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Bonjour. Je vous remercie, madame la sénatrice.
Monsieur le coprésident, honorables sénateurs et députés, nous remercions le Comité de son invitation et parlerons aujourd'hui de la numérisation des réponses aux questions écrites et des démarches déjà entreprises pour permettre aux parlementaires et à la population de consulter plus facilement les documents déposés devant la Chambre.
[Traduction]
Pour fournir un peu de contexte, il y a plus de 2 300 documents parlementaires qui sont déposés à la Chambre chaque année. Ces documents incluent des rapports annuels de divers ministères et organismes, des rapports ministériels sur le rendement, des réponses du gouvernement aux rapports des comités, des pétitions et des questions inscrites au Feuilleton, pour n'en nommer que quelques-uns.
Chaque document déposé à la Chambre des communes est remis au secrétariat à la Direction des journaux. Une copie identique est fournie à la Bibliothèque du Parlement pour que les parlementaires et leur personnel puissent les consulter à tout moment.
On veut depuis longtemps améliorer l'accès aux documents parlementaires. De nombreux documents parlementaires sont accessibles en ligne quelques heures ou quelques jours après le dépôt, bien qu'il n'y ait pas de dépôt central de ces documents. Le type de document et le propriétaire du contenu déterminent comment le document est accessible en ligne.
Par exemple, certains ministères et organismes préparent des versions électroniques de chacun de leurs documents et les publient systématiquement sur un site Web précis. Les prévisions budgétaires, les documents budgétaires et les nominations par décret entrent tous dans cette catégorie.
Les documents produits par la Chambre des communes tels que les rapports des comités et les rapports des délégations interparlementaires sont affichés sur les sites Web de la Chambre des communes et du Parlement le plus rapidement possible après le dépôt, souvent dans les minutes qui suivent.
[Français]
Le 33e rapport du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre déposé lors de la dernière législature recommandait l'instauration d'un système de pétitions électroniques. Cette recommandation a reçu l'assentiment de la Chambre et s'est concrétisée en décembre 2015.
Depuis, les réponses du gouvernement aux pétitions électroniques sont publiées sur le site Web des pétitions électroniques. La prochaine étape logique consiste à étendre cette offre aux pétitions en format papier et à leurs réponses. Une initiative a été lancée à l'issue de discussions très productives avec nos collègues du Bureau du Conseil privé, chargé de coordonner les réponses du gouvernement aux pétitions.
Nous croyons que les pétitions en format papier pourront être intégrées au système de pétitions électroniques dès le début de la prochaine législature.
[Traduction]
Comme le greffier de la Chambre l'a dit dans ses remarques liminaires au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre le 8 mai dernier, l'initiative sera « un projet pilote utile pour une utilisation plus généralisée du dépôt et de la diffusion électroniques des documents parlementaires, y compris les réponses aux questions écrites ».
Cela nous amène à la catégorie de documents la plus difficile, à savoir les réponses du gouvernement aux questions écrites transformées en ordres de dépôt de documents. Cette catégorie intéresse beaucoup ce comité, et avec raison. Ces réponses représentent environ 21 % de tous les documents parlementaires déposés à la Chambre des communes, comparativement à 25 % pour les réponses aux pétitions. La Bibliothèque du Parlement publie systématiquement ces documents en format électronique sur un site Web interne disponible aux parlementaires et au personnel, dans un délai de 24 à 48 heures après le dépôt. Le personnel de la Bibliothèque numérise les documents papier déposés à la Chambre pour créer un document PDF.
[Français]
Comme l'a affirmé la bibliothécaire parlementaire, Mme L'Heureux — je crois que Mme Lank l'a elle aussi mentionné —, lors d'une réunion précédente, l'un des désavantages de la version électronique produite par la Bibliothèque est qu'elle n'est pas pleinement accessible aux personnes ayant une déficience visuelle, puisqu'elle n'est que l'image photographique du document papier. Les questions entourant l'accessibilité sont parmi les plus difficiles à régler lorsqu'il s'agit de numériser des documents en vue de leur publication.
Les réponses à des questions écrites sont souvent des documents plus complexes que les réponses à des pétitions. Ces dernières sont produites par un seul ministère et consistent habituellement en quelques paragraphes sans mise en forme particulière. En revanche, les réponses aux questions écrites varient en longueur et en aspect. Si certaines sont aussi simples qu'une réponse à une pétition, la plupart sont le fruit du travail de plusieurs ministères et comptent des dizaines de pages, voire des centaines, pouvant contenir de volumineux tableaux, graphiques et images. Ce type de contenu présente de bien plus grandes difficultés pour la publication en format accessible.
[Traduction]
La Chambre pourrait, cependant, s'inspirer du succès du modèle des pétitions pour régler ces problèmes. Une collaboration étroite avec le Bureau du Conseil privé serait bien entendu requise pour aller de l'avant, de même qu'avec le Secrétariat du Conseil du Trésor, qui joue un rôle de chef de file dans le secteur de la gestion de l'information, des initiatives en matière de technologie de l'information et de l'accessibilité.
Puisque la Chambre des communes ne crée ou ne possède pas le contenu des réponses, la participation de nos partenaires dans ce processus est primordiale pour assurer son succès, surtout pour ce qui est de veiller à ce que les versions électroniques soient entièrement accessibles aux personnes ayant une déficience visuelle.
L'administration de la Chambre continue de s'efforcer de fournir aux parlementaires, au personnel et à la population un accès rapide aux renseignements parlementaires de toutes sortes. Nous sommes fiers des progrès que nous avons réalisés et de la collaboration fructueuse avec le Bureau du Conseil privé jusqu'à présent, et nous avons hâte d'améliorer davantage les services que nous offrons aux parlementaires et à tous les Canadiens.
Merci de l'intérêt que vous portez à ce sujet et de l'occasion de vous adresser à vous sur ce sujet.
Je crois savoir que M. Dufresne aimerait dire quelques mots.
Madame la présidente, membres du comité conjoint, je suis heureux d'être ici, à la fois à titre de légiste et de conseiller parlementaire de la Chambre des communes, mais également en tant que champion de l'inclusion à la diversité auprès de l'Administration de la Chambre des communes, pour répondre à vos questions au sujet du contexte juridique en matière d'accessibilité pour les personnes handicapées, un enjeu fondamental.
[Traduction]
Effectivement, l'accessibilité pour les personnes handicapées aux documents et aux renseignements est protégé à l'heure actuelle en vertu de la Loi canadienne sur les droits de la personne et dans le projet de loi proposé pour faire du Canada un pays exempt d'obstacles, qui fait actuellement l'objet d'une étude au Comité.
Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions sur cet important sujet qui se rapporte à votre étude.
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Ce dossier m'intéresse particulièrement.
En effet, je suis l'attaché politique qui a rédigé la motion originale qui demandait que cela se fasse. À cette époque, nous étions un tiers parti, et nous voulions voir les réponses aux questions au Feuilleton transformées en ordre de dépôt de documents.
À la base, notre but était d'obtenir des dossiers numérisés, comme les tableaux en mode Excel, par exemple.
Une question se posait: le Parlement était-il en mesure de recevoir des documents électroniques ou pouvait-il seulement recevoir des documents en format papier?
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Actuellement, les questions écrites sont toutes en format papier, et le processus est assez simple. Normalement, le Conseil privé, à partir du
Feuilleton ou du
Feuilleton des avis, envoie les questions aux différents ministères ou aux différentes agences concernées. Ceux-ci nous renvoient alors par messager un document papier qui sera éventuellement être déposé à la Chambre.
Pour ce qui est de savoir si nous avons un système en place qui nous permettrait de le faire électroniquement, nous avons déjà un système pour les pétitions électroniques, qui pourrait être utilisé.
Malheureusement, le système actuel devra être amélioré parce qu'il y a encore certains enjeux, même s'il s'agit d'un format électronique qui est envoyé par courriel, actuellement, comme les pétitions électroniques, un courriel que nous recevons avec un document PDF, qui est publié sur le site Web.
D'ailleurs, il y a un problème en ce qui a trait à l'accessibilité parce que ce n'est pas totalement accessible. Il faudrait donc que nos différents systèmes puissent communiquer entre eux pour que nous puissions envoyer des données et créer un document totalement accessible. C'est ce que nous nous proposons de faire dans le cadre du projet sur les pétitions électroniques, tout en incluant les pétitions sur papier. Éventuellement, il faudra trouver une solution pour les questions.
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Merci, madame la présidente.
Pour poursuivre dans la même veine des questions du sénateur, et je veux revenir sur ce que mon collègue du NPD a dit à ce sujet également, prenons-nous des mesures pour possiblement examiner d'autres pays?
Dans tous les comités où j'ai siégé, la question suivante est toujours l'une des premières questions que je pose: quels autres pays ont ces difficultés?
Monsieur Rodrigue, vous avez répondu à cette question en partie, mais je suis curieux. Si nous prenons des mesures pour examiner d'autres pays, je pense que la Grande-Bretagne serait un excellent exemple, le premier qui me vient à l'esprit. Faisons-nous des démarches pour voir ce qu'ils font?
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Cela arrive. Des plaintes relatives aux droits de la personne sont déposées de temps à autre, et nous les réglons. Nous y répondons.
Le processus relatif aux droits de la personne fonctionne de manière à ce qu'aux étapes initiales, on essaie de régler le problème. Ces mesures sont prises. Nous n'avons pas eu de plainte où une décision a dû être rendue, mais les problèmes sont là, et les principes des droits de la personne, tant dans la Loi canadienne sur les droits de la personne que dans le projet de loi proposé, témoignent vraiment des efforts qui sont déployés en amont et en aval pour assurer l'entière participation des personnes handicapées dans la société.
C'est évidemment un élément qui est pris très au sérieux par la Chambre des communes, l'administration de la Chambre et le gouvernement.
C'est un secteur où il faut une collaboration entre les deux institutions pour veiller à trouver le meilleur moyen d'assurer l'accessibilité.
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Ce que nous voulons faire, c'est d'éviter une situation où quelqu'un dépose une plainte selon laquelle quelque chose n'est pas suffisamment accessible et pourrait démontrer que nous n'avons pas fait assez en tant qu'institution.
Dans ces situations, les processus se pencheront sur ce que l'institution a fait. Quels efforts a-t-elle déployés? A-t-elle examiné l'accessibilité? A-t-elle exploré les solutions nécessaires? A-t-elle travaillé avec des partenaires pour trouver une solution?
C'est la raison pour laquelle, comme mon collègue le dit, nous examinons tous ces facteurs lorsque nous affichons les renseignements sur nos sites Web: est-ce accessible? Est-ce accessible en temps opportun? S'il y a des problèmes liés à l'accessibilité, avons-nous les outils pour les régler? Si nous n'avons pas ces outils, et c'est un cas où la rapidité de la publication est un problème, travaillons-nous avec nos partenaires au gouvernement pour leur demander de rendre ces documents accessibles à la source afin que lorsque nous les recevons, nous sommes en mesure de les publier immédiatement d'une manière entièrement accessible?
En fait, vous venez un peu de répondre à ma question.
Afin de vous aider à cheminer dans cette direction, vous disiez qu'une des solutions serait de vous laisser le temps d'effectuer des rencontres et de vous réinviter par la suite pour que vous nous présentiez un rapport d'étape.
Qui prend la décision et donne le feu vert, ultimement, pour aller dans la direction de la numérisation? Est-ce le Bureau du Conseil privé? Devez-vous rencontrer ses membres? Sinon, quels sont les interlocuteurs avec lesquels vous devez négocier? Qui sont ces gens?
Existe-t-il un échéancier et avez-vous des rencontres déjà prévues? Devons-nous vous réinviter dans deux, trois ou six mois?
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Dans le contexte d'une plainte relative aux droits de la personne, la Loi canadienne sur les droits de la personne garantit le droit à une pleine participation à la société canadienne. Si une plainte est déposée, elle est examinée et traitée, et nous essayons de la régler. S'il s'agit d'une plainte selon laquelle nous n'avons manifestement pas respecté nos obligations en matière de droits de la personne, cela peut mener à des ordonnances — monétaires, réparatrices. C'est dans le contexte du processus prévu par la Loi canadienne sur les droits de la personne.
Dans le cadre du projet de loi proposé, qui n'a pas encore été adopté et n'est donc pas en vigueur, il prévoit un modèle proactif — inspections, recommandations, rapports d'étape, etc. Essentiellement, ce sont également des résultats où on a conclu que le Parlement ou la Chambre n'ont pas respecté les dispositions quasi constitutionnelles sur les droits de la personne.
Voilà pourquoi nous sommes très prudents et nous prenons ces choses très au sérieux, compte tenu de l'importance des droits dont il est question et de l'importance de cette institution pour les Canadiens et les Canadiens handicapés.
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Qu'importe, il s'agissait de 2015 et nous sommes maintenant en 2018. Le processus a commencé il y a environ trois ans, et il semble que les choses ne vont nulle part. Vous dites que nous sommes sur le point de rencontrer nos homologues britanniques.
Mon collègue ici présent dit qu'il voudrait précipiter les choses, et ma collègue d'en face dit que nous devrions être un peu prudent, mais il semble que nous faisons preuve d'une grande prudence selon ce que vous dites ici et là, monsieur Dufresne. C'est presque comme si nous ne voulions pas prendre des décisions parce qu'il pourrait y avoir quelques complications ou...
Mon Dieu, il a fallu quatre ans pour mettre les choses en branle et nous sommes encore loin de l'objectif. Nous ne sommes pas beaucoup plus avancés qu'au moment où David a passé une bonne partie de son temps, pendant deux ou trois semaines, à rédiger la motion. Je conviens que c'est complexe, mais cela ressemble à des choses que j'ai entendues dans un autre comité; une situation où bon nombre de ministères n'agissaient pas parce qu'ils ne voulaient marcher sur les pieds de personne, et rien n'était fait.
Combien de temps faudra-t-il, à votre avis? C'est aussi simple que cela, j'imagine. Pendant encore combien de temps allons-nous reporter cela? Quatre années ont passé, mais il me semble que ce n'est pourtant pas quelque chose de si compliqué.
Il est temps.
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J'aimerais vous dire que nous pourrions le faire demain, monsieur Eglinski.
Comme je l'ai dit à M. Lauzon, au cours des prochaines semaines, nous voulons déterminer s'il y a un moyen de rendre les documents accessibles. Si ce n'est pas le cas, nous nous demanderons ce que nous pouvons faire en attendant et s'il y a une mesure transitoire que nous pouvons prendre avant de les rendre accessibles. Il s'agirait probablement de les publier tels quels sur un site Web, pourvu que, bien entendu, les gens qui en font la demande puissent avoir une version accessible dans un certain délai.
Il nous faut encore en discuter avec le gouvernement pour voir s'il serait prêt à le faire. Les documents ne nous appartiennent pas. Nous ne produisons pas le contenu. Nous n'en sommes pas les auteurs. Nous obtenons les documents à la dernière minute, avant leur dépôt, et nous avons donc besoin du calibrage par rapport aux ministères.
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Je ne sais pas si c'est le bon chemin à emprunter pour y arriver. Je comprends et je suis d'accord que, pour l'instant, personne n'a accès aux documents. Toutefois, selon ce que j'en comprends, la Bibliothèque reçoit les documents à la dernière minute en format PDF, ce qui n'est pas en format électronique.
Il me donc semble que ce qui serait le plus logique pour aider les gens de la Bibliothèque à publier tous ces documents serait qu'ils puissent recevoir au fur et à mesure les documents des différents ministères sous forme électronique. Cette résolution m'apparaît beaucoup plus logique et raisonnable.
M. Rodrigue disait aussi qu'ils n'ont pas l'outil nécessaire pour convertir tous les documents de façon uniforme. Tant que cet outil n'existe pas, ils ne peuvent pas l'inventer en 30 ou 45 jours. S'ils ne l'ont pas, au moins pour les aider, on pourrait exiger que tous les ministères envoient leur documentation en format électronique au fur et à mesure et non pas le jour même du dépôt, ce qui est trop difficile.
Je me mets à leur place et, même si on les obligeait à le faire en 30 jours, cela ne pourrait pas se faire.
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Madame la présidente, je ne crois pas un instant qu'il n'existe pas... Si on peut envoyer des gens sur la lune, il doit bien exister une solution technologique quelque part. Nos témoins aujourd'hui nous ont dit qu'ils allaient s'informer auprès de collègues du Royaume-Uni, etc. Je suis un peu surpris que cela ait pris quatre ans pour en arriver là.
Je pense que ce qui manque, c'est la volonté politique quelque part dans l'appareil gouvernemental. Les gens ne prennent pas la question au sérieux. Il est important de montrer au Parlement que la population le demande et s'inquiète.
J'aimerais modifier la motion de mon collègue pour ajouter une phrase ou une disposition proposant que le Comité invite des représentants du Conseil des Canadiens avec déficiences à comparaître pour nous parler des besoins existants. Nous répondons, en fait, dans notre rapport au Parlement, à une demande d'accès aux documents de la population, et le statu quo n'est pas acceptable. Ce n'est pas une demande pour flatter l'ego des députés, mais une demande bien réelle de la population.
Je pense qu'en les invitant, tout particulièrement maintenant que le Parlement est saisi de la loi sur l'accessibilité, cela nous donnera un élan supplémentaire. Cela ne prendra qu'une réunion et ne nous retardera pas beaucoup. Nous n'avons pas à entendre une foule de témoins. Cela nous donnera un petit élan pour attirer l'attention, car il n'y a assurément pas eu de suivi depuis que notre collègue a rédigé la motion initiale.