Du 17 au 26 février 2012,
une délégation de la Section canadienne de l’Association parlementaire du
Commonwealth (APC) s’est rendue en Inde. Dirigée par le député M.
Russ Hiebert, président de la Section, la délégation se composait des honorables
Nancy Ruth, sénatrice et Terry Mercer, sénateur et des députés M.
Larry Miller, M. Merv Tweed, M. Chris Charlton, et M. Peter
Stoffer, accompagnés de Mme Elizabeth Kingston, secrétaire exécutive de la
Section fédérale.
Conformément à ses
statuts, l’APC favorise les visites entre les États membres, dans l’objectif de
donner aux parlementaires l’occasion de discuter entre eux de questions
d’intérêt commun en matière de relations bilatérales et de questions internes
de l’organisation internationale qu’est le Commonwealth. La visite en Inde se
distinguait des autres visites bilatérales organisées par l’APC en ce sens
qu’elle était entièrement axée sur le commerce. S’appuyant sur la déclaration
commune des premiers ministres Singh et Harper de juin 2012, la visite a
permis de souligner qu’il est essentiel de resserrer les liens qui unissent les
deux pays en matière d’économie, de diplomatie, d’éducation, de science et de
culture afin de favoriser un partenariat plus efficace et avantageux. Compte
tenu du fait que le Canada et l’Inde cherchent à conclure un accord de
partenariat économique (APE), la visite avait pour principal objectif de
renforcer l’engagement commun des deux premiers ministres à tripler le commerce
et les investissements bilatéraux annuels pour qu’ils atteignent les
15 milliards de dollars d’ici 2015.
L’Inde, une union
d’États, est une république souveraine, laïque et démocratique fonctionnant
selon un régime parlementaire. La politique indienne est encadrée par la
Constitution, adoptée par l’Assemblée constituante
le 26 novembre 1949 et entrée en vigueur
le 26 novembre 1950.
Selon la
Constitution, le président est la tête dirigeante du pouvoir exécutif de
l’Union. Le réel pouvoir exécutif repose toutefois entre les mains du conseil
des ministres, lui-même dirigé par le premier ministre : le
paragraphe 74(1) de la Constitution prévoit la création d’un conseil
des ministres dirigé par un premier ministre et responsable d’aider et de
conseiller le président, qui, dans le cadre de ses fonctions, agit en
conformité avec les conseils qui lui sont prodigués. Le conseil des ministres
est collectivement responsable de la Lok Sabha, la Chambre du Peuple.
Dans les États, le
gouverneur, à titre de représentant du président, est le chef du pouvoir exécutif,
mais le réel pouvoir est détenu par le ministre en chef, qui dirige le conseil
des ministres. Les membres du conseil des ministres d’un État sont
collectivement responsables de l’Assemblée législative élue de l’État.
La Constitution
définit la répartition des pouvoirs législatifs entre le Parlement et les
assemblées législatives des États, et prévoit que les compétences non
attribuées relèveront du Parlement fédéral. Le Parlement a compétence exclusive
pour modifier la Constitution.
Le pouvoir exécutif
de l’Union se compose du président, du vice-président et du conseil des
ministres, responsable, sous la direction du premier ministre, d’aider et de
conseiller le président.
La Rajya Sabha, la
Chambre haute, compte 245 membres; 233 d’entre eux représentent les
États et les territoires de l’Union, et les 12 autres sont nommés par le
président. Les membres de la Rajya Sabha sont élus indirectement par les
députés de l’assemblée législative de l’État qu’ils représentent. La Rajya
Sabha ne peut être dissoute et elle doit renouveler le tiers de sa composition
tous les deux ans.
La Lok Sabha, la Chambre basse, est composée de représentants
de la population élus par scrutin direct fondé sur le suffrage universel. Elle
compte 545 députés, dont deux sont nommés par le président afin de
représenter la collectivité anglo-indienne. À moins de circonstances spéciales,
le mandat des députés est d’une durée de cinq ans.
Le régime politique
des États est semblable à celui de l’Union. Le pays compte 25 États
et 7 territoires.
Les
dernières élections nationales ont eu lieu en avril et en mai 2009. La
coalition United Progressive Alliance (UPA), dirigée par le Congress Party, a
conservé le pouvoir. Le Bharatiya Janata Party (BJP) est demeuré le principal
parti de l’opposition, à la tête de la coalition National Democratic (NDA). Les
prochaines élections devraient être tenues en mai 2014.
Réunions à New Delhi
La délégation a pu
rencontrer des représentants de la Federation of Indian Chambers of Commerce
and Industry (FICCI, Fédération des chambres de commerce et de l’industrie
indienne), plus particulièrement Peter Hassan, éminent conseiller de la
FICCI en matière de stratégie et de planification. Créée en 1927, la FICCI
est considérée comme l’une des plus grandes et des plus vieilles associations
d’affaires de l’Inde. La Fédération joue un rôle prédominant dans les débats
qui déterminent l’orientation des changements sociaux, économiques et
politiques du pays. Son histoire est intimement liée à la lutte de l’Inde pour
son indépendance, à l’industrialisation du pays et à l’émergence de l’Inde
comme l’une des économies en plus forte croissance dans le monde. Ses membres
proviennent du secteur des entreprises, tant privées que publiques. La
Fédération est un forum permettant aux intervenants d’un même secteur d’établir
des consensus et de faire du réseautage, et elle est le principal intermédiaire
entre les industries indiennes et la communauté d’affaires internationale. De
par lesses activités, la Fédération est un acteur important dans l’orientation
et la mise en œuvre de politiques et assure un leadership éclairé pour tous les
secteurs de l’industrie indienne. Sa mission est la suivante :
Entreprendre des
initiatives qui favorisent la croissance rapide, inclusive et durable dans les
domaines de la santé, de l’éducation, de l’emploi, de la gouvernance et du
développement des compétences.
Améliorer l’efficience et
la compétitivité internationale de l’industrie indienne et favoriser les
possibilités d’affaires dans les marchés tant nationaux qu’internationaux à
l’aide d’une gamme de services spécialisés et de réseaux mondiaux.
Au cours de sa visite à
New Delhi, les membres de la délégation ont visité le cimetière militaire de
Delhi. Créé en 1951, ce cimetière comprend de nombreuses tombes qui ont été
déplacées du Nord de l’Inde pour en assurer la conservation. Aujourd’hui, on
trouve dans le cimetière des tombes et des cénotaphes honorant 1 022
soldats du Commonwealth morts pendant la Deuxième Guerre mondiale ainsi que des
soldats d’autres nationalités, des Néerlandais pour la plupart.
En outre, la délégation a
visité avec intérêt le bureau régional de l’Asie du Sud et de la Chine du
Centre de recherches pour le développement international (CRDI), dirigé par
Stephen McGurk. Depuis 1970, le CRDI a investi plus de 100 millions
de dollars en recherche en Inde pour appuyer le progrès dans les domaines de
l’agriculture, de la santé, de la réforme économique, de la gestion des
ressources naturelles, de la technologie de l’information et de la gouvernance.
L’Inde connaît une rapide croissance et détient par conséquent une plus grande
influence au sein de la communauté internationale, mais, à l’échelle nationale,
le fossé se creuse entre les personnes qui profitent du développement
économique et les 300 millions d’Indiens qui connaissent l‘extrême
pauvreté et la faim. Ce fossé cause des tensions qui menacent la stabilité même
du pays. Le CRDI participe au renouvellement de la structure institutionnelle
de l’Inde et à la création d’une nouvelle génération d’institutions afin
d’appuyer la croissance exceptionnelle du pays en établissant une vision à long
terme pour régler les problèmes auxquels est confronté le pays.
Essentiellement, il appuie le travail des personnes les mieux placées pour
venir en aide à ceux qui tentent de faire d’une démocratie fragmentée une
société meilleure.
La discussion avec le CRDI
a porté en majorité sur la disparition des filles en Inde, l’absence
apparente d’égalité entre les sexes et la nature de la préférence pour les fils
dans la société indienne. De nombreux observateurs ont dénoncé la pratique
illégale de l’avortement sélectif et l’inégalité entre les hommes et les femmes
en ce qui a trait aux soins de santé et à la nourriture. Le CRDI tente de
combattre la préférence pour des fils en augmentant la valeur économique des
femmes, notamment en améliorant les occasions d’emploi, l’éducation et les
initiatives de planification familiale. Bien que 15 % des femmes du monde
vivent en Inde, l’inégalité entre les sexes demeure l’un des problèmes les plus
persistants de ce pays : les femmes risquent davantage de souffrir de
malnutrition, de ne pas avoir accès à l’éducation et aux initiatives
d’autonomisation, et d’être victimes de violence.
Les discussions ont
également porté sur le fait que le Canada vende de l’amiante à l’Inde.
Plusieurs délégués ont fait valoir que, même s’il est prouvé que l’amiante
présente de graves risques pour la santé, le Canada continue d’exporter cette
matière en Inde et se sont questionnés sur la responsabilité sociale du Canada
à cet égard. Les participants à ces discussions ont aussi abordé les questions
de l’utilisation de la technologie pour améliorer la qualité de l’eau, assurer
la sécurité alimentaire, augmenter le taux de vaccination et faciliter l’accès
à l’économie du savoir grâce aux téléphones cellulaires et à Internet, plus
particulièrement dans les régions rurales de l’Inde.
Après ses réunions à New
Delhi, la délégation s’est rendue à Amritsar, au Panjab. À leur arrivée,
les membres de la délégation ont participé à une séance d’information détaillée
tenue par Scott Slessor, consul général à Chandigarh.
Réunions à Amritsar
La délégation s’est
ensuite rendue au Temple d’Or à Amritsar, au Panjab. Amritsar, nom qui a
désigné, au fil du temps, le lac de la région, le temple et, finalement, la
ville, signifie « lac de nectar divin ». Le temple, construit
en 1601, est le lieu le plus sacré de la religion sikhe. Son architecture
s’inspire des styles hindu et musulman et en marie superbement l’évolution. Ce
fut un honneur pour la délégation que de visiter ce lieu sacré des sikhs, plus
particulièrement parce qu’il y a au Canada une importante communauté sikhe
comptant près de 500 000 membres. La délégation a été accueillie par
M. Dalmegh Singh, secrétaire du Temple d’Or, et M. Gurbachan Singh,
agent d’information. Le chef de la délégation, M. Russ Hiebert leur a
indiqué qu’une des plus fortes concentrations de skihs au Canada se trouve dans
la ville de Surrey, une portion de laquelle il représente au Parlement. Il a
ajouté que la Chambre des communes du Canada compte 13 députés provenant
du Panjab.
Au cours de sa visite à
Amritsar, la délégation a rencontré des représentants de la Confederation of
Indian Industry (CII, Confédération des industries indiennes), organisme sans
but lucratif non gouvernemental dirigé par le secteur de l’industrie. La CII
collabore étroitement avec le gouvernement et les industries sur des questions
stratégiques afin d’améliorer l’efficience et la compétitivité et de multiplier
les occasions d’affaires pour les communautés d’affaires de l’Inde et du monde.
Elle offre des services spécialisés, fait partie de réseaux mondiaux et
constitue un forum permettant d’établir des consensus et de faire du
réseautage. Elle prend activement part au processus de développement de l’Inde.
Fondée il y a plus de 117 ans, la CII regroupe plus
de 7 000 petites et moyennes entreprises et sociétés
multinationales tant du secteur privé que public et rassemble indirectement
plus de 90 000 entreprises membres d’associations sectorielles
nationales et régionales. L’une de ses priorités consiste à projeter une image
positive du milieu des affaires et à aider l’industrie à élaborer et à offrir
des programmes de responsabilité sociale. Grâce à ses partenariats avec plus de
120 organismes non gouvernementaux de l’Inde, elle peut mettre sur pied
des initiatives concernant, entre autres, la santé, l’éducation, l’emploi, la
gestion de la diversité et le développement des compétences. La Confédération
est une référence pour l’industrie de l’Inde et la communauté des affaires
internationale.
La délégation a rencontré
des représentants de plusieurs secteurs, notamment ceux de l’immobilier, de
l’hôtellerie, de l’éducation, de la logistique, de l’énergie renouvelable et
des produits recyclés, comme les tissus et le papier.
M. Hiebert s’est
adressé au groupe en citant les engagements qu’ont pris les premiers ministres
Harper et Singh dans l’accord de partenariat économique global (APEG), qui vise
à faire passer le commerce bilatéral annuel de 2 milliards de dollars
à 15 milliards de dollars d’ici 2015 et à renforcer les relations
bilatérales entre les deux pays en misant sur les relations personnelles fortes
qui unissent les Canadiens et les Indiens et sur les valeurs communes de la
démocratie, de la tolérance, des droits de la personne, de la liberté de
religion et de la primauté du droit. M. Hiebert a indiqué que le Canada et
le Panjab entretiennent des relations depuis le XIXe siècle,
et que les activités économiques de cette communauté en particulier au Canada a
grandement appuyé l’économie canadienne, notamment grâce à la création de
nombreuses petites et moyennes entreprises et à ses effets positifs sur
l’ensemble de l’économie du Canada. Il y a de nombreuses occasions d’améliorer
les relations culturelles et commerciales déjà très solides entre les deux
pays. À cet égard, on a cerné deux secteurs : le secteur agricole, en
raison de la demande croissante en Inde pour les aliments et la sécurité
alimentaire, et le secteur du tourisme, en raison du tourisme déjà florissant
entre le Canada et le Panjab.
Réunions à Mumbai
Mumbai, capitale de l’État
de Maharashtra, est la ville la plus peuplée de l’Inde avec plus de 20,5
millions d’habitants. Reconnue pour sa diversité industrielle, rurale et
culturelle, la ville est également la plus prospère du pays et a le PIB le plus
élevé parmi toutes les villes de l’Asie du Sud, de l’Asie de l’Ouest et de
l’Asie centrale. Elle génère 5 % du PIB de l’Inde. Son taux de croissance
remarquable s’apparente à celui de la province de Guandong en Chine. Le taux de
croissance de l’Inde, qui se situait avant entre 8 % et 10 %, se
trouve maintenant autour de 7 %. Le taux de croissance de l’État de
Maharashtra, quant à lui, se situe entre 10 % et 12 %. Il y a
énormément d’échanges entre les riches et les pauvres, et 25 % de la
population a moins de 25 ans.
Le potentiel est immense
pour le commerce et les investissements canadiens dans la région. On estime
que, d’ici 2013, l’Inde sera la troisième superpuissance mondiale. La Chine
atteindra le maximum de sa capacité démographique d’ici 2015, mais l’Inde
ne l’atteindra que d’ici 2035. Cette dernière est déjà un excellent fournisseur
de services de technologie de l’information, et elle cherche maintenant à
développer son assise manufacturière.
Nicolas Lepage, consul
général par intérim, et les membres du personnel du consulat à Mumbai ont
offert à la délégation une séance d’information exhaustive avant la tenue d’une
série de rencontres avec des représentants de McKinsey and Company, de l’Indo-Canadian
Business Chamber, de la Reserve Bank of India et de Tata
Consultancy Services (TCS).
Selon le magazine Fortune,
McKinsey and Company est l’une des dix meilleures entreprises au monde au
service des leaders internationaux. Il s’agit d’une société d’experts-conseils
sur la gestion qui compte parmi sa clientèle les plus grands gouvernements,
entreprises et institutions du monde, tant dans les secteurs privé, public que
social.La société met à profit ses solides connaissances
sur les forces du marché et de l’industrie afin d’élaborer des perspectives
macroéconomiques à long terme et cherche à rassembler les penseurs les
plus influents pour débattre de questions d’envergure internationale. Les
études qu’elle produit sont publiées dans des revues comme le McKinsey Quarterly.
La présentation a porté sur l’émergence de l’Inde en tant
que puissance économique et sur la transition d’une économie fondée sur les
services, qui représentent maintenant 50 % du PIB, à une économie dominée
par l’industrie manufacturière, qui ne représente actuellement que 15 % de
l’économie. La démocratie de l’Inde est quelque peu cacophonique : il
existe plus de 600 journaux et 15 canaux de nouvelles en
continu. De 60 % à 70 % de la population vit en milieu rural et
les 30 à 40 % restant habitent en région urbaine. Plus de
300 millions d’Indiens vivent sous le seuil de la pauvreté, soit le tiers
de la population mondiale vivant dans la pauvreté.
La situation de l’Inde est telle que l’augmentation annuelle
prévue de 8 % du PIB entrainerait la création d’emplois pour les jeunes,
la croissance de la classe moyenne et, par conséquent, le développement de
l’économie de consommation du pays. Essentiellement, l’Inde représente le
meilleur marché dans le monde au chapitre de la consommation. Le défi réside
toutefois dans le fait que la structure de l’emploi en Inde diffère de celle
des économies de l’Asie de l’Est et du Sud-Est. Puisqu’au moins la moitié
des emplois en Inde sont liés à l’agriculture, il est essentiel pour la
croissance économique du pays que les agriculteurs aient une bonne situation
financière. Toute augmentation de l’habilitation économique s’accompagne de
l’enrichissement de la classe moyenne et d’une plus forte demande de
consommation.
Selon McKinsey, l’Inde peut s’attendre à une croissance
à long terme puisque les six éléments fondamentaux sont en place :
1)Croissance du PIB – La croissance économique se trouve à un point
d’inflexion. L’Inde sera la 4e économie du monde d’ici 2025. La
proportion des jeunes travailleurs continuera de croître jusqu’en 2035.
2)Augmentation de la
consommation –
Augmentation des dépenses de consommation en raison de l’augmentation des
salaires et des revenus disponibles, de la diminution du nombre d’incitatifs à
l’épargne et de la disponibilité du financement des achats des consommateurs.
Population majoritairement jeune : 70 % de la population a moins de
35 ans. Le pays devrait devenir le cinquième marché de consommation au monde
d’ici 2025.
3)Politiques
gouvernementales favorables – Rationalisation des impôts et des taxes, les
investissements directs étrangers (IDE) sont permis dans la plupart des
secteurs clés, stabilité des principaux paramètres macroéconomiques.
4)Croissance de
l’infrastructure – 800
milliards de dollars américains seront investis en infrastructure au cours des
5 prochaines années : routes, ports, aéroports, énergie,
communication, développement urbain et rural.
5)Secteur bancaire
stable – Malgré la crise
économique, le secteur bancaire de l’Inde est stable.
6)Émergence des
entreprises indiennes –
Plusieurs industries se sont radicalement transformées en peu de temps. Les entreprises indiennes et étrangères augmentent leurs
investissements.
La délégation a rencontré des représentants de
l’Indo-Canadian Business Chamber (ICBC, chambre de commerce indo‑canadienne),
le seul organisme bilatéral qui vise à encourager les relations économiques et
bilatérales entre le Canada et l’Inde. Fondé en 1994, cet organisme sans
but lucratif situé à Delhi joue un rôle important tant en Inde qu’au
Canada. Au fil des ans, l’ICBC a eu le privilège d’accueillir des représentants
provenant du Canada, comme des ministres du cabinet, des planificateurs, des
présidents d’entreprises multinationales, des recteurs et des délégations de
haut niveau. Ses membres proviennent d’un grand nombre de domaines, comme
l’éducation, l’énergie et l’environnement, l’infrastructure, l’agriculture et
l’agroalimentaire, et les services financiers. Elle a grandement appuyé le
resserrement des relations bilatérales et les possibilités d’affaires dans ces
secteurs.
Les membres de la
délégation ont été heureux de rencontrer Anand Singh, gouverneur adjoint
de la Reserve Bank of India, la banque centrale de l’Inde responsable d’établir
et de contrôler la politique monétaire du pays et d’assurer la stabilité des prix
et la circulation du crédit vers les secteurs les plus productifs de
l’économie. Elle a élaboré un programme en deux phases concernant la présence
de banques étrangères en Inde. Au cours de la première phrase (de 2005 à 2009),
elle a permis aux banques étrangères d’acquérir des intérêts dans certaines
banques privées indiennes qui avaient besoin de restructuration. Depuis le
début de la deuxième phase en avril 2009, les banques étrangères jouissent
d’une plus de liberté pour prendre le contrôle des banques privées dans
lesquelles elles ont investi.
Le système bancaire en
Inde est très stable, mais seulement 48 % de la population possède un
compte bancaire. En outre, 73 000 villages en Inde n’ont pas de banque.
Par conséquent, la Reserve Bank of India a mis sur pied un programme de
littératie en matière financière et a créé des postes d’agent de services
bancaires pouvant représenter les banques dans un rayon de 48 kilomètres
autour de ces villages. De nouveaux produits et services sont offerts, notamment
des comptes bancaires « sans fioritures », afin d’encourager les
ménages à ouvrir un compte bancaire, et l’on déploie des efforts pour
sensibiliser la population à l’importance de l’épargne et du crédit. À cet
égard, on a lancé un processus de féminisation du crédit puisqu’il a été prouvé
que le fait d’offrir du crédit aux femmes améliore la situation des ménages. À
l’heure actuelle, le revenu moyen des ménages en Inde est seulement de
1000 $. La dette des ménages est très peu élevée et le taux d’épargne moyen
correspond à 11 % des revenus totaux. En outre, la demande pour l’or aux
fins d’investissement est très élevée et continue d’augmenter. Le taux
d’épargne moyen est de 30 %.
Au
cours de son séjour à Mumbai, la délégation a également rencontré des représentants
du Tata Consultancy Service (TCS) Group. TCS a été le fer de lance de
l’expansion des TI en Inde et est parvenu à étendre ses opérations partout dans
le monde tout en continuant d’appuyer la transformation et d’établir des
partenariats pour assurer la prospérité. TCS existe depuis plus de 43 ans
et ses revenus en 2011 ont atteint 8,2 milliards de dollars américains. Il
emploie plus de 225 000 employés et est présent dans plus de 55 pays.
Il mène des activités avec succès dans de nombreux domaines, comme les banques,
les télécommunications, l’aérospatiale, les médias, l’industrie manufacturière,
l’industrie automobile, les sciences de la vie et les soins de santé, le
transport, l’énergie et les ressources, le gouvernement et les assurances. Au
Canada, TCS est situé à Toronto et à Peterborough, en Ontario. L’innovation est
une pierre angulaire de TCS, qui a établi un réseau de collaboration en matière
d’innovation afin de mobiliser l’ensemble de la communauté, des clients et
partenaires aux universitaires en passant par les nouvelles entreprises, pour
qu’ils puissent se rassembler et échanger des pratiques exemplaires, et
élaborer et mettre en œuvres des solutions d’affaires novatrices.
Avant de quitter Mumbai, la
délégation a visité Dharavi, l’un des plus grands bidonvilles d’Asie et du
monde. Parce que Dharavi est situé au cœur de Mumbai, son territoire de
2,5 km2 a une grande valeur immobilière. Le bidonville est un
exemple de l’avenir des nouvelles villes indiennes, mais aussi de celui des
espaces urbains du monde entier. On y trouve de nombreuses industries à petite
échelle qui produisent des vêtements brodés, des produits du cuir de qualité
internationale, de la poterie et des produits du plastique. La plupart de ces produits sont fabriqués dans de
minuscules usines situées çà et là dans le bidonville et sont vendus sur les
marchés nationaux et internationaux. On estime que les ventes de ces industries
s’élèvent à 650 millions de dollars par année. Le gouvernement de l’État
compte redévelopper Dharavi pour le transformer en quartier moderne où l’on
trouvera des ensembles résidentiels et commerciaux adéquats, des hôpitaux et
des écoles.
Réunions
à Chennai
La
délégation a eu l’occasion de visiter l’usine de Husky Injection Molding
Manufacturing, situé dans le parc industriel Mahindra World City à Chennai.
Mahindra World City est un écosystème d’affaires situé dans une zone économique
spéciale hors taxe, où les entreprises sont liées et intégrées afin d’assurer
l’efficience de leurs activités. Le parc industriel a été construit de manière
à créer un milieu holistique où affaire et vie sont intégrées. Puisqu’elle se
trouve à Chennai, en Inde, l’usine de Husky représente un nouvel investissement
dans le réseau mondial de l’entreprise. L’usine abrite les équipes de vente, de
service à la clientèle, de production manufacturière et d’approvisionnement. Le
parc industriel favorise également la croissance des activités de Husky en
matière de canaux chauffants dans la région puisque l’usine a accès à des
canaux et des moules produits ou remis à neuf par des entreprises locales, ce
qui permet de réduire les délais d’approvisionnement. À l’heure actuelle, Husky
emploie 79 personnes à Chennai, et le nombre d’employés devrait dépasser
la barre des 100 d’ici la fin 2012.
La région de Chennai offre
un grand potentiel de croissance et d’investissement et permet à Husky de mieux
répondre aux besoins des clients de la région et de ses futurs clients. On y
trouve un aéroport international de même qu’un port de mer, et la région est
située à proximité de clients comme Nokia et Dell.
Au cours de sa visite à
Chennai, la délégation a rencontré des représentants de la Confederation of
Indian Industry (CII), comme elle a pu le faire à Amritsar. Le député Russ
Hiebert, chef de la délégation, s’est adressé au groupe avant de répondre à des
questions. Comme il a été noté précédemment, l’objectif de la CII est de
collaborer étroitement avec le gouvernement et les industries en ce qui
concerne les questions de politique, l’amélioration de l’efficience et de la
compétitivité et la multiplication des possibilités d’affaires pour les
communautés d’affaires indiennes et étrangères. Cette fois, les représentants
de la CII provenaient des secteurs de l’automobile, de la technologie propre,
des sciences de la vie et de la technologie de l’information et des
communications.
Le message a
essentiellement porté sur l’énorme potentiel commercial entre le Canada et
l’Inde, notamment sur le fait que le Canada peut être une porte d’entrée pour
tous les marchés de l’Amérique du Nord. On a souligné l’accord de partenariat
économique et indiqué que le commerce entre le Canada et l’Inde devrait
atteindre les 15 milliards de dollars d’ici 2015. Il revient aux
industries d’un grand nombre de secteurs de tirer profit de ces occasions pour
assurer leur prospérité et augmenter leur productivité, plus particulièrement
au sein du Commonwealth, où les principes de la démocratie, des droits de
la personne et de la primauté du droit sont au cœur des constitutions de tous
les pays membres.
Les représentants de la CII ont souligné la création de Sri City,
une ville semblable au parc industriel Mahindra, qui est située à
55 kilomètres de Chennai et qui est conçue comme une ville d’affaires
intégrées de calibre mondial. Sri City possède toutes les caractéristiques
d’une ville de ce type, qu’il s’agisse de son infrastructure physique, de ses
installations à vocation sociale, éducative et récréative ou de son recours aux
sources d’énergie alternatives. Sri City a d’ailleurs pour objectif d’être une
ville neutre en carbone. La création de centres qui allient le nec plus ultra
de l’infrastructure et des avantages économiques est le facteur qui permet de
favoriser les meilleures possibilités d’affaires pour les entreprises internationales
en Inde.
En
conclusion, la délégation aimerait remercier le haut commissaire
Stewart Beck et le personnel dévoué du Haut-Commissariat du Canada
à New Delhi. Elle remercie également les consulats situés à
Chandigarh, à Mumbai et à Chennai, dirigés respectivement par Scott
Slessor, Nicolas Lepage et Shaun Wedick, pour leurs conseils
inestimables et leur aide dans l’organisation des réunions au cours de la
visite. Ces réunions ont permis de mieux comprendre l’environnement politique
et économique unique de l’Inde au moment où le pays s’apprête à surmonter les
défis qui en feront une puissance économique mondiale, et où son économie
délaisse le secteur des services au profit d’une forte croissance de l’assise
manufacturière.
Respectueusement soumis,
M. Russ Hiebert, député,
président
Section canadienne de
l’Association parlementaire du Commonwealth (APC)