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Merci, monsieur le coprésident, honorables sénateurs et députés.
Je suis heureux d'avoir cette occasion de vous parler du budget des dépenses dans le contexte de la Bibliothèque du Parlement.
Ce que j'aime particulièrement de mon travail, ce sont les gens hautement qualifiés et professionnels avec lesquels j'ai la chance de travailler chaque jour. Certains d'entre eux sont ici aujourd'hui, et si vous me le permettez, j'aimerais vous les présenter. À mes côtés, comme le président l'a dit, il y a Mme Sue Stimpson, directrice générale des Services de gestion, et Mme Lise Chartrand, directrice des Finances. Sont aussi présentes Sonia L'Heureux, vice-bibliothécaire parlementaire, Cynthia Hubbertz, directrice du Service de ressources d'information et de documentation, Dianne Brydon, directrice générale des Services d'apprentissage et d'accès, et Mme Lynn Brodie, affectée à surveiller nos besoins en termes de locaux.
Toutes ces personnes ainsi que Kevin Page, directeur parlementaire du budget, composent l'équipe de la haute direction de la bibliothèque. C'est grâce à cette équipe que je peux accomplir le travail qui m'a été confié.
[Traduction]
Vous vous souviendrez que j'ai comparu devant vous il y a juste quelques semaines pour vous expliquer un peu le fonctionnement de la bibliothèque, le travail que nous y faisons, les produits que nous offrons et les plans que nous avons formés pour l'avenir.
De façon particulière, j'ai abordé les priorités stratégiques que nous nous sommes fixées il y a trois ans dans le cadre de la démarche de renouvellement de l'ensemble de la Bibliothèque du Parlement. Ces priorités sont: la modernisation de notre capacité de gestion du savoir; le renforcement de notre capacité de soutien de la gestion; et la mise en place et en marche de la nouvelle fonction de directeur parlementaire du budget.
J'ai expliqué aux membres du comité la façon dont la bibliothèque s'est adaptée à des réalités changeantes sur le plan économique — en cherchant des moyens de réaliser des économies, en remaniant notre organisation et en nous concentrant sur nos services de base. Une partie de notre réorganisation concernait nos services de recherche et comprenait la création d'une nouvelle unité chargée d'assurer le suivi prospectif des événements et des enjeux. J'ai aussi décrit les efforts que nous avons déployés pour relancer nos capacités en TI, l'élément central de notre projet de bibliothèque virtuelle, de notre stratégie de numérisation et de notre volonté de fournir davantage de services électroniques aux parlementaires.
J'ai aussi donné un compte rendu de certains de ces changements que nous avons apportés par suite de l'étude des perceptions qui a été réalisée l'an dernier, y compris l'accroissement des occasions d'apprentissage que nous offrons aux parlementaires au moyen de la baladodiffusion et des colloques.
Si cette année a été, sous plusieurs rapports, fertile en défis tant sur le plan des finances que sur celui de la gestion, elle l'a aussi été en possibilités. À titre d'exemple, nous avons accru notre capacité de gérer et de diffuser l'information, renforcé notre infrastructure institutionnelle et mis à la disposition des parlementaires les services du directeur parlementaire du budget.
Tous les efforts que nous avons déployés et toutes les mesures que nous avons prises sont le résultat d'une volonté acharnée de mieux appuyer votre travail et de vous fournir les conseils indépendants et dignes de foi qui sous-tendent les rôles que vous jouez à titre de législateurs et de représentants. Il s'agit là de l'essence même et de la raison d'être de la bibliothèque, de l'objectif central vers lequel tendent toutes nos activités.
Aujourd'hui, j'aimerais parler un peu plus de certaines questions soulevées à ma dernière présence devant vous. En premier lieu, le processus budgétaire dans lequel nous nous sommes engagés l'automne dernier pour préparer le présent exercice.
Au cours du dernier exercice, nous avons, comme nous le faisons toujours, fondé nos prévisions budgétaires sur une analyse des risques que nous devons prendre en considération lorsque nous nous acquittons de notre mandat, qui consiste à soutenir le Parlement. De toute évidence, nous devons tenir compte aussi bien du contexte dans lequel nous fonctionnons que de nos réalisations — un bon exemple de celles-ci étant la capacité de gestion plus forte dont nous nous sommes dotés au cours des deux dernières années. Nous tentons aussi de brosser un tableau des services auxquels le Parlement peut s'attendre au cours de l'exercice à venir, compte tenu de l'importance de son investissement dans la bibliothèque.
Comme toujours, les réalités qui nous attendent ne sont pas toutes faciles. Tout d'abord, nous sommes une organisation relativement petite dont le travail est de taille. Être au service des plus de 400 parlementaires que comptent le Sénat et la Chambre des communes, et de leur personnel, dans un monde marqué par une explosion de l'information.
Nos augmentations budgétaires sont habituellement exprimées en pourcentages, qui correspondent à ceux accordés aux autres institutions sur la Colline, mais comme la base est petite, l'augmentation effective exprimée en dollars demeure insuffisante pour nous permettre de répondre pleinement à la demande de nos clients. La première ébauche interne de nos prévisions budgétaires pour 2009-2010 reflétait la vision et le plan que nous avons présentés à votre comité — et qui ont été avalisés par lui — l'an dernier pour le renouvellement de la bibliothèque. Il s'agissait d'une proposition tangible qui devait se concrétiser à l'étape suivante du renouvellement et qui intégrait toute la planification visant à faire de ce renouvellement une réalité. Toutefois, une tempête économique a bouleversé le monde entre le moment où nous avons préparé cette ébauche interne, en septembre, et celui où la version définitive beaucoup plus modeste a été approuvée à la mi-décembre.
Au cours de ces mois, les cadres supérieurs de la bibliothèque se sont appliqués, avec moi, à montrer que nous comprenions bien la nouvelle donne économique et nous avons préparé une proposition budgétaire qui nous permettrait néanmoins d'aller de l'avant dans un ou deux domaines importants tout en maintenant nos services de base.
Nous savions que la modernisation des services de recherche et de l'infrastructure de GI/TI de la bibliothèque était essentielle pour répondre aux besoins d'un Parlement du XXIe siècle en matière de gestion de l'information et pour fournir un appui convenable aux sénateurs et aux députés. Nous étions convaincus que tout progrès accompli dans ces deux domaines pourrait servir de tremplin pour accélérer le développement de nos autres services à l'avenir. Par conséquent, nous avons soumis l'ensemble de notre organisation à un examen minutieux pour bien préciser nos services de base. Nous avons déterminé la façon de réaffecter nos ressources selon les priorités en fonction de l'appui que nous vous fournissons, à vous et à votre travail. Il s'agissait en quelque sorte de « prendre à Pierre pour donner à Paul », une tâche qui n'a pas été facile pour aucun d'entre nous, loin de là.
J'aimerais féliciter les membres de mon équipe de gestion — à tous les niveaux — pour la façon dont ils ont su s'astreindre à un réalisme, voir plus loin que la réalisation de leurs projets préférés ou des idées qui les enthousiasmaient de façon particulière, pour se laisser guider par des considérations qui dépassaient leurs propres intérêts. Ils ont tous pris et appuyé des mesures qui s'inspiraient des meilleurs intérêts du Parlement. Pour certains, cela a signifié abandonner ou remettre à plus tard des activités qui leur tenaient à coeur.
Je passe maintenant à une question soulevée lorsque je me suis présenté devant vous le 12 mars, à savoir le montant alloué au directeur parlementaire du budget. Je me permets d'affirmer sans équivoque que ce budget n'a pas été réduit en 2009-2010. Pas du tout. En fait, le budget du DPB a fait l'objet d'une petite augmentation, comparable à celle dont a fait l'objet le reste du budget de la bibliothèque. En conséquence, on a demandé au DPB de vivre selon ses moyens, à l'instar des autres chefs de service de la bibliothèque.
Je l'ai dit il y a un instant, en cette période de tourmente économique, chacun a dû se serrer la ceinture, chacun a dû faire des sacrifices. Les niveaux de référence prévus pour l'ensemble de la bibliothèque avant le début de la crise économique, par exemple, étaient beaucoup plus élevés que les prévisions budgétaires dans le cadre desquelles nous travaillons aujourd'hui. À mon avis, il y a eu confusion parce que, lorsque le poste de DPB a été établi, on a associé, à des fins de planification, un montant proposé au niveau de référence futur de la bibliothèque. Par la suite, ce montant réservé de façon hypothétique a été décrit comme s'il s'agissait d'un montant arrêté.
Comme vous le savez, il est courant, lorsqu'une nouvelle mesure législative ou une nouvelle politique est proposée, de fixer un montant nominal de référence pour la planification budgétaire et opérationnelle. À l'étape de la mise en oeuvre, cependant, on effectue une analyse pour voir si le montant nominal de référence qui a été proposé est justifié, et ce montant est bloqué jusqu'à la fin de cette analyse. C'est exactement ce qui s'est passé dans le cas du DPB. Un montant nominal de référence de 2,7 millions de dollars a été fixé, sans jamais être demandé ou autorisé. En fait, ce montant n'apparaît nulle part dans le budget de la bibliothèque.
Que s'est-il donc passé depuis? Après la création du DPB, la bibliothèque a proposé une organisation, des niveaux de dotation et un plan opérationnel en fonction de deux dispositions clés de la Loi fédérale sur la responsabilité. Premièrement, que les trois quarts environ des fonctions principales du DPB dépendraient de la demande, c'est-à-dire des demandes des parlementaires et des comités. Deuxièmement, que le DPB serait intégré dans la Bibliothèque du Parlement.
Quand il s'est agi d'attribuer des fonds au DPB, la bibliothèque n'était pas en mesure de prédire quelle serait la demande de ces services. Selon nos estimations, les deux tiers du montant nominal de référence semblaient constituer un montant raisonnable pour établir le poste. Nous savions aussi, vu l'accueil enthousiaste que les parlementaires ont réservé à la fonction, qu'il faudrait peut-être des ressources additionnelles dans l'avenir.
Malheureusement, la bibliothèque ne peut produire une analyse assortie d'un budget complet, puisque le DPB a choisi de suivre un modèle différent de celui que prévoyait la loi qui a créé son poste.
En effet, selon la voie qu'il suit actuellement, le DPB propose des mesures de dotation et des ressources à des niveaux supérieurs à ceux que la bibliothèque estime appropriés pour cette fonction. De plus, l'intention qu'a le DPB de fonctionner à l'extérieur de la bibliothèque aura une incidence considérable sur les coûts de cette fonction, puisqu'on ne pourra pas réaliser les économies prévues initialement.
Bref, la bibliothèque ne peut déterminer si les pressions budgétaires décrites par le directeur parlementaire du budget s'expliquent par la demande que connaissent ses services ou si elles découlent de sa décision de fonctionner à l'extérieur du cadre prévu par la loi.
Le dernier sujet que j'aimerais aborder est le processus quelque peu particulier qui est suivi pour l'élaboration et l'approbation du budget de la Bibliothèque du Parlement. Comme vous le savez, le budget de la Chambre des communes est examiné et approuvé par le Bureau de régie interne, et celui du Sénat, par le Comité permanent de la régie interne, des budgets et de l'administration. Ces comités jouent un rôle essentiel, celui d'approuver les prévisions budgétaires annuelles, d'examiner les dépenses, d'approuver les échelles salariales des employés non représentés et d'autoriser la négociation de nouvelles conventions collectives.
Il n'existe cependant aucun organisme de gestion semblable pour la Bibliothèque du Parlement. Notre budget est envoyé directement aux Présidents du Sénat et de la Chambre des communes pour être étudié.
Je m'empresse de préciser que la bibliothèque a toujours bien géré les fonds publics et qu'elle s'est astreinte à respecter les normes de reddition de comptes les plus exigeantes, comme en témoignent plusieurs années de vérifications indépendantes sans réserve de nos livres, vérifications que nous vous avons déposées lors de notre dernier passage ici.
Pourtant, le fait qu'il n'y ait pas de comité d'examen interne donne lieu à des questions et à des inquiétudes tout à fait légitimes. Ce vide signifie aussi que votre comité, malgré sa compréhension et sa connaissance particulières de la Bibliothèque du Parlement, intervient seulement après le dépôt du budget des dépenses à la Chambre des communes. Votre rôle se limite alors à réduire ou à rejeter le budget des dépenses durant l'examen des crédits.
Je tiens respectueusement à faire remarquer, monsieur le coprésident, que ce n'est pas là, selon moi, une façon de rendre service aux Présidents des deux chambres et au Parlement et votre comité devrait, selon moi, pouvoir jouer un rôle beaucoup plus actif. C'est pourquoi, l'an dernier, j'ai suggéré aux Présidents de vous confier le soin d'examiner le Budget principal des dépenses et les Budgets supplémentaires des dépenses de la Bibliothèque du Parlement, par l'intermédiaire d'un sous-comité, peut-être le Sous-comité du programme de la procédure, avant qu'ils ne soient déposés.
Ce sous-comité comprendrait des représentants du Sénat et de la Chambre des communes, ainsi que de chaque parti reconnu de chacune des chambres. La familiarité et l'expertise qu'il acquerrait concernant les affaires financières de la bibliothèque lui permettraient de jouer un rôle essentiel pour ce qui est d'examiner non seulement le budget des dépenses, mais également nos plans, nos priorités et notre rendement.
Je crois que ce rôle plus grand est conforme à l'esprit du paragraphe 74(2) de la Loi sur le Parlement du Canada, selon lequel le comité mixte aidera les Présidents des deux chambres à rendre des ordonnances et à prendre des règlements pour « veiller à la bonne utilisation des crédits affectés par le Parlement ».
L'intervention de votre comité plus tôt au cours du processus d'affectation de crédits aurait trois avantages manifestes. En premier lieu, elle aiderait de façon non négligeable les Présidents à s'acquitter de leurs fonctions prévues par la Loi sur le Parlement du Canada. En deuxième lieu, elle permettrait aux parlementaires d'avoir un mot plus important à dire au sujet du budget de la bibliothèque et des priorités qu'elle se donne en matière d'investissements. Enfin, elle assujettirait la bibliothèque au même genre d'examen que le Sénat et la Chambre des communes.
Comme vous le savez, si l'existence d'un comité mixte de la bibliothèque a toujours été prévue, le rôle qu'il doit jouer n'a jamais vraiment été expliqué. En fait, sa situation est singulière: il n'assure la surveillance d'aucun ministère ou de ses activités, pas plus qu'il n'est, à strictement parler, un comité de gestion. Il est plutôt un comité consultatif dont la tâche consiste à assister les deux Présidents en ce qui concerne « l'autorité » qu'il leur incombe d'exercer sur la Bibliothèque du Parlement.
Au fond, ce que je propose ici rehausserait vos activités et ferait de vous un comité de gestion plus efficace, dont l'expertise pourrait servir dans l'examen des priorités, des plans et des prévisions de dépenses de la bibliothèque tout au long de leur formulation et dans la prestation de conseils à ce sujet.
[Français]
Monsieur le coprésident, je suis persuadé que les membres du comité ont plusieurs questions à poser. Permettez-moi donc de conclure comme j'ai commencé, c'est-à-dire en leur rappelant que la bibliothèque existe pour appuyer le Parlement en lui fournissant de l'information. C'est la raison pour laquelle nous nous livrons à un travail acharné jour après jour. J'ai la chance de diriger une équipe de 400 analystes, bibliothécaires et spécialistes de l'information hautement qualifiés, et c'est un honneur de travailler avec eux.
Je me réjouis aussi à l'idée de continuer à collaborer avec votre comité. Vos conseils nous aideront à mettre la bibliothèque en position favorable pour continuer à servir tous les parlementaires, aujourd'hui et demain.
Merci beaucoup.