Dans le prolongement du fructueux sommet
que l’OTAN a tenu à Lisbonne à la fin de l’année 2010, l’Alliance doit
maintenant s’atteler à une tâche cruciale : la transformation des
engagements politiques pris lors de ce sommet en actions tangibles et en
capacités véritables. Tel est l’un des principaux thèmes débattus au cours de
la visite qu’une délégation de la Commission de la défense et de la sécurité de
l’Assemblée parlementaire de l’OTAN a effectuée aux Etats-Unis
du 31 janvier au 4 février 2011.
La délégation se composait de 38
parlementaires de 20 pays membres de l’OTAN et était conduite par le président
de la Commission, Joseph A. Day (Canada).
Chaque année, la Commission se rend en
visite aux Etats-Unis à l’invitation de la Chambre des représentants. Au
programme de la visite de cette année figuraient des entretiens avec diverses
personnalités du Congrès des deux Chambres et de hauts responsables du
département d’Etat et du département de la Défense. La délégation a également
rencontré des spécialistes indépendants au Conseil pour les relations
extérieures. Enfin, elle s’est rendue à San Diego, en Californie, où elle a
inspecté divers équipements de la Marine des Etats-Unis, dont un destroyer
lance-missiles armé pour la défense antimissile et l’un des deux bâtiments de
combat en zone littorale (Littoral Combat Ship – LCS) existants,
bâtiments qui mettent en œuvre des technologies de pointe.
Les discussions se sont concentrées
essentiellement sur l’évolution de l’OTAN et l’opération d’une priorité absolue
que celle-ci mène en Afghanistan, la défense antimissiles, l’évolution rapide
de la situation en Egypte et en Afrique du Nord, les relations avec la Russie,
les dépenses de défense à une époque placée sous le signe de l’austérité, et
les incidences de la nouvelle configuration du système politique américain,
telle qu’elle résulte des élections législatives de novembre 2010.
L’OTAN APRES LISBONNE
Selon Alexander Vershbow, vice-secrétaire
à la Défense pour les affaires de sécurité internationale et représentant du
Pentagone, le Sommet de Lisbonne peut être considéré comme le coup d’envoi de
l’« OTAN 3.0 ». La première « version » de l’OTAN
avait pour mission d’assurer la défense contre le Pacte de Varsovie à l’époque
de la Guerre froide ; la deuxième se caractérisait par le processus
d’intégration d’anciens adversaires de cette époque ;
l’« OTAN 3.0 » se prépare à affronter les nouveaux défis
du XXIe siècle.
A cet égard, a dit l’intervenant, le
Sommet de Lisbonne a été couronné de succès si l’on songe aux décisions qui y
ont été arrêtées. Toutefois, il faut maintenant concrétiser ces
décisions ; les difficultés commencent seulement et seront encore
aggravées par la récession économique mondiale. Lorsque les Alliés mesureront
le chemin à parcourir avant le sommet de 2012, ils devront renoncer à 50
ans de pratiques commerciales inefficaces ; la crise économique a suscité
une dynamique propice à cela. La rationalisation des comités du siège de l’OTAN
et de la structure de commandement étaient des décisions difficiles à prendre,
mais il sera encore plus malaisé de choisir les endroits où il faudra
restructurer.
L’intervenant a préconisé, pour augmenter
l’efficacité des capacités, une mise en commun plus large des ressources
disponibles et une spécialisation accrue dans les « capacités de
niche », l’objectif étant de parvenir à des économies d’échelle. Il
convient de rendre le processus d’élaboration des plans de défense de
l’Alliance aussi coordonné et transparent que possible, de manière à s’assurer
qu’aucune décision prise isolément par un pays ne déséquilibre l’Organisation
dans son ensemble.
Le récent accord franco-britannique sur la
collaboration en matière de capacités pourrait servir de référence à d’autres
Alliés, selon Julianne Smith, directrice principale pour l’Europe et l’OTAN au
département de la Défense, qui a souligné que cette coopération – de même
que d’autres démarches, telles que les plans de transformation de
l’Allemagne – devait être coordonnée avec l’OTAN ; à cet égard, le
Commandement Allié Transformation (ACT) pourrait se révéler particulièrement
utile.
Pour l’intervenante, l’OTAN n’est
probablement pas le principal acteur de la lutte à long terme contre la
piraterie; elle ne dispose d’ailleurs pas des instruments institutionnels qui lui
permettrait de s’attaquer aux racines du problème, lesquelles sont sur la terre
ferme. Les Etats-Unis continuent à beaucoup apprécier les efforts déployés par
l’Union européenne dans ce domaine.
L’intervenante a estimé qu’il fallait
exploiter plus efficacement les enseignements tirés des précédentes opérations
et en tenir compte pour les opérations en cours et à venir. L’un de ces
enseignements est la nécessité d’intégrer activités civiles et militaires et de
faire de la reconstruction un pilier du prolongement de toute opération. Ainsi,
à quelques exceptions près, les pays manquent généralement de moyens civils
déployables. L’importance de mettre au point de tels moyens est l’une des
principales recommandations de l’Examen quadriennal de la diplomatie et du
développement (QDDR), qui a pour objectif de ne plus se satisfaire de capacités
civiles improvisées et sous-financées. L’intervenante a indiqué que les
Etats-Unis aimeraient voir l’Union européenne jouer un rôle accru dans les
activités de reconstruction.
De l’avis de responsables du département
d’Etat, dans la perspective du sommet de 2012 l’ordre du jour se
concentrera sur quatre priorités : fournir des ressources à la FIAS,
organiser l’examen du dispositif de dissuasion et de défense pour trouver la
combinaison idoine de capacités nucléaires, classiques et antimissiles dont a
besoin l’OTAN, réformer les structures de cette dernière et moderniser les
partenariats.
Des responsables du département de la
Défense ont confirmé que des discussions autour d’une révision du dispositif
des forces américaines en Europe étaient en cours au moment de la visite de la
délégation, discussions qui avaient été reportées à une date postérieure au
Sommet de Lisbonne. Des propos du secrétaire à la Défense, M. Gates, ont d’ailleurs
été rapportés, selon lesquels les structures actuellement déployées en Europe
étaient excédentaires. Les consultations des Alliés devaient avoir lieu peu de
temps après la visite. Elles devaient être sous-tendues par l’examen d’une
combinaison de moyens adéquate en Europe, tels que des éléments de défense
antimissiles, des forces antiterroristes, des moyens de sécurité maritime et,
éventuellement, une réduction des forces au sol essentiellement conçues pour
faire face aux situations du temps de la Guerre froide. Le dispositif ainsi
modifié resterait, d’après les responsables du secrétariat à la Défense, de
nature à fournir des garanties tangibles aux Alliés européens.
AFGHANISTAN
Les progrès accomplis en Afghanistan sont
encore plus importants que ce qui avait été prévu au cours des derniers mois, a
indiqué l’assistant du vice-secrétaire à la Défense chargé de l’Afghanistan, du
Pakistan et de l’Asie centrale, David Samuel Sedney. Le déploiement de forces
supplémentaires en tant qu’éléments de la FIAS et le développement des forces
de sécurité afghanes (FSA) ont eu pour effet de modifier radicalement les
règles du jeu, notamment dans les fiefs des taliban que sont les provinces de
Kandahar et de Helmand.
Les victoires remportées durant les
derniers mois, dont l’expulsion des taliban en dehors des principales zones
habitées, ont suscité un sentiment de plus grande sécurité chez un nombre accru
d’Afghans, mais ces résultats restent précaires et ne sont pas irréversibles,
selon l’intervenant, qui a fait valoir qu’il appartenait maintenant aux
dirigeants afghans de les préserver. Les Afghans sont désireux et, désormais,
de plus en plus capables d’apporter une contribution dans ce sens, mais ils ont
encore besoin de beaucoup d’aide, en particulier pour le développement des
capacités civiles.
Le Partenariat durable OTAN-Afghanistan
approuvé au Sommet de Lisbonne correspond à un engagement qui n’est pas limité
dans le temps dans sa portée générale, selon l’intervenant. Sur un plan
bilatéral, les Etats-Unis ont, eux aussi, souscrit à un partenariat renforcé à
long terme avec l’Afghanistan.
M. Sedney a prédit une recrudescence des
violences au cours des mois à venir, et ce jusqu’à l’été, lorsque les insurgés
tenteront de reconquérir le terrain perdu pendant les trois ou six derniers
mois et que les forces afghanes continueront à progresser dans des régions
jusqu’alors laissées aux taliban. A court terme, il ne faudra donc pas
interpréter une multiplication d’incidents violents comme la preuve d’un échec,
mais plutôt comme l’évolution normale de la stratégie globale.
Le processus de transition, suivant lequel
la sécurité territoriale serait confiée aux Afghans, sera régi conjointement
par ces derniers et la FIAS, qui recenseront, province par province, les
régions propices à ce processus. Les responsables américains ont souligné que,
puisque la transition s’effectuera simultanément dans différentes régions, les
forces internationales déployées là-bas ne devraient pas être rapatriées
automatiquement ; mais, elles devraient plutôt être redéployées en
d’autres endroits du pays ou affectées à d’autres missions; elles pourraient
passer, par exemple, du stade du combat à celui de l’entraînement. Les
décisions relatives aux retraits de troupes doivent être coordonnées par l’OTAN,
ont insisté ces mêmes responsables.
Lindsey Graham a instamment demandé aux
membres de la délégation de donner leur feu vert au déploiement de formateurs
supplémentaires de manière à accélérer la mise sur pied des FSA, à l’exécution
de programmes destinés à résoudre les graves problèmes liés à la primauté du
droit et à la gouvernance, et à l’adoption d’une stratégie visant à encourager
le Pakistan à régler la question des « sanctuaires » où se réfugient
les insurgés. Il a ajouté que les ressources consacrées jusqu’à la fin de
l’année à la campagne afghane auraient une importance décisive ; il en va
de la crédibilité et de la fiabilité de l’OTAN en tant qu’acteur sur la scène
internationale.
CYBERSTRATEGIE
Selon un spécialiste du département de la Défense,
Steven Schleien, les résultats du Sommet de Lisbonne dans le domaine de la
cybernétique sont très encourageants. Les milieux politiques accordent plus
d’attention à la question, et les plans destinés à améliorer la protection des
propres réseaux de l’OTAN sont considérés comme des démarches positives, tout
comme l’engagement d’épauler les pays membres dans leurs efforts de défense, ou
encore, l’inclusion des aspects cybernétiques dans la planification et les
exercices. Selon M. Schleien, il ne conviendrait pas que l’OTAN définisse le
type de cyberattaque tombant sous le coup de l’article 5; en la matière,
l’ambiguïté renforce la dissuasion. Dans tous les cas, les pays membres qui se
sentent menacés peuvent toujours recourir aux consultations sur des questions
de sécurité que prévoit l’article 4.
Bien que l’OTAN ne travaille pas à la mise
au point de capacités cybernétiques offensives, a fait observer l’intervenant,
elle peut toujours demander une aide spécifique de la part des quelques pays
membres qui, eux, se sont dotés de telles capacités, et ce suivant un processus
quelque peu analogue à celui du dispositif nucléaire allié.
Les Etats-Unis peinent à concevoir de
quelle manière le modèle classique des traités de maîtrise des armements peut
servir dans le secteur de la cybersécurité, mais ils sont favorables à la
définition de normes internationales par l’intermédiaire de groupes de
spécialistes attachés à des organisations telles que l’ONU.
D’une manière générale, a fait valoir M.
Schleien, la somme des compétences techniques dont doit disposer un attaquant
éventuel pour faire peser une menace dans le cyberespace a spectaculairement
diminué au fil du temps. La stratégie américaine consiste à construire des
systèmes assez résistants pour vaincre les cyberattaques et à conserver un
potentiel de dissuasion incluant la menace de représailles cinétiques en cas de
cyberattaque à visées politiques. Un problème se pose au département de la
Défense : le recrutement et le maintien en place de personnel techniquement
qualifié pour parer à la menace ; bon nombre des spécialistes en la
matière ont quitté le service public, attirés par les offres alléchantes du
secteur privé.
DEFENSE ANTIMISSILES
L’administration Obama considère la
défense antimissiles essentielle pour préserver une dissuasion et des garanties
étendues et pour parer aux menaces grandissantes sans créer une situation
instable, selon l’assistant du vice-secrétaire à la Défense chargé des
politiques de défense nucléaire et de défense antimissiles, Bradley Roberts.
Bien que la menace qui pèse sur le territoire américain s’accroît, les
Etats-Unis dispose de capacités suffisantes pour conserver un dispositif fort
et bien protégé, grâce à leur « approche adaptative
graduelle », qui repose sur des moyens susceptibles d’être déplacés de
manière à prendre en compte l’évolution des menaces.
De l’avis d’Alexander Vershbow, il existe
dans l’Alliance un consensus autour de la menace croissante que font peser les
missiles balistiques iraniens sur l’Europe méridionale ; dans le courant
de la décennie, l’Iran aura les moyens d’étendre cette menace à l’ensemble du
territoire allié. Bradley Roberts a fait observer que les tactiques
traditionnellement utilisées dans le contexte de la dissuasion pouvaient ne pas
s’appliquer dans le cas du régime de Téhéran. Robert Einhorn, conseiller
spécial pour l’Iran et la Corée du Nord au département d’Etat, a estimé qu’une
fois doté de l’arme nucléaire l’Iran risquait de s’enhardir, avec les dangers
supplémentaires que cela supposait pour la sécurité régionale.
La défense antimissiles de l’OTAN est
relativement peu coûteuse, selon des responsables du département de la Défense,
qui ont souligné que les Etats-Unis apportaient, à l’échelon national, toute
une architecture de capteurs et d’intercepteurs. Les investissements potentiels
de l’OTAN dans un système de commandement et de contrôle – lequel
permettrait aux pays de « brancher » leurs propres capteurs et
intercepteurs – susceptibles de couvrir entièrement le territoire allié
sont, en comparaison, extrêmement modestes, puisqu’ils seraient inférieurs à
200 millions d’euros sur dix ans.
Certes, les modalités de commandement et
de contrôle du système de l’OTAN doivent encore être définies, mais l’OTAN est
déjà parvenue à mettre en place des dispositions d’une complexité similaire
pour d’autres systèmes. Selon Bradley Roberts, il faudra du temps pour tout
mettre au point, y compris les décisions sur les règles d’engagement, ce qui
n’a rien de surprenant.
Pour les Etats-Unis, la défense antimissiles
complète la dissuasion nucléaire étendue, plutôt qu’elle ne s’y substitue. Les
Alliés ont décidé de procéder à un examen du dispositif de défense et de
dissuasion (DDPR) pour étudier ces questions dans la perspective de leur sommet
de 2012.
RUSSIE
L’amélioration des relations avec la
Russie est réelle, selon des responsables du département d’Etat, lesquels n’en
ont pas moins souligné que des principes tels que le consentement du pays hôte
au stationnement de troupes étrangères sur son territoire – principes
d’une pertinence toute particulière dans le cas de la Géorgie et de la
Moldova – ne seraient pas sacrifiés.
Si, de l’avis de Steve Sestanovich, chargé
de recherches au Conseil des relations extérieures, la remise à zéro des
relations avec la Russie est probablement l’un des résultats les plus
impressionnants qu’ait obtenus jusqu’ici l’administration Obama dans le domaine
de la politique étrangère, il reste à voir si cette démarche peut mettre un
terme au schéma classique d’une remise à zéro, accompagnée de grandes attentes
qui finissent par se transformer en un sentiment de désappointement et
d’hostilité. L’intervenant a estimé que l’administration avait habilement
minimisé les désaccords autour de la Géorgie, mais que les dirigeants russes
avaient interprété cela comme un acquiescement de la part des pays
occidentaux ; ceux-ci doivent donc revenir sur cette question pour éviter
aux Russes toute erreur d’appréciation. Les principaux jalons des relations
avec la Fédération au cours de la période à venir comprendront
vraisemblablement la scène politique russe (élections législative et
présidentielle), la répression ostensible des dissidents politiques et
l’accession du pays à l’Organisation mondiale du commerce.
L’administration américaine juge que la coopération
avec la Russie dans le domaine de la défense antimissiles est importante ;
elle s’oppose toutefois à la mise en place du système conjoint entièrement
intégré et doté d’un dispositif de commandement et de contrôle commun que
préconisent les responsables russes. Moscou pourrait fournir grâce à ses
capteurs des informations potentiellement utiles et susceptibles d’améliorer
les défenses de l’OTAN ; selon Bradley Roberts, la réciproque est vraie.
Les discussions avec la Russie au sujet de cette forme spécifique de
coopération sont en cours au Conseil OTAN-Russie et dans le contexte de
réunions bilatérales russo-américaines.
POLITIQUE AMERICAINE
La réduction des dépenses est l’une des
grandes priorités de la nouvelle direction de la Chambre des représentants, de
l’avis du président de la sous-commission pour l’Europe et l’Eurasie, Dan
Burton. Le chef de la délégation des Etats-Unis auprès de l’Assemblée
parlementaire de l’OTAN, Mike Turner, et un membre de la délégation, Jeff
Miller, ont donné à entendre que des choix difficiles devraient être opérés
dans les dépenses sociales. Mike Turner a fait valoir qu’à son avis les
Américains étaient prêts à soutenir des réformes.
Pour Charles Kupchan, chargé de recherches
au Conseil des relations extérieures, la polarisation du système politique
américain est aussi aiguë qu’elle a pu jamais l’être depuis le 19e
siècle. Les dissensions à propos de thèmes sociaux sont une constante, mais ce
n’est que récemment qu’elles ont débordé sur les affaires étrangères, domaine
traditionnellement considéré comme échappant à la politique partisane.
L’intervenant a imputé cela, en partie, à la disparition progressive de la
génération d’hommes politiques internationalistes apparue après la Seconde
Guerre mondiale.
De fait, le fossé ne se situe pas
simplement entre Démocrates et Républicains ; il divise aussi les seconds,
avec l’apparition du Tea Party, qui représente une faction dissidente du Parti
républicain, et une nouvelle génération qui ne partage pas les valeurs de ses
dirigeants. La situation politique intérieure a empêché l’administration Obama
de faire des avancées stratégiques, a dit Steven Clemons, chargé de recherches
à la New American Foundation ; l’intervenant a prédit que l’atmosphère
politique à Washington – et particulièrement au Congrès – sera
de plus en plus empoisonnée au cours des deux prochaines années.
L’intervenant a également indiqué qu’une
période de retranchement s’annonçait pour la politique extérieure des
Etats-Unis, avec un consensus de l’appareil politique autour d’un
« allègement du fardeau » que constituaient les engagements du pays à
l’étranger. Washington escompte donc que les Européens se montrent plus actifs
sur la scène internationale.
Interrogés sur les effets de la
controverse des « WikiLeaks », de hauts responsables de diverses
entités exécutives ont regretté la publication de ces informations ; ils
ont indiqué que c’était là la conséquence d’un partage d’informations beaucoup
plus large entre institutions américaines après les attentats du 11 septembre 2001,
l’objectif étant d’accroître les chances d’éventer les complots terroristes.
L’ampleur de ce partage est en cours d’ajustement. Ces révélations ont porté
durablement atteinte à la faculté des diplomates d’avoir des conversations
franches avec des interlocuteurs de confiance, mais les câbles diplomatiques
ont aussi montré que les Etats-Unis tiennent essentiellement le même langage en
public et en privé.
VISITES D'INSTALLATIONS MILITAIRES
La délégation s’est rendue à San Diego, en
Californie, pour y visiter le quartier général de la 3e Flotte
conjointe de la Marine des Etats-Unis. Le commandement de cette flotte englobe
toutes les unités navales de la côte Ouest et couvre le Pacifique oriental
depuis la ligne internationale de changement de date jusqu’aux Etats-Unis, du
pôle Nord au pôle Sud. La délégation a entendu un exposé sur les fonctions du
commandement, les exercices navals de grande envergure RIMPAC (Arc Pacifique)
– auxquels participent un certain nombre de pays alliés –, la
position du commandement en matière de cyberdéfense et le soutien qu’il apporte
au dispositif de défense anti-missiles balistiques.
A la base navale de San Diego, la
délégation s’est rendue à bord du bâtiment de combat en zone littorale USS
Freedom (LCS-1). Cette plate-forme rapide, souple et axée sur des missions
spécifiques a été conçue pour opérer à proximité des côtes mais peut également
évoluer en haute mer ; elle est destinée à contrer des menaces
asymétriques « anti-accès », telles que les mines, les sous-marins
silencieux à propulsion diesel et les bâtiments de surface rapides, et a des
applications militaires comme humanitaires. Sa principale innovation est sa
capacité d’emporter des « modules de mission » interchangeables :
guerre anti-sous-marine, aide humanitaire et déminage. Elle se caractérise
aussi par un équipage de taille réduite et par la présence de systèmes de
contrôle hautement automatisés. La délégation a appris que la Marine américaine
comptait acquérir 55 LCS.
La délégation a également inspecté le USS
John Paul Jones (DDG-53), destroyer lance-missiles armé pour la défense
anti-missiles balistiques. Le John Paul Jones fait partie d’une flottille de 21
bâtiments dotés du système Aegis, conçu pour parer aux menaces des missiles
balistiques. Cette flottille, qui forme l’élément naval du système de défense
anti-missiles balistiques dans son ensemble, est la clé de voûte de
l’« approche adaptative graduelle » adoptée par l’administration
Obama pour la défense de l’Europe contre les missiles.
Enfin, la délégation a pu prendre connaissance d’une série
d’impressionnantes innovations technologiques en cours de mise au point dans
les installations militaires du Space and Naval Warfare Systems Center Pacific
(SSC Pacific). Figurent au nombre de ces innovations une antenne fonctionnant
dans l’eau de mer, de nouveaux moyens de tri et de traitement d’articles de
presse pour l’extraction des informations publiques les plus intéressantes, un
gant-capteur sans fil, ainsi que des véhicules sans équipage et à hautes performances
pour la protection des forces.
Respectueusement
soumis,
L’honorable Sénateur Joseph A. Day Association parlementaire canadienne de l’OTAN (AP
OTAN)