Deuxième Forum parlementaire sur la
dimension septentrionale
Tromso, Norvège
22 février
2011
M. le
Président,
(Mesdames et Messieurs les membres du Parlement
norvégien, du Parlement sami de Norvège, des parlements d’Islande, de Russie et
d’Europe, de l’Assemblée balte, de la Conférence des parlementaires de la Mer
Baltique, collègues du Comité permanent des parlementaires de la région
arctique, du réseau des parlementaires de Barents, du Conseil nordique, de
l’Assemblée parlementaire du nord-ouest de la Russie, et du Conseil nordique de
l’Ouest)…. et collègues de nombreux groupes parlementaires,
C’est vraiment un plaisir d’être ici
ce soir avec vous tous ….
… et de prendre la parole à l’occasion
de ce Deuxième Forum parlementaire sur la dimension septentrionale pour vous
donner un aperçu du point de vue du Canada et de ses engagements à l’égard de
l’Arctique.
J’ai beaucoup apprécié la belle
expression de culture sami qui a marqué l’ouverture du Forum; de telles
expressions culturelles permettent de mieux prendre conscience de la dimension
humaine de nos importantes discussions.
Avant tout, permettez-moi de dire à
quel point c’est un plaisir pour moi d’être ici à Tromso; ....capitale
culturelle, centre universitaire et scientifique... et lieu de réunion
absolument spectaculaire.
Je tiens aussi à exprimer ma gratitude
à nos hôtes norvégiens qui accueillent si chaleureusement notre importante
réunion …
L’an dernier à pareille date, le Canada
vibrait encore au rythme palpitant des Jeux Olympiques d’hiver de 2010 qui
venaient à peine de prendre fin. Vous vous souviendrez peut-être que le symbole
des jeux d’hiver les plus réussis de notre histoire était un Inukshuk, cette
figure emblématique de l’Arctique canadien et du peuple inuit.
Le Canada voue un intérêt profond à sa
région arctique, territoire riche en ressources naturelles et en économies en
pleine expansion, mais surtout, milieu de vie de plus de 125 000 Canadiens qui
évoluent, travaillent et prospèrent dans des communautés qui, pour être
éloignées, n’en sont pas moins actives. Le mieux-être de nos populations
nordiques est au cœur de tous les gestes que pose le Canada dans l’Arctique.
Le premier
ministre Stephen Harper se rend d’ailleurs en personne, tous les étés depuis
cinq ans, dans nos vastes Territoires du Nord-Ouest, pour y assister à des
exercices navals, visiter des communautés éloignées et inspecter divers lieux
d’investissements stratégiques futurs.
---------
Comme vous le savez, le Canada est un
membre actif du Conseil de l’Arctique (CA); le Canada considère le Conseil
comme le principal forum de la coopération en tout ce qui concerne l’Arctique,
et il prend part aux activités de ses six groupes de travail.
Le soutien aux activités du CA est pour
le Canada un important moyen d’atteindre les objectifs de sa Stratégie pour le
Nord et de sa Politique étrangère pour l’Arctique, lesquelles reposent sur les
quatre piliers suivants :
1)Exercer notre souveraineté dans l’Arctique;
2)Promouvoir le développement social et économique;
3)Protéger notre patrimoine naturel;
4)Améliorer et décentraliser la gouvernance.
Le Canada travaille en collaboration
avec les autres États de la région arctique, les participants permanents
(autochtones) et les observateurs sur tout un ensemble d’initiatives hautement
prioritaires.
Par exemple, nous jouons un rôle de
premier plan dans l’initiative SWIPA (acronyme anglais pour « neige, eau,
glace et pergélisol dans l’Arctique »).
Nous participons au projet SAON qui
vise à mettre en place des réseaux d’observation de l’Arctique, et à
l’important projet d’évaluation du mercure dont les résultats seront livrés à
Nuuk, à la réunion ministérielle qui aura lieu en mai 2011.
Nous avons aussi une participation
ciblée au projet d’évaluation de la biodiversité dans l’Arctique, au Programme
de surveillance de la biodiversité circumpolaire, à l’évaluation du transport
maritime dans l’Arctique et aux travaux du groupe d’experts en santé humaine,
pour ne nommer qu’une partie des nombreux et essentiels efforts de
collaboration qui sont actuellement en cours grâce au Conseil de l’Arctique.
Le Canada
se propose de promouvoir le développement économique et social du Nord, et veut
prendre des mesures qui créeront les conditions internationales propices au
développement durable, mettront en place les occasions de commerce et
d’investissement bénéfiques aux gens du Nord comme à l’ensemble des Canadiens,
et qui favoriseront une meilleure compréhension de la dimension humaine de
l’Arctique afin que la qualité de vie des gens du Nord soit meilleure.
La
Politique étrangère du Canada dans l’Arctique comprend notamment les éléments
suivants :
1)résoudre les litiges frontaliers conformément aux règles du droit
international;
2)faire reconnaître par la communauté internationale l’étendue
complète de notre plateau continental extérieur, afin de définir clairement le
territoire sur lequel nous pouvons exercer notre souveraineté sur les
ressources, le fonds marin et le sous-sol;
3)assurer la gouvernance de l’Arctique et résoudre certains enjeux,
dont celui de la sécurité publique.
Nous conviendrons tous, sans doute, que
la rapidité du changement met à rude épreuve les capacités institutionnelles de
nos gouvernements; c’est pourquoi il faut maintenant se tourner vers le
dialogue international, la mobilisation et la collaboration.
Plus le Nord devient accessible aux
activités commerciales, plus il incombe aux gouvernements de résoudre leurs
différends et de mettre en place des régimes de réglementation appropriés afin
que la région connaisse la stabilité et la certitude. Si l’on ne s’entend pas
sur les frontières, la viabilité pourrait être en péril.
Voilà pourquoi le Canada considère
comme une priorité de faire avancer le débat sur la question des frontières.
Nous nous réjouissons de voir que la
Russie a récemment trouvé une solution à sa querelle avec la Norvège au sujet
de la mer de Barents, au terme de 40 ans d’intenses négociations.
Notre gouvernement accorde une haute
priorité aux efforts qui visent à faire reconnaître l’étendue complète de notre
plateau continental extérieur. Nous collaborons encore davantage avec nos
partenaires afin d’accélérer les activités de collecte de données et d’échange
d’information.
Le Canada déposera sa soumission devant
l’ONU, en 2013 comme prévu, conformément à la Convention des Nations Unies sur
le droit de la mer.
Nous avons aussi engagé des pourparlers
avec les États-Unis et le Danemark au sujet des derniers litiges frontaliers
dans la mer de Beaufort et l’île de Hans.
Le Canada exerce sa souveraineté
quotidiennement par sa bonne gouvernance et son intendance responsable, que ce
soit dans les secteurs du développement économique et social, de la science et
de la recherche, de la protection de l’environnement, des activités des Forces
armées canadiennes ou de celles de la Garde côtière.
Nous augmentons nos moyens d’action
dans le Nord afin de surveiller, protéger et patrouiller la terre, la mer et le
ciel.
Le Canada raffermit sa présence dans le
Nord.
Nous faisons l’acquisition de nouveaux
navires de patrouille plus modernes et nous augmentons le nombre des
installations vouées à l’entraînement de nos militaires – nous procédons à des
exercices militaires et à des opérations de surveillance – car notre volonté
d’exercer la souveraineté du Canada reste le pilier fondateur de notre
politique étrangère dans l’Arctique.
Par ailleurs, notre investissement dans
le projet RADARSAT nous permet de défendre notre souveraineté dans l’Arctique,
de protéger l’environnement arctique et toutes les ressources que nous
possédons dans le Nord.
Pour garantir le développement durable
de l’Arctique, il est essentiel de bien comprendre les moyens dont nous
disposons et les difficultés qu’il y a à développer les ressources de
l’Arctique, et mettre en place des lignes directrices et des normes
pertinentes.
Tant à l’échelle nationale que sur la
scène internationale, nos premières priorités seront d’élaborer un code
contraignant de navigation polaire, d’appliquer une réglementation sévère pour
encadrer les activités d’exploration pétrolière et gazière, et de fournir des
services hydrographiques pour garantir la sécurité de la navigation.
La sécurité maritime est un secteur
dont l’importance ne cesse de croître à mesure qu’augmente le nombre de navires
qui circulent dans les eaux du Nord et y connaissent des difficultés.
Le Canada se réjouit de voir que sera
adopté un Accord sur les opérations de recherche et sauvetage à la réunion
ministérielle de Nuuk.
Sur le plan national, le Canada montre
la voie depuis longtemps en ce qui concerne la protection du patrimoine
arctique. Nous avons été le premier pays à adopter une loi pour protéger les
eaux arctiques.
Récemment, nous avons mis en œuvre une
nouvelle réglementation qui oblige les navires à s’inscrire lorsqu’ils entrent
dans les eaux arctiques canadiennes.
Il ne s’agit pas de nuire à la
navigation, mais de protéger des écosystèmes fragiles et les collectivités du
Nord, et de faire la preuve de la détermination du Canada d’exercer sa
souveraineté sur ses terres et ses eaux.
Nous avons pris des engagements sérieux
dans le domaine de la science de l’Arctique – afin de donner un fondement
solide à notre politique environnementale et à nos prises de décision dans ce
domaine.
Le Canada, rappelons-le, est le pays
qui a le plus généreusement contribué à l’Année polaire internationale, ce qui
a permis de porter à de nouveaux sommets la recherche circumpolaire.
Il résultera de la participation du
Canada à l’Année polaire internationale la création d’une station de recherche
de calibre mondial à Cambridge Bay dans l’Extrême-Arctique.
Les retombées pour le Canada et pour
les chercheurs du monde entier seront énormes.
Plusieurs autres enjeux pourront être
abordés au cours du Forum qui s’amorce aujourd’hui : notamment la question
de la santé publique dans le Nord où un programme original de santé de la mère
et de l’enfant a été mis sur pied.
On pourra parler aussi de
l’interdiction imposée par l’UE à l’importation des produits canadiens du
phoque, qui est maintenant devant le tribunal international de l’OMC …
… ou les engagements du Canada devant
la Commission internationale de l’énergie nucléaire (AIEA) et dans le
Partenariat environnemental de la dimension septentrionale (PEDS) qui
s’intéresse au problème de l’élimination des déchets nucléaires en Russie.
Nous sommes bien déterminés à
travailler en collaboration avec nos voisins de l’Arctique à l’avancement de
nos priorités communes, …. À la résolution de nos problèmes communs et à la
réalisation de notre vision de l’Arctique, soit celle d’une région stable dans
laquelle les États arctiques unissent leurs efforts pour assurer un
développement durable.
Je vous
remercie de m’avoir donné la possibilité de prendre la parole devant
vous... et je me réjouis d’avance des discussions qui auront lieu tout au
long du forum.