LANG Réunion de comité
Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.
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STANDING JOINT COMMITTEE ON OFFICIAL LANGUAGES
COMITÉ MIXTE PERMANENT DES LANGUES OFFICIELLES
TÉMOIGNAGES
[Enregistrement électronique]
Le mardi 29 mai 2001
Le coprésident (M. Mauril Bélanger (Ottawa—Vanier, Lib.)): Bonjour, messieurs et mesdames. Je vous souhaite la bienvenue.
Nous poursuivons nos délibérations sur la question du transporteur national, Air Canada, et du service dans les deux langues officielles. Notre témoin d'aujourd'hui est M. Watson, qui est accompagné de personnes qu'il nous présentera lui-même. M. Watson est le président de la Commission canadienne du tourisme. C'est une nouvelle société de la Couronne, mais ce n'est pas un organisme qui est nouveau.
Monsieur Watson, je vous remercie de vous être prêté à nos souhaits et je vous cède la parole. Par la suite, nous vous poserons des questions jusqu'à ce que le temps soit épuisé. Monsieur Watson.
M. Jim Watson (président, Commission canadienne du tourisme): Merci, monsieur le président.
Messieurs les sénateurs et députés de la Chambre des communes, comme M. Bélanger l'a dit, je m'appelle Jim Watson et je suis le président de la Commission canadienne du tourisme. Je suis accompagné de la vice-présidente à l'Information de la commission, Mme Chantal Péan, et de notre directeur des communications, M. Pierre Gauthier.
Je suis heureux de me trouver ici aujourd'hui dans cet immeuble historique qu'est l'édifice du Centre de la Chambre des communes dans le cadre de votre étude sur la prestation des services dans les deux langues officielles par Air Canada, conformément à l'alinéa 108(1)a) et au paragraphe 108(2) du Règlement.
[Traduction]
Comme vous le savez, le service aérien de passagers représente un élément important de l'industrie du tourisme au Canada.
[Français]
L'an passé, les dépenses ayant trait aux services aériens de passagers se sont chiffrées à 12,9 milliards de dollars, ce qui représente 24 p. 100 du total des dépenses touristiques, qui se chiffraient à 54,1 milliards de dollars.
[Traduction]
Il s'agit donc d'une industrie formant un sous-groupe qui est important pour l'industrie du tourisme et, sans contredit, pour la Commission canadienne du tourisme. Comme le président l'a souligné, nous sommes la plus récente société d'État canadienne, et notre mandat est très clair: la promotion du Canada comme destination touristique.
Des changements récents dans la structure de l'industrie canadienne du transport aérien des passagers ont eu une incidence marquée sur le tourisme. La présence d'un transporteur aérien dominant qui dessert le marché national et qui offre des liens avec des vols d'autres transporteurs étrangers a donné lieu à des plaintes au sujet de l'augmentation des tarifs aériens et de la réduction des services. Ces plaintes préoccupent évidemment la CCT et ses partenaires puisque nous essayons de promouvoir le Canada comme destination toutes saisons de choix.
[Français]
Cependant, ce n'est pas pour cette raison que je comparais aujourd'hui devant le comité. Je suis plutôt ici pour vous parler de la langue de communication d'Air Canada avec le public.
[Traduction]
Je suis bien conscient du fait que, depuis sa fusion avec les Lignes aériennes Canadien, Air Canada a dû faire face à de nombreux défis pour assurer une transition en douceur dans les services offerts au public. Air Canada est un partenaire très important de la CCT dans la promotion du tourisme au Canada. Je félicite Air Canada pour le niveau de bilinguisme qu'elle a maintenu dans ses services par le passé. La CCT souhaite que le niveau de bilinguisme dans les services continue de s'accroître, pour assurer le traitement équitable des deux groupes linguistiques.
[Français]
Permettez-moi d'abord de souligner que l'un des points forts du Canada comme destination touristique internationale consiste en sa diversité culturelle.
[Traduction]
Il s'agit là d'un élément présenté dans l'Énoncé de vision qu'a adopté l'industrie elle-même. Dans l'Énoncé de vision, on peut lire notamment que «le Canada sera la meilleure destination quatre saisons offrant à ses visiteurs un contact privilégié avec la nature ainsi qu'avec ses diverses cultures et collectivités.»
De plus, il ne fait aucun doute que le statut bilingue officiel du Canada constitue l'un de ses principaux traits distinctifs. Cette réalité nous démarque des autres destinations touristiques. La diversité culturelle est une caractéristique du Canada que nous soulignons constamment dans nos campagnes de publicité et de promotion. Le statut bilingue du pays est de toute évidence un atout pour nous dans le contexte de la concurrence qui règne sur le marché touristique mondial.
J'aborde maintenant la question de la langue de communication d'Air Canada avec le public. Un volet très important du Programme de marketing au Canada de la CCT consiste à promouvoir les voyages au pays par les Canadiens.
[Français]
De façon plus précise, nous souhaitons promouvoir les voyages interprovinciaux chez les Canadiens.
[Traduction]
Nous voulons, par exemple, encourager les résidents du Québec à voyager en Alberta. De même, nous aimerions encourager les résidents de l'Alberta à voyager au Québec. Les voyages au Canada par les Canadiens demeurent le marché le plus important de l'industrie nationale du tourisme.
Ces voyages représentent 70 p. 100 du total des dépenses touristiques effectuées au Canada.
[Traduction]
L'an passé, les dépenses touristiques effectuées par des Canadiens au Canada ont représenté 37,9 milliards de dollars sur un total de 54,1 milliards de dollars. En d'autres mots, les Canadiens ont dépensé des sommes importantes pour voyager dans leur propre pays. Le tourisme national représente donc déjà un gros chiffre d'affaires. Cependant, ce chiffre peut augmenter et à la CCT, nous croyons que nous avons l'obligation de voir à ce que la croissance se poursuive. Le chiffre d'affaires peut augmenter grâce à la promotion des avantages que présentent les voyages au Canada auprès des gens qui voyagent peu ou pas du tout. Et il peut augmenter grâce à la promotion du Canada comme autre choix de destination touristique par rapport aux destinations étrangères, par exemple les États-Unis.
[Français]
Pour faciliter les voyages à l'intérieur du pays, il semble essentiel que le transporteur aérien national offre des services dans les deux langues officielles, soit en français et en anglais.
[Traduction]
Il est tout à fait logique qu'un résident du Québec qui voyage à l'extérieur de cette province ait accès à des services en français à bord des vols d'Air Canada. Il est également logique pour un résident de l'Alberta qui voyage au Québec d'avoir accès à des services en anglais à bord des vols d'Air Canada.
L'expérience des transporteurs régionaux d'Air Canada qui desservent le marché Ottawa-Toronto démontre que la prestation de services dans les deux langues officielles n'est pas obligatoirement astreignante ni coûteuse. Dans de nombreux cas, les messages adressés au public sont faits dans l'une ou l'autre langue officielle et un message enregistré est ensuite diffusé dans l'autre langue officielle.
D'après mon expérience, au moins un agent de bord était bilingue. C'est essentiel, non seulement parce que le pays est bilingue, mais aussi parce que, pour assurer la sécurité, il est important d'avoir plus qu'un simple enregistrement des messages standards. Cette façon de faire est donc un gage de service et de sécurité pour les voyageurs.
La prestation des services dans les deux langues officielles à bord des vols d'Air Canada présente également des avantages pour les touristes étrangers qui voyagent au Canada. Pensons, par exemple, aux résidants de la France qui se rendent en Colombie- Britannique. Pour donner aux sénateurs et aux députés un ordre de grandeur, en 1999, 414 000 Français ont visité le Canada. Leur expérience touristique ne peut qu'être rehaussée si les services à bord des vols sont offerts en français. Pensez maintenant aux résidants des États-Unis qui se rendent au Québec. Ils jouiront certainement davantage de leur expérience touristique si les services à bord leur sont offerts en anglais.
Ainsi, dans une perspective touristique, la disponibilité des services en anglais et en français à bord des vols d'Air Canada est hautement souhaitable, à l'instar de ce qui se fait déjà dans le service au comptoir partout au pays.
[Français]
Les avantages l'emportent largement sur les coûts.
Monsieur le président, membres du comité, je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de présenter le point de vue de l'industrie du tourisme sur cette question importante. Je suis maintenant disponible pour répondre aux questions.
[Traduction]
Mes collègues et moi répondrons volontiers à vos questions.
[Français]
Merci.
Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Merci.
Monsieur Sauvageau.
M. Benoît Sauvageau (Repentigny, BQ): Madame, messieurs, cela me fait plaisir de vous recevoir cet après-midi.
Votre message est un souhait généreux pour Air Canada, mais vous ne semblez pas être très contraignants dans vos demandes. Vous souhaitez que tout aille bien dans le meilleur des mondes, et si tout va bien, vous en serez heureux. Cependant, je ne pense pas que ce soit une façon de corriger une situation que l'on juge relativement inacceptable. Je vais vous poser quelques questions là-dessus.
Vous dites:
-
Il est tout à fait logique qu'un
résidant du Québec qui voyage à l'extérieur de cette
province ait accès à des services en français à bord
des vols d'Air Canada.
On a reçu l'autre jour une dame qui représentait Air Canada. Je tiens à vous dire à vous, qui êtes de la Commission canadienne du tourisme, qu'on nous a dit qu'il n'y avait pas de problèmes, que tout le monde était desservi dans les deux langues officielles, surtout si on partait du Québec. On nous a également dit que si jamais il y avait des plaintes à faire, il fallait les enregistrer.
Je m'excuse, mais je veux qu'il soit enregistré que sur le vol d'Air Nova de Mont-Joli vers Montréal et ensuite vers Ottawa, le vol AC 8713, il n'y avait aucun service en français. Ni le pilote ni les agents de bord n'étaient francophones. C'est ma collègue Suzanne Tremblay qui a dû vivre cette situation du genre de celles que mon ami M. Godin vit souvent. J'aimerais donc vous entendre là-dessus, entre autres.
• 1540
Dans votre présentation, vous dites que les
messages sont faits dans l'une ou l'autre des
langues officielles et qu'ils sont ensuite faits
dans l'autre langue au moyen
d'une cassette. Vous dites que cette façon de faire est
satisfaisante. Je suis certain que mon ami Yvon va
vous demander quelle cassette on entend quand on tombe.
Êtes-vous réellement d'avis que la cassette
remplace l'autre langue?
Avez-vous souvent entendu des plaintes d'anglophones qui ne pouvaient pas se faire servir en anglais, peu importe leur destination au Canada?
M. Jim Watson: Monsieur le député, j'ai ajouté une autre ligne à la page 4, parce que je ne suis pas satisfait d'un simple enregistrement des messages. J'ai dit:
[Traduction]
D'après mon expérience, au moins un agent de bord doit être bilingue.
[Français]
J'ai parlé de la sécurité et des problèmes comme ceux-là. Au minimum, il est important d'avoir des messages dans les deux langues. Pour la sécurité des passagers, il est très important qu'au moins une personne parle l'autre langue officielle. Malheureusement, je n'ai pas eu l'occasion de corriger le texte, mais c'est le point de vue de la Commission canadienne du tourisme.
Quant à votre autre question, ce n'est pas une situation au sujet de laquelle la Commission canadienne du tourisme reçoit des plaintes. C'est Air Canada qui reçoit des plaintes.
M. Benoît Sauvageau: Est-ce que ça peut arriver?
M. Jim Watson: Chantal pourra peut-être vous répondre. J'ai commencé à travailler à la Commission canadienne du tourisme il y a seulement huit mois. Chantal y travaille depuis plus longtemps. Est-ce que tu en as reçu?
Mme Chantal Péan (vice-présidente, Information, et secrétaire générale, Commission canadienne du tourisme): Nous n'avons pas reçu de plaintes à ce sujet. Vous avez bien parlé de plaintes d'anglophones?
M. Benoît Sauvageau: Oui.
Mme Chantal Péan: Non, nous n'avons jamais reçu de plaintes d'anglophones. Nous n'en avons pas reçu de francophones non plus.
M. Benoît Sauvageau: Non, non. Ce n'est pas ce que je voulais dire. Mais ce n'est pas pas grave.
On fait une étude sur les services bilingues offerts par Air Canada. Vous êtes une entité du gouvernement fédéral. Vous savez que le gouvernement fédéral se doit de faire appliquer la Loi sur les langues officielles et vous savez que le gouvernement fédéral n'a jamais démontré de volonté politique de faire en sorte qu'Air Canada mette en oeuvre la Loi sur les langues officielles.
Compte tenu de ce préambule, si vous pouviez écrire une seule recommandation qui aiderait la Commission canadienne du tourisme à faire la promotion du tourisme bilingue—selon moi, c'est un mirage, mais vous avez le droit d'en faire la promotion—et qui obligerait Air Canada à appliquer cette Loi sur les langues officielles, qu'écririez-vous?
M. Jim Watson: C'est clair: fournir les services dans les deux langues dans tout le pays, non seulement sur les vols, mais dans les aéroports, les billetteries, etc. Il faut qu'Air Canada offre les services dans les deux langues, non seulement dans une ville ou une région où 5 p. 100 de la population parle les deux langues ou l'autre langue, mais partout au pays.
Il m'est facile de dire cela parce que c'est une suggestion pour une autre agence. La Commission canadienne du tourisme est très fière de fournir les services dans les deux langues. Je pense que c'est good business, comme on dit en anglais.
M. Benoît Sauvageau: Maintenant, vous savez qu'il y a des lois qui imposent des contraintes. Par exemple, sur l'autoroute, la loi dit qu'on ne peut pas rouler à plus de 100 km/h. Si vous dépassez la limite, vous avez une contravention et ça peut être salé. J'en sais quelque chose.
La Loi sur les langues officielles est aussi une loi. Vous souhaitez qu'Air Canada fasse ceci, et tout le monde est d'accord avec vous là-dessus. Si elle ne le fait pas, qu'arrivera-t-il? Dans cinq ou dix ans, on se réunira ici comme on l'a fait dans les années 1970, alors qu'on souhaitait qu'Air Canada offre des services dans les deux langues officielles sur tous les vols. Si elle ne le fait pas, qu'arrivera-t-il, selon vous, ou que devrait-il arriver?
M. Jim Watson: À mon avis, c'est une question que vous devriez probablement poser au ministre responsable de la loi, à la ministre du Patrimoine canadien ou à M. Dion.
• 1545
J'ai entendu la
question que vous avez posée
aujourd'hui à la Chambre des communes, et je
pense qu'il s'agit de la personne responsable
de cela. Malheureusement, comme je l'ai dit, je suis
responsable du marketing du tourisme et non
de la mise en application des lois du Canada.
M. Benoît Sauvageau: Vous nous encouragez donc à exiger qu'Air Canada offre les services dans les deux langues officielles dans les avions, dans les aéroports, partout.
M. Jim Watson: Oui.
M. Benoît Sauvageau: Merci.
Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Merci, monsieur Sauvageau.
Sénateur Gauthier.
Le sénateur Jean-Robert Gauthier (Ontario, Lib.): Merci, monsieur le président.
Est-ce que le témoin est ici aujourd'hui pour parler strictement de la question d'Air Canada ou si on peut lui poser des questions sur sa commission?
Le coprésident (M. Mauril Bélanger): M. Watson est probablement prêt à répondre à des questions de tout genre, sauf des questions personnelles.
Le sénateur Jean-Robert Gauthier: Vous êtes une société d'État.
M. Jim Watson: Oui, c'est cela.
Le sénateur Jean-Robert Gauthier: Vous êtes assujettis à la Loi sur les langues officielles.
M. Jim Watson: Oui.
Le sénateur Jean-Robert Gauthier: Vous n'avez pas encore déposé un rapport à la ministre du Patrimoine canadien, à ce que je sache.
M. Jim Watson: Pas encore.
Le sénateur Jean-Robert Gauthier: J'ai essayé d'en avoir une copie, et on m'a dit qu'il était trop récent. Il y en aura un pour l'année financière 2000-2001, mais il n'est pas encore déposé. Avez-vous une idée du moment où vous allez déposer votre rapport?
M. Jim Watson: Probablement dans trois ou quatre mois. C'est notre but. C'est la responsabilité d'un homme qui s'appelle Pierre Gauthier.
Le sénateur Jean-Robert Gauthier: Jim, il faut que je lise, moi. Je ne comprends rien quand tu parles comme ça. Mais ce n'est pas grave.
Vous avez un budget de 82 millions de dollars, grosso modo. Dans les prévisions budgétaires, on parle de 82 millions de dollars. La Commission de la Capitale nationale a à peu près la même chose que vous. Ce sont deux boîtes identiques. La vôtre vend le Canada, et l'autre essaie de vendre la Capitale nationale, ce qui est aussi un objectif valable.
Si j'ai bien compris, vous avez 14 bureaux à l'extérieur du Canada.
M. Jim Watson: C'est juste.
Le sénateur Jean-Robert Gauthier: Puis-je avoir une liste de ces bureaux? Envoyez-la au greffier et il va la faire circuler.
M. Jim Watson: Certainement.
Le sénateur Jean-Robert Gauthier: Quel est le budget opérationnel de votre commission dans le domaine de la promotion à l'extérieur du Canada? Quelle proportion de votre budget est consacrée à la promotion du Canada à l'extérieur du Canada?
M. Jim Watson: Presque 95 p. 100 du budget. La plupart de nos efforts se font à l'extérieur du Canada.
Le sénateur Jean-Robert Gauthier: Quatre-vingt-quinze pour cent.
M. Jim Watson: Oui.
Le sénateur Jean-Robert Gauthier: Avez-vous de bonnes relations avec le ministre des Affaires étrangères et avec le ministre responsable du Commerce international?
M. Jim Watson: Oui. On avait une entente avec le ministre des Affaires étrangères parce que la plupart de nos bureaux sont situés dans les ambassades.
Le sénateur Jean-Robert Gauthier: J'ai un peu de difficulté, parce que le tourisme, pour moi, s'adresse aux personnes assez riches. Les touristes sont habituellement des riches. À ce que j'ai pu comprendre de certains rapports que j'ai lus, vous avez fait de la réclame publicitaire en Allemagne et en Angleterre. En faites-vous au Japon?
M. Jim Watson: Oui.
Le sénateur Jean-Robert Gauthier: En faites-vous en France?
M. Jim Watson: Oui.
Le sénateur Jean-Robert Gauthier: Quelle proportion de votre budget total accordez-vous à la publicité ou à la réclame publicitaire?
M. Jim Watson: Pour chaque pays?
Le sénateur Jean-Robert Gauthier: Quel est le pourcentage de votre budget qui va à la publicité, à la réclame dans les pays autres que le Canada? Vous m'avez dit 95 p. 100.
M. Jim Watson: Oui.
Le sénateur Jean-Robert Gauthier: D'après ce que j'ai lu, vous en faites surtout en Allemagne et en Angleterre, et vous en faites un peu en Asie. Je voulais savoir si vous faites également de la réclame au Japon, par exemple, et en France, et si oui, quelle proportion de votre budget cela représente.
M. Jim Watson: On va vous fournir les budgets de chacun des pays, monsieur le sénateur. Je n'ai pas la réponse à l'heure actuelle. Peut-être que Chantal l'a.
Mme Chantal Péan: La plus grande partie de notre budget va aux États-Unis.
[Traduction]
Le sénateur Jean-Robert Gauthier: Vous pouvez m'envoyer ces renseignements, ou encore les envoyer au greffier.
[Français]
M. Jim Watson: Oui. Nous allons vous fournir une copie de notre rapport annuel, et je pense c'est dans ce rapport. Monsieur le sénateur, on va vous fournir les budgets de chacun des bureaux. Comme Mme Péan l'a dit, le marché le plus important pour nous est celui des États-Unis. On dépense presque 5,5 millions de dollars au Canada pour le tourisme.
Le sénateur Jean-Robert Gauthier: Très bien.
En 1994, le Parlement a fait une revue de sa politique étrangère et déposé un rapport. Le chapitre 6 de ce rapport traite de la culture et du besoin qu'ont les Canadiens et les Canadiennes de se faire voir à l'extérieur du pays.
Vous êtes de la Commission canadienne du tourisme et vous savez comme moi que la culture est une industrie payante. Les Américains, eux, appellent cela entertainment. Quand on parle de la culture américaine aux Américains, ils ne savent pas de quoi on parle, mais quand on leur parle d'entertainment, des films américains, avec leurs bouteilles de Coca-Cola, leurs cigarettes Camel et tout ce dont ils se servent pour faire la promotion de leurs instruments culturels, ils comprennent.
Cela m'intéresse énormément parce que je suis convaincu que la culture est une industrie importante pour le Canada et pour les Canadiens. Nous avons deux langues officielles. Vous avez parlé plus tôt de la diversité culturelle et du bilinguisme. Deux langues officielles au Canada, c'est important également.
Ma question est simple. Vous avez des ententes avec le ministère des Affaires étrangères. Vous avez des représentants dans des ambassades. Vous en avez 14, semble-t-il. La langue de travail de ces gens est-elle surtout le français ou l'anglais?
M. Jim Watson: Ça dépend. Par exemple, au Japon, c'est le japonais. Nous avons des employés qui parlent la langue du pays. Aux États-Unis, notre siège social est à Washington. Nous avons, je pense, trois employés francophones, et les autres sont des Américains anglophones qui travaillent pour nous.
Le sénateur Jean-Robert Gauthier: D'accord.
Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Merci. Il faut que j'alterne. On fera un deuxième tour s'il le faut.
Le sénateur Jean-Robert Gauthier: J'ai une autre question importante à poser.
Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Monsieur Godin.
M. Yvon Godin (Acadie—Bathurst, NPD): Merci, monsieur le président.
Puisque le comité est en train de discuter d'Air Canada, j'aimerais vous demander où vous prenez vos informations. D'après ce que j'ai entendu, vous semblez satisfait d'Air Canada et du service qu'elle donne. Dans certains avions, il y a une personne et elle ne parle qu'une seule langue. On a alors une cassette pour remplacer l'autre langue. C'est une question de sécurité. Sur les vols entre le Québec et l'Ontario, par exemple, il arrive que les gens aient besoin d'une personne qui parle leur langue. Dans la plupart des vols au Canada, tout le monde parle anglais et la deuxième langue est le français. C'est là qu'il y a un problème, parce que les plaintes qui ont été reçues provenaient toujours de francophones qui n'avaient pas le service dans leur langue. Vous disiez que dans l'avion, les gens pouvaient avoir recours à une autre personne qui parlait leur langue.
Le service régional est normalement assuré par des Dash 8, et c'est le pilote qui sort du cockpit pour donner l'information. C'est pour cela que je me demande à quel endroit vous prenez votre information pour lancer des fleurs à Air Canada, alors que moi, je n'en ai pas à lancer. Je voyage à chaque semaine sur Air Canada et je suis obligé de faire des plaintes presque à chaque semaine. Je voyage entre le Nouveau-Brunswick et Ottawa.
Si moi, je vois ces choses, la Commission canadienne du tourisme devrait aussi être capable de les voir. Elle devrait avoir une manière de les vérifier, si elle veut faire la promotion du tourisme au Canada et des deux langues officielles.
• 1555
Ce comité est certainement
favorable à la promotion des langues officielles.
Il ne cherche pas à faire la promotion d'Air
Canada. Il faut pouvoir s'occuper de la situation
dénoncée par la plainte. Si on
prend un avion d'Ottawa à Montréal, qu'on n'est pas
servi en français et qu'on ne parle pas anglais, on
est «pris avec la cassette», comme le disait
mon collègue Sauvageau.
M. Jim Watson: Non. Monsieur Godin, il est écrit à la page 4 de mon discours
[Traduction]
que l'expérience dans le marché Ottawa-Toronto démontre que la prestation de services dans les deux langues officielles...
[Français]
Je trouve qu'il n'y a pas de problème entre Ottawa et Toronto. Je sais, par contre, qu'il y a des problèmes de service bilingue de temps en temps à Air Canada, et j'ai ajouté dans mon discours qu'il n'était pas acceptable qu'il n'y ait qu'un seul message enregistré. Il faut qu'il y ait du personnel bilingue. Je suis d'accord avec vous et j'appuie votre position.
J'ai aussi dit: commend Air Canada in the past. Je voulais dire qu'Air Canada offrait un meilleur service, au niveau des deux langues officielles, que les autres compagnies, Canadian ou Wardair, par exemple. Mais je suis ici parce que j'appuie l'objectif. Je pense que ce comité doit oeuvrer à augmenter le service bilingue partout au Canada.
[Traduction]
M. Yvon Godin: À la page 4, vous dites que «L'expérience des transporteurs régionaux d'Air Canada qui servent le marché Ottawa- Toronto démontre que...». Normalement, les transporteurs régionaux utilisent des Dash 8 et non des 737. Le 737 quitte Ottawa à destination de Toronto et Winnipeg. Il ne s'agit pas de transport régional, à mon avis, et cet appareil a un équipage de bord nombreux qui serait en mesure d'offrir les services dans les deux langues. Lorsqu'on parle de transporteurs régionaux, on parle de Air Nova, de Air Alliance et de Air B.C., et dans ces cas-là, le personnel pourrait être trop peu nombreux. Certainement, ces transporteurs-là devraient offrir les services dans les deux langues.
M. Jim Watson: Oui, je comprends. Comme vous l'avez souligné, c'est souvent le copilote qui fait office d'agent de bord. J'ai vécu cela à bord d'un vol de Québec à Ottawa la semaine dernière; le copilote nous a expliqué les consignes de sécurité, etc., puis il est retourné dans la cabine de pilotage, laissant les passagers seuls. Dans un cas comme celui-là, il est encore plus important d'avoir plus qu'un message enregistré. Il faut qu'il y ait quelqu'un qui puisse communiquer avec vous dans votre langue, surtout dans les situations d'urgence.
La semaine dernière, j'ai justement rencontré des représentants d'Air Canada pour discuter de cela. De toute évidence, la fusion leur occasionne des difficultés d'adaptation, mais je ne crois pas que cela devrait servir d'excuse, pendant des années, pour justifier l'interruption du processus et des dépenses en matière de prestation des services dans les deux langues.
[Français]
M. Yvon Godin: Si on considère la fusion de Canadien et d'Air Canada, il faut admettre que c'est vrai et il faut s'adapter à cela. Mais quand on parle d'Air Ontario, cela n'a rien à voir avec la fusion. C'est une compagnie affiliée à Air Canada depuis longtemps, elle est soumise à la loi depuis juillet 2000, et il y a toujours des problèmes au sein d'Air Ontario, d'Air Nova et d'Air Alliance.
M. Jim Watson: Oui. J'ai donné l'exemple du vol d'Ottawa à Toronto, parce que j'ai fait ce trajet la plupart du temps par Air Ontario. J'atterrissais alors à l'Île de Toronto, à bord d'un petit Dash 8, ce qui n'est pas le cas quand je prends l'avion à l'aéroport Pearson, par exemple.
Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Merci.
Madame Thibeault.
Mme Yolande Thibeault (Saint-Lambert, Lib.): Monsieur le président, vous parlez de l'importance du tourisme à l'intérieur du Canada, de l'importance que les Canadiens aillent ailleurs.
J'encourage toujours les gens de chez moi à aller visiter le reste du Canada. C'est très important pour moi. Vous semblez ne pas être trop intéressés à savoir si ces gens voyagent par Air Canada ou par des compagnies subsidiaires. Je ne suis pas d'accord avec vous. Récemment, j'ai pris l'avion de Winnipeg à Vancouver. Ne pensez pas y trouver du français, il n'y en a pas.
• 1600
Comment puis-je encourager les
gens de chez moi à aller dans plus d'une
province, à ne pas se limiter au
voyage de Montréal à Vancouver? Je pense qu'il y a des
problèmes de ce côté. Je me demandais, dans la foulée de ce
que vous avez commencé à dire, si Tourisme Canada a des
mécanismes pour exercer des pressions auprès d'Air
Canada.
Je vous demande, en fait, si vous vous
parlez de façon régulière. Êtes-vous en
mesure de demander à Air Canada d'être sérieux, et le
faites-vous?
M. Jim Watson: Oui. Nous avons réservé un siège à notre conseil d'administration pour le président d'Air Canada. Notre président, M. Judd Buchanan, a offert ce siège à M. Milton. Je pense qu'il est important, pour assurer un bon dialogue, que le président ou un vice-président d'Air Canada siège à notre conseil d'administration. C'est un exemple. Nous pourrons peut-être travailler avec M. Milton et son personnel à améliorer cette situation.
Je pense aussi que cette réunion est importante, non seulement pour le tourisme, mais aussi pour encourager Air Canada à se conformer à la Loi sur les langues officielles.
Mme Yolande Thibeault: Bravo! Vous avez répondu à une partie de mes questions. Merci beaucoup.
Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Sénateur Rivest.
Le sénateur Jean-Claude Rivest (Stadacona, PC): Monsieur Watson, je pense que vous aurez compris que les membres du comité ont de fortes préoccupations au niveau du respect, par Air Canada, entre autres, des deux langues officielles et en particulier, bien sûr, de la langue française.
Par ailleurs, comme on l'a déjà indiqué, il semble difficile à croire que la situation soit aussi rose que vous le laissiez entendre. À cause de la fusion avec Canadian Airlines, il sera long d'assurer plusieurs services, en particulier des services à l'intérieur du Canada. On nous a expliqué que cela prendrait cinq ou six ans parce qu'il n'y a pas beaucoup de personnel bilingue.
Je pense que la question importante a été soulevée par Mme Thibeault. Vous nous avez dit, avec justesse, que la dualité linguistique et culturelle ainsi que les apports des autres communautés au Canada constituaient un attrait touristique extrêmement intéressant et que cela faisait partie de votre mandat.
D'après votre réponse et votre présentation, vous ne semblez pas avoir de lien organique avec une société comme Air Canada. Vous ne recevez pas de plaintes. Vous nous avez dit, et nous le comprenons, que les gens ne vont pas se plaindre à vous quand il y a des problèmes de respect des deux langues. Peut-être la Commission canadienne du tourisme devrait-elle réserver plus qu'un siège au conseil d'administration pour le président. Elle devrait avoir comme préoccupation centrale, étant donné que la dualité linguistique est un atout touristique important pour le pays, de constituer un petit module à l'intérieur de la commission, pour avoir des liens avec Air Canada spécifiquement sur le respect de la dualité linguistique canadienne et pour épauler le travail que les parlementaires et les groupes minoritaires au Canada font à ce sujet.
Je pense que cela serait important. Vous avez une bonne raison de le faire, raison que vous nous avez indiquée dans votre mémoire. Cette raison est que, sur le plan du développement du tourisme au Canada, la dualité linguistique est une chose qui vous apparaît importante. À moins de faire erreur, je crois que vous n'aviez pas de petit module où des gens de chez vous seraient spécifiquement chargés de cette question.
Je pense qu'il serait intéressant que la Commission canadienne du tourisme ait un tel type de préoccupation. Il ne s'agit pas d'en faire tout un plat, mais il faudrait au moins que quelqu'un soit responsable, alerte et soit constamment en contact avec les compagnies aériennes pour signaler les problèmes qui surgissent au plan du respect de la dualité linguistique et signaler combien cela est néfaste pour le tourisme interne au Canada et pour le tourisme international.
M. Jim Watson: Votre suggestion est bonne, monsieur le sénateur. Nous avons plusieurs comités, en plus du conseil d'administration. Nous avons presque 15 comités, et beaucoup de personnes qui travaillent pour Air Canada siègent à ces comités.
Le sénateur Jean-Claude Rivest: Ils le font en plus de 50 000 autres choses. Ils y vont, mais ils font 50 000 autres choses.
M. Jim Watson: Mais nous avons aussi un comité dont Chantal Péan est responsable et qui a pour objet industry issues and product development Elle peut peut-être expliquer le mandat de ce comité, qui est probablement le comité tout indiqué pour discuter de telles choses, parce que les autres comités sont des comités de marketing pour les États-Unis, l'Europe, etc.
Le sénateur Jean-Claude Rivest: Non, il s'agit de tourisme.
M. Jim Watson: Oui, mais c'est le comité adéquat. Mme Péan va expliquer pourquoi.
Mme Chantal Péan: Merci. Le comité a pour tâche de se pencher sur les questions qui touchent l'industrie. On identifie les enjeux qui affectent l'industrie touristique et on essaie de trouver des solutions avec elle. Air Canada est un des membres que nous aimerions inclure dans le Comité des enjeux, non seulement à cause de la question linguistique, mais également à cause de la question du nombre de vols interprovinciaux.
Le sénateur Jean-Claude Rivest: Ma préoccupation, je pense que vous l'aurez compris, est vraiment que la question de la dualité occupe un peu plus de place dans vos préoccupations quotidiennes. Si la Commission canadienne du tourisme se préoccupe de cette question, elle doit considérer qu'il s'agit d'une valeur fondamentale pour le développement du tourisme et ne pas en faire une question technique parmi 5 000 autres, mais plutôt une préoccupation majeure. Vous le ferez dans le cadre d'un comité ou d'un autre, cela m'est assez égal. Je souhaiterais, et je pense que les autres membres du comité partagent mon avis, que la Commission canadienne du tourisme soit vraiment très consciente du maintien et du développement de la dualité linguistique au sein des services d'Air Canada et ailleurs, parce que vous ne faites pas uniquement affaire avec Air Canada, je suppose.
Mme Chantal Péan: Il s'agit d'une des préoccupations de l'industrie. Nous l'inscrirons donc à l'ordre du jour de la prochaine réunion du Comité des enjeux.
Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Monsieur Bellemare.
M. Eugène Bellemare (Ottawa—Orléans, Lib.): Merci, monsieur le président.
J'aimerais féliciter M. Watson pour sa nomination au poste de président de la Commission canadienne du tourisme. Je tiens aussi à souligner que j'apprécie le fait qu'une personne de la trempe de M. Watson ait accepté cette responsabilité. Je sais, de par ma propre expérience, que lorsqu'il était maire d'Ottawa, il faisait la promotion des deux langues officielles du pays avec bon coeur et sans que cela constitue un effort de sa part. Je vous remercie de ce que vous avez fait lorsque vous étiez maire. Vos actions passées sont de bon augure pour votre nouveau poste.
Il faut maintenant parler d'Air Canada. Vous avez dit, lors de votre présentation, que vous souhaitiez promouvoir les voyages interprovinciaux auprès des Canadiens. J'imagine que c'est par nationalisme, par fierté nationale que vous souhaitez cela. Serait-ce plutôt dans un but commercial?
M. Jim Watson: Je pense que c'est pour les deux raisons. Naturellement, il est bon pour l'économie qu'une personne fasse son voyage dans notre pays plutôt qu'aux États-Unis ou en Europe. Il est bon, d'autre part, que les Canadiens vivent des expériences dans le nord de notre pays, en Nouvelle-Écosse ou dans les Laurentides. Selon moi, il s'agit d'une bonne expérience pour les jeunes, et c'est une des raisons pour lesquelles j'aime un programme comme le Forum pour jeunes Canadiens.
M. Eugène Bellemare: Et qu'avez-vous l'intention de faire pour vous assurer qu'en vivant cette expérience, les francophones et les anglophones se sentent à l'aise dans leur propre pays?
M. Jim Watson: Nous avons un programme, je crois. Nous avons travaillé avec Patrimoine Canada pour offrir des leçons en français et des voyages. Pouvez-vous, madame Péan, exposer les détails de ce programme que nous avons élaboré avec Patrimoine Canada et dont le but est d'encourager l'apprentissage des deux langues?
Mme Chantal Péan: Merci. Le programme de voyages éducatifs encourage l'échange entre étudiants ou entre touristes. Par exemple, un anglophone peut venir au Québec et apprendre le français, et l'inverse est aussi vrai.
M. Eugène Bellemare: Je suis mal à l'aise devant votre documentation. Mme Péan a touché le point central. Tout comme il était écrit dans votre rapport, elle a parlé d'encourager les voyages entre le Québec et l'Alberta et a dit que pour cette raison, il devrait y avoir des services bilingues. Je suis un francophone hors Québec et je me demande ce que je suis dans tout cela. Neither fish nor fowl. Puis-je me sentir chez nous lorsque j'utilise ma propre langue maternelle, ou suis-je un étranger chez nous?
Je veux en venir à ceci. Votre commission préconise-t-elle cela pour des raisons utilitaires? On parle de servir les gens qui ne connaissent pas l'autre langue. Les exemples les plus probants sont au Québec et en Alberta. Mais il y a des anglophones qui sont bilingues, ou qui ont pris des cours d'immersion, ou qui ont contracté des mariages mixtes et qui utilisent indifféremment le français ou l'anglais. Pour eux, ce n'est pas une question utilitaire, mais une question de permettre à tous les gens d'avoir un sentiment d'appartenance à leur pays.
On dirait que cela est absent. Votre document semble très positif. Mais un Canadien doit pouvoir se sentir chez lui. Chez lui, il y a deux langues officielles et le service dépend de ses capacités ou du bon vouloir de ceux qui offrent des services. Pourquoi? Le faites-vous pour des raisons utilitaires ou pour la promotion du canadianisme, tel que je l'entends?
M. Jim Watson: C'est une bonne question. Est-ce la responsabilité de la Commission canadienne du tourisme que de faire la promotion du bilinguisme dans le pays ou hors du Canada? Cette question a été posée par M. Buchanan, quand il a rédigé son rapport pour le premier ministre en vue de la création de la Commission canadienne du tourisme. Le premier ministre et le gouvernement ont répondu que la commission n'était pas responsable uniquement de fournir de l'information, mais aussi de promouvoir le Canada. C'est la raison pour laquelle nous bénéficions de 5 ou 6 millions de dollars pour mettre sur pied des programmes au Canada. À mon avis, ce n'est pas seulement la responsabilité des provinces que de promouvoir leur province dans le pays.
Nous pourrions peut-être envoyer plus d'information, monsieur Bellemare, sur les programmes d'éducation. Nous avons rédigé un rapport important sur le learning tourism, il y a deux semaines. Je crois que cette expérience est excellente non seulement pour les jeunes, mais aussi pour les personnes âgées et c'est bon pour l'industrie aussi.
M. Eugène Bellemare: Je voudrais poser une dernière question. Que faites-vous, ou qu'avez-vous l'intention de faire pour promouvoir le service dans les deux langues officielles à bord des avions des compagnies aériennes d'Europe, par exemple, qui viennent au Canada et qui transportent des Canadiens en Europe?
M. Jim Watson: Je ne le sais pas. Nous avons conclu des ententes uniquement avec des compagnies comme Air Transat et des compagnies canadiennes pour promouvoir le Canada comme destination. Je ne pense pas que nous ayons des ententes de promotion avec d'autres compagnies comme Air France ou British Airways. Je ne sais pas quels sont les règlements sur les langues officielles de British Airways, par exemple, au Canada.
• 1615
Il s'agit d'une question à laquelle pourrait répondre
Transports Canada. Je regrette, mais si vous le voulez,
monsieur Bellemare, je vais trouver la réponse, parce
que c'est une bonne question. Nous avons un système de
partenariat avec les hôtels et les avions, et la plupart
de nos ententes ont été conclues avec des compagnies
canadiennes. De temps en
temps, des tour operators viennent des États-Unis.
Je n'ai malheureusement pas de réponse pour
vous, mais je vais la trouver.
Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Merci, monsieur Bellemare. Je vais intervenir maintenant, parce que je n'ai pas constaté d'autre manifestation d'intérêt de votre côté. Ensuite, je céderai la parole au sénateur Gauthier.
Monsieur Watson, pourriez-vous me dire si la Commission canadienne du tourisme fait des sondages auprès des touristes qui viennent au Canada ou auprès des Canadiens qui voyagent à l'intérieur du pays pour recueillir de l'information sur laquelle vous basez vos gestes futurs? La commission fait-elle des sondages? Comment évaluez-vous le degré de satisfaction des visiteurs?
M. Jim Watson: Nous travaillons avec les provinces et Statistique Canada. Nous utilisons une sorte de sondage qui porte le nom de TAMS. Ce sigle veut dire
[Traduction]
travel attitude and motivational survey (sondage sur les attitudes et les motivations des voyageurs).
[Français]
Il s'agit presque d'un sondage. Les employés de Statistique Canada et de Revenu Canada ont donné un questionnaire à des voyageurs aux frontières du Canada et des États-Unis.
[Traduction]
Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Alors, ce sondage est soumis aux étrangers qui visitent le Canada?
M. Jim Watson: Oui.
Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Est-ce que vous savez, ou est-ce que vos collègues savent, si le niveau de satisfaction quant aux services linguistiques offerts, soit en anglais, soit en français, est mesuré dans ce sondage? Il ne l'est pas?
[Français]
Mme Chantal Péan: Non. [Note de la rédaction: inaudible]. Il ne s'agit pas de l'une des questions posées.
[Traduction]
Le coprésident (M. Mauril Bélanger): La Commission a-t-elle jamais effectué un sondage sur cette question auprès des Canadiens voyageant au Canada?
M. Jim Watson: Non, monsieur le président, pas sur la question des langues officielles. Pour mesurer l'efficacité de nos campagnes de promotion, nous avons recours à des groupes de réflexion et à des études de marché, mais nous n'avons jamais posé la question à propos des langues officielles.
[Français]
Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Peut-on supposer que la Commission canadienne du tourisme respecte la Loi sur les langues officielles dans toutes ses communications?
M. Jim Watson: Oui. Notre ministre, M. Tobin, a envoyé une lettre à Mme Copps, le 26 mars, qui indique que la Commission canadienne du tourisme accepte de se conformer à la loi. Par contre, nous rédigeons des publications seulement en anglais pour les États-Unis, parce que ceci est acceptable et qu'il n'est pas nécessaire de fournir un document en français aux États-Unis. Dans le même ordre d'idées, nous fournissons des documents japonais au Japon et...
Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Mais au Canada, vos documents sont-ils tous en anglais et en français?
M. Jim Watson: Oui, certainement.
Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Je veux poser une dernière question. Vous avez dit plus tôt que 95 p. 100 de vos budgets de publicité étaient attribués à l'extérieur du pays pour attirer les touristes. Il me semble qu'il en reste très peu pour encourager les Canadiens à visiter leur pays. Quelles sont les intentions de la commission à ce chapitre? Veut-elle conserver la même proportion ou vise-t-elle à augmenter la portion réservée pour encourager les Canadiens à visiter leur pays?
M. Jim Watson: C'est une bonne question. Mon premier but est d'augmenter le total de notre budget. Notre président a discuté avec le ministre des Finances d'une augmentation de 25 millions de dollars de notre budget total.
• 1620
Mon deuxième
but est d'augmenter le pourcentage du budget parce que
maintenant, c'est presque 5 ou 6 p. 100. Je pense que
ce serait une bonne idée, non seulement pour le Canada,
mais aussi pour l'économie touristique d'augmenter cela
à 7 ou 9 p. 100 à l'avenir.
La plus grande partie du marketing à l'intérieur du Canada est la responsabilité des provinces. Nous incluons quatre suppléments dans les journaux à chaque année et nous faisons une campagne publicitaire à la télévision deux fois par année.
Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Je vais laisser la place à d'autres. Je reviendrai peut-être.
Monsieur Gauthier.
De ce côté-ci de la Chambre, est-ce qu'il y a quelqu'un qui veut revenir?
Monsieur Sauvageau?
Monsieur Godin, allez-y.
M. Yvon Godin: J'ai juste une petite question ou un petit commentaire. Plus tôt, mon collègue M. Bellemare demandait ce que vous faisiez pour les autres transporteurs d'autres pays pour faire la promotion du bilinguisme, etc. Je veux juste faire le commentaire suivant: il ne faudrait pas que vous en fassiez trop, parce qu'on veut faire la promotion de nos transporteurs canadiens, si on veut aider nos transporteurs à amener des gens d'autres pays.
Je pense que les autres pays vont faire la promotion eux-mêmes, s'ils le veulent. C'est un commentaire que je voulais faire sans trop contredire mon collègue. Je pense que c'est important de faire la promotion de nos compagnies canadiennes en premier. Si on fait la promotion de la langue, ça amène automatiquement nos gens à voyager avec d'autres transporteurs.
Je veux également dire que je trouve, moi aussi, que 5 ou 6 p. 100 et même 7 p. 100, ce n'est pas beaucoup pour notre pays. Je pense qu'il y a beaucoup d'endroits à visiter dans notre pays et que la promotion en vaut parfois la peine. Par exemple, au Nouveau-Brunswick, ces dernières années, nous avons appris à faire la promotion du tourisme de façon vraiment agressive. On n'a jamais vu autant de Québécois au Nouveau-Brunswick qu'on en voit présentement. Quand le mois de juillet arrive, on dirait vraiment qu'il y a plus de Québécois que de Néo-Brunswickois.
Je pense qu'il est important que Tourisme Canada fasse une promotion vraiment nationale, et je veux me joindre à notre coprésident pour dire que même 7 p. 100 ne serait pas assez. Il y a de beaux endroits à visiter dans notre pays. Notre pays est beau, superbe, et je pense qu'en gardant en même temps les gens de notre pays, ils auront plus de reconnaissance. J'aimerais employer les bons mots...
M. Jim Watson: Je suis d'accord. Je connais bien les villes comme Caraquet. J'ai visité Caraquet comme membre du conseil d'administration du Centre national des Arts. Nous avons eu une réunion à Caraquet il y a un an. Nous avons bien travaillé avec la province du Nouveau-Brunswick sur des campagnes de marketing à New York, par exemple. Le sous-ministre du tourisme travaille avec notre personnel à New York pour offrir un déjeuner à des journalistes américains afin de promouvoir votre province.
La Commission canadienne du tourisme est très fière de ses partenariats avec toutes les provinces et tous les territoires et le secteur privé. Nous avons une entente tripartite entre le secteur privé, les provinces et territoires et le gouvernement fédéral. Je pense qu'il serait bon d'ajouter un communiqué disant que M. Gauthier est responsable pour aujourd'hui, que le déficit touristique est le plus faible en deux ans.
Nous sommes très fiers des activités de notre commission et de tous les produits touristiques dans toutes les régions du Canada.
Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Sénateur Gauthier.
Le sénateur Jean-Robert Gauthier: Merci, monsieur le président.
Je voudrais revenir à une petite question. Plus tôt, vous avez répondu à M. Rivest que ce serait une bonne idée d'avoir, à l'intérieur de votre commission, un comité qui s'occuperait des relations avec les transporteurs aériens canadiens. J'appuie la proposition du sénateur Rivest.
J'aimerais aussi que vous ayez un comité qui s'occupe des relations interministérielles et des relations interprovinciales. Vous allez me dire que vous faites ça.
Quand vous annoncez aux États-Unis en anglais seulement, vous ne faites pas votre job, à mon avis. Le Canada a deux langues officielles. Vous devriez annoncer aux États-Unis dans les deux langues officielles du pays, pour qu'au moins les Américains sachent qu'ici on parle français et anglais. C'est mon opinion. Peut-être n'est-elle pas valable.
• 1625
Une chose me préoccupe au niveau de la
culture. Je reviens aux industries culturelles. Les
Affaires étrangères s'occupent de diplomatie et
d'affaires étrangères et ne s'occupent pas de tourisme.
Vous avez des bureaux qui s'occupent de tourisme dans
les 14 ambassades où vous êtes présents. Je reconnais
l'importance de cela. La commission a-t-elle des
outils pour s'assurer que vos représentants dans les
ambassades transmettent un message cohérent,
canadien, qui mentionne l'existence des deux
langues officielles et de la mosaïque culturelle?
Que pouvez-vous nous dire là-dessus?
M. Jim Watson: Un membre de notre personnel est responsable exclusivement du tourisme culturel. Il s'appelle M. Ernest Labrecque. Nous avons publié un rapport sur le tourisme culturel. Dans quelques semaines, la Commission canadienne du tourisme va présenter un rapport à tous les sous-ministres de la Culture des provinces à Montréal pour expliquer ce qu'elle a fait pour la culture et pour promouvoir la culture.
Je vais tâcher de répondre à votre question ou commentaire, monsieur le sénateur, sur les publications dans les deux langues pour les États-Unis. Nous nous avons fourni une petite publication qui s'appelle Conseils pratiques—Des renseignements indispensables pour explorer le Canada. Elle est rédigée dans les deux langues officielles. Nous sommes en train d'envoyer cette publication à toutes les ambassades canadiennes du monde, mais la plupart des autres publications sont en anglais seulement parce que les Américains, malheureusement, ne comprennent pas le français. Nous avons travaillé, il y a un an, avec notre personnel de Louisiane pour promouvoir à la Nouvelle-Orléans les Jeux de la Francophonie. À mon avis, ce n'est pas une bonne idée de fournir une publication dans une langue que les Américains ne comprennent pas.
[Traduction]
Le sénateur Jean-Robert Gauthier: Je suis d'accord avec vos propos jusqu'à un certain point.
Je vais vous donner des chiffres, parce que vous faites la promotion du tourisme, et moi je fais la promotion de la culture à l'heure actuelle.
En 1990, selon mes données, la France a investi 26,66 $ par habitant et l'Allemagne, 18,50 $, dans la culture au-delà de leurs frontières—en d'autres mots, dans la promotion de leur pays. Le Royaume-Uni a dépensé 13,40 $—toujours en dollars canadiens—le Japon, 12,60 $, et le Canada, 3 $. Nous sommes au bas de l'échelle quand vient le temps de faire la promotion de notre mosaïque culturelle—appelez cela comme vous voudrez—notre patrimoine multiculturel.
Je vous dis que nous avons du travail à faire pour convaincre non seulement les Canadiens—je crois qu'ils le sont déjà—mais aussi nos représentants partout dans le monde, les ambassadeurs et le personnel... Alors si des représentants de la Commission sont sur place, je crois que vous avez un travail—et un travail énorme—à faire dans le but de les convaincre de vendre non seulement la paix et l'ordre ainsi que le bon gouvernement mais aussi notre culture et ce qui fait de nous des Canadiens. Pourriez- vous nous donner un exemple qui démontre ce que vous entendez faire pour améliorer la situation.
M. Jim Watson: Monsieur le président, j'aimerais répondre très brièvement à cette question.
Dans les pays où nous avons des bureaux, une portion de notre budget est destinée à la promotion culturelle. Par exemple, lorsqu'un artiste canadien donne un spectacle dans une ville—Liona Boyd ou le Cirque du Soleil me viennent à l'esprit—très souvent nous achetons un bloc de billets qu'on offre à nos clients et à nos partenaires principaux puisque nous croyons qu'il est important, lorsque ces artistes sont de passage chez eux, que nous en fassions la promotion.
• 1630
Par exemple, lorsque Diana Krall s'est rendue à Paris
dernièrement, nous avons acheté des billets pour nos partenaires
principaux afin de la mettre en évidence. Alors nous faisons ce
genre de démarches, et nous croyons que le tourisme culturel est
une industrie en plein essor. C'est pour cette raison que nous
avons publié ce rapport sur le tourisme culturel et nous serons
ravis d'en envoyer des exemplaires aux membres du comité.
Le sénateur Jean-Robert Gauthier: Je n'ai que deux observations et je vais les faire très rapidement.
[Français]
Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Je m'excuse. C'est le sénateur Rivest. Je vous donnerai la parole plus tard.
Le sénateur Jean-Claude Rivest: Je vais illustrer ce que je voulais dire. Quand vous parlez de la dualité linguistique, c'est purement anecdotique. Ce n'est qu'un exemple. Dans votre Guide de vacances au Canada 2001, on ne parle nulle part de la dualité linguistique fondamentale du Canada.
Je regarde votre présentation du début. On dit qu'au Canada, il y a des océans et des montagnes. On décline les plus belles pièces de Shakespeare au bord des mers, dit-on. Je ne vois pas pourquoi on ne jouerait pas un peu de Molière. On dit qu'il y a des squelettes de dinosaures, des fleurs, etc. Dans la présentation, pourquoi ne dit-on pas aux gens qu'il y a, au Canada, une dualité linguistique fondamentale?
Dans la page sur le Québec, on dit que c'est une touche française. Vous savez, il y a plus qu'une touche. Ça touche parfois un peu fort, mais même au Nouveau-Brunswick... Dans la description du Nouveau-Brunswick, on dit qu'il y a des Acadiens, mais pour les Américains, qu'est-ce que c'est qu'un Acadien? On dit qu'il y a une culture française vivante, etc. Dans votre publicité, dans votre présentation, on ne parle pas de la dualité linguistique. C'est très bien fait, c'est magnifique, mais fondamentalement, on ne sent pas qu'il y a une préoccupation... Je parle seulement de cette publication, car il y en sans doute d'autres. Peut-être contredisent-elles ce que je dis, mais quand même, c'est le Guide de vacances. On y parle de tout, mais on ne dit pas aux gens que s'ils viennent au Canada... Je suis d'accord avec le sénateur Gauthier que le fait de mettre un French touch dans la publicité américaine peut être un attrait touristique.
D'ailleurs, le ministère du Tourisme du Québec et probablement celui du Nouveau-Brunswick vendent ça, et ça fonctionne bien. Les Américains aiment venir au Québec parce qu'on leur dit que c'est français. La dualité linguistique devrait être beaucoup plus centrale dans vos préoccupations. À part les magnifiques montages, les rivières, les vallées, il y a une dualité linguistique au Canada et on est les héritiers de deux des plus grandes traditions culturelles de la civilisation moderne: la culture française et la culture anglaise. C'est ça, la réalité du Canada. Il y a les rivières, les ponts, et les gens vont venir pour cela. Ils viendront au Québec. Ils viendront voir M. Bellemare, qui est un francophone mais qui n'habite pas au Québec. Ils iront en Acadie. Cela fait partie de la réalité canadienne. Vos publications sont très bien faites, mais on n'y sent pas cela. Comprenez-vous ce que je veux dire?
M. Jim Watson: Vous faites une bonne suggestion. Je vais parler avec notre personnel, mais aussi avec les provinces.
Le sénateur Jean-Claude Rivest: Ça s'adresse à M. Gauthier. C'est un problème de communication.
M. Jim Watson: Comme je l'ai dit dans mon discours,
[Traduction]
C'est un argument de vente pour le Canada. Cette réalité nous démarque des autres destinations touristiques.
[Français]
Le sénateur Jean-Claude Rivest: Il n'y aura pas beaucoup d'acheteurs pour ces livres-là.
M. Jim Watson: Vous avez raison. Dans la prochaine publication, on va naturellement mentionner la culture et le bilinguisme. Comme je l'ai dit dans mon discours, et j'étais honnête quand je l'ai fait,
[Traduction]
le statut bilingue officiel du Canada constitue l'un de ses principaux traits distinctifs et les documents ne reflètent pas cela...
Le sénateur Jean-Claude Rivest: Beaucoup plus que la French cuisine,
[Français]
parce qu'il y a beaucoup de French cuisine.
M. Jim Watson: La joie de vivre.
Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Est-ce qu'il y a d'autres membres du comité qui n'ont pas eu la chance de poser des questions? Une très courte question, sénateur.
[Traduction]
Le sénateur Jean-Robert Gauthier: Je me rappelle que John Ralston Saul... Je présume que vous le connaissez?
M. Jim Watson: Je l'ai vu ce matin.
Le sénateur Jean-Robert Gauthier: Une fois il a écrit que la question n'est pas de savoir si on pouvait se permettre de dépenser de l'argent pour exporter notre culture ou notre langue mais plutôt de savoir si on pouvait se permettre de ne pas le faire, de ne pas dépenser d'argent, de ne pas promouvoir la langue et la culture. Je crois que la réponse à cette question est l'évidence même.
• 1635
Lors de sa comparution devant le comité l'année prochaine, la
Commission doit être en mesure de nous dire que vous êtes en train
de promouvoir la dualité de ce pays; la mosaïque de ce pays; que
vous essayez de promouvoir le Canada comme une entité qui est
ouverte au multiculturalisme et aux deux langues officielles.
N'allez-vous pas en France pour seulement écrire en français. Écrivez dans les deux langues officielles pour que les Français sachent que nous parlons également l'anglais. Si vous allez aux États-Unis, écrivez en français aussi, pour que les Américains sachent que nous avons une composante française très importante. Je vous conseille de vous servir des deux langues officielles. Nous sommes très fiers de le faire. Cela fait partie de notre produit.
M. Jim Watson: À ce sujet, monsieur le sénateur, en ce qui concerne la promotion culturelle, nous serions heureux d'envoyer à tous les membres du comité un exemplaire du rapport que nous avons rédigé, c'est-à-dire le rapport sur la culture. Si je ne me trompe pas, notre dernier bulletin a porté uniquement sur le tourisme culturel. Nous n'étions pas préparés à répondre à ces questions aujourd'hui parce que nous avons été convoqués pour parler d'Air Canada. Il est clair que nous sommes fiers du travail que nous avons effectué.
Je vais certainement donner suite aux suggestions du sénateur et de M. Godin en ce qui concerne notre fierté et la promotion du bilinguisme dans nos publications. Par contre, je ne suis pas d'accord avec vous à certains égards. Je crois que nous pourrions parler du bilinguisme, mais je ne vois pas la nécessité d'envoyer des documents en français aux États-Unis parce que, en toute honnêteté, on ne se servirait pas de ces documents là-bas, ces documents ne seraient pas lus. Nous pouvons parler de l'importance du bilinguisme et du fait qu'il nous distingue des États-Unis. Nous pourrions mettre l'accent sur cet aspect-là non seulement parce que c'est une bonne idée de commercialisation mais parce que c'est tout simplement une bonne idée.
Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Merci.
Le sénateur Jean-Robert Gauthier: Je suis désolé, je n'ai jamais employé le mot «bilinguisme». J'ai utilisé le mot «dualité». Nous avons deux langues officielles. Ce n'est pas un pays bilingue, monsieur Watson. Il y a un conflit ici. Deux langues officielles...
Le coprésident (M. Mauril Bélanger): D'accord. Désolé, nous allons passer à autre chose. Nous allons conclure. On pourra en parler une autre fois.
[Français]
Monsieur Watson, je veux m'assurer que vos commentaires sont bien compris. Je veux ramener ça à la question d'Air Canada.
Vous avez dit, et je veux m'assurer d'avoir bien compris parce que le comité va se servir de vos propos, que, selon vous, on devrait viser une situation où les services qu'offre Air Canada soient dans les deux langues partout au pays, sans égard à la règle du 5 p. 100, dans les vols et dans les aéroports, et que, de préférence, ce service devrait être offert à bord de l'avion par un agent de bord et non par une cassette.
M. Jim Watson: Oui, c'est ça.
Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Ce sont vos remarques.
M. Jim Watson: C'est vraiment clair. Je pense que c'est bon, non seulement pour le pays et pour le bilinguisme, mais aussi pour l'industrie touristique, parce que nous avons beaucoup de francophones de la France, de la Belgique et des autres pays francophones.
Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Sans compter les huit millions de francophones au pays qui veulent voyager dans leur pays.
M. Jim Watson: Oui, exactement.
Le coprésident (M. Mauril Bélanger): On se comprend. D'accord.
À moins que vous ayez d'autres commentaires, monsieur Watson, je vous remercie, au nom du comité, de vos propos. Ils nous seront utiles lors de nos délibérations futures au sujet du service aérien au pays.
Personne n'est obligé de se retirer, mais j'invite les membres du comité à se pencher sur une motion. La semaine avant la relâche, on avait rencontré la commissaire aux langues officielles pour faire l'étude de ses prévisions budgétaires. Nous n'avions pas adopté de motion d'approbation de ces prévisions budgétaires parce que nous n'avions pas quorum à ce moment-là. Nous avons maintenant quorum.
M. Benoît Sauvageau: Si ma mémoire m'est fidèle, vous aviez dit à ce moment-là que si on ne votait pas, c'était automatiquement adopté.
Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Effectivement, mais vous vous souviendrez que j'ai aussi dit, monsieur Sauvageau, que j'avais cru percevoir, autour de la table, une volonté d'exprimer un voeu au gouvernement, celui d'augmenter les crédits du Commissariat aux langues officielles. Pour cela, il faudrait une résolution.
• 1640
Si le comité adoptait les prévisions budgétaires qui
lui ont été présentées, il aurait
ensuite l'occasion de présenter
ce rapport à la Chambre. Au
même moment, si la volonté du comité était d'exprimer
à la Chambre le voeu que les crédits de la commissaire soient
augmentés dans les années futures, il pourrait le
faire. Je suis entre vos
mains.
Monsieur Sauvageau, et ensuite M. Gauthier et M. Godin.
M. Benoît Sauvageau: Monsieur le président, je voudrais que les crédits du Commissariat aux langues officielles soient augmentés, parce qu'au moment où on se parle, ils sont l'équivalent de ce qu'ils étaient dans les années 1970. Ils ont été réduits de plusieurs millions de dollars. Je pense qu'on devrait suggérer qu'ils soient augmentés.
Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Monsieur Gauthier.
Le sénateur Jean-Robert Gauthier: Je suis prêt à proposer la motion, monsieur le président, si vous voulez la recevoir. Cependant, je pense qu'il est essentiel, avant de parler d'augmenter un budget, d'adopter ce que nous avons devant nous. Ce sont les prévisions budgétaires pour l'année en cours. Si les crédits sont adoptés, on parlera de les augmenter s'il le faut.
Le coprésident (M. Mauril Bélanger): C'est la séquence que j'ai présentée.
Monsieur Godin.
M. Yvon Godin: J'abonde dans le même sens. Je pense que c'est très important parce que d'importantes coupures ont été faites. Par exemple, le budget du bureau des langues officielles de Moncton a été tellement coupé que les employés ont de la misère à s'occuper des plaintes. Ce serait de donner le pouvoir au...
Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Est-ce qu'on peut procéder à l'adoption d'une première motion sur les crédits budgétaires pour l'année financière 2001-2002 tels qu'ils nous ont été présentés?
M. Benoît Sauvageau: Oui.
Le coprésident (M. Mauril Bélanger): M. Sauvageau, appuyé par M. Gauthier, propose la motion. Est-ce qu'il y a des questions ou commentaires? Puis-je dire que c'est unanime?
CONSEIL PRIVÉ
-
Commissaire aux langues officielles
-
Crédit 25—Dépenses du Programme $9,944,000
(Le crédit 25 est adopté)
Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Merci.
Deuxièmement, puis-je me faire l'interprète de la volonté du comité et dire qu'on souhaite que les crédits de la commissaire aux langues officielles soient augmentés dès l'an prochain si possible, mais certainement dans les années subséquentes?
M. Yvon Godin: Est-ce qu'on peut proposer une motion demandant qu'ils soient augmentés pour la prochaine année?
Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Nous sommes maîtres de nos travaux. Si la Chambre ne veut pas recevoir notre motion, elle ne la recevra pas, et ce sera tout. M. Godin, appuyé par M. Drouin, en fait la proposition.
Le sénateur Jean-Claude Rivest: Dans la même proportion que le salaire des députés.
Le coprésident (M. Mauril Bélanger): M. Godin propose que les crédits attribués par le gouvernement au Commissariat aux langues officielles soient augmentés. C'est le voeu du comité. Est-ce qu'il y a des commentaires ou questions à ce sujet? Sénateur.
Le sénateur Jean-Robert Gauthier: Le ciel est pavé de bonnes intentions. Le comité peut bien proposer une augmentation, mais il n'a pas le droit d'augmenter lui-même les crédits.
Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Oui, on est au courant.
Le sénateur Jean-Robert Gauthier: Si votre voeu est de demander au gouvernement...
Le coprésident (M. Mauril Bélanger): C'est vous qui décidez.
Le sénateur Jean-Robert Gauthier: ...de coopérer avec le comité, je pense qu'il y a une volonté de le faire.
Le coprésident (M. Mauril Bélanger): Est-ce que cette volonté est unanime autour de la table?
(La motion est adoptée à l'unanimité)
Le coprésident (M. Mauril Bélanger): C'est unanime. Merci infiniment.
Nous présenterons ce rapport à nos Chambres respectives cette semaine, le 31 étant la date limite.
Est-ce qu'il y a autre chose? Nous nous reverrons demain. Nous recevrons alors les Gens de l'air.
La séance est levée.