:
Je vous remercie de m'avoir invité.
[Traduction]
La sagesse; c'est une présentation qui fixe la barre assez haut.
Je m'appelle Michael, et je suis ingénieur en logiciel. Si je me trouve ici, c'est parce qu'il y a un peu moins d'un an, j'ai lancé un site Web appelé openparliament.ca. Ce projet expérimental réalisé bénévolement et à temps partiel consistait à republier de l'information concernant le Parlement, et surtout le hansard. Par divers moyens, le site tente de rendre une partie de cette information un peu plus conviviale, accessible et facile à utiliser. Par exemple, j'essaie de moins mettre l'accent sur les gros documents pour privilégier les réponses à des questions simples, comme ce qu'a pu dire mon député à la Chambre dernièrement, ou ce qui est arrivé à la Chambre aujourd'hui.
Je suis heureux de dire que d'autres personnes semblent trouver ce moyen d'information utile, et que des dizaines de milliers de Canadiens utilisent le site chaque mois et le considèrent pratique.
Je devrais préciser d'emblée que jusqu'ici, je n'ai jamais travaillé au sein du gouvernement, ni pour lui ni véritablement en collaboration avec lui. Donc, mon point de vue est en grande partie celui d'une personne de l'extérieur. Ce que j'espère pouvoir donner au comité aujourd'hui, c'est une idée de la façon dont les communications parlementaires — le sujet du rapport auquel vous travaillez — pourront bénéficier d'intervenants externes tels que moi dans l'avenir.
J'ai remarqué que mon nom a été cité à quelques reprises à ce comité par le passé. Il y a quelques mois, l'un des anciens membres du comité, le député d'Halifax, a interrogé le bibliothécaire parlementaire au sujet de mon site, et je vais vous citer un bref extrait de la réponse de ce dernier. Il a dit:
...cela nous montre bien que si le Parlement... ne fait pas le nécessaire, d'autres que nous vont mettre en ligne des informations sur le Parlement qui ne seront pas nécessairement exactes et complètes.
Je pense que c'est à moitié vrai. Dans la mesure où je peux agir en tant que facteur de motivation pour que le nécessaire se fasse, j'en suis ravi. Mais en même temps, j'estime que la publication d'informations concernant le Parlement par d'autres intervenants devrait être un objectif pour les communications parlementaires et la Bibliothèque du Parlement. Il s'agit justement, selon moi, de faire en sorte que plus de gens discutent.
Parfois, au sein du gouvernement, il est trop facile de considérer la nouveauté ou l'inattendu comme un risque plutôt qu'une occasion à saisir. Je suis fermement convaincu que les gens comme moi — et bien d'autres font des choses semblables ici, au Canada, et ailleurs — représentent une occasion pour le Parlement, et que nous avons différents avantages structurels, différentes manières de faire les choses qui s'appliquent à nous, et pas au Parlement. Par exemple, il est bien plus facile pour moi d'expérimenter. Je peux tout simplement faire des choses que le Parlement ne peut pas faire.
À ce sujet, Richard Allan a témoigné assez récemment, il y a quelques semaines. Il a parlé de la puissance du concept de bêta, le vrai grand pouvoir inhérent à un contexte numérique, qui permet de dire: voici une expérience; nous essayons ici quelque chose de nouveau.
En fait, si l'on examine nombre de cas de réussite parmi les innovations en matière de communication qui proviennent des institutions, on s'aperçoit que beaucoup d'entre elles commencent en tant que projets pilotes portés par un individu. J'espère voir beaucoup plus d'initiatives de ce genre de la part du Parlement, beaucoup plus de projets pilotes fructueux et, forcément, de projets pilotes infructueux également.
Dans une institution, il y a certaines restrictions inhérentes concernant l'innovation et l'expérimentation. Je n'ai pas ces restrictions. Il y a un an, avant que je lance ce projet, aucun des intéressés au Parlement ne savait qui j'étais. Maintenant, bien entendu, je suis une célébrité et un sex-symbol international.
Le fait est que lorsque je veux essayer quelque chose de nouveau et que j'ai une nouvelle idée sur la façon de présenter un concept comme celui-ci, je peux en faire l'essai. Je peux ouvrir un site. Si personne ne le trouve utile, personne ne l'utilisera. Pour un quidam comme moi, l'échec est sans grand conséquence. Je suis dans cette position presque bienheureuse qui me permet de tâter le terrain pour voir ce qui marchera. C'est une ressource potentiellement très précieuse pour le Parlement. Cela rappelle en quelque sorte le modèle du club-école. Pensez à moi en tant que Canadiens de Rimouski du Parlement — ou en fait, je crois que le club-école des Canadiens est les Bulldogs de Hamilton. Quelque part dans une sorte de semi-obscurité, vous pourrez voir quelles idées marchent bien, puis adopter celles qui sont couronnées de réussite. Recourez à cette ressource pour y puiser des idées.
À titre de bref exemple, si vous parcourez le hansard, vous verrez que la répartition des votes est présentée sous une forme quelque peu nébuleuse. Il peut être assez difficile pour les non-initiés de trouver la réponse à une question relativement simple comme: « Comment le Parti libéral a-t-il voté sur le projet de loi C-14 en seconde lecture? »
Donc, il y a environ cinq ans, un type de Victoria du nom de Cory Horner a lancé de son propre chef un site Web appelé: « Qui vote quoi? », dans l'objectif de faciliter la réponse à cette question. Le site est devenu populaire et a reçu beaucoup d'attention des médias et du public. Il fonctionne toujours et demeure utile à ce jour. Mais quelques années plus tard, le site Web parlementaire a inclus la possibilité de voir quels ont été les votes sur un projet de loi, entre autres choses. J'ignore quelle a été exactement la source d'inspiration derrière cet ajout, mais il est possible que de nouvelles méthodes de communication deviennent évidentes à l'externe et soient par la suite adoptées à l'interne.
Par ailleurs, je peux faire par moi-même des choses que le Parlement ne peut tout simplement pas faire. L'une des sections les plus populaires de mon site est une page dédiée aux députés. J'ai une page consacrée à ceux parmi vous qui sont députés au Parlement, où l'on peut voir ce qu'un député en particulier a dit récemment à la Chambre, en même temps que les projets de loi qu'il a présentés, ce qu'il a affiché sur Twitter ou les mentions le concernant dans les médias d'information. Pour quelqu'un de l'extérieur qui s'y intéresse, tout cela va naturellement ensemble, parce que les mentions dans les médias d'information et les discours plus formels au Parlement permettent de placer l'un et l'autre en contexte. En même temps, il me paraît clair que le Parlement aurait bien du mal à faire cela sur son site Internet — il se dit des choses antiparlementaires sur Twitter, et les articles de journaux, comme vous le savez peut-être, ne sont pas toujours flatteurs.
C'est un exemple qui illustre comment toutes sortes de choses vraiment utiles peuvent être faites à l'externe, sans nécessairement être réalisables à l'interne.
J'espère avoir pu vous illustrer comment des organisations tierces peuvent généralement s'avérer utiles, et à l'échelle internationale, il y a toutes sortes d'exemples de manières dont cela se produit. Il y a quelques semaines, Richard Allan a parlé un peu de mySociety, un organisme britannique dont je suis un grand admirateur, et qui a réalisé de nombreux projets très intéressants à l'externe afin de compléter le travail du Parlement et d'ajouter à l'engagement démocratique général au Royaume-Uni.
Voici un exemple qui se rapporte particulièrement au Parlement. On administre un site Internet — qui, à l'origine, avait été lancé avec un certain niveau de partenariat avec la BBC — permettant de parcourir les transcriptions des délibérations de la Chambre des communes et de la Chambre des lords, et d'aller directement à un vidéo ou à une transcription de n'importe quel extrait pour le partager et l'envoyer à des amis ou au public, au besoin. Lorsque vous voyez quelque chose qui vous tient à coeur, cet outil formidable vous permet d'amener d'autres personnes à s'y intéresser également. On a réalisé ce projet en partie en collaboration avec la BBC, en partie en utilisant des transcriptions du Parlement britannique, et aussi — afin de faire coïncider les extraits filmés et transcrits — en faisant jouer le grand public britannique à un jeu d'ordinateur conçu pour aligner les extraits vidéo et les extraits transcrits.
C'est le genre d'initiative qui permet aux organisations externes de faire des choses vraiment formidables pour appuyer le Parlement.
On trouve toutes sortes d'exemples dans d'autres pays. Aux États-Unis, il y a des fondations comme la Sunlight Foundation, la Participatory Politics Foundation, MAPLight et Project Vote Smart. Plusieurs organes de presse font des choses très intéressantes dans cet environnement, notamment le Guardian et le The New York Times. Je pourrais parler du Canada également, mais je crains d'être en train de m'étendre, alors nous tâcherons d'être un peu plus bref.
Si des organismes externes peuvent faire des choses très utiles pour le Parlement, il y a également bien des moyens que le Parlement devrait employer afin de soutenir des efforts externes comme ceux-là. J'aimerais vous parler de trois principaux moyens d'ordre culturel, technique et juridique.
Sur le plan culturel, il s'agit simplement de se montrer ouvert à l'idée d'interagir davantage avec des gens de l'extérieur qui s'intéressent à ce que vous faites et qui, d'une certaine manière, veulent collaborer. Cela signifie par exemple que si une organisation comme la Bibliothèque du Parlement est préoccupée par l'exactitude d'autres sources d'information, peut-être fait-il partie de sa mission d'obtenir la participation active des gens pour améliorer l'exactitude de l'information parlementaire.
Sur le plan technique...
:
Oh, je croyais que ma minuterie était défectueuse, qu'il y avait une défectuosité technique.
Sur le plan technique — j'éviterai complètement de recourir au jargon —, il existe des moyens techniques pas compliqués pouvant faciliter la tâche aux organisations pour ce qui est de la communication, de la réaffectation et de la réutilisation de leur information.
Sur le plan juridique — lorsque je parle de droits d'auteur de la Couronne, il arrive que ma mâchoire se crispe et que mes yeux rétrécissent —, en somme, des informations comme les délibérations de la Chambre et du Sénat devraient être mises à la disposition d'autres personnes, qui les republieront et les réutiliseront. À mes yeux, cela va de soi. À l'heure actuelle, cette information est assujettie à une variété de restrictions légales qui ne devraient pas exister.
Très brièvement, pour les 30 secondes qu'il me reste, j'aimerais préciser, en ce qui a trait aux recommandations du comité, que j'aimerais voir dans un proche avenir une recommandation comme celle qui figurait dans le rapport de Parliament 2020, au Royaume-Uni, à savoir que les institutions parlementaires envisagent la réutilisation, la réaffectation et le partage de leurs travaux lorsqu'ils les publient. À moyen terme, j'aimerais beaucoup que le Parlement innove, et qu'il y ait une restructuration ou des communications qui sortent de l'arbre monolithique, de même que l'émergence d'un écosystème d'organisations tierces.
Bien entendu, la recommandation à long terme dont je vous ai parlé n'est qu'une toute petite pièce du casse-tête, mais je serais très heureux que nous ayons un Parlement qui communique plus efficacement et qui suscite la participation des Canadiens de tous âges.
Merci.
:
Je m'appelle Cate McCready.
[Français]
Je vous remercie de nous donner l'occasion de participer à cette séance du comité.
[Traduction]
C'est pour moi un honneur et un privilège que d'avoir la chance de représenter le Forum dans vos consultations.
Je suis accompagnée d'un ancien, qui s'adressera à vous très bientôt, mais j'aimerais également mentionner la présence de notre directeur ainsi que de notre gestionnaire des programmes, qui occupent des postes à plein temps et sans qui notre organisation n'existerait tout simplement pas.
Je suis la présidente bénévole de l'organisation nationale. Nous sommes la fondation nationale, et notre programme, le Forum, que vous êtes si nombreux à connaître et à appuyer de façon remarquable est notre programme phare, que nous exécutons avec des jeunes Canadiens de partout au pays.
La Fondation pour l'étude de gouvernement au Canada a été créée en 1975 pour servir d'expérience éducative non partisane et bilingue aux cégépiens et aux élèves des écoles secondaires du pays. Le Forum pour jeunes Canadiens est notre programme vedette, comme je l'ai mentionné. Il consiste principalement à mobiliser les jeunes et à les plonger dans un milieu où leurs opinions et leurs observations comptent, alors qu'ils prennent contact avec le processus démocratique canadien et les institutions qui y concourent.
Assorti d'objectifs d'apprentissage, de résultats et d'un développement du savoir-faire, le programme d'apprentissage expérientiel du Forum reste réceptif aux besoins des jeunes d'aujourd'hui. Mais il nous permet à nous également d'apprendre quelque chose à la lumière, particulièrement, de votre étude. Les communications entre les jeunes — leur façon de formuler l'information, de dialoguer entre eux et avec l'élite de leur groupe — évoluent si rapidement, à une vitesse tellement exponentielle, que notre organisation se trouve obligée de s'y adapter presque à chaque mois, au rythme de notre apprentissage de ce phénomène.
Les participants ont la possibilité d'aiguiser leurs qualités de chef. Nous nous efforçons d'attirer les ténors de ce groupe, des jeunes qui participent déjà à une certaine dynamique dans leur école ou leur collectivité, de sorte que le type de dialogue que le forum offre à ces élèves de partout au Canada, est très fortement axé sur le leadership. En mobilisant la voix des jeunes, notre programme se distingue, d'après moi, de tous les autres.
Pour la réalisation de l'expérience du Forum, la Fondation collabore avec des partenaires: Échanges Canada, qui finance les déplacements des élèves; les parrains, qui s'occupent de la logistique de notre organisation; des parlementaires et des sénateurs, qui, comme je l'ai mentionné, appuient le programme d'une façon incroyable. Nous sommes en rapport avec plus de 5 000 maires, de partout au pays. Nous le sommes également avec l'Association canadienne des ex-parlementaires, tandis que notre programme de prise de contact et de promotion rejoint 7 000 écoles partout au pays.
Les modes d'apprentissage des élèves, leurs messages et les leçons qu'ils nous donnent sur la manière de prendre contact avec eux, tout cela nous fait constater que le contact avec des élèves vivant ensemble constitue une expérience irremplaçable. Nous en sommes bien conscients, et c'est véritablement le legs du Forum. Il occupe une position unique. En fait, ces dernières années, nous avons modifié la dynamique du programme en subdivisant la manifestation en trois temps: avant, pendant et après le Forum, pour maintenir un certain niveau de mobilisation et pour nous-mêmes recevoir de l'information des élèves sur ce qu'ils retirent de l'expérience et sur la façon pour nous d'améliorer nos programmes.
Très rapidement, je vais exposer certaines recommandations, puis je céderai la parole à Corey, parce que je pense que sa connaissance de la mentalité des jeunes d'aujourd'hui est très pertinente.
Je pense, en ce qui concerne le travail particulier du comité... et je sais que vous avez entendu la même chose d'autres témoins, mais il n'y aura jamais une solution unique sur la façon, pour le processus parlementaire et démocratique de notre pays, de mobiliser les gens. Ce n'est pas seulement une question d'apprentissage sur des sites Web. Il s'agit d'une approche intégrale des jeunes, de les trouver là où ils sont, de prendre contact avec eux là aussi et d'utiliser les techniques comme eux s'y adaptent et les adoptent, avec la même aisance, le même rythme et la même efficacité.
Cette semaine, j'ai passé du temps sur le site Web de la Bibliothèque du Parlement. Cette visite très agréable était ce qu'il fallait pour que j'y retourne, alors que je m'intéresse au processus parlementaire dans ma vie professionnelle et personnelle. Mais la question de la mobilisation m'a amené à penser aux histoires qui n'y sont pas racontées.
La bibliothèque se trouve physiquement ici, à Ottawa, mais, en fait, c'est la bibliothèque nationale du Canada. Le comité, d'après moi, devrait réfléchir, en tenant compte de ses structures et du rôle qu'elle peut conséquemment jouer dans les collectivités, à la façon dont elle raconte son histoire, de manière virtuelle et réaliste. Comment pourrait-on élaborer les programmes à cette fin et les exemplifier à long terme au moyen des techniques dont nous avons entendu parler dans le site openparliament.ca?
Je pense qu'il importe également que vous saisissiez bien les occasions pour rassembler les jeunes autour des processus démocratiques et des occasions d'apprentissage, non seulement à Ottawa, mais, également, dans leurs propres communautés. Voyez comment la bibliothèque peut y contribuer.
Sur cette note, je cède la parole à mon confrère Corey.
Merci de votre invitation. Mon nom est Corey Willard. Je suis étudiant, ici, à l'Université d'Ottawa et je suis également un ancien élève à Forum pour jeunes Canadiens.
[Français]
Aujourd'hui, je vais porter plusieurs chapeaux, étant donné que j'ai été étudiant et que je fais beaucoup de bénévolat dans le cadre du programme. Quand j'étais au secondaire, je m'intéressais beaucoup à la politique, mais sans trop la comprendre. À l'école secondaire que je fréquentais à Alexandria, on n'en discutait pas beaucoup. Il était plus important pour nous de jouer au hockey et d'obtenir de bonnes notes. Je pourrai répondre à toute question que vous voudrez me poser à ce sujet.
De plus, je travaille beaucoup auprès d'organismes à but non lucratif, par exemple l'AJEFO. Ses stratégies sont un peu différentes. Cet organisme tient à visiter les écoles. C'est le cas des avocats du Barreau également. Chaque année, un étudiant en droit fait la tournée des écoles d'Ottawa. Comme l'a dit Cate, le face à face est très important. C'est ce que veulent les étudiants. Il ne faut pas oublier que ceux-ci passent plusieurs heures par jour assis sur un banc d'école à attendre que quelqu'un leur présente des sujets. Le fait qu'ils puissent intervenir parfois, comme le font les participants à Forum, est très important.
L'expérience de Forum m'a ouvert les yeux. Comme je vous l'ai dit déjà, je ne savais pas vraiment comment fonctionnait la politique. Mettez-vous à ma place: assis à la maison, je regardais CBC ou CTV le soir, et quand je tombais sur la période des questions, je voyais des gens qui s'opposaient les uns aux autres. Si j'avais fait ça en salle de classe, je ne serais pas ici aujourd'hui.
Quand je suis arrivé au Parlement, j'ai vu que c'était totalement différent. La politique, c'est une culture qui a sa propre appartenance. Les gens se parlent vraiment, comme c'est le cas aujourd'hui, et travaillent ensemble. À cet égard, je ne savais pas du tout comment ça fonctionnait avant de participer à Forum. Je suis retourné dans ma communauté et j'ai dit à mes amis que c'était très intéressant. Comme ils aimaient le hockey, je leur ai dit qu'un comité parlait de subventionner une équipe quelconque. Ils se sont donc intéressés à cet aspect.
À mon avis, la Bibliothèque du Parlement pourrait aussi faire valoir auprès des jeunes Canadiens que, même s'ils ne sont pas intéressés à faire de la politique, cette dernière nous touche tous. C'est très important. D'un point de vue non partisan, il est possible de voir qu'un parti s'intéresse à une solution alors qu'un autre parti envisage des solutions complètement différentes. On peut se demander pourquoi ils pensent de cette façon et comment, en tant que personne, on peut prendre une décision sans qu'on nous l'impose.
Chaque semaine, je passe plusieurs heures à Forum. Je vois des étudiants qui, comme moi, viennent d'un milieu rural. Quand ils viennent ici, ils sont étonnés. Le multiculturalisme dans les villes, c'est très important. Dans ma salle de classe, par contre, seules une ou deux personnes étaient en situation minoritaire. En outre, comme Michael l'a soulevé, il est plus facile d'intéresser les jeunes à la politique aujourd'hui grâce aux technologies.
Avant de participer à Forum, soit avant ma onzième année, j'avais une idée de ce qu'était la Charte, mais j'ignorais comment elle fonctionnait. Une de mes professeurs de droit, à l'Université d'Ottawa, m'a aidé. Nous avons choisi le cas de PETA, que vous connaissez peut-être. Il était question d'une bande autochtone du Nord, près d'Iqaluit, qui faisait de la chasse au phoque en 1989. J'ai présenté les faits aux étudiants. Il y a souvent des étudiants autochtones à Forum. Je leur ai expliqué que le gouvernement fédéral avait adopté une loi en vertu de laquelle aucun avion ne pouvait survoler les lieux à moins de 2 000 pieds d'altitude pour prendre des photos. Certains appuyaient le groupe PETA alors que d'autres faisaient valoir que c'était une question de culture.
Selon moi, c'est le genre d'échanges qu'il faut encourager chez les jeunes. Je crois que la Bibliothèque du Parlement peut aider des groupes comme Forum, mais qu'elle peut également aider les conseils scolaires à obtenir de l'information exacte.
Je m'excuse d'avoir utilisé quelques minutes en plus. Merci beaucoup.
:
Privé, au fait, dans ce cas, signifie moi. Il n'y a personne d'autre derrière.
On met de l'information en ligne pour diverses raisons. Dans mon cas, c'est vraiment parce que je suis en mesure de le faire, pour rendre service au public. Dans de nombreux autres cas dans le monde, les médias d'information se sont chargés d'une mission journalistique en rendant plus accessible l'information concernant le Parlement. Et, bien sûr, c'est parfois dans un but lucratif, ce qui ne fait pas nécessairement problème.
Dans de nombreux cas, des fondations se sont chargées de rendre une grande partie de cette information plus accessible, avec des missions assez bien orientées vers le public. Certains des noms que j'ai mentionnés sont MySociety, au Royaume-Uni, Sunlight et the Participatory Politics Foundation, aux États-Unis. Munis d'un mandat public, ils essaient de rendre l'information plus accessible.
Qu'en est-il de l'exactitude et de la responsabilité à l'égard des données. Voilà une question très importante pour Internet, le grand « décentralisateur » à plus d'un titre. C'est pourquoi le Parlement, bien sûr, a un rôle absolument central à jouer, en tant que source autorisée de toute cette information. Cependant, une multitude de voix peut parvenir exactement au même résultat.
:
Absolument. Merci pour la question.
Comme je l'ai mentionné, durant l'exposé que j'ai livré plus tôt en accéléré, je pense que les trois obstacles qui s'opposent au reformatage des données sont culturels, techniques et juridiques.
Du point de vue technique, à vrai dire, je ne crois pas qu'il soit nécessairement justifié, ici, d'entrer dans les détails techniques. Je dirai simplement que l'effort technique nécessaire pour rendre l'information parlementaire partageable est peu assidu et que, certainement, les services de TI sauront ce que cela prend pour rendre l'information partageable à des tiers.
En ce qui concerne les recommandations, le rapport Parliament 2020 du Royaume Uni reconnaît notamment que l'information devrait pouvoir rejoindre ses utilisateurs, où qu'ils soient sur le Web, être utilisable par différentes sources et que, tout bonnement, le Parlement devrait en tenir compte quand il rend l'information accessible. Il importe également de reconnaître les obstacles juridiques puisque, par défaut, toute l'information mise en ligne est protégée par le droit d'auteur, de sorte que, légalement, on ne peut pas la reformater. Par exemple, actuellement, on n'a pas le droit de reproduire textuellement les travaux du Sénat. De même, il n'est pas actuellement permis de republier les photos officielles des députés et des sénateurs. C'est absurde. Ces interdits ont pour seul but d'étouffer l'innovation. Il faudrait absolument les garder à l'esprit lorsque l'on rend accessible l'information parlementaire.
:
Juste avant de quitter mon bureau pour venir vous rencontrer, j'ai pensé au fait que tout le monde fréquentait les sites de dialogue en ligne.
[Traduction]
La dynamique des clavardoirs, cette sorte de troisième schisme de la discussion communautaire, est assez répandue, et le Parlement peut y trouver une occasion de chercher à travailler avec les élèves, les écoles, les commissions scolaires, les enseignants pour encadrer avec elle le discours public sur les sujets qui sont abordés dans la dynamique parlementaire. Ce peut être une occasion de rendre la politique interactive, à la fois chez les parlementaires et dans les classes de partout au pays. La technologie nous permet ce type d'immédiateté, d'une façon qui, à mon avis, a besoin d'être explorée.
Je reconnais que cela doit être soigneusement géré. Je ne recommande pas uniquement des « blogoramas » ou des choses de ce genre, mais je pense que la dynamique du jeu, de la participation et des échanges, chez les jeunes, entre eux, doit être transposée dans le site Web de la Bibliothèque du Parlement. Je peux donc imaginer un programme qui pourrait être impulsé à la fois par les parlementaires et les sénateurs, qui désigneraient les écoles participantes tout le long de l'année; rappelleraient aux gens que même si le Parlement ne siège pas, les circonscriptions se portent très bien; échangeraient avec les élèves sur ce qui se passe pendant les semaines consacrées aux circonscriptions; concevraient ce que les parlementaires, d'après eux, devraient faire pendant ces semaines ou exprimeraient leurs sentiments au sujet du travail particulier en comité.
Relativement à l'intervention de Corey, je pense qu'il existe un oubli terriblement triste, qui empêche de reconnaître le travail qui se fait à la faveur du processus parlementaire, particulièrement dans les comités. Je pense que les Canadiens de toutes les catégories et de tous les âges le comprennent mal et l'apprécient mal, ce qui est triste. On ne m'en a pas parlé quand j'allais à l'école. C'est plus tard que j'ai appris combien le processus des comités parlementaires était fondamental.
Ce peut donc être uniquement une petite occasion d'instaurer le dialogue, des discussions en ligne, avec les écoles, durant la semaine, tout le long de l'année, pour attirer les gens vers le processus parlementaire à partir de leurs propres salons et de leurs propres salles de classe.
:
Merci, monsieur le président.
Merci à nos invités de se joindre à nous aujourd'hui pour cette discussion. Leur point de vue nous sera très utile.
J'aurais d'abord un commentaire à formuler à propos du forum. J'ai aimé l'exposé que les représentants du forum nous ont présenté aujourd'hui. Voilà justement le défi auquel nous sommes confrontés. Vous comprendrez que nous tentons d'intéresser les citoyens au processus parlementaire. Quand j'étais jeune, il n'y avait pas beaucoup d'initiative de ce genre. Je n'ai pas vraiment pu en profiter à cette époque-là, malheureusement.
Je félicite le forum d'avoir trouvé une façon d'attirer les jeunes à Ottawa et de changer leur vision des choses. Si M. Willard représente bien les diplômés de votre programme, il est très impressionnant de voir l'impact qu'il a eu. Je sais qu'il a une grande influence sur ces jeunes.
Merci pour cet exposé très efficace que vous nous avez présenté aujourd'hui et pour le travail que vous avez fait. Le défi qui nous attend rime avec le mot « changement ». À mes débuts, nous utilisions des téléphones cellulaires. Puis, on nous a équipés de ces outils. En fait, j'ai voulu ouvrir la page « openparliament.ca », mais la session a expiré. Ces outils sont nouveaux pour nous.
Les personnes assises autour de la table aujourd'hui se pensent bien jeunes, et nous avons des jeunes hommes parmi nous. Nous en avons effrayés quelques-uns. Je pourrais nommer M. Clarke, un jeune homme qui siégeait avec nous à cette table. Nous avons tous l'impression d'être jeunes ici. Le problème, c'est que les choses évoluent à une vitesse folle. Nous avons une petite devise, à laquelle la plupart d'entre nous pouvons nous identifier: tout le monde est en faveur du progrès, c'est le changement qu'on n'aime pas.
Le monde des communications change tellement rapidement. Nous avons parfois du mal à suivre. Le groupe openparliament.ca est maintenant sur Twitter, et j'ai commencé il y a quelques mois à « tweeter » moi aussi. Un de mes stagiaires insistait pour que je me lance sur ce réseau, et je dois dire que j'y ai pris goût. Mais c'est un tout autre monde de communications.
Mme Hughes a parlé des écoles primaires. Vous avez aussi parlé du clavardage. Je n'ai jamais clavardé; c'est quelque chose d'étranger pour moi. Je n'ai jamais essayé cela.
Quand vous faites référence aux écoles primaires, c'est une idée nouvelle pour certains d'entre nous, parce que nous pensons d'emblée aux universités et aux écoles secondaires.
En réalité, bien des grands-parents aujourd'hui comptent sur leurs petits-enfants de huit ans pour brancher les appareils électroniques dans la maison et pour leur montrer comment communiquer en ligne. Alors j'apprécie beaucoup ce que vous faites dans ces deux sphères. Nous devons tendre la main aux gens parce que notre monde repose encore sur l'aspect interpersonnel. Les gens doivent communiquer, et les meilleures réalisations sont issues du travail de collaboration. Sauf que les outils changent; et les outils changent véritablement notre façon de travailler.
Je vous félicite de ce que vous avez fait avec openparliament.ca, reconnaissant que vous ne tentez pas de régler tous les problèmes du monde. Le prochain défi consisterait à lancer la version française. Je crois que ce serait fabuleux.
Par exemple, je viens d'apprendre quelque chose aujourd'hui. Sur la page d'accueil, j'ai remarqué une note à propos du « mot favori ». Cela nous amène à voir notre travail sous un angle quelque peu nouveau. Je viens de découvrir que mon mot favori est « santé », semble-t-il, ce qui ne devrait pas surprendre notre ancienne ministre d'État à la santé publique.
Nous avons besoin de ces outils. Je vous félicite pour ce que vous faites, et je pense que nous pourrons profiter de précieux conseils lors de notre discussion autour de cette table.
Ma question est la suivante, monsieur Mulley. Avez-vous soumis un mémoire écrit au comité? Si vous ne l'avez pas fait, je pense que nous aimerions beaucoup que vous nous soumettiez quelque chose.
:
Oh. La démocratie est partout.
Merci beaucoup.
D'abord, peut-être que M. Mulley aimerait terminer ce qu'il avait à dire à propos des trois secteurs qu'il voulait...
Aviez-vous quelque chose à ajouter, étant donné qu'on vous a interrompu? Personnellement, je voudrais que vous me disiez, et je m'adresse à nos trois témoins, s'il y a une chose accessible d'emblée dont le Parlement pourrait profiter rapidement. Je pense notamment à la diffusion sur le Web des séances des comités, et à la mise en place de sites Web pour chacun des comités, sur lesquels on pourrait trouver le profil de leurs membres et un outil pour consulter facilement les rapports précédents et l'ensemble des délibérations.
Le comité de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique espérait pouvoir procéder à une consultation en ligne pour demander aux Canadiens ce que seraient selon eux les meilleures initiatives à prendre par le gouvernement. Il est impensable de parler de convivialité sans chercher à savoir ce qu'en pensent les utilisateurs. Est-ce que cela pourrait être une bonne idée, à votre avis, de lancer une consultation en ligne concernant la transparence gouvernementale? M. Nanos a fait un échantillonnage de ce qui est important pour les Canadiens, mais je serais certainement heureuse si nous pouvions faire une consultation électronique.
Malheureusement, le comité de liaison a décidé de rejeter la demande de budget présentée par le comité de l'éthique à cet effet. Mais comme le Sénat semble avoir beaucoup plus de ressources que la Chambre des communes, il pourrait être plus facile d'obtenir le budget nécessaire en comité mixte.
Dites-nous ce que vous en pensez.
:
Merci, monsieur le président. Je remercie nos témoins.
M. Willard a prononcé le mot magique: le marketing. Si l'objectif est d'intéresser les gens et de les inciter à participer, il faut appliquer les principes du marketing. Nous sommes d'une incompétence notoire dans ce domaine. Ce n'est pas notre domaine.
Comme le sénateur Stratton l'a dit indirectement, le Sénat est justement en train de déployer des efforts en ce sens, et il a fait quelques progrès.
Carolyn, le Comité sénatorial permanent de l'énergie, de l'environnement et des ressources naturelles a créé son propre site Web, qui est très visité et connaît un grand succès.
M. Bélanger a fait état d'un gros problème entourant ce nouveau média: il est tout à fait impossible de réglementer le Web. Nous avons l'habitude de pouvoir imposer un temps de parole équivalent, interdire certains propos, obliger la publication d'un document au complet ou interdire la censure et les citations hors contexte. Aucun de ces principes ne s'applique à ce nouveau média extrêmement puissant. Le site Web de M. Mulley reflète ses préférences, un point c'est tout. Le Frank Magazine pourrait être en ligne demain matin, si les éditeurs le voulaient. Nous devons donc accepter le fait que le Web ne peut être réglementé.
Je suis toutefois étonné de vous entendre dire que des obstacles juridiques vous empêchent de reproduire les documents qui présentent ce qui se passe au Parlement. Tout est légal, à moins d'un avis contraire. Savez-vous où apparaît cette interdiction? S'agit-il d'un concept courant que j'ignore sur le droit d'auteur? Quelqu'un vous a déjà posé la question suivante: puisque les journaux publient constamment des passages intégraux du Hansard, pourquoi ne pourriez-vous pas le faire?