Du 10 au 13 novembre 2014, l’Association
parlementaire Canada-Europe a envoyé une délégation de six parlementaires à
Bruxelles, en Belgique, pour rencontrer une panoplie d’intervenants de l’Union
européenne (UE), notamment des parlementaires et des représentants
d’institutions de l’UE. M. David Tilson, député, était le chef de la
délégation, qui comprenait également l’honorable Michel Rivard, sénateur;
M. Corneliu Chisu, député; M. Don Davies, député; M. Scott
Simms, député; et l’honorable Grant Mitchell, sénateur. Mme Guyanne
Desforges, secrétaire de l’Association, et Mme Laura Barnett,
conseillère, accompagnaient la délégation. À Bruxelles, la délégation a été
accueillie par Son Excellence David Plunkett, ambassadeur du Canada auprès
de l’Union européenne, qui a assisté à des réunions avec la délégation, et des
représentants de la Mission du Canada auprès de l’Union européenne, notamment
M. Alan Bowman, chef adjoint de la mission; M. Colin Barker, premier
secrétaire, Politique commerciale et économique; et Mme Meghan
Lau, deuxième secrétaire, Affaires parlementaires et politique étrangère.
Pendant la mission, la délégation a participé à sa 36e réunion
interparlementaire avec la délégation du Parlement européen responsable des relations
avec le Canada.
Pendant qu’elle se trouvait en Belgique, la
délégation a également participé à des activités visant à renforcer les
relations entre le Canada et la Belgique, tenues par Son Excellence Denis
Robert, ambassadeur du Canada auprès du Royaume de Belgique et du Grand-Duché
de Luxembourg, et M. Peter Ivanszky, agent politique de l’Ambassade du
Canada auprès du Royaume de Belgique et du Grand-Duché de Luxembourg. Dans le
cadre de ces activités, la délégation s’est rendue à Ypres, où elle a assisté à
un service à la Cathédrale St. Martin. La délégation a aussi eu l’honneur de
participer à la cérémonie de la « Dernière sonnerie » à la Porte de
Ménin, au cours de laquelle M. Tilson, le sénateur Mitchell et
M. Davies ont déposé une couronne au nom du Parlement du Canada en
l’honneur des soldats qui sont décédés dans le saillant d’Ypres pendant la
Première Guerre mondiale. La délégation a ensuite assisté à une cérémonie
commémorative au cimetière Tyne Cot – le plus grand cimetière des forces du Commonwealth
au monde – organisée par l’Ambassade du Royaume-Uni et l’Ambassade d’Allemagne,
au cours de laquelle M. Tilson a déposé une couronne au nom du Parlement
du Canada en l’honneur des soldats qui y sont enterrés.
Le 14 novembre 2014, la délégation s’est
rendue à Berlin, en Allemagne, pour participer à des réunions portant sur
l’Accord économique et commercial global (AECG) entre le Canada et l’Union
européenne avec des intervenants, des parlementaires et des responsables. À
Berlin, la délégation a été accueillie par Son Excellence Marie Gervais‑Vidricaire,
ambassadrice du Canada en Allemagne, qui a assisté à des réunions avec la
délégation et des représentants de l’Ambassade du Canada en Allemagne,
notamment M. Thomas Marr, ministre conseiller, délégué commercial principal; M.
Richard Tarasofsky, conseiller, délégué commercial principal; Mme
Deborah Paul, conseillère, Affaires politiques; et Mme Heike Echterhölter,
agente des affaires politiques.
Finalement, du 17 au 20 novembre 2014, la
délégation s’est rendue à Riga, en Lettonie, le prochain pays appelé à exercer
la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne. Pendant qu’elle était
à Riga, la délégation a été accueillie par Mme Jeanette Stovel,
chargée d’affaires a.i. de l’Ambassade du Canada en Lettonie, en Lituanie et en
Estonie, qui a assisté à des réunions avec la délégation et Mme Aija
Matule, Relations générales et chargée d’affaires publiques à l’Ambassade du
Canada en Lettonie. En plus de ses rencontres avec des parlementaires, des représentants
gouvernementaux et des représentants de groupes de réflexion et d’associations
commerciales, le 18 novembre 2014, la délégation a eu l’honneur de
participer à des cérémonies soulignant la Journée nationale de la Lettonie. De
fait, les membres de la délégation ont déposé une couronne au nom du Parlement
du Canada au Monument de la liberté, ils ont assisté à la séance spéciale du
parlement de la Lettonie consacrée au 96e anniversaire de la
proclamation de la République de Lettonie, ils ont assisté au défilé des Forces
armées nationales, et ils ont profité d’une visite guidée au Musée de
l’occupation de la Lettonie.
Avant de quitter le Canada, la délégation a été
informée par les fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères, du
Commerce et du Développement; du ministère des Ressources naturelles; du
ministère de l’Environnement; et du ministère de la Citoyenneté et de
l’Immigration. La délégation a également tenu un dîner de travail avec Son
Excellence Marie-Anne Coninsx, ambassadrice de l’Union européenne au Canada; Son
Excellence Raoul Delcorde, ambassadeur de Belgique au Canada;
Son Excellence Werner Wnendt, ambassadeur de l’Allemagne au Canada; et
Son Excellence Juris Audariņš, ambassadeur de la Lettonie au Canada.
Le présent rapport donne un aperçu des réunions de
la délégation à Bruxelles qui ont porté sur les questions liées aux relations
entre le Canda et l’UE, des réunions de la délégation à Berlin qui ont porté
plus particulièrement sur l’AECG, et des réunions de la délégation en Lettonie
qui ont porté sur le fait que ce pays sera le prochain à exercer la présidence
tournante du Conseil de l’Union européenne.
Mission auprès de l’Union européenne à Bruxelles
Du 10 au 13
novembre 2014, la délégation de l’Association parlementaire Canada‑Europe
a tenu des réunions à Bruxelles, en Belgique, pour discuter d’enjeux importants
en ce qui concerne les relations entre le Canada et l’Union européenne,
notamment l’AECG, l’Accord de partenariat stratégique (APS), les mesures
proposées par l’UE pour mettre en œuvre la Directive sur la qualité des
carburants, la situation actuelle en Ukraine, et les combattants étrangers et
le terrorisme. Pendant cette visite, la délégation a rencontré des
parlementaires de l’UE, des représentants d’institutions de l’UE, des
représentants des États membres de l’UE, et le Président de la Chambre des
représentants de Belgique. De plus, la délégation a été informée par des
représentants de la Mission du Canada auprès de l’Union européenne.
Rencontre avec Mme Christiane Hoehn,
conseillère du coordinateur de l’UE pour la lutte contre le terrorisme
La mission de la
délégation a commencé par une rencontre avec Mme Christiane
Hoehn, conseillère du coordinateur de l’UE pour la lutte contre le terrorisme.
Mme Hoehn a donné un aperçu des initiatives mises en place par l’UE
pour lutter contre le terrorisme et a plus particulièrement mis l’accent sur
les mesures contre l’État islamique et les citoyens de l’UE qui quittent le
continent pour prendre part à ce conflit. Elle a indiqué que la sécurité
nationale et les services de renseignements relèvent de la compétence des États
membres de l’UE, mais que l’UE a adopté une stratégie de lutte contre le
terrorisme en 2005 après les attentats à la bombe perpétrés à Madrid, de
manière à réunir les parties intéressées; à partager les pratiques exemplaires;
à créer des outils pour que les organismes d’application de la loi travaillent
en collaboration dans les secteurs de la sécurité aérienne, de la sécurité
frontalière, de l’uniformisation des preuves, etc.; et à fournir du financement
pour des projets dans des pays tiers. En ce qui concerne l’État islamique, elle
a souligné qu’un grand nombre de combattants étrangers provenaient de pays de
l’UE et elle a décrit les mesures prises par l’UE pour s’attaquer au problème,
notamment mettre l’accent sur l’importance de comprendre la motivation et de
prévenir les départs; favoriser une meilleure communication et un partenariat
accru avec les collectivités; mieux utiliser le partenariat de Schengen pour détecter
les voyages suspects; et se concentrer sur la réhabilitation, la surveillance
et la poursuite de ces individus à leur retour. Elle a indiqué qu’il est
primordial de créer un contre-discours face à celui de l’État islamique et de
mettre l’accent sur la déradicalisation dans les collectivités. Des lignes
téléphoniques sont mises à la disposition des parents dans de nombreux pays et
on met l’accent sur les services de police communautaires et l’intégration des
services de police et des services sociaux. Elle a également mentionné qu’il
faut opérer un savant dosage lorsque des mesures sont prises et qu’elles sont
susceptibles de mener à une plus grande radicalisation d’individus en Europe.
En réponse aux questions de membres de la
délégation, Mme Hoehn a indiqué qu’il est peu probable que la
frontière de Schengen change en raison de ces problèmes, mais elle a souligné
qu’il pourrait être nécessaire de l’examiner attentivement afin de déterminer
si des réformes sont requises. Elle a rappelé l’importance de tenir compte des
droits de la personne et des questions relatives à la protection des
renseignements personnels dans le cadre des initiatives de lutte contre le
terrorisme. Elle a également expliqué que l’identification de ce qu’est le
terrorisme dépend de la présence d’une intention terroriste. Finalement, Mme Hoehn
a encouragé le Canada à s’intégrer davantage aux initiatives de lutte contre le
terrorisme de l’UE, notamment par l’entremise d’Europol, d’Eurojustice et de
traités d’entraide juridique.
Rencontre avec Son Excellence Yves Brodeur,
représentant permanent du Canada auprès du Conseil de l’Atlantique Nord; Son
Excellence David Plunkett, ambassadeur du Canada auprès de l’Union européenne;
et le personnel de mission
L’ambassadeur David
Plunkett a amorcé la séance d’information à l’Ambassade en résumant certains
des enjeux clés auxquels l’Union européenne est confrontée aujourd’hui,
notamment le changement institutionnel important (avec le nouveau Parlement, la
nouvelle Commission et le nouveau président du Conseil européen); l’état de
l’économie européenne; et la montée de l’euroscepticisme. Il a poursuivi en
examinant certaines des questions importantes dans les relations entre le
Canada et l’Union européenne : les prochaines étapes pour l’AECG au niveau
de l’UE et la controverse entourant l’inclusion de la disposition sur le
règlement des différends entre investisseurs et États (RDIE) dans l’AECG; la
pertinence de l’APS; et les discussions sur l’approvisionnement énergétique et
les changements climatiques au Canada et en Europe. Sur ce dernier point,
l’ambassadeur Plunkett a souligné la dépendance énergétique de l’Europe à
l’égard de la Russie et il a parlé de la proposition révisée de l’UE pour la
mise en œuvre de la Directive de l’UE sur la qualité des carburants, qui
pourrait ouvrir le marché au pétrole canadien dans une certaine mesure. Il a
également parlé des occasions pour un dialogue constructif entre le Canada et
l’Europe en ce qui concerne les changements climatiques et les engagements en
matière d’environnement. L’ambassadeur Plunkett a ensuite parlé de la situation
actuelle du Conseil de l’Arctique, de la récente entente entre le Canada et
l’UE concernant les produits du phoque autochtones, et de la possibilité de
permettre à l’UE d’obtenir le statut d’observateur au Conseil de l’Arctique.
M. Yves Brodeur a souligné l’importance du Conseil de l’Arctique, un
forum qui permet le dialogue et la coopération entre divers pays.
M. Brodeur a aussi donné un aperçu des
principaux rôles du Canada et des pays européens dans les opérations de
l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) aujourd’hui et de bon
nombre des problèmes de sécurité auxquels l’Europe est actuellement confrontée.
Dans ce contexte, il a souligné de nombreux secteurs d’intérêt commun pour l’UE
et l’OTAN, notamment les tensions entre la Russie et l’Ukraine, la
cyberdéfense, la lutte contre le terrorisme et la sécurité énergétique. Il a
souligné l’importance du Sommet de l’OTAN qui s’est tenu au Pays de Galles en
septembre 2014 et la capacité actuelle de l’OTAN de réagir aux menaces
dans l’Est. M. Brodeur ne voulait toutefois pas décrire les tensions
actuelles avec la Russie comme la « nouvelle guerre froide »,
particulièrement en raison de la communication et de la coopération continues
entre la Russie et les alliés de l’OTAN sur toute une gamme de sujets.
Finalement, Cindy Munro, conseillère à la Mission
du Canada auprès de l’UE a parlé des obligations actuellement imposées aux
Roumains et aux Bulgares pour obtenir un visa canadien, en mettant l’accent sur
les progrès réalisés au cours des derniers mois pour la Roumanie par
l’entremise du programme d’affaires express et sur la reconnaissance de la
Roumanie comme pays d’origine désigné à des fins d’asile.
Dîner de travail sur l’Ukraine avec l’ambassadeur
David Plunkett, des groupes de réflexion et des chefs de mission des États
membres de l’Union européenne
Lors d’un dîner de
travail visant à discuter du conflit actuel en Ukraine, la délégation a
rencontré l’ambassadeur Plunkett; l’ambassadeur Anders Ahnlid, représentant
permanent de la Suède; l’ambassadeur Raimunudas Karoblis, représentant
permanent de la Lithuanie; l’ambassadeur Salomé Samadashvili, chercheur invité
au Centre Wilfried Martens pour les études européennes et ancien chef de
mission auprès de l’UE pour la Géorgie; Mme Amanda Paul, analyste
des politiques et directrice principale de programme au Centre sur les
politiques européennes; et Mme Caroline Vinot, conseillère à la
Représentation permanente de la France auprès de l’UE. L’une des principales
préoccupations mentionnées lors du dîner, particulièrement par Mme Paul et
l’ambassadeur Samadashvili, concernait la nécessité d’avoir un
gouvernement viable en Ukraine pour s’assurer que des réformes efficaces seront
mises en œuvre. Des participants ont indiqué qu’ils craignaient qu’une certaine
fatigue ne s’installe face à l’Ukraine et qu’il était important que l’Europe et
le Canada maintiennent leurs sanctions contre la Russie.
L’ambassadeur Karoblis a souligné les répercussions négatives qu’avaient
les sanctions sur la Lituanie, particulièrement en raison de la dépendance
énergétique de la Lituanie à l’égard de la Russie – l’énergie est un élément
important dans la crise qui sévit entre l’Ukraine et la Russie. Il a toutefois indiqué
que la Lituanie commence à trouver de nouvelles solutions énergétiques et que
les sanctions fonctionnent – la sécurité doit primer. L’ambassadeur Ahnlid
a lui aussi souligné l’importance des sanctions et de la coopération entre les
pays démocratiques, et il a indiqué qu’il fallait trouver des manières de
réduire la dépendance à l’égard du pétrole et du gaz de la Russie. Les
participants ont aussi discuté des conséquences de l’activité militaire accrue
de la Russie dans la région de la Baltique et d’autres sphères d’influence de
la Russie.
Rencontre avec M. Fernando Andresen Guimaraes,
chef de division pour le Canada et les États-Unis d’Amérique, Service européen
pour l’action extérieure
La délégation a
rencontré M. Fernando Andresen Guimaraes, chef de division pour le Canada et
les États-Unis d’Amérique au Service européen pour l’action extérieure (SEAE),
la direction de l’UE chargée de la politique étrangère. L’ambassadeur Coninsx
était également présent. M. Guimaraes a commencé par donner un aperçu des
relations entre l’UE et le Canada du point de vue de la politique étrangère, en
se concentrant sur l’AECG, l’APS, la sécurité et la défense, la sécurité
énergétique et l’Arctique. La délégation a consacré beaucoup de temps à
l’examen du processus de ratification de l’AECG au niveau de l’UE. Elle a
notamment discuté des procédures mises en place au Conseil de l’Union
européenne et a examiné la question de si l’accord commercial relève de
compétences mixtes ou non. M. Stephan Marquardt, député chef de la service
d’affaires juridiques du SEAE, a examiné les détails techniques du processus de
ratification, tandis que M. Guimaraes a souligné que même si on détermine
que l’AECG est un accord « mixte », une partie importante de cet
accord peut néanmoins être mise en œuvre de façon provisoire. La ratification
au niveau des États membres de l’UE ne retardera pas la mise en œuvre de
l’essentiel de l’accord. L’ambassadeur Coninsx a indiqué que la nature mixte de
l’accord de libre-échange entre Singapour et l’UE est actuellement étudiée par
la Cour européenne de justice et que cette décision devrait guider l’UE en ce
qui concerne l’interprétation de l’AECG. M. Guimaraes a également parlé
des ramifications des négociations commerciales de l’UE avec les États-Unis (le
Partenariat transatlantique en matière de commerce et d’investissement, ou
PTCI) et a indiqué qu’elles avaient porté la question controversée du règlement
des différends entre investisseurs et États à l’avant-plan, mais il a soutenu
qu’il s’agissait d’une bonne occasion de démontrer comment les dispositions sur
le RDIE pourraient fonctionner, et ainsi dissiper les craintes. Finalement, la
délégation a discuté des liens entre l’AECG et l’APS. M. Guimaraes a
indiqué que l’UE établit généralement des liens entre les accords commerciaux
bilatéraux qu’elle signe et des ententes de coopération bilatérale comme l’APS.
Toutefois, compte tenu des préoccupations du Canada à propos des liens directs
entre les deux accords, et étant donné que l’APS est la première entente
bilatérale de ce type que l’UE a conclu avec un pays développé, l’UE a accepté
une approche modifiée qui ne crée pas de lien juridiquement contraignant avec
l’AECG en cas de grave violation d’engagements essentiels contenus dans l’APS.
On ne sait pas si l’UE négociera un tel accord de coopération avec les
États-Unis de concert en lien avec les négociations du PTCI.
Déjeuner-rencontre avec M. Siegfried Bracke,
président de la Chambre des représentants de Belgique, et avec l’ambassadeur
Denis Robert
Lors d’un déjeuner,
la délégation a rencontré M. Siegfried Bracke, président de la Chambre des
représentants de Belgique, pour discuter d’enjeux liés aux relations entre le
Canada et la Belgique. M. Denis Robert, ambassadeur, était présent. La
rencontre a commencé par une discussion sur les attaques perpétrées au
Parlement canadien le 22 octobre 2014, et s’est poursuivie avec une
discussion sur la sécurité dans la cité parlementaire belge et sur le
terrorisme intérieur. L’ambassadeur a parlé des bonnes relations entre le
Canada et la Belgique en ce qui concerne les questions de sécurité. Le
président Bracke a aussi dirigé une discussion sur la structure du Parlement
belge et le rôle du Sénat. Il s’est ensuite livré à certaines réflexions sur
les politiques économiques actuelles du gouvernement belge, qui ont mené à des
manifestations à Bruxelles. Les divisions linguistiques en Belgique et au
Canada étaient également un sujet qui suscitait de l’intérêt. Le président
Bracke et des délégués ont d’ailleurs noté que les tensions entre anglophones
et francophones semblent avoir diminué au Canada au cours des dernières années,
tandis que le sentiment de cohésion nationale était moins présent en Belgique,
avec des réalités très différentes pour les populations de langue française et
les populations de langue néerlandaise. Le déjeuner s’est terminé par une
discussion sur la manière dont le Canada traite les flux d’immigration et
l’intégration. L’ambassadeur Robert a rappelé que la logistique entourant
les flux d’immigration diffère considérablement en Europe et au Canada.
Rencontre avec M. Sandy Boyle, président du Comité
de suivi sur le commerce du Comité économique et social européen
La délégation a
rencontré M. Sandy Boyle, président du Comité de suivi sur le commerce du Comité
économique et social européen. Le Comité économique et social européen est un
organe consultatif de l’Union européenne composé de 353 représentants de
la société civile répartis en trois catégories : employeurs, employés et
autres groupes d’intérêt. M. Boyle représente le groupe des employés. Il a
commencé la rencontre par une présentation de la situation économique en
Europe. Il a parlé de la reprise économique inégale dans les États membres de
la zone euro et de l’importance potentielle de l’AECG dans ce contexte. Il a
mis l’emphase sur le grave problème de la pauvreté en Europe, une conséquence
des mesures d’austérité, et a souligné la forte augmentation du chômage chez
les jeunes. Dans le dossier de l’AECG, M. Boyle a fait ressortir les
préoccupations de la société civile et a indiqué que le Canada avait peu à
craindre de l’UE en ce qui concerne les questions liées à l’approvisionnement.
Il a signalé une question particulièrement importante, c’est‑à-dire la
controverse entourant les dispositions de RDIE, une question qui divise les
employés et les employeurs, notamment en ce qui concerne la nécessité de régler
les préoccupations liées aux définitions (par exemple, de « revendications
frivoles » et de « traitement juste et équitable »), de même que
de calmer les craintes concernant le fait que les différends seront tranchés
par un tribunal privé. Il a mis l’accent sur la quantité sans précédent de
commentaires reçus dans le cadre des consultations publiques de l’UE sur le
RDIE et sur la nécessité d’observer une participation à grande échelle dans la
société civile. Finalement, il a fait valoir que les discussions entourant
l’AECG sont étroitement liées aux négociations de l’UE avec les États-Unis
concernant le PTCI. Les participants sont ensuite passés à d’autres sujets et
M. Boyle a répondu aux questions de la délégation en soulignant
l’importance de la mobilité de la main-d’œuvre qualifiée, et la nécessité de
réfléchir sérieusement à l’âge de la retraite dans le contexte du chômage chez
les jeunes.
Dîner de travail avec M. Bernd Kölmel, président
de la délégation du Parlement européen pour les relations avec le Canada, et
avec d’autres députés du Parlement européen
La délégation
canadienne s’est réunie pour un dîner de travail avec M. Bernd Kölmel, président
de la délégation du Parlement européen pour les relations avec le Canada; de
même que Mme Godelieve Quisthoudt-Rowohl, vice-présidente de la
délégation; et Mme Kathleen Van Brempt, une autre membre
de la délégation. Le dîner a commencé par des mots de bienvenue et des
présentations, étant donné que la composition de la délégation du Parlement
européen pour les relations avec le Canada a changé depuis les élections
européennes et que la délégation canadienne ne connaissait pas les nouveaux
membres. M. Kölmel a donné un bref aperçu du point de vue du groupe des
conservateurs et réformistes européens sur l’importance de reconnaître la
subsidiarité dans le contexte de l’Union européenne, étant donné que certaines
questions, comme le bien-être social, sont souvent propres à chaque pays. Tous
les membres ont ensuite entamé une discussion sur les préoccupations
énergétiques et environnementales, qui a notamment porté sur les sables
bitumineux du Canada et la Directive sur la qualité des carburants. Les membres
de la délégation européenne ont indiqué qu’ils aimeraient consulter un rapport
mentionné pendant la discussion – le rapport final de 2013 d’ICF International,
« Évaluation indépendante de la valeur « classique » par défaut de la
directive de la Commission européenne sur la qualité des carburants », qui
souligne la comparabilité du pétrole brut canadien et du pétrole brut russe et
nigérian actuellement acheté par les pays européens. Les membres ont également
discuté de la possibilité d’approvisionner l’Europe en pétrole canadien à
l’aide d’un oléoduc, et des préoccupations environnementales, de même que des
droits autochtones issus des traités, dont il faut tenir compte dans ce
contexte.
Rencontre avec des députés du Parlement européen
faisant partie du Comité permanent du commerce international
La délégation était
accompagnée de l’ambassadeur Plunkett pour une table ronde sur l’AECG avec
différents membres du Comité permanent du commerce international du Parlement
européen, notamment M. Artis Pabriks, membre du Parlement européen et
rapporteur officiel pour l’AECG. M. Pabriks a indiqué que le groupe du
Parti populaire européen appuie généralement l’AECG et reconnaît que l’accord
est important pour les relations transatlantiques, même au-delà de son aspect
commercial. M. Sorin Moisă a indiqué que l’Alliance progressiste des
socialistes et des démocrates du Parlement européen était elle aussi
généralement favorable à l’AECG, à condition que les préoccupations liées aux
services publics et au RDIE soient prises au sérieux et traitées de bonne foi.
M. Yannick Jadot, cependant, a noté que le groupe des Verts/Alliance
libre européenne était grandement préoccupé par la mondialisation et la
privatisation en lien avec l’AECG, et estimait que le RDIE était l’incarnation
de ces craintes. Le groupe n’appuiera pas l’accord. Mme Anne-Marie Mineur
a quant à elle indiqué que la Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique
s’opposait à l’AECG parce qu’elle craignait que les individus ne soient
désavantagés par rapport aux grandes entreprises et parce qu’elle avait des
préoccupations à propos de l’orientation supranationale adoptée par l’UE dans
ce dossier et dans d’autres dossiers. M. Pabriks a rappelé que c’est la
responsabilité des parlementaires de clarifier l’accord pour le public, pour
ainsi calmer ses craintes.
Rencontre avec M. Michael Gahler, député du
Parlement européen et rapporteur sur les questions liées à l’Arctique
La délégation a
terminé la journée par une rencontre avec Michael Gahler, député du Parlement européen
et rapporteur du Parlement européen sur les questions liées à l’Arctique; M.
Steffen Weber, secrétaire général du Forum arctique de l’UE; et l’ambassadeur
Coninsx. M. Weber a commencé la rencontre en donnant un aperçu du Forum
arctique de l’UE et en le décrivant comme un moyen de jeter des ponts entre les
intervenants dans l’Arctique. Il a ajouté que l’objection du Canada pour que
l’UE obtienne le statut d’observateur au Conseil de l’Arctique a été écartée.
M. Gahler, M. Simms et l’ambassadeur Coninsx ont discuté des
répercussions concrètes du récent accord entre l’UE et le Canada en ce qui
concerne les produits du phoque autochtones. M. Gahler a poursuivi en
soulignant les enjeux importants pour l’UE dans l’Arctique, notamment la
recherche, le développement de ressources énergétiques pour les entreprises
européennes et le grand potentiel de collaboration et de coopération avec
d’autres pays dans la « perspective arctique ». Il a mentionné la
possibilité de collaborer à des projets avec le Canada, comme la cartographie
des eaux non cartographiées. M. Weber a aussi parlé des possibilités de
coopération économique entre les pays présents dans l’Arctique, notamment par
l’entremise d’investissements et de la mise au point de nouvelles technologies.
36e Réunion interparlementaire avec la
délégation du Parlement européen responsable des relations avec le Canada
Pendant sa dernière
journée à Bruxelles, la délégation a assisté à sa 36e réunion
interparlementaire avec la délégation du Parlement européen responsable des
relations avec le Canada. La journée a débuté par une séance plénière du
Parlement européen, où la délégation canadienne a observé une série de votes à
partir de la tribune diplomatique. Le vice-président du Parlement européen,
M. Antonio Tajani, a pris quelques instants pendant les délibérations pour
souhaiter publiquement la bienvenue à la délégation canadienne à Bruxelles. Il
a ensuite souligné l’attaque perpétrée le 22 octobre dans les édifices du
Parlement et la solidarité des parlementaires européens avec leurs homologues
canadiens. Cet accueil a été suivi d’un dîner dans la salle à manger du
Président au Parlement, tenue par le vice-président Tajani, en présence de
la délégation du Parlement européen responsable des relations avec le Canada;
de l’ambassadeur Coninsx; de l’ambassadeur Plunkett; de Christian Leffler,
directeur pour les Amériques au Service européen pour l’action extérieure; et
d’employés du Parlement européen et de la mission du Canada auprès de l’UE.
Les membres de la délégation canadienne et les
membres de la délégation du Parlement européen pour les relations avec le
Canada ont ensuite pris part à une séance de travail axée sur l’AECG et l’APS.
Les ambassadeurs Coninsx et Plunkett, ainsi que M. Leffler, étaient également
présents. M. Leffler a donné un aperçu des relations entre le Canada et
l’UE et a indiqué que l’AECG et l’APS étaient très importants parce qu’ils
jetaient les bases d’un nouveau partenariat. Il a également souligné quelques
enjeux à régler dans cette relation : les préoccupations liées à la réciprocité
des visas pour la Bulgarie et la Roumanie, une demande pour que le Canada
participe à un comité consultatif européen sur l’Ukraine, la nécessité de mieux
structurer le dialogue sur les préoccupations d’ordre énergétique, et la
nécessité que l’UE obtienne le statut d’observateur au Conseil de l’Arctique.
Il a terminé en indiquant qu’il était nécessaire de travailler ensemble pour
régler la question de la Russie. Les parlementaires européens, les parlementaires
canadiens et l’ambassadeur Plunkett ont aussi participé à un échange sur
les préoccupations liées à l’AECG. L’ambassadeur Plunkett a répondu à une
question sur la qualité de la viande canadienne aux termes de l’AECG et a
indiqué que l’AECG n’était pas une indication d’un « nivellement de la
réglementation vers le bas » – le résultat global de l’accord est
équilibré et respecte pleinement les normes de santé et de sécurité. Il y avait
une discussion à propos du RDIE et de ses répercussions sur les services
publics qui ont été privatisés (le prétendu « effet
d’entraînement »). M. Victor Negrescu a posé une question sur les
échéances prévues pour que les visas ne soient plus nécessaires pour la
Roumanie et on lui a parlé des progrès qui ont récemment été accomplis et des
réunions de haut niveau qui se sont tenues à ce sujet. M. Ricardo Serrão
Santos a souligné l’importance de continuer de se concentrer sur la Déclaration
de Galway sur la coopération pour l’océan Atlantique, qui est mentionnée dans
l’APS. La rencontre s’est terminée par une discussion sur les processus de
ratification au niveau de l’UE, tant pour l’AECG que pour l’APS. On a mentionné
que l’APS est un accord mixte et qu’il doit donc être ratifié par les
parlements nationaux, ainsi que par l’Union européenne.
M. Bernd Kölmel a terminé en indiquant que la délégation du Parlement européen pour les relations avec le Canada
prévoit effectuer une mission au Canada en 2015. M. Tilson a répondu que
l’Association parlementaire Canada-Europe sera heureuse d’accueillir la
délégation européenne pendant sa visite.
Mission à Berlin, en Allemagne
Le 14
novembre 2014, la délégation de l’Association parlementaire Canada-Europe
a tenu des réunions à Berlin, en Allemagne, pour discuter d’enjeux clés liés
aux relations entre le Canada et l’Union européenne, et plus particulièrement
de l’AECG. Pendant cette visite, la délégation a rencontré des parlementaires
allemands, des groupes de réflexion, des experts et des représentants du
ministère des Affaires économiques et de l’Énergie. De plus, la délégation a
été informée par des représentants de l’ambassade du Canada en Allemagne.
Séance d’information avec Son Excellence Marie
Gervais-Vidricaire, ambassadrice du Canada en Allemagne, et avec du personnel
de l’ambassade
Son Excellence
Marie Gervais-Vidricaire a souhaité la bienvenue à la délégation en Allemagne
et a entrepris la séance d’information en donnant un aperçu des dossiers
allemands, d’un point de vue canadien. Elle a souligné le fait que l’Allemagne
est un joueur important dans l’Europe moderne et que ce pays espère participer
davantage aux affaires internationales et avoir davantage de responsabilités à
cet égard. Les récents défis en la matière comprennent les préoccupations à
propos de la Russie, en parallèle avec les effets d’éventuelles sanctions, de
même que les récentes allégations de surveillance électronique des États-Unis
en Allemagne. En ce qui concerne l’économie, l’Allemagne dispose d’une solide
économie fondée sur l’industrie et a récemment commencé à délaisser l’énergie
nucléaire au profit des énergies renouvelables. Actuellement, l’Allemagne
importe une grande partie de son gaz, de son pétrole et de son charbon de la
Russie et cherche à diversifier son approvisionnement énergétique. En ce qui
concerne l’AECG, l’Allemagne appuyait l’accord au départ, mais elle se
préoccupe maintenant des dispositions sur le RDIE contenues dans l’AECG, en
raison des négociations sur le PTCI avec les États-Unis. L’Allemagne s’inquiète
aussi des perceptions de manque de transparence dans le processus de
négociation de l’AECG – le Parti social-démocrate (qui fait partie du
gouvernement de coalition avec l’Union chrétienne-démocrate) souhaite étudier
cette question sérieusement avant de donner son approbation à l’AECG. L’ambassadrice Gervais-Vidricaire
a rappelé l’importance de reconnaître que les poursuites utilisant les
mécanismes de RDIE sont rares dans le cadre de l’Accord de libre-échange
nord-américain (ALENA), et qu’il n’y a aucune raison de croire qu’elles deviendraient
plus fréquentes avec l’AECG. Le mécanisme de RDIE prévu dans l’AECG a également
été modifié pour répondre aux besoins européens et les risques de
revendications frivoles ont été pratiquement éliminés. L’ambassadrice
Gervais-Vidricaire a aussi souligné la forte possibilité d’avoir accès aux
marchés publics au Canada et dans l’UE par l’entremise de l’AECG.
M. Thomas Marr, ministre conseiller, délégué commercial principal, a
conclu la séance d’information en indiquant que même si on détermine que l’AECG
est un accord qui relève de compétences mixtes, il pourra tout de même être mis
en œuvre en grande partie de manière provisoire lorsqu’il aura été approuvé au
niveau de l’UE.
Table ronde avec des parlementaires allemands, des
groupes de réflexion, des experts et des employés de l’Ambassade
La séance
d’information avec l’ambassadrice a été suivie d’une table ronde organisée par
l’Ambassade, qui avait pour objectif de discuter de l’AECG d’un point de vue
canado-allemand. Des parlementaires allemands, des groupes de réflexion, des
experts et des employés de l’Ambassade étaient présents. Les commentaires
formulés précédemment par l’ambassadrice Gervais-Vidricaire ont été repris par
un certain nombre de participants qui ont soulevé la question de la
transparence dans le processus de négociation et le fait que l’AECG n’a pas
encore été traduit en allemand, ce qui a pour effet de favoriser les
malentendus. Les provinces canadiennes ont été consultées au début du processus
de négociation, mais les pays de l’UE n’ont vu l’accord qu’après les
négociations. M. Johann Saathoff (député du Parti social-démocrate) a noté
que l’Allemagne est généralement à l’aise avec les mécanismes de RDIE, qui ont
été inclus dans de nombreux accords commerciaux par le passé. Toutefois, l’AECG
suscite des craintes précises à propos des États-Unis et du RDIE,
particulièrement en ce qui concerne la manière dont le mécanisme a été utilisé
aux termes de l’ALENA, étant donné que le gouvernement américain n’a jamais
perdu un litige (des entreprises américaines ont toutefois perdu des litiges).
Néanmoins, M. Marr de l’Ambassade a rappelé que les craintes exprimées au
Canada avant l’entrée en vigueur de l’ALENA ne se sont jamais concrétisées.
M. Felix Neugart de la Chambre allemande de commerce et d’industrie a
indiqué qu’il pourrait être utile de clarifier les dispositions relatives au
RDIE, notamment en donnant des définitions d’« expropriation » et
d’« espace réglementaire ». M. Neugart et Mme Franziska
Gross, conseillère politique d’un parlementaire de l’Union
chrétienne-démocrate, ont également discuté de la nécessité d’aider le secteur
des petites et moyennes entreprises (PME) à utiliser le processus de l’AECG
pour renforcer ses capacités d’exportation, et possiblement adapter les
dispositions relatives au RDIE à ses besoins. M. Michael Vollprecht du
bureau de la Commission européenne en Allemagne et M. Marr ont également
décrit certaines des mesures qui ont déjà été prises par le Canada pour se
conformer aux exigences de l’AECG, notamment des changements aux lois relatives
à la propriété intellectuelle. Finalement, M. Wolfgang Müller,
conseiller principal en politiques économiques au Parti social‑démocrate,
et M. Saathoff, ont indiqué qu’en fin de compte, l’Allemagne est très
favorable à l’AECG, mais que le parti veut s’assurer que les préoccupations de
la société, particulièrement celles des travailleurs moyens à propos du RDIE,
sont entendues, de sorte que tout le pays puisse appuyer l’accord.
Rencontre avec des membres de la commission de
l’économie et de l’énergie du Bundestag
La délégation s’est
ensuite rendue au Parlement allemand (le Bundestag) pour rencontrer des membres
de la commission de l’économie et de l’énergie afin de discuter de l’AECG. La
rencontre était dirigée par le vice-président, M. Klaus Barthel du Parti
social‑démocrate, qui a décrit les préoccupations de l’Allemagne à propos
du RDIE. M. Klaus Ernst, du Parti de gauche, a fait part des
préoccupations de son parti concernant la transparence et de l’effet
d’entraînement, puis il s’est demandé si les dispositions sur le RDIE étaient
nécessaires compte tenu de la capacité des tribunaux réguliers de régler les
questions liées à l’AECG. M. Matthias Heider, de l’Union
chrétienne-démocrate, a fait valoir que les politiques allaient définir
clairement l’opinion de chaque représentant présent à la réunion, mais que son
parti était généralement satisfait de l’AECG. Il y avait davantage de
transparence dans ce processus de négociation commerciale que par le passé et
la constitution allemande protégeait suffisamment les investisseurs pour éviter
que le RDIE ne soit susceptible de poser problème. Mme Andrea
Wicklein, du Parti social-démocrate, a indiqué que l’AECG revêtait une grande
importance pour la coopération et les échanges futurs entre le Canada et
l’Allemagne, mais qu’il fallait se pencher sur le scepticisme de la population
et sur les craintes selon lesquelles les protections environnementales
pourraient être vulnérables face au RDIE. Elle a ajouté qu’elle espérait qu’on
statuerait que l’accord relève de compétences mixtes, ce qui permettrait aux
États membres de l’UE de tenir un débat transparent dans leurs parlements
respectifs. M. Joachim Pfeiffer, de l’Union chrétienne‑démocrate, a
mentionné qu’il faudra composer avec les différences entre le système de common
law et le système de droit civil lors de la mise en place des mécanismes de
RDIE. La rencontre s’est terminée sur une note positive. De fait, les
participants ont indiqué qu’il fallait s’assurer que les politiciens et les
représentants de l’industrie répondent aux mythologies erronées véhiculées en
fournissant de l’information valide et des messages positifs sur les avantages
de l’AECG.
Dîner de travail avec des membres du Groupe
d’amitié parlementaire Canada‑Allemagne
Le Groupe d’amitié
parlementaire Canada-Allemagne, dirigé par son président, M. Klaus-Peter
Flosbach, a organisé un dîner pour la délégation canadienne,
l’ambassadrice Gervais-Vidricaire et le personnel de l’Ambassade.
M. Flosbach a souhaité la bienvenue à la délégation canadienne et a
prononcé quelques mots sur l’importance de 2014, soulignant le 100e anniversaire
du début de la Première Guerre mondiale et le 25e anniversaire de la
chute du mur de Berlin. M. Tilson a poursuivi en donnant un aperçu de ce
que la délégation canadienne avait entendu jusque-là à Bruxelles et à Berlin,
puis l’ambassadrice Gervais-Vidricaire et lui ont résumé les répercussions
positives qu’aura l’AECG pour le Canada, l’Allemagne et l’UE. En ce qui
concerne l’AECG, M. Jürgen Hardt de l’Union chrétienne-démocrate a indiqué
que l’accord sera probablement traduit en allemand au début de la nouvelle
année. Entre‑temps, il a souligné que le RDIE est clairement la question
la plus importante pour les Allemands à l’heure actuelle. Un avis de spécialistes
a été commandé en Allemagne et il a conclu que le RDIE est conforme à la
constitution allemande – la question est maintenant ouverte au débat politique.
M. Alexander Ulrich du Parti de gauche a exprimé des critiques au
sujet de l’AECG, du manque de transparence entourant l’accord, et du fait qu’on
dit maintenant aux Allemands qu’il ne sera pas possible d’apporter des
changements à l’AECG ou même de le ratifier au niveau national. Il a posé des
questions sur le degré de transparence entourant l’accord au Canada et il a
rappelé qu’il faut toujours voir la situation dans son ensemble – comme les
normes environnementales – avant d’aller de l’avant. M. Matthias Zimmer de
l’Union chrétienne-démocrate a indiqué que les normes de protection du
consommateur sont semblables au Canada et dans l’UE et que la diversité des
produits sera un résultat positif de l’accord. Il a aussi donné l’exemple de
Vattenfalls, une société énergétique suédoise qui poursuit actuellement le
gouvernement allemand parce que le pays délaisse l’énergie nucléaire.
M. Zimmer s’est demandé si le fait d’avoir des mécanismes de RDIE en place
ferait une quelconque différence dans une telle situation.
M. Bernd Rützel du Parti social-démocrate a soulevé le fait que
l’Allemagne a inclus des dispositions relatives au RDIE dans de nombreux autres
accords, mais que ces accords avaient généralement été conclus avec des pays
qui n’avaient pas de système judiciaire reconnu à l’échelle internationale. Par
conséquent, certaines personnes en Allemagne se demandent pourquoi les
mécanismes de RDIE sont nécessaires dans l’AECG. M. Harald Ebner du Parti
vert a convenu que l’AECG est un bon accord, mais qu’il faut réexaminer
l’inclusion des dispositions sur le RDIE. Il a également soulevé des
inquiétudes au sujet des obstacles non tarifaires, ainsi que des préoccupations
concernant les normes, comme le fourrage non génétiquement modifié.
L’ambassadrice Gervais-Vidricaire a répondu à
certaines de ces préoccupations en rappelant qu’il est rare que les
négociations commerciales soient conclues de manière transparente – c’est dans
la nature des choses. Le Canada a consulté ses provinces rapidement parce que
l’UE refusait d’entreprendre des négociations avant que les provinces n’aient
signé une entente de principe. Elle a également souligné que les mécanismes de
RDIE étaient nécessaires étant donné que les systèmes judiciaires différaient
beaucoup dans les 28 États membres de l’UE. M. Flosbach a conclu le
dîner en indiquant que l’AECG n’est pas le PTCI, et qu’il faut le voir
indépendamment des négociations avec les États-Unis. Il a souligné l’importance
de la visite de la délégation canadienne, signalant qu’un nouveau membre
s’était joint au Groupe d’amitié pendant la visite de la délégation.
Rencontre au ministère des Affaires économiques et
de l’Énergie
La délégation a
terminé sa mission à Berlin par une rencontre avec le secrétaire d’État
Matthias Machnig, au ministère des Affaires économiques et de l’Énergie.
M. Machnig a répondu à bon nombre des préoccupations entendues pendant la
journée à propos de l’AECG. Il a clairement indiqué que l’Allemagne n’a pas
l’intention de renégocier l’AECG, mais qu’elle veut simplement préciser
certaines questions à l’aide du processus de vérification juridique, de manière
à apaiser les craintes et à convaincre la population allemande du bien-fondé de
l’accord. Il a rappelé que l’Allemagne est plus que désireuse d’éliminer les
obstacles au commerce et s’est dit persuadé que l’AECG sera en vigueur avant la
fin de 2016. En réponse à une question concernant le RDIE et l’effet
d’entraînement, il a reconnu qu’il était possible d’intenter des poursuites
conformément aux mécanismes de RDIE en ce qui concerne la renationalisation de
services publics, mais il a de nouveau insisté sur la nécessité d’apaiser les
craintes entourant ces questions en convainquant la population qu’en fin de
compte, l’AECG est dans leur intérêt.
La réunion a conclu avec une conversation sur les
changements climatiques et les initiatives prises par l’Allemagne à cet égard.
M. Machnig a souligné que l’économie est un élément important pour faire
face aux préoccupations environnementales. L’économie la plus vigoureuse sera
aussi la plus efficace. Il a affirmé que si un pays ou une entreprise arrive à
réduire ses coûts d’énergie et de ressources, il peut devenir plus viable et
plus concurrentiel. Une réglementation et des normes intelligentes peuvent
entraîner des innovations et l’ouverture de nouveaux marchés.
Mission à Riga, en Lettonie, le prochain pays
appelé à exercer la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne
Du 17 au 20
novembre 2014, la délégation de l’Association parlementaire Canada‑Europe
a tenu des rencontres à Riga, en Lettonie, pour en apprendre davantage sur les
priorités du pays, qui sera le prochain à exercer la présidence du Conseil de
l’Union européenne, et pour discuter d’enjeux clés dans les relations entre le
Canada et l’UE, notamment l’AECG, la sécurité énergétique, la situation
actuelle en Ukraine et la sécurité dans les pays Baltes. Pendant sa visite, la
délégation a rencontré des parlementaires lettoniens, des parlementaires de
l’UE, des représentants de groupes de réflexion et d’associations commerciales,
des fonctionnaires et des représentants du Centre d’excellence de l’OTAN à
Riga. De plus, la délégation a été informée par des représentants de l’Ambassade
du Canada en Lettonie.
Séance d’information avec Mme Jeanette
Stovel, chargée d’affaires a.i. pour les ambassades du Canada en Lituanie, en
Lettonie et en Estonie, et avec Mme Aija Matule, Relations
générales et chargée d’affaires publiques à l’Ambassade du Canada en Lettonie
Pendant la séance
d’information pour la délégation, Mme Jeanette Stovel a donné
un aperçu très complet de la situation en Lettonie en 2014 du point de vue
européen, canadien et national. Mme Stovel a situé la Lettonie
dans l’Union européenne et a rappelé que la Lettonie s’est jointe à la zone
euro en janvier 2014 et que Riga est la capitale européenne de la culture
pour 2014. Elle a indiqué que les priorités de la Lettonie, lorsqu’elle
assurera la présidence du Conseil de l’Union européenne, seront la croissance
(avec un ferme appui à l’AECG en Lettonie), l’agenda numérique et la sécurité
(y compris l’accent sur la sécurité dans la région immédiate, le partenariat
transatlantique, le Partenariat oriental et le Partenariat UE-Asie centrale).
Sur ce dernier point, la Lettonie sera l’hôte d’un sommet sur le Partenariat
oriental pendant sa présidence et ce dernier aura pour objectif de trouver de
nouvelles approches. En ce qui concerne les relations entre le Canada et la
Lettonie, Mme Stovel a indiqué que le Canada a été
particulièrement actif dans la région au cours de la dernière année en raison
de sa présence militaire et d’une contribution d’un million de dollars à chacun
des trois centres d’excellence de l’OTAN dans les pays Baltes.
Mme Stovel a parlé des récents
développements en Lettonie et a indiqué que les élections d’octobre 2014
ont reporté au pouvoir le même gouvernement de coalition de centre droit
composé de trois partis, même si c’est le Parti de l’harmonie pro-russe qui a
récolté le plus de votes. La première ministre Laimdota Straujuma est devenue
la première femme du pays à occuper ce poste en janvier 2014.
Actuellement, la Lettonie entretient une relation difficile avec la Russie,
étant donné que c’est un territoire qui était auparavant occupé et
qu’actuellement, 28% de la population est d’origine russe. Treize pour cent de
la population ne détient ni la citoyenneté lettone ni la citoyenneté russe.
Cette partie de la population profite de nombreux avantages associés à la citoyenneté
lettone, comme un passeport, mais elle n’a pas le droit de voter ou de
travailler au sein de la fonction publique. La connaissance de la langue
lettone est un prérequis pour obtenir la citoyenneté lettone. Dans ce contexte,
le sentiment d’anxiété est exacerbé en Lettonie aujourd’hui en raison des
manœuvres agressives déployées par la Russie dans la région. La Lettonie s’est
récemment engagée à augmenter ses contributions à l’OTAN.
Mme Stovel a décrit d’importants
aspects de l’économie lettone, notamment le fait que la Lettonie et les autres
pays Baltes sont des chefs de fils mondiaux en ce qui
concerne la vitesse Internet et l’infrastructure numérique. Cependant, le pays
est également un des plus pauvres de l’UE. Il a été durement touché par la
récession de 2008 et est actuellement gravement touché par les sanctions contre
la Russie, l’un des marchés les plus importants de la Lettonie pour
l’agriculture et les produits laitiers. Néanmoins, la Lettonie a maintenant
remboursé les prêts qu’elle avait contractés après la récession et elle connaît
une croissance élevée de son PIB. Le taux de chômage est actuellement de
11 % et l’émigration permet de maintenir le taux de chômage chez les
jeunes à environ 25 %. En réponse à des questions de membres de la délégation,
Mme Stovel a mentionné que les moteurs importants de l’économie
lettone sont les technologies de l’information, les produits pharmaceutiques,
le pétrole, le transport en commun et les services. En ce qui concerne les
relations avec le Canada, une société canadienne d’extraction du nickel
encourage actuellement le gouvernement de la Lettonie à élaborer un cadre
juridique pour l’exploitation minière, et Bombardier évalue la possibilité de
choisir la Lettonie comme plaque tournante pour ses réparations. Un récent
accord sur les voies ferrées a également permis à la Lettonie de se dégager des
exigences de la Russie en ce qui concerne l’écartement.
Après les remarques de Mme Stovel,
les membres de la délégation ont posé une série de questions faisant ressortir
la position comparable de la Lettonie en ce qui concerne les changements
climatiques, les mesures prises à l’échelle nationale en lien avec l’épidémie
d’Ebola et les faibles niveaux d’immigration au pays – il y a des Roms en
Lettonie (qui représentent jusqu’à 10 % de la population de certaines
villes), mais les expériences liées à l’intégration semblent être relativement
positives, malgré certains cas de discrimination.
Rencontre avec des représentants de la Commission
des affaires étrangères du Parlement de la Lettonie (Saeima)
M. Ojārs
Ēriks Kalniņš du parti Unité, président de la Commission des affaires
étrangères du Parlement de la Lettonie, a souhaité la bienvenue à la délégation
et à Mme Stovel à la Saeima (Parlement de la Lettonie) et a
commencé la réunion en soulignant l’importance de la situation sur le plan de
la sécurité en Lettonie actuellement – c’est la question qui a dominé les
élections d’octobre dernier. En ce qui concerne l’AECG, il a indiqué que la
plupart des détails semblent avoir été réglés et qu’il ne reste qu’à traduire
l’accord et à procéder à une vérification juridique. Ce sont les négociations
simultanées entre l’UE et les États-Unis sur le PTCI qui semblent avoir mis à
l’avant-plan les préoccupations au sujet de l’AECG. M. Kalniņš a
indiqué que la Lettonie souhaite entretenir des relations plus étroites avec
l’Amérique du Nord sur les plans de l’économie et de la sécurité, et que la
Lettonie espère faire avancer les deux accords pendant sa présidence.
Sur la question de la présidence du Conseil de
l’Union européenne par la Lettonie, M. Kalniņš a indiqué qu’une des
grandes priorités sera de mettre l’accent sur l’importance du Partenariat
oriental dans le contexte des actes d’agression actuellement perpétrés par la
Russie, de manière à normaliser les relations avec la Russie, à se concentrer
sur le renforcement de la démocratie dans ces pays, et à favoriser la
mobilisation et le soutien des partenaires transatlantiques à cet égard. En
réponse à des questions de membres de la délégation sur la motivation de la
Russie, M. Kalniņš a souligné l’importance du nationalisme russe et
le besoin apparent de la Russie de faire ressortir son pouvoir en élargissant
sa sphère d’influence. D’autres membres de la Commission des affaires
étrangères, dont M. Rihard Kols, du parti de l’Alliance nationale, ont
souligné le fait que la Russie met l’état de préparation et l’unité de l’OTAN à
l’épreuve – c’est un moment décisif pour l’OTAN, qui doit montrer une solide
collaboration et revoir la stratégie militaire de l’UE, tout en élaborant une
nouvelle architecture de sécurité pour l’UE. On a fait remarquer que la Russie
représente un marché important pour les biens lettons. Par conséquent, le pays
reçoit de l’aide de l’UE et cherche à ouvrir de nouveaux marchés, comme la
Chine. M. Kalniņš a également fourni des renseignements sur le Centre
d’excellence de l’OTAN à Riga, qui est axé sur les communications stratégiques
et qui a produit des rapports très utiles, particulièrement en ce qui concerne
la propagande russe et les tentatives de donner une image négative de
l’Occident. Il a indiqué que c’est un secteur où le Canada peut fournir de
l’aide, possiblement en plus du membre du personnel canadien déployé et de la
somme d’un million de dollars que le gouvernement du Canada s’est engagé à
verser. Il a souligné le fait que la Lettonie comprend que lorsqu’elle fournit
de l’aide militaire à l’étranger, elle encourage le soutien militaire pour
elle-même sur son territoire. La conversation sur les perceptions de la Russie
en Lettonie s’est terminée par une intervention d’un membre du parti Harmonie,
qui a parlé des besoins linguistiques des Russes de souche en Lettonie et dans
d’autres pays, comme l’Ukraine. La réunion s’est terminé avec une discussion
sur le fait qu’au cours des dernières années, la Lettonie a accordé des permis
de séjour à un certain nombre d’individus qui ont investi massivement dans
l’économie lettone, ce qui a fait naître chez certains Lettons des craintes
quant à la sécurité et à l’économie nationales.
Rencontre avec des membres de la Commission des
affaires européennes de la Saeima
Par la suite, les
membres de la délégation et Mme Stovel ont rencontré des membres de
la Commission des affaires européennes de la Saeima. La présidente, Mme Lolita Čigāne
du parti Unité, a indiqué que la Lettonie appréciait le soutien militaire du
Canada et la solide intervention de l’OTAN au cours des derniers mois. Elle a
souligné que le Partenariat oriental et la crise entre la Russie et l’Ukraine
sont susceptibles de dominer la présidence du Conseil de l’Union européenne par
la Lettonie, en plus des autres priorités de la Lettonie. Elle a indiqué que la
Lettonie espère ratifier l’AECG rapidement, puis mener à terme les négociations
du PTCI, tout en respectant le besoin de transparence dans le cadre de ces
processus. L’AECG et le PTCI sont deux symboles qui montrent qu’il est
important de collaborer dans le cadre de forums multilatéraux, plutôt que de se
tourner vers les agressions. Elle a indiqué que les principales exportations de
la Lettonie sont les technologies de l’information et des communications, le
bois d’œuvre et les aliments (un secteur qui est actuellement touché par les
sanctions contre la Russie). L’économie lettone a une bonne capacité de reprise
et de résilience grâce à ses produits de créneau.
En réponse à une question au sujet de comment le
Canada pourrait soutenir davantage la Lettonie, M. Atis Lejiņš du parti
Unité a indiqué qu’une possibilité serait de financer davantage les programmes
d’échange pour les de l’UE à l’École de droit de Riga. Mme Čigāne
a également indiqué qu’il fallait continuer de soutenir l’Ukraine avec des
réunions de haut niveau et du matériel. M. Armands Krauze de l’Union des
verts et des paysans a enchaîné sur le sujet des agressions de la Russie et a
rappelé que les sanctions commerciales contre la Russie ont eu des
répercussions considérables sur la Lettonie, étant donné que 10 % des
échanges commerciaux lettons sont généralement dirigés vers le marché russe. Le
secteur letton des produits laitiers a déjà connu une baisse de 30 %, mais
de nombreux producteurs commencent à trouver de nouveaux marchés. Dans ce
contexte, M. Lejiņš a parlé de la sécurité énergétique et du fait que
la Lettonie achète actuellement tout son gaz de la Russie. Dans le but de
réduire sa dépendance à l’égard de la Russie et d’accroître la concurrence, de
manière à faire baisser le prix du gaz, la Lettonie a travaillé en
collaboration avec les autres pays Baltes pour développer une capacité
régionale de gaz naturel liquéfié. La Lettonie a toutefois été incapable
d’obtenir les fonds nécessaires; la Lituanie est allée de l’avant avec ce
projet et a fait seule l’acquisition d’un terminal flottant de gaz naturel
liquéfié. Actuellement, la Lettonie dispose néanmoins de la plus grande
installation pour l’entreposage du gaz dans les pays Baltes.
Une discussion a ensuite été lancée sur la
capacité numérique de la Lettonie et M. Lejiņš a indiqué que la
Lettonie espère promouvoir un marché numérique commun dans l’UE. À l’heure
actuelle, une autre des grandes initiatives de la Lettonie est de travailler
étroitement avec les autres pays Baltes dans le dossier des signatures
électroniques. Mme Čigāne a également répondu à une
question sur l’entrée de la Lettonie dans la zone euro. Elle a indiqué qu’en
fin de compte, ce processus s’était fait sans heurts, malgré une certaine
nostalgie à l’égard de l’ancienne devise, étant donné que le pays était bien
préparé et que le tout s’est fait de façon transparente. Elle a souligné le
fait que l’entrée dans la zone euro est importante, tant du point de vue
géopolitique que du point de vue stratégique. En réponse à des questions sur
l’égalité entre les hommes et les femmes et les changements climatiques,
M. Lejiņš a indiqué que le nombre de femmes à la Saeima est faible et
qu’il a diminué lors des élections d’octobre 2014. M. Krauze a fait
remarquer que la lutte contre les changements climatiques est associée à la
fois à des défis et à des possibilités. La Lettonie est un pays très vert, mais
elle doit s’assurer de ne pas stagner dans ce contexte.
Dîner de travail avec des parlementaires lettons
La délégation a
rejoint Mme Stovel et un groupe de parlementaires lettons
(M. Vjačeslavs Dombrovskis du parti Unité, M. Atis Lejiņš,
M. Ivans Klementjevs du parti Harmonie et M. Mārtiņš Bondars du parti
Alliance régionale) pour un dîner de travail visant à discuter de différentes
questions liées aux relations entre le Canada et la Lettonie. M. Tilson a
ouvert la rencontre en faisant des remarques sur les expériences de la
délégation jusqu’à maintenant à Riga et en donnant un aperçu de l’histoire des
relations entre le Canada et la Lettonie. Il a souligné l’importance des
relations bilatérales et des échanges parlementaires. M. Dombrovskis a
poursuivi en indiquant que la communauté canadienne d’origine lettone est l’une
des communautés lettones les plus influentes à l’extérieur du pays, puis il a
donné un aperçu des priorités de la Lettonie pour sa présidence du Conseil de
l’Union européenne. Ses collègues et lui ont remercié le Canada de son soutien
en 1991, lorsque la Lettonie a obtenu son indépendance de l’Union soviétique.
M. Tilson et Mme Stovel ont indiqué que le Canada allait
continuer de soutenir la Lettonie en ce qui concerne les préoccupations liées à
la Russie. M. Dombrovskis et M. Lejiņš ont parlé des craintes
liées aux répercussions de la propagande effectuée par la Russie à l’aide de la
radiodiffusion et de la capacité des pays de l’UE de contrer ces messages. Ils
disaient craindre que le monde ne se dirige vers une nouvelle guerre froide,
avec des confrontations internationales concernant la reconnaissance des
territoires occupés. Cette discussion était suivi par une évaluation des
possibilités qui sous-tendent le resserrement des liens entre la Russie et la
Chine, en tentant aussi de comprendre les raisons pour lesquelles la Russie a
récemment tenté d’élargir sa sphère d’influence. M. Dombrovskis et Mme Stovel
ont aussi échangé des propos sur le potentiel énergétique dans la région et le
besoin de la Lettonie de se diversifier. M. Dombrovskis a noté que les
possibilités liées aux énergies renouvelables comme l’énergie solaire sont
faibles en Lettonie en raison de l’absence de soleil à longueur d’année.
Rencontre avec des représentants de la Chambre de
commerce et d’industrie de Lettonie
La délégation s’est
ensuite rendue au bureau de la Chambre de commerce et d’industrie de Lettonie
pour rencontrer son président, M. Gundars Strautmanis; son vice‑président,
M. Aigars Rostovskis; et le conseiller des affaires étrangères pour
le Conseil, M. Mārtiņš Perts. M. Strautmanis a commencé la rencontre
par des remarques d’ouverture au cours desquelles il a indiqué que la Chambre
de commerce est la plus importante organisation représentant des intérêts
commerciaux en Lettonie. Il a ajouté que l’organisation a hâte de pouvoir voir
l’AECG afin de comprendre ses avantages, tant du point de vue de l’UE que du
point de vue de la Lettonie. À cet égard, il a répondu à une question sur la
manière dont on fait la promotion des PME à l’étranger et sur la manière dont
on les encourage à accéder aux marchés étrangers. Il a indiqué que cette
question relevait également de l’Agence d’investissement et de développement,
et que la Chambre de commerce offrait quant à elle des séminaires et des forums
pour permettre aux PME de partager leurs expériences. Il a indiqué que la vie
n’est pas facile pour les PME, mais que la micro-taxation fonctionne bien pour
le moment. Un des problèmes est que le système judiciaire est très lent.
M. Strautmanis et M. Rostovskis ont répondu à
une question sur l’immigration. Ils ont indiqué qu’un certain nombre de Russes
aisés ont récemment immigré en Lettonie. Le taux de natalité n’est pas élevé en
Lettonie, cette immigration pourrait donc être positive. Il faut toutefois
adopter une réglementation, étant donné que la plus grande partie de l’argent
de ces immigrants est dirigée vers l’immobilier, ce qui ne constitue pas une
forme d’investissement durable. Il s’agit en outre d’une question hautement
politique. En réponse à une question sur les répercussions sur la Lettonie des
sanctions contre la Russie, M. Strautmanis et M. Rostovskis ont indiqué
que le gouvernement fournit du financement pour compenser les pertes des
producteurs lettons, mais que ce n’est pas suffisant. La Chambre de commerce
travaille en étroite collaboration avec le ministère de l’Économie et tente de
trouver de nouveaux marchés, comme la Chine. Les participants ont ensuite
discuté des raisons pour lesquelles la Lettonie est si forte dans le domaine
numérique et M. Rostovskis a indiqué que l’éducation soviétique a offert
une solide base à ceux qui travaillent maintenant dans ce domaine. Il a dit
qu’il faudrait toutefois mieux utiliser l’infrastructure physique de la Lettonie.
La Lettonie a beaucoup à offrir à cet égard et dispose de trois ports libres de
glaces. En réponse à une question sur le chômage chez les jeunes, il a souligné
que la Lettonie avait besoin de mesures d’allégements fiscaux et
d’encouragement à l’investissement pour que les gens décrochent des emplois
intéressants en Lettonie, et n’aient plus à quitter le pays pour en trouver.
Rencontre avec des représentants du ministère de
la Protection de l’environnement et du Développement régional au Centre de
démonstration des TI de Riga
Au Centre de
démonstration des TI de Riga, la délégation a rencontré
M. Arnis Daugulis, secrétaire d’État adjoint au ministère de la
Protection de l’environnement et du Développement régional (TIC et gouvernance
électronique); Mme Žaneta Mikosa, secrétaire d’État adjointe
(questions liées à la présidence de l’UE); Gatis Ozols, division des services
électroniques; et Pēteris Veits, expert principal. M. Daugulis a
donné un aperçu de l’agenda numérique de la Lettonie, une priorité pour sa présidence
du Conseil de l’Union européenne. Il a expliqué que le message clé serait
« numérique par défaut », ce qui signifie que toutes les initiatives
de l’UE devraient tenir compte des différents aspects numériques. Dans ce
contexte, la Lettonie espère mettre l’accent sur les trois éléments
suivants : bâtir la confiance et réduire les obstacles dans un marché
unique numérique, s’efforcer de moderniser le secteur public grâce à la
technologie numérique, et améliorer la sécurité dans le cyberespace. La planification
de ces initiatives est déjà en cours au niveau de l’UE, c’est donc une
excellente occasion pour la Lettonie d’accroître son influence. En réponse à
une question d’un membre de la délégation, M. Daugulis a expliqué le
concept de marché unique numérique. Il a indiqué qu’il nécessiterait
l’élimination des frais d’itinérance dans l’ensemble de l’Europe, dans le but
ultime d’utiliser des moyens numériques pour favoriser la croissance et la
création de nouveaux emplois. Il a signalé l’actuelle fragmentation des
capacités numériques dans l’ensemble de l’UE, qui ralentit le continent et lui
fait perdre son avantage concurrentiel. Il a rappelé que dans ce domaine, les
véritables occasions qui se présentent sont destinées au secteur privé – le
secteur public ne serait appelé qu’à couvrir les secteurs sans connexion
Internet. Il a expliqué qu’en Lettonie, le gouvernement joue également un rôle
pour combler le fossé numérique en fournissant un réseau de bibliothèques
offrant Internet gratuitement. Finalement, M. Daugulis a indiqué qu’il
fallait établir un équilibre entre, d’une part, la confiance dans la sécurité
d’Internet et, d’autre part, une couverture et convivialité étendues.
M. Veits a mentionné que des questions de
protection des données et des propositions législatives sur les droits d’auteur
seront étudiées par l’UE dans les mois à venir. L’agenda numérique chevauchera
probablement les futures présidences. M. Veits est revenu sur la question du
droit d’auteur et a indiqué qu’une loi sur le droit d’auteur est en voie de
rédaction, mais qu’on ne sait pas si elle sera générique ou détaillée. Dans
quelle mesure l’harmonisation est-elle nécessaire? Ils se pencheront sur les
manières d’améliorer les politiques sur le droit d’auteur à l’échelle de l’UE.
Sur la question des signatures électroniques, il a souligné le fait que le
système fonctionne bien en Lettonie, mais que le prochain défi consistera à
s’assurer que ces signatures peuvent être reconnues entre les États.
M. Daugulis a souligné que la nouvelle Commission européenne a reçu la
somme de trois milliards d’euros. Mme Mikosa a quant à
elle rappelé qu’à long terme, le virage numérique permettra de réaliser des
gains d’efficience et de réaliser des économies. M. Daugulis a fait valoir
que la numérisation des services gouvernementaux va au-delà de la mise en place
des technologies – il faut revoir l’ensemble du système. Si le projet connaît
du succès, l’investissement rapporte. M. Veits a abondé dans le même sens
et a indiqué qu’il ne suffit pas d’injecter des fonds dans un projet, mais
qu’il faut aussi s’assurer d’inclure ces questions numériques dans l’éducation,
de sorte qu’elles finissent par faire partie de la culture.
Pendant cette rencontre, la délégation a pris le
temps de visionner une vidéo du Centre de démonstration des TI de Riga qui
portait sur l’infrastructure numérique de la Lettonie. La vidéo mentionnait
notamment que la participation de la Lettonie au domaine numérique avait en
partie été déclenchée par la crise économique de 2008, qui avait poussé les
entreprises à chercher des gains d’efficacité. Actuellement, la Lettonie est un
chef de file dans l’utilisation des services bancaires en ligne. La délégation
a également visité le Centre de démonstration et a observé certaines des
innovations qui seront bientôt mises à la disposition des consommateurs.
Rencontre avec des représentants du Centre
d’excellence de l’OTAN pour les communications stratégiques à Riga
La délégation a
amorcé sa dernière journée à Riga par une rencontre avec le colonel Aivar
Jaeski, directeur adjoint, et la lieutenante-colonelle (retraitée)
Rita LePage, experte en relations publiques dans le milieu militaire, au
Centre d’excellence de l’OTAN pour les communications stratégiques à Riga. Le
Centre a commencé ses opérations en janvier 2014 et a reçu son
accréditation officielle en septembre. La lieutenante-colonelle LePage a
tout d’abord expliqué comment le Centre prévoit utiliser le financement d’un
million de dollars fourni par le gouvernement canadien, c’est-à-dire en se concentrant
sur la capacité d’analyse en Géorgie, en Moldavie et en Ukraine pour 2015. Elle
a indiqué que le Centre est actuellement opérationnel, mais que tous les postes
ne sont pas pourvus. Le Centre reçoit du financement de la Lettonie, du
Royaume-Uni, de l’Allemagne, de la Pologne, de l’Estonie et de la Lituanie,
pays qui fourniront aussi un employé au Centre, pour un total éventuel de
20 employés. Le colonel Jaeski a souligné que l’objectif du Centre n’est
pas de devenir une grande organisation, mais bien de rassembler le plus grand
nombre de pays possible. Les initiatives du Centre sont axées sur les besoins
des pays qui le soutiennent. Dans ce contexte, il a encouragé le Canada à
envoyer un employé au Centre ou à faire de la lieutenante-colonelle LePage
sa représentante officielle – elle est actuellement parrainée par le
gouvernement de la Lettonie.
Le colonel Jaeski a parlé de la nature unique du
Centre et du fait qu’il est axé sur les communications stratégiques. À l’heure
actuelle, les pays Baltes sont très préoccupés par le climat de sécurité, même
s’il n’existe aucune menace directe et que ces pays sont des membres de l’OTAN.
Le colonel Jaeski a indiqué qu’à certains égards, le Centre vise à
« dissiper le brouillard causé par la guerre ». La lieutenante-colonelle
a indiqué que la propagande russe est l’un des principaux domaines d’intérêt du
Centre. Actuellement, le message en provenance de la Russie concerne le
rétablissement de la fierté russe, la volonté de redonner à ce pays sa gloire
d’antan. De toute évidence, il est nécessaire de comprendre les dommages qui
ont été causés à cette fierté lorsque l’URSS s’est effondrée. Le Centre a
récemment publié un rapport qui analysait les déclarations russes faites à la
télévision et sur Twitter. Ce rapport précisait que la Russie avait signalé il
y a bien longtemps ses intentions en ce qui concerne la Crimée, mais que les
autres pays n’avaient pas relevé les signaux. Le Centre cherche à analyser les
manières de contrer la propagande, à analyser les images que nous projetons et
ce que les nations disent, et à tenter d’influencer un changement de
comportement. Le colonel Jaeski a souligné qu’aujourd’hui, l’OTAN est plus
forte que jamais, mais qu’elle ne doit pas faire fi de l’environnement de
sécurité – il est important de maintenir les dépenses et l’expertise dans le
domaine de la défense. Au-delà de la Russie, le Centre s’est aussi intéressé à
l’État islamique et à la radicalisation, dans le but de mieux comprendre les
motivations du groupe ciblé et les récits convaincants qui peuvent influencer
un changement de comportement. Le Centre n’a pas la capacité de lancer lui-même
des mesures de contre-propagande, mais le colonel Jaeski a expliqué que le
Centre analyse les secteurs où l’OTAN rate sa cible – on craint que les contre‑discours
ne soient pas exprimés ou entendus. Un autre des projets du Centre consiste à
examiner la Force internationale d’assistance à la sécurité de l’OTAN en
Afghanistan pour en tirer les leçons apprises de 2006 à 2014 concernant les
messages que les pays communiquent chez eux. De plus, un rapport sur la défense
antimissile balistique sera bientôt prêt. Le colonel Jaeski a indiqué que les
différents Centres d’excellence de l’OTAN organisent des réunions annuelles au
cours desquelles les participants examinent les chevauchements et partagent de
l’information, et combinent parfois des projets lorsque c’est approprié. Ils
procèdent actuellement à une analyse conjointe sur les médias sociaux.
Rencontre avec le professeur Andris Sprūds de
l’Institut letton des affaires internationales
La délégation a
ensuite rencontré le professeur Andris Sprūds de l’Institut letton des
affaires internationales pour discuter du Partenariat oriental et de questions
de sécurité régionale. Le professeur Sprūds a décrit le rôle que devra
jouer la Lettonie pendant sa présidence du Conseil de l’Union européenne. Elle
devra notamment établir le plan de travail du Conseil, organiser des événements
et faciliter la collaboration. Le professeur Sprūds a ajouté que les
préoccupations concernant les agressions de la Russie vont certainement
constituer la toile de fond de la présidence, c’est pourquoi le Partenariat
oriental comptera parmi les priorités du Conseil. De nombreux pays d’Europe
centrale et d’Europe de l’Est sont en train de s’écrouler et adoptent une
approche de plus en plus individualisée. Le professeur Sprūds a cité un
inquiétant sondage d’opinion réalisé au Bélarus, qui indique que face aux
agressions de la Russie, moins de 15 % des répondants défendraient le Bélarus,
20 % des répondants appuieraient l’armée d’envahisseurs et 50 % des
répondants ne feraient qu’accepter le nouveau régime. Le professeur Sprūds
a néanmoins reconnu que la Lettonie doit faire preuve de prudence. Le
professeur Sprūds a ensuite décrit les principaux éléments du
Partenariat oriental : promouvoir les droits de la personne, la primauté
du droit et la démocratie; et promouvoir des échanges commerciaux libres ou
l’augmentation des échanges commerciaux.
Le professeur Sprūds a été interrogé sur la
sécurité énergétique et la distribution énergétique dans la région. Il a
indiqué que la Russie utilise ses oléoducs pour conserver un monopole sur les
ressources énergétiques et pour maintenir son influence en Europe. Il a
expliqué que le gaz était un outil stratégique pour la Russie, tandis que le
pétrole était davantage un outil économique. Un aspect positif du monopole
russe au niveau de l’approvisionnement en gaz est qu’il a été une bonne source
de revenus pour l’Ukraine, en tant que pays de transit (représentant jusqu’à
10 % du PIB de l’Ukraine). Il a rappelé qu’il est important d’atteindre un
équilibre : les ressources énergétiques de la Russie sont indispensables,
mais la diversification est importante (y compris les relations commerciales
transparentes et la capacité de remplacer les sources d’approvisionnement).
Le professeur Sprūds a ensuite répondu à une
question sur un éventuel rétablissement de l’empire russe. Il a dit que ce
n’était pas le cas, mais il a soutenu que c’était une situation complexe. Il a
indiqué que la Russie n’a jamais été aussi unie qu’à l’heure actuelle. En
réponse à une autre question sur la Turquie, le professeur Sprūds a
répondu que la Lettonie veut que la Turquie devienne membre de l’UE, mais
craint que l’instabilité qui règne actuellement dans la région ne repousse
cette possibilité. Il a indiqué que les projets énergétiques dans la région,
comme le South Stream, sont susceptibles d’aller de l’avant, même s’il y a des
obstacles et des avantages associés au fait de travailler avec la Russie.
Reprenant des commentaires entendus lors d’une rencontre précédente, le
professeur Sprūds a soutenu qu’il ne croyait pas que la Russie et la
Chine finiraient par établir des relations très étroites, malgré de récents
rapprochements, étant donné qu’il s’agissait de deux pays très différents.
Finalement, le professeur Sprūds a imaginé une Russie post-Poutine et a
indiqué que la Russie est un pays relativement démocratique, et que d’autres
options de leadership sont disponibles. Il a néanmoins soutenu que le président
Poutine est susceptible de demeurer au pouvoir pendant encore bien longtemps.
La Russie est un phénomène social fascinant et il sera intéressant de voir ce
qui se produira si la popularité du président Poutine diminue.
Dîner de travail avec un député du Parlement
européen, M. Roberts Zīle
La délégation a
assisté à un dîner de travail tenu par Mme Stovel en compagnie
d’un député letton du Parlement européen, M. Roberts Zīle, membre du
groupe des conservateurs et réformistes européens au niveau de l’UE et membre
de l’Alliance nationale au niveau national. M. Zīle a commenté les
priorités de la Lettonie pour sa présidence du Conseil de l’Union européenne,
en mettant l’accent sur l’importance du Partenariat oriental et de l’agenda
numérique. Il a indiqué que certains segments de la société lettone sont
mécontents des sommes dépensées pour la présidence, mais que d’autres sont
heureux de l’attention accrue dont le pays bénéficiera, qui lui permettra de
mieux se faire connaître. Il a rappelé que son parti et le Parti populaire
européen appuient l’AECG. Le concept d’échanges commerciaux avec les États-Unis
est très important pour la Lettonie et appuyer l’AECG constitue sans contredit
un premier pas dans cette direction. Il sera plus facile de conclure l’AECG que
de conclure le PTCI et il est possible que l’AECG soit utilisé comme outil
politique pour dissuader des pays de mettre le PTCI en œuvre – il sera
important d’éviter de faire des associations automatiques entre les deux
accords. M. Tilson a transmis un message positif au sujet de l’AECG et a
indiqué qu’il sera avantageux pour l’UE, la Lettonie, l’Allemagne et le Canada,
et qu’il permettra même à l’UE de bénéficier d’un certain accès aux marchés
américain et mexicain. M. Zīle a noté que des préoccupations
politiques ont été exprimées quant à la possibilité que des aliments
génétiquement modifiés n’entrent sur le marché européen, mais que ce n’est pas
la réalité – les normes européennes ne seront pas abaissées en raison de
l’AECG. Mme Stovel a également rappelé que les mécanismes de
RDIE existent déjà dans de nombreux contextes – l’AECG ne fera qu’utiliser
cette même capacité.
En réponse à une question sur les partis
politiques en Lettonie et M. Zīle a expliqué que l’Alliance politique
est un parti de droite. Actuellement, le parti se préoccupe de la vente de
biens immobiliers lettons à des Russes et espère changer cette tendance, pour
que les investissements ne soient plus faits par de Russes, mais plutôt par des
investisseurs occidentaux. Il a également indiqué que l’Alliance nationale veut
que le letton soit la seule langue enseignée dans les écoles, dans le but
d’uniformiser le système scolaire (et non pas de s’en prendre aux minorités
linguistiques). Sur cette question, il a ajouté que le grand nombre d’écoles et
le nombre restreint d’élèves suscitent des inquiétudes en Lettonie
actuellement. Cette situation est très coûteuse pour l’État et les résultats
sont mauvais, étant donné que les enseignants ne sont pas bien rémunérés.
Sur la question des changements climatiques et de
l’énergie, M. Zīle a indiqué que la Lettonie est un pays vert, mais
qu’elle souhaiterait ralentir le pas pour ce qui est de la lutte contre les
changements climatiques. M. Zīle a ajouté que la Lettonie doute que
les niveaux de réduction visés soient possibles. Il a ajouté qu’une union
énergétique compte au nombre des priorités de l’UE, mais que les différents
pays comprennent ce concept différemment. Un membre de la délégation lui a
demandé s’il était possible que la Lettonie achète un jour de l’énergie
provenant du Canada et il a répondu que la Lettonie serait probablement
intéressée par le gaz naturel liquéfié canadien, mais que les besoins sont
moins grands pour ce qui est du pétrole. M. Zīle a ensuite parlé du
terminal flottant qui a récemment été construit en Lituanie. Il a indiqué que
la Lettonie n’était pas parvenue à une entente à son sujet – les pays Baltes ne
sont pas pleinement unis sur les questions énergétiques – et qu’elle n’avait
donc pas accès à cette source d’approvisionnement (qui arrive actuellement en
Lituanie en provenance de la Norvège). M. Zīle a terminé en parlant
de Rail Baltica et des mesures qui ont récemment été prises par la Lettonie
pour un train à grande vitesse sur un réseau à écartement européen. La Russie
et d’autres intérêts sont contre ce projet; la bataille sur cette question
n’est pas encore terminée.
Rencontre avec Mme Iveta Kažoka,
analyste principale des politiques au groupe de réflexion Providus
La délégation a
ensuite rencontré Mme Iveta Kažoka, analyste principale des
politiques au groupe de réflexion Providus, pour discuter des priorités de la Lettonie
lors de sa présidence du Conseil de l’Union européenne. Mme Kažoka
a parlé du plus récent projet de l’organisation, qui visait à comparer des
États membres de l’UE (particulièrement la Lettonie, la Pologne, la Bulgarie et
la République tchèque). Ce projet a notamment révélé que parmi les pays
étudiés, la Lettonie était l’un des mieux intégrés à l’UE, avec des niveaux
d’optimisme considérablement élevés à propos de l’UE (même si 30 % de la
population de la Lettonie demeure sceptique quant aux avantages associés au
fait d’être membre de l’UE). Elle a indiqué que la Lettonie connaissait une
bonne croissance et que de nombreuses personnes estimaient que l’appartenance à
l’UE comportait des avantages (comme la mobilité de la main‑d’œuvre, les
investissements et les subventions agricoles), mais que les gens avaient
tendance à ne pas penser aux avantages plus vastes associés à l’UE (comme les
valeurs communes, la paix et la sécurité). Elle a souligné le fait que la
Lettonie éprouve actuellement un faible sentiment de pouvoir au sein de l’UE,
avec la perception que les députés lettons ne sont pas pris en compte au
Parlement européen. Elle a toutefois indiqué que les députés lettons du
Parlement européen gagnent lentement de la confiance et que cette perception
changera probablement avec la présidence de la Lettonie. Dans cette optique, Mme Kažoka
a souligné un certain nombre de secteurs sur lesquelles la Lettonie pourrait se
pencher dans les mois à venir : se concentrer sur une fonction publique
plus forte qui comprend les procédures de l’UE, penser à la Lettonie d’une
manière plus stratégique au niveau de l’UE, et participer plus activement aux
activités de l’UE en proposant des politiques. En réponse à une question d’un
membre de la délégation sur la manière dont la présidence fonctionne, Mme Kažoka
a répondu que la présidence de la Lettonie faisait partie d’un programme de
18 mois élaboré en collaboration avec deux autres pays membres de l’UE
(l’Italie et le Luxembourg) – ensemble, les trois États sont considérés comme
un trio. Chaque pays se concentre ensuite sur ses propres priorités à partir de
ce programme, en fonction de ses compétences et de ses intérêts. L’Italie
concentre actuellement ses efforts sur la réforme institutionnelle et la
Lettonie poursuivra cet objectif, mais sous un angle numérique. Une priorité ne
s’éteint pas lorsqu’une présidence se termine – le pays suivant ne fait que
reprendre le flambeau. Par conséquent, la Lettonie est susceptible de se
pencher sur des questions méditerranéennes suite à la présidence de l’Italie.
Lorsqu’elle a choisi l’agenda numérique, la Lettonie a misé sur ses forces,
plutôt que de compter sur la planification stratégique. L’idée d’union
numérique n’est pas nouvelle, mais il s’agit d’une idée à laquelle la Lettonie
peut participer.
Rencontre avec des représentants du ministère des
Affaires étrangères
Lors de sa dernière
réunion en Lettonie, la délégation a rencontré des représentants du ministère
des Affaires étrangères : Mme Inga Skujiņa, sous-secrétaire
d’État pour les affaires européennes; l’ambassadeur Einars Semanis, directeur
général de la Direction des relations bilatérales; Mme Dace
Rutka, chef de la Division des Amériques et des Caraïbes; M. Reinis
Kalniņš, troisième secrétaire de la Division des Amériques et des
Caraïbes; et M. Artūrs Sviridovs, agent responsable du Canada à la
Division des Amériques et des Caraïbes. Mme Skujiņa a
formulé des commentaires sur la manière dont la Lettonie aborde ses priorités
pour la présidence. Elle a insisté sur le fait que le pays souhaite en
apprendre davantage sur le Conseil pendant sa présidence, et qu’il espère
posséder les compétences nécessaires pour guider ses partenaires et ouvrir la
voie à une collaboration future. Elle a souligné que le faible taux de
participation aux élections de l’UE de 2014 était attribuable à
l’euroscepticisme, mais a dit espérer que ces problèmes soient chose du passé.
De fait, elle a rappelé que les institutions de l’UE ont réussi à s’entendre
relativement facilement sur une liste de nouveaux commissaires et que des
programmes de travail sont maintenant en place. On met actuellement l’accent
sur l’accroissement de la coopération et de la planification entre les
institutions. Mme Skujiņa a indiqué qu’il arrive que les
présidences soient dérangées par une crise ponctuelle et n’arrivent pas à
réaliser leurs objectifs selon les échéances prévues. Elle a ajouté que le but
du programme du trio est néanmoins d’assurer une certaine continuité. La
Lettonie poursuivra ce que l’Italie a commencé, tout en reconnaissant que des
questions comme la migration en provenance du Sud sont moins importantes pour
la Lettonie que le Partenariat oriental. L’objectif actuel est le
suivant : « moins de papier, plus de mesures concrètes ».
En ce qui concerne les priorités précises de la
Lettonie, Mme Skujiņa a indiqué que la priorité
« Europe compétitive » porte sur les politiques économiques,
l’efficacité et la compétitivité; le renforcement de la base industrielle de
l’Europe; les efforts concernant la politique climatique; la diminution de la
dépendance énergétique et l’importance des partenariats public-privé. Pour ce
qui est de la priorité « Europe numérique », il s’agit d’améliorer la
confiance entre les fournisseurs de service et les consommateurs à l’intérieur
d’un marché numérique unique; de favoriser la protection des données et la
cyber-sécurité; et d’appuyer les emplois et la concurrence. En ce qui concerne
le volet « Europe engagée », la Lettonie entend travailler avec la
haute représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la
politique de sécurité en vue de renforcer les relations transatlantiques qui
favorisent l’économie et la sécurité; de mettre l’accent sur le Partenariat
oriental et les relations avec l’Asie centrale; et de travailler à
l’élaboration d’une stratégie renouvelée en matière de sécurité. Elle a indiqué
que malgré l’euroscepticisme, la majeure partie de l’UE est pro-UE, et qu’il
devrait donc être possible d’aller de l’avant de façon rationnelle. Le fait de
se concentrer sur l’action plutôt que sur le papier, et de chercher à obtenir
des résultats réalistes et concrets, devrait aider à atténuer les craintes.
Dans cette optique, un des objectifs de la Lettonie consiste à réduire le
langage bureaucratique et à fournir de meilleures explications, de manière à
mieux faire comprendre les avantages de l’UE. Il ne sera probablement pas
possible de procéder à des réformes majeures pendant la présidence de la
Lettonie, mais cette dernière espère néanmoins chercher les lacunes et les pratiques
non efficientes au quotidien.
L’ambassadeur Semanis a parlé des relations entre
la Lettonie et le Canada. Il a fait remarquer que la Lettonie appréciait
beaucoup le soutien que lui avait récemment accordé le Canada par l’entremise
de l’OTAN. Il a ajouté que la Lettonie entretient actuellement de bonnes
relations avec le Canada au niveau diplomatique et que la coopération
économique entre les deux pays prend de l’ampleur : une société canadienne
d’exploration minière s’est récemment intéressée aux possibilités en Lettonie,
et la relation de Bombardier avec Air Baltic est très importante. Il serait
peut‑être possible d’avoir un centre de formation en Lettonie ou des
installations pour construire des pièces. Il a indiqué qu’un vol direct entre
Riga et Toronto faisait actuellement l’objet de discussions. Sur la question
des relations entre la Lettonie et la Russie, l’ambassadeur Semanis a
indiqué qu’il y avait de nettes tensions en raison de la situation en Ukraine.
Le Service européen pour l’action extérieure doit se concentrer sur cette
question et signaler à la Russie le mécontentement profond de l’UE. Il a
souligné que les voies diplomatiques étaient ouvertes et qu’on pouvait toujours
espérer qu’une solution diplomatique fonctionne. En ce qui concerne le
Partenariat oriental, Mme Skujiņa a noté que la Lettonie
tente de faire preuve de réalisme quant aux événements dans la région et
travaille à l’amélioration de ses relations avec ces pays. La Lettonie veut
adopter une approche individuelle face aux pays du Partenariat oriental. Mme Skujiņa
a commenté les élections imminentes en Moldavie et a indiqué que les sondages
indiquent que les électeurs sont indécis – la transition post‑communiste
ne se fait pas facilement.
Réception organisée par l’Ambassade du Canada au
Small Guild
Lors de la dernière
soirée de la délégation à Riga, l’Ambassade du Canada en Lettonie, dirigée par
Mme Stovel, a tenu une réception pour la délégation, à laquelle
ont assisté bon nombre des organisations et des personnes que la délégation
avait rencontrées pendant sa mission. Mme Stovel et
M. Tilson ont décrit les expériences de la délégation pendant cette
semaine à Riga et ils ont souligné l’importance des relations entre le Canada
et la Lettonie, de même que les avantages de missions parlementaires comme
celle-ci. M. Tilson a remercié Mme Stovel de son accueil
chaleureux et de l’excellent programme que l’Ambassade avait préparé pour la
délégation. Finalement, il a souhaité la meilleure des chances à la Lettonie,
qui s’apprête à exercer la présidence du Conseil de l’Union européenne.
Respectueusement soumis,
M. David Tilson, député
Président, Association parlementaire
Canada-Europe