Rapport
de l’honorable Maria Minna, C.P., députée (Beaches—East York), présidente, Femmes
parlementaires du Commonwealth – Section canadienne, « atelier
parlementaire sur le VIH/sida et les soignants non rémunérés », organisé
par le Parlement de la Barbade, Bridgetown, 4-5 juin 2010
L’atelier
de deux jours a accueilli divers spécialistes venus parler du VIH/sida et de la
situation des soignants, en particulier dans les Caraïbes et en Afrique. Les
discussions ont surtout porté sur le fait que même si le monde reconnaît
l'urgence d'aider les personnes atteintes et mourant du sida, nous n’avons tenu
aucun compte de ceux qui en prennent soin et qui sont presque toujours des
femmes et trop souvent des enfants, surtout des filles. Les discussions se sont
ensuite concentrées sur les soignants non rémunérés, la perte de leurs droits
de la personne et le rôle que les parlementaires devraient jouer pour leur
venir en aide.
Les
participants ont aussi discuté de la façon dont la culture, dans bien des cas,
freine l'éducation sur le VIH et les méthodes de prévention. On a par exemple
rapporté une pratique troublante selon laquelle des hommes violeraient des
vierges parce qu’ils croient que cela les guérira du VIH.
Les
participants s’entendent pour dire que la problématique du VIH/sida n’est pas
neutre sur le plan des sexes, surtout dans les régions rurales d'Afrique et
d’ailleurs. Ils reconnaissent l'importance d'éduquer les hommes et de tenir
compte de la culture.
On a
aussi fait valoir qu'il y avait actuellement une pénurie d’environ 40 000
infirmières et de 12 000 médecins en Afrique. La principale recommandation
à cet égard est de faire pression sur les pays donateurs pour qu'ils cessent de
recruter des médecins et des infirmières dans les pays en développement.
Les
parlementaires ont été encouragés à obtenir des données exactes sur la
disponibilité des services de santé dans leur propre région, y compris en ce
qui concerne la reproduction, les tests volontaires et le counselling, les
points de distribution de préservatifs ainsi que les centres de traitement et
de soutien. Les parlementaires doivent aussi veiller à ce que leurs pays affectent
et distribuent des fonds pour soutenir les services de santé, mais aussi pour
aider les familles où les parents meurent du sida.
Soins
non rémunérés du VIH dans les familles : différences entre les sexes
Les
femmes et les enfants, surtout les filles, perdent leurs droits de la personne
lorsqu'ils perdent le droit de travailler, de fréquenter l'école, d'accéder à
des services de santé et de vivre en sécurité.
Les
trois ou quatre derniers mois de la vie d’un sidéen en phase terminale
entraînent des bouleversements pour toute la famille. Souvent, ce sont les deux
parents qui sont mourants. Toutefois, avec la division du travail, la personne
qui était responsable de la maisonnée (la mère, la sœur, etc.) avant
l'apparition du sida est aussi celle qui s'occupe des mourants. Par conséquent,
quand les deux parents sont mourants, c’est la femme qui s'occupe de son mari.
À la mort du mari, c’est une autre femme qui vient au chevet de la mère
mourante. Dans bien des cas, c’est un enfant d'à peine sept ou huit ans qui vient
l’assister, généralement une fille. Les filles (parfois les garçons) se font
retirer de l'école pour rester au chevet de leurs parents jusqu'à leur mort.
Parce que les deux parents sont malades, la famille n’a plus de revenus et tout
retombe sur les épaules de l’enfant. L’enfant devient à la fois le soutien de
famille et le soignant. Le sida affecte tous les membres d'une famille et il
n’est pas rare que la situation empire là où il y a violence familiale.
Parce
que les ménages ne font pas partie de la définition économique du travail, on
ne tient pas compte du sexe dans la programmation des services relatifs au
sida. Le bien‑être des enfants s’en trouve donc compromis, puisqu'ils
perdent le droit à l'éducation, à la santé et à la sécurité. En fait, ils sont
privés de la liberté d’être des enfants, tout simplement. Les femmes perdent
aussi le droit de participer à la société, de s'instruire et de vivre en
sécurité. Ces femmes et ces enfants ne choisissent pas de vivre de cette
manière. À l’atelier, on a soulevé l'exemple d'une femme qui veillait sur sa
famille, dont tous les membres étaient atteints du sida, y compris sa fille,
devenue séropositive après avoir été violée à l'âge de neuf ans. Elle n'avait
certainement pas choisi cette situation.
Les
femmes et les enfants confrontés au VIH/sida sont aussi stigmatisés et victimes
de discrimination. Une jeune femme a avoué qu'elle n'avait pas le choix, que
personne ne venait l’aider. Elle souhaiterait étudier pour pouvoir prendre soin
de ses frères et sœurs, mais elle n’en a pas le temps, car sa mère agonise.
Ainsi stigmatisés, de nombreux enfants restent à la maison au lieu d'aller à
l'école parce que leurs parents sont malades.
Parce
qu’on passe souvent sous silence la division du travail et la violence familiale,
les mesures de prévention ne tiennent pas compte du fait que les femmes ne
contrôlent pas certaines situations, comme l'utilisation des condoms. De même,
on tient pour acquis que si l'on donne une bouteille de pilules à la mère pour
qu'elle puisse élever son enfant, elle prendra toutes les pilules pour
elle-même. En réalité, elle les partagera avec son mari et n'en prendra qu’une
au lieu de deux.
Lorsqu’on
tente de voir ce qui se passe réellement dans les familles, on néglige
d’analyser leur situation en fonction des sexes. Le rôle des femmes est
invisible et fortement ancré dans la culture : les parlementaires doivent
en tenir compte pour atteindre les objectifs de développement du millénaire.
Les parlementaires doivent aborder la question sous l'angle des droits de la
personne pour les femmes et les enfants.
À la fin
de l'atelier, les parlementaires ont discuté des mécanismes dont ils pourraient
se servir dans leurs parlements respectifs pour améliorer le sort des soignants
non rémunérés. Voici quelques-uns des mécanismes suggérés : motions et
déclarations à la Chambre, projets de loi d'initiative parlementaire, études
par des comités permanents, intégration d’analyses comparatives fondées sur les
sexes à toutes les politiques gouvernementales et, enfin, pétitions.
Les
participants ont ensuite rédigé le communiqué ci-joint.
Les
résultats de l'atelier éclaireront les décideurs et les aideront à changer les
conditions horribles dans lesquelles vivent des milliers de femmes et
d'enfants, jour après jour.
Respectueusement
soumis,
M. Russ Hiebert, député,
président
Section canadienne de l'Association parlementaire du Commonwealth (APC) pour
l'honorable Maria Minna, C.P., députée