LANG Rapport du Comité
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ANNEXE C
Mise en place dun
RÉGIME DAPPLICATION
APPROPRIÉ
de la Loi sur les langues officielles
à
LA SOCIÉTÉ AIR CANADA
Nous constatons quAir Canada napplique pas correctement la Loi sur les langues officielles (LLO). La Société a souvent été à la tête du palmarès des plaintes de nature linguistique au cours des trente dernières années. En plus davoir mené plusieurs enquêtes sur des manquements liés au service au public, à la langue de travail et à la participation équitable, le Commissaire aux langues officielles a dû déposer contre Air Canada un premier recours judiciaire en 1990 sur lapplication de larticle 30 de la LLO (communications dans les médias). Il dénonçait aussi à cette époque la non-collaboration de la Société dans le cadre de linstruction des plaintes.
En 1996, deux recours judiciaires étaient initiés par le Commissaire devant la Cour fédérale en raison de labsence de services en français au sol, de la part dAir Canada, aux aéroports de Pearson (Toronto) et dHalifax. En 1997, une demande de Renvoi a aussi été déposée afin dobtenir des précisions sur la question de lapplication de la Loi sur les langues officielles aux transporteurs régionaux. Par ailleurs, un autre recours judiciaire avait préalablement été déposé afin dobtenir un jugement sur un cas précis de plainte portant sur labsence de services en français sur un trajet dAir Ontario. Ce dernier avait toutefois été suspendu dans lattente dune décision de la cour dans le cadre du Renvoi.
À ce jour, le premier recours concernant larticle 30 a fait lobjet dun règlement hors cours; la demande de Renvoi et le recours portant sur les services en vol dAir Ontario ont fait lobjet dun désistement suite à lentrée en vigueur du projet de loi C-26; et les deux recours concernant les aéroports concernant Pearson et Halifax sont encore pendants.
Considérant cette feuille de route, la conjoncture actuelle et les défis à venir, le régime dapplication de la Loi sur les langues officielles, dont sest doté Air Canada, a
[1]
Ce document a
été transmis, en juin 2000, à la présidente du Comité sénatorial sur les Transports,
lhonorable Lise Bacon, dans le cadre du processus législatif entourant
ladoption du projet de loi C-26 modifiant quelques lois, notamment la Loi sur la
participation publique au capital dAir Canada. Les paragraphes introductifs du
présent document ont été modifiés, en février 2001, afin de tenir compte de
lentrée en vigueur du projet de loi C-26 et des récents développements dans les
différents recours judiciaires déposés par le Commissaire aux langues officielles
depuis 1996.
sérieusement besoin dêtre mis à jour, renforcé et mieux géré. En voici les principaux paramètres :
1. Engagement et leadership de la direction
Ladministrateur de la Société doit s+engager fermement à promouvoir lapplication de la Loi sur les langues officielles au sein de son entreprise. Il doit voir à ce que cet engagement se prolonge à tous les paliers de son administration. Air Canada doit donc marier les objectifs de la LLO aux siens, les traduire concrètement dans ses opérations quotidiennes et les faire connaître à tous ses employés ainsi quau grand public. Son engagement à réaliser les objectifs de la LLO et sa fierté à légard du statut des deux langues officielles du Canada ne doivent laisser aucun doute dans lesprit de ses employés et du public voyageur canadien.
2. Stratégie de mise en oeuvre
Afin daméliorer son rendement linguistique, la Société doit élaborer un plan daction définissant une série dobjectifs opérationnels précis tenant compte des recommandations de la Commissaire aux langues officielles et précisant les moyens appropriés pour les atteindre en y affectant, le cas échéant, les ressources humaines et financières requises.
Les priorités
Pour ce qui est du service au public, la Société devra sassurer doffrir activement des services dégale qualité à sa clientèle et au grand public, en français et en anglais, sur tous les vols à demande importante ainsi quau sol, dans les aéroports, à ses billetteries et dans ses communications. Ce régime doit aussi sappliquer aux filiales visées.
En ce qui a trait à la langue de travail, la haute direction d'Air Canada devra établir un environnement propice à l'utilisation des deux langues officielles dans les régions désignées bilingues, à cette fin, au sein de sa nouvelle corporation.
Afin de respecter lengagement du gouvernement à favoriser la participation des francophones et des anglophones au sein des institutions assujetties à la LLO, la Société devra prendre une série de mesures. Entre autres, elle devra mettre sur pied un meilleur système de cueillette de données de la première langue officielle de ses employés et en faire rapport, comme il se doit, au Secrétariat du Conseil du Trésor. Elle devra aussi identifier les secteurs demploi déficients à légard de la Partie VI de la LLO et fixer des objectifs précis de recrutement assortis de mesures efficaces afin de les atteindre.
Dans le cadre de ses activités, Air Canada devra également reconnaître sa responsabilité à lendroit de la Partie VII de la Loi sur les langues officielles, qui porte sur lengagement du gouvernement à promouvoir légalité de statut et dusage du français et de langlais dans la société et à favoriser le développement des communautés minoritaires de langue officielle, à consulter ces communautés quant à leurs besoins et à prévoir des mesures concrètes à cet égard.
3. Systèmes de gestion et de vérification du rendement
Air Canada doit mettre sur pied des systèmes de saisie des données, de vérification du rendement et de gestion capables d'assurer une mise en oeuvre complète de la LLO.
4. Cadre de responsabilisation et de la reddition des comptes
Air Canada doit veiller à répartir convenablement les responsabilités entre le personnel de la direction, de la gestion et des opérations à tous les niveaux concernés. Elle doit aussi mettre en place des mécanismes assurant qu'on rende compte de la progression de la mise en oeuvre de la LLO et des résultats obtenus, et présenter chaque année un rapport circonstancié au Ministre des Transports, au Conseil du Trésor et à la Commissaire aux langues officielles.
La mise en place dun tel régime dapplication pourrait entraîner, au sein de la nouvelle Air Canada, un changement dattitude et lui permettre de sacquitter désormais de ses obligations linguistiques de façon proactive. La dualité linguistique doit occuper une place importante dans sa culture organisationnelle. Cela apparaît dautant plus nécessaire quen intégrant leffectif de Canadien International, Air Canada se doit de relever le défi du plein respect de la Loi sur les langues officielles avec un effectif comportant une capacité bilingue proportionnellement plus faible et une proportion moins importante de francophones.
Il va sans dire que lObservateur indépendant que nommera le Ministre devra suivre de très prés la mise en place par Air Canada et ses filiales de ce régime dapplication de la LLO et sassurer durant la période de transition du plein respect de la LLO. Cette fonction est dautant plus importante que, dans léventualité où la nouvelle Air Canada ne réussit pas à respecter la LLO, il incombera au Ministre de proposer les mesures législatives et réglementaires qui simpose pour remédier efficacement à la situation.