein de gens qui protestaient. Vous n'êtes pas parvenus à régler cela. Vous nous dites que, la raison pour laquelle vous n'y êtes pas parvenus avant la déclaration de situation de crise, c'est qu'il n'y avait pas de dépanneuses disponibles.
Êtes-vous en train de me dire que la sécurité du Canada était mise en péril parce que vous ne trouviez pas de dépanneuses?
Est-ce cela, votre explication?
:
Je parle de la manifestation qui s'est déroulée sur la rue Wellington, madame Lucki.
Je suis désolé de vous interrompre, car je sais que ce n'est pas poli, mais je dispose d'un temps de parole limité.
Vous m'avez dit que les autres situations étaient réglées, alors je n'en parle plus.
Sur la rue Wellington, des manifestants ont bloqué la rue avec des camions, ils ont installé des spas, des barbecues et une glissade pour les enfants. C'était la fête sur la rue Wellington, et vous dites que ni la GRC, ni la Police provinciale de l'Ontario, ni la police municipale ne pouvait intervenir parce que l'on n'avait pas de dépanneuses. C'est bien ce que vous m'avez dit tantôt.
Cela m'inquiète un peu, et j'espère qu'il n'y aura jamais de situation de guerre à Ottawa parce que ce ne serait pas drôle.
Le problème, c'est qu'il n'y avait pas de dépanneuses. Est-ce vraiment cela, l'explication?
:
Oui, mais vous avez rajusté votre plan là-bas. Toutefois, ici, à Ottawa, devant le Parlement du Canada, il y avait des services policiers municipaux et provinciaux ainsi que la GRC. Tout le monde participait à l'opération policière. C'était tellement grave que le a décidé de proclamer la Loi sur les mesures d'urgence pour la première fois en 50 ans.
Je suis convaincu que les services de police étaient capables d'agir. Je ne veux pas vous blâmer, mais, selon votre témoignage, vous ne pouviez rien faire, vous n'étiez pas capable de mettre fin à une manifestation devant le Parlement, de remorquer des camions, d'enlever un spa et d'enlever les barbecues. Je n'arrive pas à le croire.
Vous l'avez quand même fait, une fois que la situation de crise a été déclarée. Cette situation de crise a duré une semaine.
Comment se fait-il que vous n'ayez pas pu régler le problème sans la Loi sur les mesures d'urgence?
C'est assez inquiétant, madame Lucki.
Je vais revenir à M. Vigneault.
Monsieur Vigneault, comme vous le savez, en vertu de la Loi sur les mesures d'urgence, nous devons nous assurer qu'il y avait une urgence nationale. J'ai l'impression qu'au cœur de cette étude, le Comité cherche à définir la nature de la menace et à déterminer si ce problème n'aurait pas pu être réglé efficacement sous l'égide d'une autre loi canadienne. Il me semble que c'est le fondement même de cette étude du Comité.
Je répète donc la question, monsieur. Le SCRS a‑t‑il évalué la menace à la sécurité conformément à l'alinéa 2d) de la Loi sur le SCRS? Je vais même accepter que vous ne fournissiez pas de détails. Considérez-vous le protocole d'entente et la situation actuelle comme une menace selon la définition de votre loi?
:
Lorsque vous dites « ce contexte », monsieur, si nous passions à huis clos...
Madame la présidente, je vais lui dire cela par votre intermédiaire.
Monsieur, si vous affirmez que vous ne répondrez pas à ma question, j'accepterai cela. Toutefois, je veux savoir, si nous siégions à huis clos, compte tenu de la nature du Comité et du fait que nous avons tous été assermentés... Nous avons déterminé que le Comité détient un pouvoir de coordination avec les tribunaux. Il revêt donc autant d'importance qu'un comité quasi judiciaire aux fins de cet examen, le seul qui soit parlementaire. Si, lors d'une prochaine réunion, nous passions à huis clos, seriez-vous prêt à respecter votre obligation de franchise et à fournir les renseignements les plus fondamentaux? Sinon, monsieur, votre présence devant le Comité sans répondre à cette question fondamentale me semble assez futile.
:
D'accord. Je viens d'entendre que nous allons vous réinviter à une réunion à huis clos pour, nous l'espérons, aller au cœur de ce problème.
En fait, je pense que cette situation est très particulière. J'ai l'impression que c'est à cause de l'échec du maintien de l'ordre, madame la présidente, l'échec lamentable des services de police.
Je vais poser mes questions à la commissaire Lucki, car je reconnais que, tout au long des événements qui ont mené à l'invocation de la Loi, la conduite des agents de police de partout au pays préoccupait bien des gens. Il semblait que des agents faisaient des dons en argent, annonçaient publiquement leur appui et, en fait, participaient à la transmission du message des manifestants. À mon avis, c'est ce qui a donné à cette situation son caractère très particulier. Ce problème n'était pas dû aux dépanneuses, mais à de la collusion, à l'aide et à l'encouragement de notre appareil de sécurité, notamment de nos services de police.
Par exemple, un agent de la police régionale de Durham qui a publiquement affirmé appuyer le convoi a été accusé de conduite déshonorante et d'autres infractions en vertu de la Loi sur les services policiers. Deux officiers d'Edmonton ont été suspendus sans solde pour avoir participé au rassemblement qui appuyait le convoi à Coutts. Ottawa a confirmé que des enquêteurs auraient appuyé le convoi. Ce groupe comptait six agents dont les noms figuraient sur une liste de donateurs qui avait fait l'objet d'une fuite sur la plateforme d'externalisation ouverte GiveSendGo.
Nous n'avions jamais vu la police agir main dans la main avec des manifestants ici, à Ottawa. Nous avons vu des poignées de main et des accolades à Coutts quand la police a découvert des armes. La GRC a‑t‑elle également mené des enquêtes sur la conduite de ses agents lors de ces événements?
Commissaire Lucki, vous avez la parole.
:
Madame la commissaire, je voudrais revenir sur votre témoignage de tout à l'heure.
Vous nous avez dit que, selon vous, les événements survenus à Ottawa et ailleurs ne provenaient pas d'un échec des services de maintien de l'ordre. Si je ne m'abuse, vous avez également dit que le plan que vous étiez en train d'élaborer vers le 12 février ne tenait pas compte de l'invocation de la Loi sur les mesures d'urgence et que vous aviez confiance en ce plan.
À la lumière de ce témoignage, pourriez-vous commenter une déclaration faite le 2 février, et citée dans les médias, par le chef du Service de police d'Ottawa, Peter Sloly, lors des événements qui l'ont amené à dire qu'à son avis, du moins à ce moment‑là, « il n'y a peut-être pas de solution policière à cette manifestation ».
La GRC partageait-elle ce point de vue?
:
Merci encore, madame la présidente.
Je remercie les témoins d'être restés avec nous.
Madame la commissaire et monsieur Vigneault, je vais revenir à vos déclarations préliminaires. Elles étaient tout à fait adéquates.
Monsieur Vigneault, vous avez d'abord dit que des extrémistes violents avaient utilisé les manifestations comme plateforme et je crois, madame la commissaire, que vous avez dit que des extrémistes violents se servent des manifestations et des activités de protestation à leurs propres fins. J'apprécie vos deux points de vue à ce sujet.
Je tiens également à féliciter la GRC d'avoir réglé le problème des armes à feu à Coutts. J'étais sur le terrain, j'ai parlé avec le commandement et j'ai été très impressionné par le travail des agents et par leur interaction avec les manifestants.
Madame la commissaire, j'aurais juste besoin que vous confirmiez... J'ai été très impressionné par le communiqué de presse que la GRC a publié au sujet des armes à feu trouvées à Coutts. Je sais que les médias et les députés adoreraient laisser entendre que ces armes à feu appartenaient aux manifestants, mais je félicite encore la GRC d'avoir rédigé le libellé de ce communiqué avec tant d'exactitude.
Dans ce communiqué, la GRC affirme qu'une organisation « criminelle » a utilisé la manifestation — qu'elle s'est servie de cette manifestation — pour commettre sa propre violence et qu'elle n'avait aucun lien avec les manifestants.
Je voudrais simplement que vous nous confirmiez cette déclaration, à savoir que c'est exactement ce qui s'est passé et qu'un groupe extrémiste violent ayant des liens ici à Ottawa — une organisation criminelle que M. Vigneault connaît bien — était sur place et a profité de cette occasion sans faire partie de la manifestation. Ses membres ont simplement utilisé cela comme plateforme. Est‑ce exact, d'après votre communiqué de presse?
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Je vais essayer de poser rapidement quelques très bonnes questions.
Quand je pense à toute la question du seuil d'adoption de ces mesures, j'ai vraiment compris cela, madame Lucki, quand vous avez dit que c'était la première fois que vous voyiez une manifestation d'une telle ampleur. Deux ou trois choses me sont venues à l'esprit quand vous avez dit cela.
Premièrement, la Ville d'Ottawa a déclaré l'état d'urgence, la province de l'Ontario a déclaré l'état d'urgence et, en fait, ma propre province a déclaré l'état d'urgence. La première ministre provinciale a écrit une lettre intéressante que le Winnipeg Free Press a citée. Cet article souligne que, dans sa lettre du 11 février, la première ministre implore le d'intervenir pour démanteler la barricade d'Emerson. Selon cet article, dans sa lettre du 11 février, la première ministre a demandé à M. Trudeau de prendre des mesures « immédiates et efficaces » en réclamant « le leadership national dont seuls [le premier ministre] et le gouvernement fédéral peuvent faire preuve ». L'article se poursuit ainsi:
Sa lettre du 11 février affirmait que la situation était urgente et que les barrages qui bloquaient ce corridor essentiel, même temporairement, créaient des dangers potentiels, causaient de graves difficultés à tous les Manitobains et entraînaient des pertes et de grands préjudices économiques pour les entreprises du Manitoba et du Canada.
Je crois que la province de l'Alberta — je crois que c'était le ministre des Transports — a dit qu'elle ne pouvait pas déplacer ces camions, parce qu'elle n'avait pas de dépanneuses et a supplié Ottawa d'intervenir. Je ne sais pas exactement de quel ministre il s'agissait, mais je suppose que vous êtes au courant de tout ce que je dis là, madame Lucki.
:
Merci, madame la présidente. Est-ce que vous ajoutez les cinq minutes de Mme Bendayan aux miennes? Je vois que non, d'accord.
Madame Lucki, vous nous avez dit que la situation sur la rue Wellington, ici, à Ottawa, empirait d'une fin de semaine à l'autre. Je répète qu'ailleurs au Canada, vous avez mis fin aux blocagessans avoir recours à la proclamation des mesures d'urgence. Ici, sur la Colline, on sait que cela a posé problème et la déclaration a pris effet le 14 février dernier. Avant cela, je sais vous avez formé une équipe spéciale en collaboration avec la Police provinciale de l'Ontario et le Service de police d'Ottawa. Vous nous dites, dans votre témoignage, que la situation empirait d'une fin de semaine à l'autre, que cela allait de mal en pis.
Attendiez-vous un événement ou un moment particulier avant d'intervenir? Pourquoi la situation empirait-elle ainsi? Qu'attendiez-vous pour intervenir?
:
Je vous remercie, sénateur Harder, pour votre délicate attention à me faire participer aux échanges.
Comme je l'ai dit précédemment, nous constatons que le phénomène de l'EVCI est plus présent depuis quelques années et qu'il est surtout alimenté par les médias sociaux. Vous avez fait allusion au lien avec le phénomène américain. Les médias sociaux ne connaissent pas de frontières. Nous avons constaté que des personnes avaient été inspirées par ce mouvement et s'y étaient ralliées. Il y a le cas connu d'un Canadien, un ancien caporal de l'armée, qui a été identifié comme membre d'une entité figurant à la liste établie en vertu de la Loi sur le terrorisme et qui s'est rendu aux États-Unis pour s'entraîner. Nous connaissons des cas transfrontaliers de ce genre. Nous les surveillons de très près, en collaboration avec les services de maintien de l'ordre.
Dans le contexte du convoi, nous avons constaté que certaines personnes déjà connues du SCRS et dans sa ligne de mire ont manifesté un intérêt à l'égard du convoi et qu'elles ont cherché à avoir des contacts en ligne. Nous étions très inquiets que certains de ces individus participent aux différentes manifestations à Ottawa et ailleurs. Nous avons utilisé nos ressources d'enquête pour être certains que nous avions une bonne idée de ces menaces connues et nous avons pu informer nos partenaires du maintien de l'ordre de ces activités, par le biais du groupe mixte du renseignement. Nous avons également informé le gouvernement de la nature de la menace à la sécurité nationale qui se dessinait.
Je ne peux vous révéler les détails de cette évaluation particulière. Je peux toutefois vous dire que nous avons constaté que la rhétorique de violence diffusée sur les réseaux sociaux contre les mesures de santé publique s'est maintenue et s'est amplifiée durant ces manifestations. Au SCRS, nous intervenons lorsque cette rhétorique se transforme en complots potentiels de violence. C'est un phénomène complexe.
J'en profite pour ajouter, sénateur Harder, que nous donnons parfois des opinions assez définitives, mais il est également clair que, d'après ce que nous avions vu et ce que nous savions alors, la situation était assez fluide. Nous n'avions pas un portrait complet de la situation. Cela s'ajoutait au sentiment d'incertitude que tous nos partenaires de travail ressentaient quant à l'évolution de cette manifestation très volatile. Ce sont quelques-uns des éléments que le gouverneur en conseil devrait prendre en compte, selon nous, lorsqu'il prend la décision d'invoquer la Loi sur les mesures d'urgence.
Le sous-commissaire de la Police provinciale de l'Ontario, qui a comparu devant le comité de la sécurité publique il y a plusieurs semaines, a indiqué qu'une semaine avant l'invocation de la Loi sur les mesures d'urgence — donc, selon un simple calcul, ce serait le 7 février —, la Police provinciale de l'Ontario avait déclaré qu'il y avait une urgence nationale.
Ma question s'adresse aux deux témoins et porte sur le convoi lui-même. Il s'agissait d'un convoi qui avait obtenu du Service de police d'Ottawa, du conseil municipal et du maire de la Ville l'autorisation de se stationner. Il y avait un endroit hors du site pour les fournitures et la route de ravitaillement, etc. J'ai posé cette question à plusieurs reprises à des ministres sans obtenir de réponse. J'espère que vous trouverez tous les deux une réponse. Qu'est‑ce qui a fait en sorte que ce rassemblement légal protégé par la Charte, aux alinéas 2b), c) et d), constitue un blocus illégal et donc une urgence nationale?
Ma question s'adresse aux deux témoins.
:
D'accord. À la page 5 de ce compte rendu, il est indiqué qu'il y a eu une consultation des premiers ministres au sujet de la Loi sur les mesures d'urgence. À la page suivante, on dit textuellement ce qui suit: « Le premier ministre a convoqué une réunion des premiers ministres le 14 février pour consulter ces derniers » relativement à la proclamation d'urgence.
Ce compte rendu nous apprend que l'Ontario, Terre‑Neuve‑et‑Labrador et la Colombie‑Britannique appuyaient cette proclamation, mais que ce n'était pas le cas des autres provinces et territoires.
Mon collègue M. Lamoureux a parlé de la position du Manitoba. Dans le compte rendu, il est indiqué ceci: « La première ministre du Manitoba a déclaré que la situation varie [...] qu'elle n'est pas convaincue pour le moment que la Loi sur les mesures d'urgence devrait être appliquée au Manitoba. » Elle dit même être « d'avis qu'il n'est pas constructif d'y avoir recours au Manitoba, car il faut plutôt faire preuve de prudence pour éviter les mesures exagérées et les conséquences imprévues qu'elles risqueraient d'avoir. » Manifestement, la première ministre du Manitoba n'était pas d'accord avec mon collègue M. Lamoureux ni avec le premier ministre du Canada.
Je ne veux pas passer mes cinq minutes à lire un texte, mais je vais souligner brièvement que le Québec disait que ce serait une source de division et qu'il n'en voulait pas de cette proclamation. L'Alberta, de son côté, disait s'opposer à l'invocation de la Loi sur les mesures d'urgence. La Saskatchewan disait que la police avait suffisamment d'outils pour faire respecter la loi et mettre fin au blocage, et n'être pas favorable à l'invocation de la Loi sur les mesures d'urgence. De leur côté, le Nouveau‑Brunswick, la Nouvelle‑Écosse et l'Île‑du‑Prince‑Édouard ont dit que ce n'était pas nécessaire. Les trois territoires, soit le Yukon, les Territoires du Nord‑Ouest et le Nunavut, n'ont simplement pas émis de commentaires. J'en conclus qu'ils n'ont sûrement pas demandé que la Loi soit invoquée. En fin de compte, seulement trois premiers ministres sur treize ont dit que ce serait utile.
Vous nous dites n'avoir jamais demandé la proclamation d'urgence. À votre connaissance, personne ne l'a jamais demandée. Vous nous dites que les manifestations et les blocages ailleurs qu'à Ottawa ont tous été maîtrisés et démantelés sans avoir recours à la proclamation d'urgence.
Je viens de vous expliquer que sept premiers ministres n'en voulaient pas, que trois ne se sont pas prononcés et que seulement trois y étaient favorables. De plus, vous dites que, le 12 février, vous aviez un plan pour démanteler les barrages et mettre fin à la manifestation sur la Colline. Le 12 février, vous avez demandé des ressources supplémentaires d'ailleurs au Canada. Ces ressources sont arrivées et cela a fonctionné. Je pense que cela a pris trois ou quatre jours pour mettre fin aux manifestations et au blocage.
Selon vous, madame Lucki, était-il encore justifié alors d'invoquer la Loi sur les mesures d'urgence?
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Bien sûr, mais vous les suiviez pendant qu'ils étaient en route, n'est‑ce pas? Vous saviez.
Le problème avec cette manifestation ou ce mouvement, en particulier, c'est qu'ils faisaient eux-mêmes rapport sur leurs progrès par l'entremise de Zello, de Facebook, d'Instagram, de TikTok et d'autres. C'était probablement l'une des plus importantes sources de preuve d'auto-incrimination à source ouverte que j'aie jamais vues.
Quand je regarde cela... Dans votre rapport, vous dites que les sympathisants du convoi ont prôné la guerre civile, ont appelé à la violence contre le et ont dit que les manifestations devraient constituer le 6 janvier du Canada.
Est‑ce exact? Est‑ce exact dans le contexte du rapport?
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Merci, madame la présidente.
Ma question s'adresse à la commissaire Lucki.
Vous avez dit avoir appris le 14 février qu'on allait déclarer l'état d'urgence. Le 15 février, il y a eu le Décret sur les mesures économiques d'urgence, qui donnait la possibilité de geler les comptes de banque d'un individu, de même que son assurance-vie, son assurance-invalidité, ses REER et ses CELI, entre autres.
Est-ce la GRC qui a demandé au gouvernement de lui donner ce pouvoir supplémentaire ou de mettre en œuvre ces mesures supplémentaires?
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Madame la présidente, j'invoque le Règlement.
Ce n'est pas ce qui avait été décidé la semaine dernière. Nous nous étions plutôt entendus pour recevoir des témoins cette semaine et nous occuper la semaine suivante des motions suspendues. Vous vous souviendrez que j'avais insisté sur ce point.
Quelqu'un avait proposé que nous entendions des témoins pendant la moitié de la réunion, et je m'y étais opposé. Voilà sur quoi nous avons voté.
Toute la réunion de la semaine prochaine va donc porter sur les motions suspendues et les autres affaires courantes. Nous n'entendrons pas de témoin. Sinon, nous allons manquer de temps pour les questions à régler, dont les motions d'urgence.
La semaine prochaine, j'aimerais aussi que nous discutions des objections formulées par des témoins, qui ne sont pas de mauvaise foi, loin de là. Nous recevons de façon récurrente des objections sur la production de documents et des parties de témoignage. Il faudrait donc que le Comité décide s'il veut trancher sur ces questions d'une façon ou d'une autre. Il faut régler ces questions de cuisine avant de continuer à entendre des témoins.
Voilà ce qui avait été décidé la semaine dernière. Bien respectueusement, madame la coprésidente, j'insiste pour que nous maintenions cette décision. Si nous n'avions pas convenu de consacrer la réunion de la semaine prochaine aux motions suspendues, mon vote aurait été différent pour la rencontre d'aujourd'hui.
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Cela me convient si tous les membres de ce comité en décident ainsi. Toutefois, j'aimerais simplement préciser que nous n'avons sûrement pas besoin de trois heures pour étudier les motions suspendues. Je pense que nous pourrions tout faire en une heure et demie.
La possibilité que le Comité ne reçoive pas de témoin et conclue ses discussions sur les motions après une heure ou une heure et demie me chagrine. Il faudrait alors mettre fin à la rencontre prématurément. Je ne comprends pas pourquoi nous procéderions ainsi.
Si M. Fortin préférait une autre formule où, par exemple, nous commencerions par étudier les motions pour ensuite entendre un autre témoin, je serais d'accord. Le n'est pas libre pendant la deuxième partie de notre rencontre, mais d'autres témoins le seraient peut-être. Si le temps permet, nous pourrions les entendre.
Je trouve bien dommage de conclure nos discussions sur les motions en une heure et de ne plus avoir de travail par la suite.
Si je ne savais pas de quoi il est question, j'aurais peut-être tendance à être d'accord, mais comme j'ai siégé à la dernière session, je sais que parfois, lorsque nous nous retrouvons dans une impasse en comité au sujet de la volonté d'un comité, c'est parfois une tactique pour faire de l'obstruction ou pour utiliser le temps du Comité d'une manière qui nuirait aux résultats d'un vote en particulier. Je dis cela en plus de la frustration que m'inspire le manque d'information, de franchise ou de sincérité de la part de nombreux témoins qui sont passés par ce processus avant nous.
Nous entendons constamment parler de la confidentialité des délibérations du Cabinet. Je tiens à faire consigner au compte rendu le point de vue de notre ancienne avocate générale de la Chambre des communes, Diane Davidson, qui a déclaré qu'il n'existe pas d'immunité générale pour le pouvoir exécutif lorsqu'il allègue l'intérêt public contre la divulgation de documents confidentiels à un comité parlementaire.
Pour ma part, j'en arrive à un point, au sein de notre comité, où on commence presque à avoir l'impression qu'il y a atteinte au privilège ou, dans certains cas, outrage au Comité, quand nous n'obtenons pas les renseignements de base qui seront nécessaires pour fournir aux Canadiens, et aux futurs législateurs, bien franchement, la clarté dont ils ont besoin. Il convient de noter que notre ancienne avocate générale a fait remarquer que l'immunité n'a jamais été officiellement reconnue à la Chambre des communes comme une entrave aux pouvoirs d'enquête de la Chambre et que l'intérêt public qui doit être pris en considération et soupesé dans les procédures judiciaires n'est pas la même chose que l'intérêt public qui doit être pris en considération et soupesé lorsque des éléments de preuve sont recherchés à des fins parlementaires.
La raison pour laquelle je soulève cette question, madame la présidente, c'est qu'au cours de la prochaine série de travaux du Comité, il sera probablement question du pouvoir de notre comité d'exiger et de produire des documents qui, à mon avis, fourniraient le cadre et la base pour poser et formuler des questions aux ministres. Nous n'avons pas cela actuellement. En fait, nous n'avons entendu aucun témoignage préliminaire, à mon avis, à part ceux de M. Perrin Beatty et de nos légistes, qui établirait le cadre de notre plan de travail. Pour la suite, j'ai l'impression que nous sommes continuellement contrariés, et ce, inutilement.
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Merci, madame la présidente.
Je suis, moi aussi, soucieux de l'utilisation du temps. Comme je le dis souvent, j'aimerais bien que nos travaux se terminent avant la fin de la session, qui est à la fin juin, mais nous ne pouvons pas bâcler notre travail. Il faut le faire correctement; or nous devons régler ces choses. Si cela ne prend pas trois heures, tant mieux. Je suis convaincu que chacun de nous trouvera bien quelque chose à faire entre 8 heures et 9 heures ou entre 9 heures et 10 heures. Je ne suis pas inquiet à ce sujet.
Cependant, pour nous permettre de procéder plus rapidement la semaine prochaine ou, du moins, pour que nous réglions tout cela à l'intérieur du bloc de trois heures, madame la présidente, j'aimerais faire une suggestion. Je propose que nous demandions à nos analystes de repérer, dans les témoignages que nous avons entendus jusqu'à maintenant, chacune des objections qui ont été soulevées concernant des demandes de production de documents ou des questions. On pourrait également noter la date et l'heure où chaque objection a eu lieu, le nom du témoin qui l'a soulevée, ainsi que le document ou la question dont il s'agissait. Cette liste pourrait être distribuée à tous les membres du Comité. Ainsi, quand nous nous réunirons mardi prochain, nous aurons une liste et nous saurons de quoi nous parlons. Cela pourrait être efficace.
Merci, madame la présidente.
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Merci, madame la présidente. Je serai bref.
J'aurais préféré entendre un témoin et ensuite passer aux travaux du Comité, mais par souci de courtoisie pour le Comité, je suis bien heureux d'avoir trois heures. J'espère que nous ne nous limiterons pas à débattre des motions en suspens, mais que nous discuterons du plan de travail pour l'avenir, afin de donner à notre personnel une certaine prévisibilité quant aux témoins que nous aimerions entendre au cours des prochaines semaines.
Je pense que nous aurons un débat important et des divergences d'opinions, ce qui est très bien, mais énonçons-les pour en arriver à une décision.
Un député: [Inaudible]
L'hon. Peter Harder: J'appuie.