DÉCLARATION
DE CLOTURE DU PRÉSIDENT DE LA
CONFÉRENCE M. THEO-BEN GURIRAB
Genève,
8 mai 2009
Nous avons eu deux jours de débats
intenses et riches. Nous nous sommes intéressés aux causes de la crise
économique, à son évolution probable et à la meilleure manière d’y remédier.
Nos débats ont été enrichis par les interventions de plusieurs orateurs invités
et experts qui nous ont fait profiter de leurs connaissances et de leur
sagesse. Nous avons évoqué les mesures d’urgence nécessaires ainsi que les
mesures à prendre à moyen et long terme. Nous avons débattu du rôle qui est le
nôtre en tant que parlementaires, et de ce que les gouvernements et la
communauté internationale peuvent faire.
Il n’est pas possible de rendre compte de
tout ce qui s’est dit dans une brève déclaration de synthèse, aussi inclusive
soit-elle. Un rapport complet vous sera envoyé avec un résumé des débats et
exposés d’ici un mois. Aussi vais-je axer ma déclaration finale à ce stade sur
quelques orientations qui, me semble-t-il, ont recueilli votre adhésion.
Premier point, pour régler la crise dans
l’immédiat, il faudra débourser des fonds de relance extrêmement conséquents.
Il faut relancer l’économie, créer des emplois, réparer le système financier,
rétablir la confiance et donner une impulsion forte au commerce et à
l’investissement. Pour reprendre les conclusions du G20 tenu à Londres le mois
dernier, nous devons bâtir une reprise inclusive, verte et durable, et cela
demandera des fonds considérables.
La crise économique et financière trouve
son origine dans l’économie des pays les plus avancés et les premiers plans de
sauvetage sont, pour la plupart, mis en oeuvre par ces pays. Toutefois, la
crise touche tous les pays et en particulier les pays en développement et les
pays les moins avancés, qui n’y sont pour rien.
Les membres du G20 ont admis que ces pays
avaient besoin d’être aidés. Ce qui signifie qu’il faut tenir les engagements
déjà pris à diverses reprises.
Deuxièmement, nous avons tous insisté sur
la nécessité d’une régulation accrue du secteur financier. Il faut que le
système bancaire soit beaucoup plus transparent, tant au plan interne que
vis-à-vis de l’extérieur, qu’il ne l’a été jusqu’à présent. De même, il faut
mieux encadrer les agences de notation de crédit et les soumettre à des
contrôles afin de veiller que les informations qu’elles publient ne soient pas
trompeuses.
Troisièmement, l'emploi doit être au coeur
du débat. La santé de l'économie mondiale ne doit pas être mesurée à l’aune de
la reprise des marchés boursiers, mais plutôt en fonction du redressement des
marchés du travail, lesquels doivent proposer des emplois assurant une
subsistance et respectant la dignité du travail.
Quatrièmement, notre discussion a porté en
bonne partie sur les institutions financières internationales et sur la
nécessité de les réformer. Il a été dit que les prêts accordés par le Fonds
monétaire international ne devaient plus être assortis des clauses
traditionnelles de conditionnalité et qu’ils ne devaient pas être accordés au
détriment de la protection sociale. Nous, parlementaires, devons concourir à la
conception d'un nouveau système qui soit mieux adapté aux aspirations les plus
profondes des citoyens. Nous devons veiller à ce qu’il y ait une interaction
beaucoup plus étroite des parlements avec les institutions financières
internationales, ceci afin d’exercer un contrôle parlementaire plus fort.
Cinquièmement, il nous faut admettre que
la crise financière mondiale affecte différemment les femmes et les hommes et
que les femmes sont plus durement touchées. La crise risque non seulement de
figer ces inégalités enracinées, mais il est probable qu’elle va même les
exacerber, et que les femmes vont s’enliser un peu plus dans la pauvreté. Or
les femmes sont un élément moteur de notre économie, formelle et informelle, et
les solutions à la crise doivent donc miser sur leur potentiel, reconnaître
leur contribution et promouvoir l'égalité des sexes. Au Parlement, nous devons
faire en sorte que les politiques et programmes qui sont mis au point pour
faire face à la crise tiennent compte de la nécessaire égalité entre les sexes
et de la participation politique des femmes, et qu’ils s’appuient sur des
instruments tels que la budgétisation de genre.
Contrairement à ce que d’aucuns croient,
cette crise n’est pas irréversible. De fait, elle peut être l'occasion de
réaliser de réels progrès dans nos sociétés, de remédier aux inégalités et
déséquilibres existants et de bâtir de nouveaux systèmes basés sur l'inclusion,
la transparence et la bonne gouvernance. Nous devons nous appuyer sur notre
rôle d’élus pour nourrir l'optimisme que cela suppose.
Chers collègues,
Les tâches qui attendent nos gouvernements
pour réformer en profondeur nos systèmes financiers et forger un monde moins
prédisposé aux crises sont colossales. Comme nous l'avons constaté durant ces
deux journées, nous, parlementaires, sommes intéressés au premier chef à la
réussite de toute réforme. Le meilleur type de soutien que nous pouvons
apporter à nos gouvernements consiste, en fait, à en contrôler strictement
l’action. À mesure que s’appliqueront les réformes - elles prendront des années
et non pas des mois - nos congénères dépendront de nous tant pour être tenus
pleinement informés des évolutions accomplies que pour être assurés que leurs
vues et aspirations seront dûment prises en compte.