L'Association canadienne des ex-parlementaires tire son origine d'une recommandation faite par un comité parlementaire de la réforme parlementaire, présidé par l'honorable James McGrath, en 1985. Elle a été fondée en 1987 et nous avons commencé à travailler en étroite collaboration avec les jeunes Canadiens en leur offrant des programmes pour les intéresser à la politique et au Parlement. Nous avons appuyé des organisations comme le programme des stages parlementaires et avons fourni de l'argent à la Bibliothèque du Parlement pour l'aider à enrichir ce programme.
Nous faisons du travail sur la scène internationale et nos membres ont travaillé avec des partenaires comme le Centre parlementaire du Canada, le National Democratic Institute, le gouvernement de l'Italie et l'Université d'État de New York. Au cours des 18 derniers mois, nos membres sont allés dans au moins une douzaine de pays pour faire ce travail.
Nous essayons d'aider les fonctionnaires en leur expliquant le Parlement qui est en place. Nous travaillons avec l'École de la fonction publique du Canada en faisant des exposés sur le fonctionnement du Parlement.
Nous avons coparrainé la réception qui a été donnée dernièrement pour les nouveaux députés. Et pour ceux qui étaient députés à la 39e législature et qui ne sont pas revenus, volontairement ou involontairement, nous avons créé un manuel sur la manière d'aborder leur situation ou la carrière qu'ils pourraient envisager après avoir quitté le Parlement, et nous avons offert de l'aide à ceux qui le demandaient.
De plus en plus, à mesure que nous avons étendu nos activités, nous avons acquis la réputation de personnes possédant une certaine expertise sur notre institution. Le bibliothécaire parlementaire en était conscient et il est venu nous trouver pour nous demander si nous pourrions mettre sur pied un groupe de consultation qui aiderait à informer M. Darling et ses collaborateurs pour élaborer des descriptions de postes en conformité de la loi. Nous l'avons fait. Nous avons été très heureux de recevoir cette invitation; en plus de nous cinq ici présents, les autres membres du groupe de consultation étaient l'honorable Jean Bazin, ancien sénateur; M. John English; Mme Deborah Grey; M. Bill Knight; et Mme Val Meredith. Tel était le groupe.
M. Darling, dans son exposé devant votre comité, vous a bien décrit la position qu'avait adoptée notre groupe de consultation. À titre d'association, nous n'adoptons pas de position officielle sur les affaires publiques. Ce que nous essayons de faire, c'est de trouver l'occasion de mettre à la disposition de divers groupes les connaissances de nos membres. Nous n'avions donc pas au départ une position fixe; le consensus s'est formé durant une conversation.
Je crois que c'est probablement tout ce que j'ai à dire en guise d'introduction et je me ferai un plaisir de...
Monsieur le président.
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Merci, monsieur le président. Je suis ravi que vos collègues et vous-même nous ayez invités ici aujourd'hui.
Doug vous a donné le contexte, mais j'ai pensé qu'il vous serait utile d'avoir une idée des raisons pour lesquelles j'ai été très heureux d'être invité à participer à l'étude du projet d'un directeur du budget.
À titre de membre de votre comité, c'est seulement au cours des trois dernières de mes 12 ou 13 années sur la colline que j'ai vraiment commencé à comprendre la Bibliothèque du Parlement. Je m'étais toujours intéressé aux bibliothèques, mais ce n'est qu'à la toute fin de ma carrière que j'ai acquis une véritable compréhension de celle-ci.
Il me semble que les bibliothèques souffrent du fait qu'il est très facile de les assimiler à un stéréotype répandu, à savoir des institutions qui réunissent une collection de livres pour les prêter ensuite au compte-gouttes, à contrecoeur. Je ne crois pas que c'est ce que les bibliothèques font depuis des siècles, mais c'est pourtant l'image qu'on en a. Politiquement, à notre niveau, et je crois que c'est également le cas au niveau local, c'est un problème pour les bibliothèques.
Dans la ville et le comté de Peterborough, il y a 18 bibliothèques. Certaines sont financées par des villes et villages de quelques milliers d'habitants seulement, et chacune de ces bibliothèques est différente. Elles ont toutes des livres, elles prêtent toutes des livres, elles participent toutes à des programmes de prêts inter-bibliothèques, mais beaucoup d'entre elles sont maintenant devenues le centre d'informatique du village, à la fois pour l'enseignement et pour l'utilisation active des ordinateurs. Beaucoup se sont spécialisées, par exemple en généalogie ou en histoire régionale. Une ou deux d'entre elles sont adjacentes à des écoles et travaillent en étroite collaboration avec les écoles dans le cadre du processus d'éducation.
Chacune d'elles est donc différente et doit être appuyée, financièrement et politiquement, de manière différente. Certaines villes font du très bon travail à cet égard, d'autres font moins bien.
La Bibliothèque du Parlement a évidemment beaucoup de livres — je n'en connais pas exactement le nombre — et des centaines d'employés. Mais il est intéressant de signaler que très peu de ces employés sont en fait des bibliothécaires. Ils sont ingénieurs, scientifiques, économistes, etc. C'est la base de l'indépendance des deux chambres du Parlement — surtout, soit dit en passant pour quelqu'un comme moi, qui siégeait avec les ministériels, et pour les simples députés de tous les partis, parce que cela leur permet d'assumer leurs fonctions de manière indépendante. La bibliothèque fait cela grâce à ses livres, mais aussi à son personnel, en particulier en appuyant les comités. Les comités ne pourraient tout simplement pas fonctionner sans l'aide de leurs attachés de recherche.
Je suis certain que vous avez un attaché de recherche ici présent, monsieur le président. Et celui-ci peut compter sur l'aide de toute la Bibliothèque du Parlement, qui n'est pas simplement une collection de livres. En particulier, les attachés de recherche fournissent des conseils éclairés, indépendants et discrets aux simples députés et aux comités.
Les finances de la nation sont une préoccupation clé de tous les députés et sénateurs. Jour après jour, c'est le sujet le plus fréquemment abordé par les gens qui nous interrogent, et pas seulement aujourd'hui, durant la récession.
Donc, pour pouvoir fonctionner de manière indépendante à la Chambre et au Sénat, il faut posséder un bagage raisonnable dans le domaine des finances. Traditionnellement, les comités ont essayé de faire cela en étudiant les budgets des dépenses. Je sais que dans certains comités dont j'ai fait partie, nous nous sommes parfois penchés sur le budget des dépenses — habituellement, soit dit en passant, de manière plutôt timide —, mais il est aussi arrivé que nous ne le fassions pas du tout.
Comment un député ou un comité peut-il fonctionner de manière indépendante s'il ne peut obtenir de conseils indépendants sur les finances de la nation?
Voilà pourquoi, monsieur le président, j'ai été heureux qu'on me demande de participer au processus. Je savais que la création de ce poste avait été proposée en application de la loi. J'ai lu tout ce que j'ai pu trouver à ce sujet. Je n'étais pas nécessairement d'accord avec la manière dont la loi était libellée, mais je trouvais que l'idée d'avoir une source d'information indépendante pour les deux chambres, en particulier pour les membres des deux chambres, était une bonne idée. Cela permettrait à la Bibliothèque du Parlement d'appuyer encore plus efficacement l'indépendance des deux chambres.
Merci, monsieur le président.
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Monsieur le président, honorables sénateurs, honorables députés, c'est un honneur d'avoir été invité à comparaître devant vous aujourd'hui.
Je suis heureux de me présenter aux côtés de mes collègues ex-parlementaires. Nous avons travaillé ensemble, sans distinction de parti politique, en vue de renforcer et d'améliorer notre institution politique nationale, le Parlement du Canada. J'espère sincèrement que les observations que je m'apprête à faire vous seront utiles dans vos délibérations.
Je crois que dans le dossier du directeur parlementaire du budget, nous sommes au confluent de trois tendances dont, très brièvement, nous avons vu l'émergence lorsque le prédécesseur de M. Young, le bibliothécaire parlementaire, M. Erik Spicer, a créé la Direction de la recherche de la Bibliothèque du Parlement. Le but était de s'assurer que les parlementaires puissent compter sur des recherches fouillées pour assumer leurs tâches à titre de membres du Parlement.
Je me suis entretenu vendredi dernier à Ottawa avec l'ancien bibliothécaire parlementaire, M. Erik Spicer, à l'occasion d'une rencontre tenue ici du Groupe canadien d'étude des questions parlementaires, qui examinait justement cette question des fonctionnaires du Parlement et la mesure dans laquelle ceux-ci viennent parfois en aide aux parlementaires en leur fournissant des ressources qu'ils ne possèdent pas eux-mêmes, afin qu'ils puissent creuser davantage et mieux comprendre et analyser certains dossiers. Pourtant, paradoxalement, cela peut en même temps ébranler les parlementaires et l'institution du Parlement, parce que la création de ces bureaux additionnels constitue effectivement une forme d'externalisation ou de délégation de certaines fonctions qui incombent en fait exclusivement aux sénateurs et aux députés.
Mais c'est certainement l'une des grandes tendances qui nous amènent à participer à cette réunion aujourd'hui, cette émergence du rôle de recherche de la Bibliothèque du Parlement, de concert avec les parlementaires.
Quant à la deuxième tendance, nous en célébrons en fait l'anniversaire aujourd'hui. C'était en 1969. Il y avait un certain blocage dans l'étude du budget des dépenses, dans la foulée des recommandations formulées par Grant Glassco, de la commission royale Glassco. Le contrôleur général, qui examinait les dépenses que le Parlement avait déjà autorisées, ne permettait pas qu'on engage des dépenses tant qu'il n'y avait pas de l'argent en banque, c'est-à-dire dans le Trésor national, pour financer les dépenses en question. Ce bureau a été vidé de sa substance en 1969, au moment même où d'autres changements ont été apportés dans la façon dont les budgets des dépenses étaient approuvés; même s'ils n'étaient pas examinés en détail par les parlementaires, ils n'en étaient pas moins réputés approuvés en juin, chaque année.
C'est ce qui a donné lieu à des dépenses croissantes pour lesquelles on n'a jamais vraiment rendu de comptes, débouchant sur l'accumulation d'une énorme dette nationale en temps de paix et l'affaiblissement de l'examen parlementaire des dépenses publiques.
La troisième tendance qui entre en jeu ici est le tollé qui s'en est suivi. Pour que les parlementaires puissent assumer plus efficacement ce rôle de contrôle des activités du gouvernement, pour qu'ils puissent scruter les dépenses, entrer dans les détails et pour qu'il y ait véritablement une reddition de comptes démocratique dans notre pays, les gens ont dit qu'il fallait renforcer les pouvoirs du Parlement pour lui permettre d'effectuer cette tâche. Et beaucoup d'organisations d'un bout à l'autre du pays et ici même dans la capitale ont commencé à joindre leurs voix à ceux qui réclamaient qu'on porte à un niveau plus élevé les rapports financiers. L'une d'elles était la Fondation canadienne pour la vérification intégrée. J'y travaillais, rédigeant des documents pour les parlementaires pour l'étude du budget des dépenses et des comptes nationaux.
Le Breakout Educational Network et ce qu'on a appelé la « commission royale parallèle » ont commencé à se pencher sur les programmes de dépenses du gouvernement en adoptant le point de vue du citoyen, pour vérifier dans quelle mesure on rendait des comptes à cet égard. Comme l'a fait observer le politicologue Donald Smiley, le problème de la plupart des analyses des activités gouvernementales au Canada est que celles-ci sont faites dans l'optique du gouvernement.
La « commission royale parallèle » a publié un livre intitulé Guardians on Trial, et je suis très reconnaissant que le comité ait permis qu'on vous le distribue, de même que les deux autres que j'ai apportés.
Celui que j'ai écrit, “Just Trust Us”: The Erosion of Accountability in Canada, examine essentiellement notre pays durant les années d'après-guerre, depuis 1945 jusqu'à nos jours, dans l'optique de ce que je viens de vous décrire brièvement depuis trois minutes. Dans Guardians on Trial, on trouve des interviews de sénateurs et députés, du vérificateur général et d'autres, sans distinction de partis politiques, portant sur ces questions. Le tout est évidemment accompagné d'un DVD qui explique plus en détail et dans un format différent l'information qu'on y trouve. Également, dans le livre Does your vote count?, on se penche plus particulièrement sur le travail du Comité des comptes publics.
Il y a eu beaucoup d'interventions de ce genre. En outre, j'ai moi-même rédigé des articles dans la Revue parlementaire canadienne, notamment « Can Parliamentarians Become Real Players? », et dans le Ottawa Citizen, entre autres. Il y en a un autre intitulé « Backbenchers at the gate », qui porte également sur la nécessité pour les parlementaires de scruter les programmes du gouvernement et de s'assurer que les citoyens canadiens soient bien représentés quand l'argent de leurs impôts est dépensé pour des programmes.
Tout cela a débouché sur l'adoption par le Parlement de la Loi fédérale sur la responsabilité, qui renfermait une disposition créant un directeur parlementaire du budget. La question dont nous discutons ici est le pouvoir qu'a ce fonctionnaire de s'exprimer et de faire le travail en votre nom et au nom des sénateurs.
Quand le Parlement a créé ce nouveau poste, il a établi clairement que ce fonctionnaire travaillerait pour les parlementaires au sein de la Bibliothèque du Parlement, donnant aux députés et sénateurs ainsi qu'aux comités parlementaires des renseignements financiers sur les programmes gouvernementaux que les parlementaires et leurs comités ne pouvaient pas obtenir eux-mêmes faute de ressources, pour leur permettre d'assumer plus efficacement leur rôle parlementaire — votre rôle parlementaire — de scruter à la loupe les programmes gouvernementaux, établissant ainsi la reddition de comptes institutionnelle pour les affaires publiques. Le directeur parlementaire du budget permettrait aux législateurs de notre pays de mieux surveiller nos programmes publics, de manière plus éclairée et avec une meilleure clairvoyance.
La décision du Parlement, dans la Loi fédérale sur la responsabilité, de placer le directeur parlementaire du budget sous l'égide de la bibliothèque du Parlement confirme que l'intention était que cette fonction soit chargée d'appuyer le travail des parlementaires, au même titre que les autres fonctions de la bibliothèque, notamment la Direction de la recherche. Le fait d'avoir placé ce poste au sein de la Bibliothèque du Parlement signifiait également que le directeur parlementaire du budget serait à portée de la main pour travailler avec les parlementaires, et comme la Bibliothèque du Parlement est institutionnellement et administrativement indépendante du gouvernement, cela voulait dire que le directeur parlementaire du budget était automatiquement indépendant du gouvernement.
Aucune autre interprétation ne peut être faite des dispositions qui ont fait l'objet d'un débat, ont été modifiées et ensuite adoptées par le Parlement, sinon que le directeur parlementaire du budget viendrait épauler les parlementaires dans leur travail au nom des citoyens canadiens. Son travail renforcerait la voix du Parlement qui deviendrait du même coup une voix mieux informée et parlant avec davantage d'autorité, et ce serait la voix des parlementaires et non pas la sienne qui serait entendue.
Le noeud de l'affaire, c'est le fait qu'un fonctionnaire du Parlement usurpe la voix légitime du Parlement et des parlementaires. Qui parle au Parlement, qui parle au nom du Parlement? C'est vous. Ce sont les sénateurs du Canada et les députés à la Chambre des communes du Canada.
Kevin Page se fonde sur le pouvoir du Parlement pour exprimer ses vues publiquement, mais pourtant, il cherche simultanément à se présenter avec crédibilité à titre de voix indépendante auprès des Canadiens qui sont devenus sceptiques à l'égard des politiciens. Ce comportement à deux faces de la part d'un fonctionnaire de la Bibliothèque du Parlement n'aide nullement les parlementaires, mais leur nuit au contraire.
Qu'il se trouve des gens prêts à l'appuyer parmi les journalistes, ce n'est pas étonnant, étant donné que l'histoire possède tous les ingrédients voulus pour la rendre digne d'être publiée. Que certains parlementaires y voient un conflit entre un fonctionnaire indépendant et le gouvernement, plutôt qu'un conflit entre l'un de leurs propres hauts fonctionnaires et leur propre rôle constitutionnel, ce n'est peut-être pas étonnant. Mais c'est regrettable, car cela recentre la problématique dans une optique qui est nuisible aux parlementaires eux-mêmes.
Quand Kevin Page se crée une tribune publique pour lui-même au lieu d'appuyer les parlementaires dans leur travail, il va à l'encontre de l'intention même qui a présidé à l'adoption par le Parlement de la loi qui a créé son poste.
Le problème, à mon avis — je vous le dis avec le plus grand sérieux et en toute sincérité, mesdames et messieurs les sénateurs et les députés — est que nous sommes confrontés dans cette affaire à un outrage au Parlement.
Erskine May, dans son ouvrage intitulé Parliamentary Practice, qui fait autorité, au chapitre 10, traite de l'outrage au Parlement:
[Traduction] On peut dire de façon générale que tout acte ou omission qui fait obstacle à l'une ou l'autre des chambres du Parlement dans l'accomplissement de ses fonctions, ou qui fait obstacle à tout député ou fonctionnaire de l'une de ces chambres dans l'accomplissement de sa tâche, ou qui a tendance, directement ou indirectement, à produire un tel résultat peut être traité comme un outrage, même si l'infraction ne comporte aucun précédent.
De ce côté-ci de l'Atlantique, dans notre propre ouvrage, celui de Marleau et Montpetit, nous lisons que l'outrage est un « affront contre la dignité et l'autorité du Parlement ». On définit par ailleurs l'outrage en ces termes:
Tout acte qui... nuit ou fait obstacle à la Chambre, à un député ou à un haut fonctionnaire de la Chambre dans l'exercice de ses fonctions, ou transgresse l'autorité ou la dignité de la Chambre...
Comme nous avons tous beaucoup à dire et que vous avez beaucoup de questions à poser, nous pourrions peut-être revenir plus tard sur les détails de ces actes qui constituent des outrages au Parlement. Il y en a au moins cinq ou six autres que je pourrais vous énumérer et dont je me ferais un plaisir de discuter avec vous.
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Merci, monsieur le président.
C'est avec plaisir que j'ai accepté de venir m'asseoir à la place des témoins, fauteuil que je n'ai jamais occupé et que je n'occuperai probablement plus jamais. Je veux saluer le travail de chacun. J'ai envie de vous expliquer pourquoi j'ai accepté de participer à ce comité spécial quand il a été question d'appliquer la loi qui avait été adoptée.
Cette idée de créer la fonction de directeur parlementaire du budget m'apparaissait comme une excellente idée. Je vais vous dire pourquoi. J'ai siégé pendant 11 ans au Parlement. Je ne suis pas une spécialiste en économie ni en finances. Je m'arrange assez bien avec mon propre budget, mais enfin. Pendant ces 11 années, j'ai eu l'occasion de constater, tant dans le cadre de mes fonctions parlementaires que de mon travail de comté, les besoins absolument criants au sein de la population. Un budget du Parlement du Canada doit aider à répondre aux besoins des différents groupes.
Ce qu'il y avait de très frustrant, c'est que pendant tout ce temps, on remarquait que le gouvernement en place, qui disposait pourtant de ressources impressionnantes, n'arrivait jamais à déterminer de façon juste ou assez juste les déficits ou les surplus. Pendant toutes ces années où j'étais en poste, les surplus étaient énormes. Ils étaient de l'ordre de dizaines de milliards de dollars. Évidemment, si je dispose de 100 $ mais que je fais croire que j'ai 50 $, je ne dépenserai que 50 $.
Donc, j'ai vu une occasion en or de jouer un rôle citoyen en participant à ce comité. Monsieur le président, certains partis de l'opposition, eux, arrivaient à faire une évaluation à peu près juste des éventuels surplus du gouvernement. Pourquoi le gouvernement, avec son aréopage de compétences, n'y arrivait-il pas? Il y avait un hic. Je me disais qu'un directeur parlementaire du budget serait certainement un outil assez intéressant, voire essentiel, pour les parlementaires.
Voilà ce que je voulais vous dire et qui justifie la raison pour laquelle j'ai accepté de participer à ce comité, en dépit de mes faibles compétences en économie. Il n'y a pas que l'économie qui compte dans la vie et j'espère que vous le savez tous.
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Merci, monsieur le président.
Il me fait plaisir d'être ici avec vous et avec mes collègues. Je réalise que je suis probablement le doyen ici. Je suis arrivé dans ces lieux en 1968. Je ne pense pas que quiconque d'entre vous était ici en 1968.
L'histoire nous a laissé une culture politique qui s'exprime par des partis pris, par des partis politiques et par des vues partisanes. C'est la concurrence entre ces vues partisanes qui doit créer des débats et des discussions, et on espère ainsi arriver à de meilleures solutions. Cependant, les solutions elles-mêmes ne sont jamais parfaites, parce que le débat n'est pas nécessairement rationnel.
Lorsque j'ai entendu parler de la création de ce poste en vertu de la Loi fédérale sur l'imputabilité, j'ai été surpris qu'une partie de la plateforme du premier ministre durant les élections de 2004 et de 2006 consiste à créer une sorte d'organisation permettant d'avoir une meilleure information, une meilleure analyse et de meilleures ressources analytiques sur des questions financières et de budget. J'ai été surpris que ça se fasse dans le cadre de cette loi. J'ai été encore plus surpris qu'on m'ait demandé de participer à ce comité sous l'égide de la Bibliothèque du Parlement.
Je pense que l'objectif devrait être de satisfaire vos besoins. Les besoins des députés et des sénateurs de quelque parti que ce soit consistent à avoir plus de ressources stratégiques afin d'améliorer le débat.
[Traduction]
Il me semble qu'à force de vouloir davantage d'analyses indépendantes et d'informations prétendument indépendantes, à supposer qu'une telle chose existe — je crois que toute information est par nature entachée de parti pris, comme l'est d'ailleurs toute l'histoire, mais on n'y peut rien, -- on se retrouve avec une surcharge d'information.
Quand j'étais député au Parlement, en 1968 — je sortais tout juste de l'université —, j'avais déjà à cette époque une surcharge d'information. J'étais surchargé d'analyses soit-disant indépendantes. Je n'avais pas besoin d'en avoir plus. Ce qu'il me fallait, c'était des ressources stratégiques.
Dans votre position partisane — j'aimerais que les députés soient plus nombreux à cesser de s'excuser d'être partisans, parce que c'est la nature de votre emploi, c'est la raison de votre présence ici — à moins de posséder de meilleures ressources stratégiques pour canaliser cette information dans un débat politique, vous n'améliorerez nullement le débat. C'est très regrettable que cette mesure, qui a été prise dans l'espoir d'améliorer le débat, a maintenant l'effet contraire d'embrouiller le débat.
J'étais à l'étranger pendant la campagne électorale. J'ai voté avant de partir et je l'ai fait savoir à mon député. Mais je suis quasiment tombé en bas de ma chaise quand j'ai lu sur Internet — je devais suivre les élections, je ne pouvais pas m'en empêcher — que le directeur parlementaire du budget allait publier un rapport sur le coût de la guerre en Afghanistan. Je n'en revenais pas.
Mes pires craintes, qui étaient déjà présentes quand j'ai eu ces discussions informelles avec les gens de la Bibliothèque du Parlement, et quand j'ai rencontré M. Page en privé, s'étaient avérées: ce n'est pas ainsi que les choses devaient se passer; cela n'améliore pas le débat mais l'embrouille au contraire.
Le travail de quiconque est censé épauler et renforcer la Bibliothèque du Parlement... Soit dit en passant, la Bibliothèque du Parlement est une bonne organisation. Elle l'a toujours été, depuis que je la connais. S'il y a une conviction qui m'est restée, c'est bien que les députés et les sénateurs ne s'en servent pas assez. Mais le point fort de la bibliothèque est qu'elle est censée vous épauler dans votre travail pour que vous puissiez créer le débat. Autrement, vous vous nuisez à vous-même.
J'ai vu cela se dérouler au cours des 40 dernières années. Je dois dire que j'ai participé activement aux premiers débats qui ont abouti aux changements fondamentaux dans le rôle du vérificateur général, depuis la première confrontation entre M. Bud Drury et le vérificateur général de l'époque, M. Henderson. Le rôle a commencé à changer. Au départ, c'était une organisation qui s'occupait de comptabilité au sens le plus général du terme et elle s'est tournée de plus en plus vers la gestion comptable proprement dite et l'optimisation des ressources, ce qui donne lieu à un débat politique. L'optimisation des ressources n'a rien à voir avec la comptabilité ni même avec la gestion comptable. En même temps, nous avons laissé les députés démunis sur le plan des ressources; vous n'avez pas assez de ce que j'appelle des ressources partisanes stratégiques pour vous aider à faire fonctionner vos comités et vos bureaux. Comment pouvez-vous gérer toute cette information dont vous êtes inondés si vous n'avez pas ces ressources?
Je pense donc que, sur le plan de l'information analytique, de l'information indépendante, vous pouvez avoir tout cela à 100 mètres d'ici. Il vous suffit de donner un coup de téléphone pour obtenir le double de ce que vous avez ici. Ceci, ce n'est pas ce dont vous avez besoin.
J'espère que votre comité, à supposer qu'il existe une volonté d'améliorer la situation — on ne sait jamais si cette volonté existe — interprétera cette fonction de manière qu'elle devienne une ressource qui vous renforcera, mais qui n'a pas d'affaire à intervenir dans le débat, ni à s'adresser aux médias, qui doit se limiter strictement à répondre à vos besoins.
Merci.
:
Non, mais je vais répondre à la question originale.
J'ai pris ma retraite il y a maintenant plus de trois ans et j'ai donc raté cela de justesse. Ce qui m'a frappé, c'était... Prenons un comité qui n'a apparemment rien à voir avec les finances de la nation. Disons qu'il s'occupe de ressources humaines et de développement des compétences, ou encore de la situation des personnes handicapées. Mais même là, il fallait trouver le moyen d'examiner le budget des dépenses du gouvernement pour en évaluer les répercussions sur ce créneau précis de notre société.
Je conviens avec mon collègue qu'il existe énormément d'information, mais comme il l'a dit lui-même, vous avez besoin de renseignements qui vous donneront des bases pour appuyer votre argumentation. Ce qui se passe dans un comité comme celui que je viens d'évoquer, c'est qu'on est vivement préoccupé par la situation des personnes handicapées et ce que l'on fait pour les aider, et l'on s'efforce d'aller au fond des choses. Puis, quelqu'un dit qu'il faut examiner le budget des dépenses.
Chers collègues, vous vous êtes tous retrouvés dans cette situation où il est trop tard et si rien n'est fait, le budget des dépenses sera adopté la semaine suivante; enfin, vous voyez le tableau.
Il me semblait donc que c'était là une catégorie d'information que nous n'obtenions pas. Au départ, l'idée était vraiment très bonne et je dirais d'ailleurs que ça l'est encore: que les députés, en particulier les membres des comités, pourraient aller chercher cette information; que les comités pourraient par exemple créer un sous-comité qui, toute l'année durant, scruterait à la loupe le budget des dépenses de son propre secteur et qui conseillerait le comité en la matière.
Maintenant, vous venez d'entendre des commentaires sur la question. C'est de cette manière que j'envisageais la circulation de l'information. Elle devait être communiquée aux députés et aux sénateurs individuellement, ou encore aux comités, et il s'agissait de renseignements sur les finances de la nation et plus particulièrement sur le budget des dépenses, dont l'examen incombe à chacun des 50 comités, ou peu importe le nombre de comités qui existent.
J'ignore si cela répond à votre question. C'est ainsi que je voyais les choses au départ, et je persiste à croire que c'est ainsi que cela doit se passer et que cela demeure très important.
Je pourrais peut-être ajouter une observation à ce qu'a dit mon collègue Patrick. Je pense que pour vous, membres d'un comité, il y a une autre dimension à tout cela. C'est une bonne idée, mais il semble qu'on ait fait fausse route quelque part. Nous en sommes encore au début et c'est donc le bon moment pour corriger le cap. C'est un élément qui pourrait influer directement sur l'efficacité de la bibliothèque dans son ensemble, quant au soutien qu'elle apporte aux parlementaires. À titre de membres d'un comité, vous devriez y réfléchir sérieusement. Si cela affaiblit en fait la plate-forme existante de soutien, à savoir la bibliothèque, alors c'est une affaire grave, sans compter les arguments invoqués par Patrick.
Merci.
:
Bien sûr, et je n'ai pas dit que je n'étais pas d'accord pour que vous ayez plus d'analyses. Ce que je dis, c'est que cela ne devrait pas se faire par un haut fonctionnaire. Ce devrait être pour
vous.
Je n'aimais pas l'objectif, mais c'est une autre question. L'objectif a été établi par le Parlement. Vous avez créé le poste. Je me suis dit : « C'est fait, alors voyons comment cela pourrait vous être utile ». Je crois que cela vous aiderait davantage si c'était, politiquement, un rôle complètement neutre, si le titulaire du poste, à l'instar de la Bibliothèque du Parlement, se contentait de répondre aux demandes du Parlement et ne pouvait rien faire d'autre. Je suis continuellement exaspéré de voir que, dans le système, toute la culture se détourne toujours de ce qui devrait être l'objectif, à savoir de renforcer le rôle partisan des députés et des sénateurs, ce que j'appelle le rôle stratégique.
J'ai étudié quelque peu le système américain. J'ai présidé le Groupe interparlementaire Canada-États-Unis, dont j'ai été membre de l'exécutif pendant 10 ans. J'ai passé du temps là-bas, surtout à la fin des années 1970 et au début des années 1980, et j'ai rencontré de puissants présidents de comités et des membres de leur personnel. La grande différence — les gens parlent beaucoup du Congressional Budget Office et de tout le reste — est qu'eux ont des ressources stratégiques, et nous pourrions nous en inspirer. Certains éléments ne peuvent pas être adaptés du système du Congrès. La grande faiblesse chez nous est que nous avons tendance à nous excuser de faire des propositions stratégiques partisanes. Je pense que vous avez besoin de cela dans vos bureaux. Je pense que les présidents de comités en ont besoin et que les comités eux-mêmes en ont besoin.
J'ai présidé beaucoup de comités quand j'étais député. Deux comités qui ont eu beaucoup de succès pour ce qui est d'améliorer le débat, à mon avis, furent les premiers groupes de travail parlementaires que M. Trudeau voulait former en 1980. J'en ai présidé deux et je pense que la grande différence à l'époque était qu'on nous avait donné des ressources qui se situaient en dehors des ressources parlementaires normales. On avait fait un changement très simple. Le premier ministre avait annoncé qu'on nous confierait cette tâche et cela nous a donné une extraordinaire autorité morale. Et nous avons fait l'expérience de pouvoir compter sur des ressources stratégiques.
Au groupe de travail sur les arrangements fiscaux en 1981, que je présidais, j'ai autorisé le personnel du comité à rencontrer le personnel de recherche des caucus. Nous nous assurions que, dès qu'un dossier nous était soumis à titre de député, tous les employés de tous les groupes de recherche des caucus aient accès à la même information, et cela a très bien fonctionné.
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Merci, monsieur le président.
La solution, selon moi, et c'est une suggestion que je vous fais, est qu'il y a amplement d'éléments de preuve indiquant que le titulaire actuel du poste de directeur parlementaire du budget a commis un outrage au Parlement, et si les autorités compétentes des deux chambres le déclaraient en situation d'outrage au Parlement, il quitterait son poste et celui-ci deviendrait vacant.
Cela permettrait au remplaçant de M. Page de remplir ses fonctions en respectant l'intention exprimée par le Parlement dans une loi récemment adoptée par les deux chambres du Parlement et énoncée dans une description de travail très claire, laquelle a été élaborée avec l'aide d'anciens parlementaires de divers partis politiques qui se soucient de cette institution et qui ont à coeur le rôle des parlementaires. Cela demeure une description très claire et valable en vertu de la loi, de la Constitution, des doctrines du gouvernement responsable et des précédents parlementaires.
Ce déraillement, pour reprendre l'expression de mon collègue Peter Adams, est encore tout récent. On s'est fourvoyé; le moment est propice pour corriger le problème. Je pense que c'est de cette manière que l'on peut résoudre cette affaire rapidement, de manière nette et expéditive.
Un outrage au Parlement ne saurait être toléré indéfiniment; il faut y mettre fin rapidement. Cette piste de solution, si vous choisissez de l'emprunter, met également de côté une autre idée que j'entends exprimer et qui semble flotter dans l'air — je le constate, monsieur le président, à la lecture du hansard et des témoignages entendus devant votre comité — à savoir qu'il est peut-être nécessaire de redéfinir ce rôle, qu'il faudrait peut-être reconstituer ce poste, reconsidérer toute l'affaire.
Tout cela après deux ans d'efforts pendant lesquels le Parlement lui-même a fait appel aux services de ce fonctionnaire, et le titulaire du poste, M. Kevin Page, a déployé des efforts pour en fait redéfinir ce que le Parlement avait décidé et la description de travail qui était pourtant claire et explicite et qu'il a acceptée volontairement comme cadre de ses activités quand il a accepté le poste. Tout cela est en place.
On pourrait aborder d'autres aspects de l'outrage au Parlement, mais l'élément principal, qui l'emporte sur tous les autres, est le fait qu'il a cherché à créer un bureau parlementaire du budget alors que le Parlement a créé le poste de directeur parlementaire du budget. Il a cherché à faire redéfinir ses pouvoirs par le Parlement. Pour ce faire, il a emprunté un chemin qui se situe en dehors des voies régulières.
Je pourrais vous parler beaucoup plus longuement de tout cela, mais je tiens à dire, pour répondre très clairement à la question du député, que c'est à mon avis la manière de procéder pour régler cette affaire de façon claire et juste.
Merci.
Je ne suis pas membre attitré de ce comité. Je suis seulement remplaçant et c'est donc la première fois que j'entends cette discussion et j'essaie d'imaginer comment nous en sommes arrivés là. Certains ont avancé des hypothèses sur les raisons du problème, mais d'après ce que j'ai entendu, il semble que la question soit de savoir si le directeur parlementaire du budget était censé fournir des renseignements indépendants au Parlement ou bien au grand public.
Étant député au Parlement depuis quelques années, je dirais que le public ne trouve pas notre information très crédible. Le public ne trouve pas très indépendante ni très crédible l'information que nous lui fournissons à titre de députés. Même dans l'éventualité où nous aurions une meilleure information, le public est très méfiant à notre égard; il se méfie de l'interprétation partisane que nous pouvons donner de cette information.
Par conséquent, cette information, qui peut nous être fournie de manière indépendante par une personne indépendante, appliquée d'une certaine manière, ne donnera pas nécessairement l'impression d'être indépendante ou très valable, très crédible ou très utile dans le cadre d'un débat public quelconque. Je pense que c'est probablement la raison pour laquelle un mouvement a été lancé en faveur de la création de postes indépendants: afin que l'information soit rendue publique avant même que nous n'en fassions usage et décidions de la manière dont nous comptons l'utiliser.
Pour quelqu'un qui est directeur parlementaire du budget et qui se dit que cette information est censée être indépendante, non partisane et tout le reste, le seul moyen d'être certain que l'information sera perçue comme telle est de la rendre publique, au lieu de la transmettre en privé, à l'interne.
D'après ce que disent tous les intervenants ici présents, il semble bien — j'ignore si c'est le cas, si tel était le scénario, si les choses se sont bien déroulées comme cela — que l'intention était de procéder à l'interne. Le but était d'améliorer la qualité de l'information qui nous est fournie à l'interne et que nous pourrions utiliser comme nous l'entendions, quelle que soit la crédibilité qu'elle pourrait avoir auprès du public, mais on dirait bien que c'est ainsi que l'information devait être fournie et qu'elle devait être utilisée.
En bref, je vous invite à me faire part de vos observations.
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Croyez-vous vraiment, Ken, qu'il y a des gens, à part les juges, qui sont indépendants? J'ai étudié l'économique au début des années 1960. Mes professeurs d'économique ont continué jusqu'à leur mort de mettre de l'avant leurs propres interprétations des chiffres, des prévisions et des budgets.
L'information pure et indépendante, cela n'existe pas, tout comme il n'existe rien de tel qu'une interprétation pure de l'histoire. Il y a toujours un parti pris. Maintenant, certains peuvent être mieux que d'autres, certains sont plus équilibrés que d'autres, mais je crois que vous commettez une grave erreur si vous présupposez que vous, à titre d'acteurs dans ce débat, êtes l'acteur légitime. Je ne crois pas qu'il y ait d'autres acteurs.
Pour commenter ce que disait l'ancien assistant de Walter McLean au sujet d'autres choses, pour répondre à votre question, à l'instar de Mme Guiral, je dirais que quand j'ai commencé à m'intéresser à ce dossier, c'était un fait accompli: la loi avait été adoptée. Mais si vous voulez vraiment alimenter le débat à l'extérieur de cette enceinte de manière utile, retournez à l'expérience du Conseil économique du Canada. C'était un groupe de réflexion qui avait été créé avec l'argent du gouvernement. Ses membres ont eux-mêmes amassé des fonds, mais le conseil a été créé par le gouvernement et il a fourni des conseils soi-disant plus indépendants.
C'est également devenu tendancieux, mais c'était différent de ce qui sortait des ministères gouvernementaux. Le groupe a malheureusement été supprimé dans l'un des budgets de M. Mazankowski, pour des raisons valables, je le suppose. Je ne veux pas revenir là-dessus. Le Conseil économique du Canada était censé fournir de manière indépendante des prévisions, des politiques budgétaires, etc., mais il se situait clairement en marge de notre institution. Il recevait de l'argent du gouvernement, mais aussi de l'argent provenant d'ailleurs.
Je ne crois pas qu'il existe une telle chose qu'une analyse purement indépendante de tout cela.
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Merci beaucoup pour vos exposés et pour votre présence ici.
Je ne crois pas que la question soit de savoir si quelqu'un a commis ou non un outrage, comme je ne cesse d'entendre M. Boyer le dire. C'est plutôt que nous essayons vraiment de comprendre comment il se fait que...
Nous savons pourquoi le poste de DPB a été créé au départ. On voulait des rapports indépendants. Je pense qu'aucun d'entre vous ne va nier d'une manière ou d'une autre que l'information fournie par M. Page a été avantageuse. Elle l'a certainement été, à mon avis. Je suis certaine que d'autres conviendront que la teneur de ses rapports a certainement été bénéfique.
D'après ce que je comprends, il existe manifestement un besoin d'un DPB indépendant, parce que cette discussion a eu lieu au moment où le poste a été créé. Je retiens de vos observations que le différend porte sur la question de savoir s'il devrait rendre publique l'information qu'il fournit.
Essentiellement, durant la consultation menée auprès des intervenants, les parlementaires et autres experts consultés ont recommandé un modèle de fonctionnement ouvert et transparent pour le DPB, en conformité des lignes directrices émises par l'OCDE pour les assemblées législatives des pays membres.
Il m'a fallu poser la question pour savoir si, oui ou non, le DPB actuellement en poste publie effectivement l'information. Je crois savoir que c'est le cas, que le directeur parlementaire du budget publie tout cela sur son site Web.
J'essaie seulement de comprendre si vous êtes en désaccord avec cela. Cela se fait; la question n'est pas là. Il publie effectivement l'information.
Contrairement à ce que M. Breau a dit, à savoir qu'il n'est pas vraiment indépendant, qu'il ne peut pas nous donner un rapport indépendant, je pense qu'il fournit effectivement un rapport indépendant.
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En fait, je faisais cette observation dans le sens que, d'après mon expérience — je suis maintenant dans les affaires et cela est vrai même pour les projections des gens d'affaires — il y a toujours un élément de parti pris, en un sens. On utilise de l'information prétendument indépendante parce qu'elle est du domaine public.
Pour répondre à votre question, nous n'avons jamais discuté de la question de savoir si le poste devrait s'inspirer du CBO à Washington. Quand nous avons amorcé nos discussions là-dessus, il était déjà établi dans la loi que le poste serait rattaché à la Bibliothèque du Parlement. Nous avons essayé de voir comment nous pourrions aménager cela.
Nos conseils devaient porter sur la manière dont nous pourrions renforcer le soutien offert par la Bibliothèque du Parlement, parce que c'est ce que l'on disait dans la loi. Si vous me demandez s'il devrait y avoir un CBO au Canada, je vous répondrais non. Je ne crois pas que vous ayez besoin de cela.
Vous pourriez vouloir encourager la création d'un organisme comme l'ancien Conseil économique du Canada, mais je ne crois pas qu'un CBO puisse fonctionner dans un système parlementaire. Telle est mon analyse. Je ne crois pas que ce soit possible. Le Congrès à Washington est très différent de la Chambre des communes et du Sénat. C'est complètement différent. Je ne veux pas me lancer là-dedans. Le Congrès a sa propre histoire. Ses membres sont élus dans un cadre différent du vôtre et je ne crois pas que cela pourrait marcher chez nous.
Nous avons essayé de prendre cette idée qui était dans le programme du Parti conservateur et qui a été intégrée dans la Loi fédérale sur la responsabilité et de la concilier avec le fait que le poste relevait de la Bibliothèque du Parlement. Voilà ce que nous avons tenté de faire. C'est évidemment très complexe.
Si vous me demandez ce que vous devriez faire à ce sujet, comme monsieur me l'a demandé tout à l'heure, je crois qu'il pourrait être utile, si telle est vraiment l'intention du comité — on ne sait jamais dans un cadre partisan, et il n'y a rien de mal à cela — si l'objectif est vraiment de voir comment vous pourriez à long terme remédier à cette situation, si telle est l'intention de tous les partis représentés ici et si vous vous concertez et rédigez une lettre et un rapport et donnez votre interprétation de la loi, précisez comment vous envisagez la nomination, quelle interprétation vous donnez à ce qui a été dit auparavant, et si vous publiez cette lettre et la lui remettez...
Que cela lui plaise ou non, il me semble que l'autorité morale, le pouvoir de persuasion que vous injecteriez dans ce débat aiderait à définir son rôle. À moins que vous ne vouliez changer la loi, je ne crois pas que ce soit votre rôle de redéfinir ce qui était au départ l'intention du gouvernement.
Sur la manière de régler le problème, je fais la suggestion suivante aux membres du comité: pour régler le problème, il faut remplacer M. Kevin Page à titre de directeur parlementaire du budget et voir à faire nommer à sa place quelqu'un qui comprend quelle était l'intention du Parlement quand il a adopté la disposition de la Loi sur la responsabilité qui créait son poste, quelqu'un qui comprend ce qui est énoncé expressément dans la description de travail, cette même description de travail à laquelle M. Kevin Page a volontairement souscrit quand il a assumé son poste, avant qu'il ne décide de tout reconstituer à sa propre manière.
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, si, dans n'importe quelle autre organisation, que ce soit une société par actions, un syndicat, une entité religieuse, quelqu'un avait été embauché pour occuper un certain poste et assumer une fonction précise établie clairement par une définition et une description de travail, et si cette personne adoptait un comportement aberrant au point de miner son rôle, de le redéfinir et d'ébranler l'organisation dans son ensemble, on ne réfléchirait même pas 10 minutes avant de conclure qu'il faut congédier cette personne.
Je tiens à le dire très clairement: ce n'est pas à la légère que j'affirme qu'il y a outrage au Parlement. Pour répondre aux deux questions posées tout à l'heure par Carol Hughes, je ne remets nullement en question la teneur de ces rapports. La question n'est pas là. La question porte sur l'utilisation de l'information par les parties qui sont censées en bénéficier, nommément les sénateurs et les députés.
Vous avez dit avoir entendu ce mot « outrage ». Qu'est-ce qu'un outrage au Parlement? C'est une affaire grave. C'est une raison suffisante pour qu'un fonctionnaire de la Bibliothèque du Parlement soit démis de ses fonctions. Je songe à la publication de rapports qui, en application de la loi et de la procédure, devraient plutôt être remis aux parlementaires, lesquels décideraient ensuite de la manière dont ils veulent utiliser ces rapports.
Un autre exemple d'outrage est le fait d'avoir stipulé au Parlement la manière dont il fournirait l'information — par exemple, qu'il comparaîtrait seulement devant les comités parlementaires à titre de témoin, et non pas de fonctionnaire de la Bibliothèque du Parlement qui se conforme aux instructions du Parlement quant à la manière et la tribune que les parlementaires eux-mêmes jugent les plus appropriées pour recevoir cette analyse indépendante.
Un troisième exemple est le fait d'avoir rendu public un rapport sur le coût de la mission en Afghanistan au moment où il n'existait aucun parlement, puisque l'on était en train d'en élire un. C'était un outrage puisque cela contrevenait aux protocoles et pratiques de la démocratie parlementaire canadienne que même les fonctionnaires du Parlement, a fortiori les fonctionnaires de la Bibliothèque du Parlement, respectent.
Un autre exemple est...
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Je ne voudrais pas prolonger le débat; je sais que les sénateurs doivent partir à 13 h 30.
Bienvenue et merci d'être là. Je vous écoute, et vous avez raison, mais quand je laisse parler mon coeur, je trouve que vous avez tort, car j'aime ce que fait le directeur parlementaire du budget, j'aime ses sorties publiques, j'aime les comptes rendus qu'il nous donne. Je trouve que c'est bon pour la population, pour les parlementaires et pour les sénateurs. J'aime ce qu'il fait.
Vous me dites qu'il devrait se reporter au directeur de la Bibliothèque du Parlement. En effet, c'est écrit dans son mandat, sauf que c'est écrit aussi qu'il devrait travailler dans le cadre de la tradition établie de la bibliothèque. La tradition a beaucoup d'importance ici, j'en conviens, mais il ne faudrait pas non plus en venir à servir la tradition. Il faut servir la population.
Ma solution n'est pas de faire taire M. Page ou de l'empêcher de continuer à faire son travail, que je trouve bien. On doit pouvoir lui permettre de le faire sans qu'il y ait d'anicroche avec la bibliothèque. Et s'il faut qu'il sorte de la bibliothèque, qu'on lui donne un poste à l'extérieur de la bibliothèque. Ainsi, il n'y aura plus de conflits entre le directeur de la bibliothèque et lui. Autrement, il ne deviendra qu'un recherchiste de plus à la bibliothèque. Est-ce bien cela, le poste de directeur: un recherchiste de plus au service de la Bibliothèque du Parlement et, indirectement, au service des parlementaires?
Moi, je veux quelqu'un qui parle, qui fait des recherches, qui émet des opinions et qui permet à la population et aux parlementaires de s'en forger une également.
:
Merci, monsieur le président.
[Traduction]
C'est une situation très complexe que nous avons devant nous, messieurs dames. Essentiellement, les présidents des deux chambres nous ont demandé de donner notre opinion ou des conseils sur la situation actuelle. Je pense que l'on convient maintenant généralement qu'il y a un conflit ou, comme M. Darling l'a décrit à notre dernière réunion, une absence de dialogue, c'est le moins que l'on puisse dire. Mais c'est plus que cela.
[Français]
La loi n'est pas tout à fait claire. L'article 79.2 de la loi donne à cet individu le pouvoir et le mandat d'entreprendre des études et de les fournir au Parlement, mais ne précise pas comment. Dans le profil de responsabilité, encore une fois, on l'incite à faire preuve de leadership et d'initiative.
A-t-il fait preuve d'initiative et de leadership? Dans certains cas, je crois qu'on peut dire oui. Certains peuvent-ils interpréter cela comme un affront au Parlement? Peut-être. Même si les partis de l'opposition en bénéficient, je trouve inapproprié qu'un agent de la Bibliothèque du Parlement ou qu'un agent du Parlement fasse des sorties pendant une campagne électorale, tout comme c'est inapproprié que la GRC le fasse, comme je l'ai dit la dernière fois. Il faut vraiment faire la part des choses.
[Traduction]
Le mandat comprend trois autres éléments, aux alinéas 79.1b), c) et d). À cet égard, le comportement m'apparaît problématique parce que la demande émane d'un comité ou bien d'un sénateur ou d'un député, et l'on s'attendrait à ce que les renseignements demandés soient fournis à ceux qui en ont fait la demande, s'il s'agit d'un comité à huis clos, pour que l'on puisse discuter de ce que l'on veut faire de cette information, dans la ligne des discussions que nous avons avant de présenter un rapport. Je ne m'attendrais pas à ce que cela soit affiché sur un site Web, mais c'est pourtant ce qui a été fait. Il y a donc des difficultés.
En toute justice, nous devrons entendre également M. Page et j'espère que cette audition aura lieu bientôt.
[Français]
Je vous remercie tous d'être ici. Quant à vous, monsieur Breau, je vous donne raison. Il faut trouver une solution et faire attention de ne pas amplifier un problème. Le Parlement s'est doté d'une série d'agents, qu'on retrouve maintenant au nombre de sept ou huit. J'envisageais, tout à l'heure, de possibles luttes entre agents parlementaires.
[Traduction]
Si nous faisons du DPB un fonctionnaire indépendant du Parlement, pourrions-nous envisager un jour d'avoir une confrontation entre le vérificateur général et le directeur du budget qui s'affronteraient comme King Kong et Godzilla sur le mode parlementaire? Nous devons faire attention à ce que nous voulons, parce que nous pourrions l'obtenir. Je conviens avec M. Breau que nous pourrions avec le temps amoindrir le rôle des parlementaires. Nous devrions aussi tenir compte de cette considération dans nos délibérations.
Le budget total du Parlement — le Sénat, la Chambre des communes et la Bibliothèque — représente environ un demi d'un pour cent du budget total de la nation. Pourtant, c'est notre rôle de légiférer et de superviser tout cela. Nous devrions peut-être donc réfléchir aux ressources qui sont à la disposition des parlementaires, des sénateurs ou des députés, dans leur rôle à titre de... Oui, nous aurons entre nous des confrontations partisanes. C'est ainsi que cela fonctionne. C'est ce que nous préconisons aux pays qui s'efforcent d'établir chez eux un régime démocratique.
J'essaie seulement de déterminer quelle devrait être notre prochaine étape. Je dis que nous devons faire très attention à la solution que nous allons préconiser. Nous devons éviter d'amplifier des problèmes ou des tendances qui ne sont pas nécessairement dans le meilleur intérêt de la démocratie.
Je n'ai pas de questions en particulier.
[Français]
Je suis très reconnaissant à votre égard, madame Dalphond-Guiral, monsieur Boyer, monsieur Adams, avec qui j'ai eu le plaisir de siéger, monsieur Rowland et monsieur Breau. Je vous remercie d'être allés voter avant de...
Des voix: Ah, ah!
L'hon. Mauril Bélanger: Je vous remercie d'être présents et de continuer à vous intéresser au processus parlementaire. C'est à la base même de notre société.
Bien que j'aie enseigné à l'université et donné des cours sur les institutions démocratiques comparées, je suis de plus en plus d'avis que l'étude des autres pays ne nous aide pas vraiment à concevoir des structures et des procédures qui répondent le mieux aux besoins canadiens et aux aspirations des Canadiens.
Robin Sears, qui est un membre très connu du Nouveau Parti démocratique, a été conférencier avec moi-même et d'autres juste avant la reprise des travaux du Parlement, à la suite de sa renversante fermeture. Robin, qui a beaucoup travaillé sur la scène internationale et a pris la parole justement sur les questions que vous abordez, a fait observer que la situation du Canada est sui generis, expression latine qui veut dire « qui n'appartient qu'à lui ».
Comme l'ancien premier ministre de l'Ontario John Robarts l'a déjà dit, nous devons trouver des solutions faites en Ontario pour les problèmes faits en Ontario. Si l'on généralise à l'échelle nationale, je suis vraiment convaincu que nous devons trouver une solution faite au Canada aux problèmes qui se posent à notre pays en ce XXIe siècle, à savoir qu'il nous faut un parlement national pertinent, efficace, en phase avec la manière dont notre pays fonctionne dorénavant, et nous devons donc nous débarrasser de certains aspects de notre institution qui sont des vestiges et qui ne sont plus adaptés à une société canadienne moderne et pluraliste, mais en veillant par-dessus tout à ce que les parlementaires conservent leur rôle vieux de 700 ans. Ce rôle est de scruter les activités du gouvernement, d'approuver par un vote tout impôt qui doit être perçu, d'approuver tous les débours de fonds et de superviser et contrôler toutes les dépenses pour s'assurer que l'argent des contribuables est dépensé à bon escient et précisément pour les programmes que le gouvernement a annoncés.
Nous sommes les mieux placés pour faire cela ici, en conformité de nos propres traditions politiques canadiennes, et nous ne devrions pas aller emprunter ailleurs des systèmes qui sont intéressants, mais qui ne sont pas vraiment les nôtres.
C'est pourquoi j'avais commencé à décrire les trois tendances qui ont abouti à la création du poste de directeur parlementaire du budget; celles-ci sont intrinsèques à la vie publique canadienne. C'est pourquoi il nous incombe à nous tous — vous qui siégez maintenant au Parlement et à qui les présidents des deux chambres ont confié le mandat d'examiner cette question, et nous qui sommes de simples citoyens et nous soucions profondément du fonctionnement de notre pays et tenons à ce que le Parlement national soit pertinent — de prendre en main ce dossier et de le résoudre d'une manière qui serve vraiment les gens et reconnaisse que ce qui est en cause dans cette affaire, ce sont nos institutions et les principes du gouvernement responsable qui transcendent la carrière et l'agenda des personnes qui se trouvent à occuper temporairement la scène politique.
:
Je n'aime pas dévoiler le contenu de discussions privées, mais d'après ce que j'ai compris, M. Page connaissait exactement les risques. Je me rappelle lui avoir donné mon avis, en privé, relativement à une intervention publique. Je lui ai rappelé la différence entre aider un député comme vous et intervenir publiquement. Il connaissait cette différence, et je pense qu'il la connaît maintenant.
Monsieur le président, voici ce que je vous répondrais si vous me demandiez quel mécanisme je privilégierais ou quels efforts je déploierais si la loi actuelle était différente. D'ailleurs, je crois que quelqu'un a mentionné un peu plus tôt ce qu'on ferait. À mon avis, la façon d'améliorer le débat, autrement qu'en le faisant vous-mêmes, n'est pas d'avoir des agents ou de supposés agents dotés d'un mandat au sein de la Bibliothèque du Parlement ou ailleurs.
Il suffit de penser à la pertinence du Conseil économique du Canada, qui a existé pendant 15 ans. C'était une boîte d'économistes, de sociologues et de spécialistes en politiques sociales, indépendante du gouvernement et du Parlement, à laquelle on attribuait un montant d'argent. Le conseil devait aussi amasser de l'argent ailleurs. Son rôle était de scruter tout ce qui sortait du gouvernement, des fonctionnaires, des ministres, des députés, et de publier le tout. Tel était le rôle de ce conseil, qui ne relevait pas du Parlement ni de la Bibliothèque du Parlement.
Maintenant, vous devriez essayer d'améliorer ce que vous avez. Mais si vous voulez faire autre chose, d'après moi, tout ce qu'il y a à faire, c'est aider des organisations de quelque sorte.
[Traduction]
Vous pourriez vous réunir une ou deux fois par année. Les parlementaires pourraient s'en charger. Vous n'avez pas besoin des pouvoirs du gouvernement. Vous pourriez convoquer des économistes, des sociologues et autres experts deux fois par année; ils seraient invités à venir ici, tous frais payés, pour discuter avec vous pendant deux ou trois jours au sujet des prévisions budgétaires et de la situation générale dans notre pays. Vous pourriez faire cela dès maintenant. Vous n'avez pas besoin que le gouvernement le fasse à votre place.
Mais si vous voulez changer quoi que ce soit dans le cadre du débat, c'est ce que vous devez faire. Autrement, tout ce qui se fait ici doit viser à vous épauler dans votre tâche; vous n'avez pas besoin que quelqu'un intervienne dans les médias ou dans le débat politique en dehors de cette institution.