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Groupe interparlementaire Canada-Japon

Rapport

Le Groupe interparlementaire Canada-Japon (GICJ ou l’« association ») a envoyé une délégation au Japon à l’occasion de la 20e rencontre bilatérale annuelle avec ses homologues de la législature japonaise, la Ligue d’amitié des parlementaires Japon-Canada, et d’autres rencontres avec des parlementaires, des fonctionnaires, des experts en la matière et des chefs de file dans le secteur de la recherche-développement du Japon. Le programme, qui s’est déroulé du 23 au 27 janvier 2017, était divisé entre Tokyo et Kyoto. La délégation était formée des coprésidents de l’association, l’honorable Paul J. Massicotte, sénateur, et M. Terry Sheehan, député; ainsi que de l’honorable Daniel Lang, sénateur; l’honorable Tobias Enverga, sénateur; M. Fin Donnelly, député, et M. Sukh Dhaliwal, député. La délégation était accompagnée par M. Julian Walker, conseiller pour l’association de la Bibliothèque de Parlement.

La principale raison d’être de l’association est de promouvoir les échanges entre les parlementaires japonais et canadiens, de proposer des initiatives susceptibles de mener à une meilleure compréhension mutuelle des problèmes bilatéraux et multilatéraux et de veiller à développer la coopération entre les deux pays dans tous les secteurs de l’activité humaine.

La 19e rencontre bilatérale a eu lieu en 2015 à Ottawa et à Toronto, lors d’une visite de la Ligue d’amitié des parlementaires au Canada. La 18e rencontre bilatérale s’est quant à elle déroulée en 2012. À cette occasion, une délégation canadienne s’est rendue à Tokyo et dans la région de Tohoku. L’association a été officiellement mise sur pied en 1981.

Consultations bilatérales officielles

La pierre angulaire des rencontres bilatérales est la journée des consultations officielles, durant laquelle les délégations se rencontrent pour discuter des thèmes choisis. Les trois sujets abordés le 24 janvier 2017 étaient le commerce, l’énergie ainsi que la paix et la sécurité.

Dans le cadre de la première table ronde sur l’énergie, M. Sheehan a pris la parole au nom du Canada et Katsumasa Suzuki a pris la parole au nom du Japon. M. Sheehan a présenté un aperçu de la relation commerciale mutuellement avantageuse qui existe entre le Canada et le Japon ainsi que des données à jour sur les investissements directs étrangers. Il a expliqué comment un accroissement des échanges commerciaux entre le Canada et le Japon peut procurer des avantages aux deux pays, tel qu’établi dans l’étude conjointe réalisée en 2012 sur l’Accord de partenariat économique (APE) Canada-Japon. L’APE a fait l’objet de plusieurs séries de négociations avant d’être annulée en raison des progrès accomplis dans l’établissement de l’accord commercial de Partenariat transpacifique (PTP). L’annonce faite par le président Trump selon laquelle il retirerait les États-Unis du PTP était au cœur de ces discussions, étant donné que ce retrait aurait des répercussions sur la manière dont le Canada et le Japon poursuivent la libéralisation des échanges. M. Sheehan a souligné le désir du Canada de conclure des négociations concernant l’APE, étant donné l’abandon probable du PTP. M. Suzuki a abordé les récents événements survenus aux États-Unis et a exprimé son point de vue sur l’importance de promouvoir le libre-échange plutôt que le protectionnisme économique, d’autant plus qu’une croissance économique est prévue dans la région de l’Asie-Pacifique. Il a souligné à quel point les constructeurs automobiles japonais ont bénéficié de l’ALENA et a insisté sur la nécessité de poursuivre la coopération économique entre le Canada et le Japon. Tandis que la délégation japonaise faisait remarquer que la position officielle du premier ministre Shinzo Abe était de continuer de promouvoir le PTP, il y a eu une discussion positive sur la prise en compte de l’APE comme plan de rechange.

Dans le cadre de la deuxième table ronde sur l’énergie, le sénateur Massicotte a pris la parole au nom du Canada et Asahiko Mihara a pris la parole au nom du Japon. M. Mihara a fourni un aperçu des plans énergétiques du Japon et a parlé des efforts déployés afin de rétablir une partie de la production d’énergie nucléaire à la suite de l’incident survenu à la centrale nucléaire de Fukishima en 2011, d’augmenter la production d’énergie renouvelable et d’établir une infrastructure permettant d’accroître son utilisation de gaz naturel liquéfié (GNL). Le sénateur Massicotte a passé en revue l’industrie canadienne de l’énergie, particulièrement en ce qui a trait à l’exportation de pétrole et de gaz naturel ainsi qu’aux sources d’énergie propre et renouvelable. Il a discuté des besoins énergétiques du Japon et de l’offre abondante du Canada en matière de GNL, de pétrole et de technologies de production d’énergie propre pouvant répondre à ces besoins. Il a également présenté le cadre sur les changements climatiques et les récents plans de tarification du carbone du Canada, en soulignant qu’un environnement sain et une économie forte vont de pair. Les deux délégations ont discuté des efforts déployés par le Japon pour diversifier ses sources d’énergie afin de respecter ses obligations en vertu de l’Accord de Paris et des différents moyens que peut employer le Canada pour contribuer à la réalisation de ces objectifs.

Dans le cadre de la table ronde sur la paix et la sécurité régionales, Masaharu Nakagawa a pris la parole au nom du Japon et M. Dhaliwal a pris la parole au nom du Canada. Tous deux ont discuté des solides relations bilatérales qui lient le Canada et le Japon depuis des décennies, de même que de leur collaboration en matière de maintien de la paix, de non-prolifération des armes nucléaires et de désarmement, d’aide humanitaire et d’intervention en cas de catastrophe, particulièrement par l’intermédiaire de la Déclaration conjointe sur la coopération en matière de politique, de paix et de sécurité signée en 2010. M. Dhaliwal a examiné les secteurs dans lesquels cette coopération s’élargit, en indiquant que le Canada espère être en mesure d’approuver l’accord sur l’acquisition et le soutien mutuel sous peu, puisque cela facilitera la coopération entre les forces canadiennes et japonaises et leur permettra d’échanger des produits et services de base, peu importe l’endroit où ces forces mènent leurs activités (que ce soit au cours d’exercices d’entraînement communs ou de missions de maintien de la paix et d’aide humanitaire des Nations Unies). Les délégations ont discuté d’enjeux importants touchant la région de l’Asie-Pacifique, notamment la présence militaire accrue de la Chine et les revendications territoriales dans la mer de Chine orientale et la mer de Chine méridionale, les programmes de mise au point de missiles et d’armes nucléaires de la Corée du Nord et les commentaires du président Trump concernant l’examen de l’alliance militaire entre le Japon et les États-Unis. Les délégations se sont entendues pour dire qu’en tant que démocraties pacifiques, le Canada et le Japon doivent continuer de donner au monde un exemple de travail commun en toute amitié.

Les délégations ont également participé à un déjeuner de travail et à un dîner officiel avec la Ligue d’amitié des parlementaires, durant lesquels il y a eu de nombreuses occasions de discuter plus en profondeur des relations entre le Canada et le Japon et des moyens d’améliorer la coopération. La délégation canadienne a fait une visite guidée du bâtiment de la Diète nationale et a été présentée officiellement à la Chambre des représentants durant sa séance plénière.

Les membres de la Diète du Japon ayant assisté à au moins une des tables rondes officielles, au dîner officiel et au déjeuner de travail étaient notamment Akihiro Ohata, Asahiko Mihara, Masaharu Nakagawa, Taimei Yamaguchi, Hiromi Mitsubayashi, Kastumasa Suzuki, Shingo Miyake, Kenzo Fujisue, Yukihisa Fujita, Yuichi Goto, Iwao Horii, Takako Suzuki, Masami Kawano, Takahiro Yokomichi, Takeo Kawamura, Naokazue Takemoto, Kanji Kato et Shingo Miyake.

Rencontres à Tokyo

Le 23 janvier 2017, le Comité a d’abord rencontré l’ambassadeur Ian Burney et les membres du personnel de l’ambassade du Canada afin d’examiner le contexte politique actuel du Japon et les principaux enjeux, défis et messages pertinents à la visite de la délégation. La délégation a ensuite rencontré le porte-parole de la Chambre des représentants, Tadamori Oshima, à sa résidence officielle. Ils ont discuté les activités du Groupe interparlementaire Canada-Japon et de la Ligue d’amitié des parlementaires qui se sont déroulées depuis la visite des coprésidents à Tokyo en septembre 2016. S’en est suivi une conversation touchant plusieurs sujets tels que l’importance de la promotion du libre-échange pour le Canada et le Japon, l’entrée en fonction du président Trump et ses récentes annonces, la position et les attentes du Canada en ce qui a trait à la renégociation possible de l’ALENA, le récent sommet du G7 à Tokyo ainsi que l’engagement à tisser des liens plus étroits pris par les premiers ministres Abe et Trudeau. Sénateur Massicotte et M. Sheehan ont discutés des intérêts du Canada à continuer de coopérer avec le Japon dans de nombreux secteurs tels que le libre-échange, la paix et la sécurité régionale ainsi que la promotion de valeurs démocratiques.

La délégation a ensuite effectué une visite du Collège doctoral de recherche politique du Japon. Après avoir décrit les programmes d’études supérieures, M. Narushige Michishita a amorcé une discussion informative sur la paix et la sécurité régionale et certaines des questions qui sont revenues à plusieurs reprises au cours de la visite, notamment les relations du Japon avec la Corée du Nord, la Chine et les États-Unis. La délégation en a appris davantage sur la stratégie de défense du Japon; ses plans en vue de renforcer sa capacité militaire et les réformes législatives requises à cette fin; son intention d’être en mesure de venir en aide à ses alliés au besoin ainsi que ses tentatives de renforcer ses partenariats non seulement avec les États-Unis, mais aussi avec des pays comme l’Australie et l’Inde.

La délégation a rencontré le vice-gouverneur adjoint de la Banque du Japon, Hiroshi Nakaso, qui a fait le point sur les progrès de la mise en œuvre des politiques fiscales et monétaires du Japon. M. Nakaso a indiqué que le Japon a réussi à faire baisser le taux de chômage, mais pas à maintenir les taux d’inflation à un niveau souhaitable. Il a noté, toutefois, que l’économie s’améliore, et a prévu une croissance en se fondant sur la stabilité des prix du pétrole. La discussion a ensuite porté sur les répercussions que pourrait avoir l’abandon du PTP sur l’économie et sur les différents moyens que prend le Japon pour tenter d’accroître la productivité et de faire face au vieillissement de la population, notamment en adoptant des réformes pour encourager les femmes à rester actives sur le marché du travail.

Le 25 janvier 2017, la délégation a rencontré des membres du Comité de l’économie, du commerce et de l’industrie de la Chambre basse. La rencontre était présidée par le président du Comité, Tomoko Ukishima, et les autres membres du comité présents étaient Yukari Sato, Michiyo Tagaki, Kenichiro Tagaki et Takaki Shirasuka. La délégation et les membres du Comité ont discuté des liens économiques étroits qui existent entre le Canada et le Japon et des mesures qui pourraient être prises pour améliorer le commerce avec le PTP dans le doute, comme un accord commercial bilatéral ou un autre accord régional multilatéral, comme le Partenariat économique global régional (un accord de libre-échange proposé entre les États membres de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est [ANASE], l’Australie, la Chine, l’Inde, le Japon, la Corée du Sud et la Nouvelle-Zélande). Les membres du Comité ont posé des questions sur la renégociation possible de l’ALENA. Les membres de la délégation ont expliqué à quel point le commerce entre le Canada et les États-Unis est important pour les deux pays et que rien n’indiquait encore que des renégociations auraient des répercussions majeures sur le Canada. À la fin de la rencontre, tous se sont entendus sur l’importance de promouvoir la poursuite de la coopération économique entre le Canada et le Japon, particulièrement pour répondre aux besoins énergétiques du Japon grâce aux ressources naturelles du Canada.

Une autre rencontre officielle a eu lieu avec le Comité de la sécurité de la Chambre basse. Cette rencontre était présidée par M. Tsuyoshi Yamaguchi, et les autres membres du comité présents étaient Itsunori Onodera, Yuichi Goto et Masakazu Hamachi. Le Comité et les membres de la délégation ont discuté de la manière dont les politiques de sécurité nationale du Japon étaient touchées par l’abandon possible du PTP, les commentaires du président Trump concernant l’alliance entre le Japon et les États-Unis et l’influence de la Russie et de la Chine dans la région. Les membres du Comité ont parlé des profondes préoccupations du Japon quant à la présence militaire accrue de la Chine dans la mer de Chine orientale et la mer de Chine méridionale ainsi qu’aux missiles longue portée et aux capacités nucléaires de la Corée du Nord. La délégation et les membres du Comité ont discuté de différents moyens que peut prendre le Canada pour améliorer sa collaboration avec le Japon et promouvoir le respect du droit international lors de conflits territoriaux.

Rencontres à Kyoto

Entre le 25 et le 27 janvier 2017, à Kyoto, le Comité a tenu des rencontres avec des politiciens locaux, dont Daisaku Kadokawa, maire de Kyoto, Keiji Yamada, gouverneur de la préfecture de Kyoto, et Hideyuki Tanaka, membre de la Chambre des représentants dont la circonscription se trouve à Kyoto. Pendant chacune des trois rencontres, la délégation en a appris davantage sur l’importance de la ville sur le plan de la culture et du patrimoine ainsi qu’en tant que centre pour la recherche, l’éducation et les industries traditionnelles. Au cours des discussions, les nombreux liens entre les universités de Kyoto et celles du Canada ont été explorés, ainsi que les moyens d’assurer leur expansion. Le rôle de Kyoto dans la promotion du développement durable a été soulevé à plusieurs reprises. Il a été expliqué que la ville utilise le message promotionnel « Do you Kyoto? » pour encourager les choix environnementaux durables. En ce sens, de nombreuses discussions ont porté sur la préservation du milieu naturel et la façon dont le Canada et le Japon peuvent coopérer pour promouvoir le développement durable.

Le Comité a également visité le parc scientifique de Kyoto et rencontré son président, Kazuyo Matsuo. Le parc scientifique de Kyoto, qui a ouvert ses portes en 1989, est une installation de recherche privée qui bénéficie du soutien de la préfecture de Kyoto, de la ville de Kyoto et de l’industrie locale. Il loge plus de 400 locataires issus d’entreprises et d’institutions qui mènent leurs activités, notamment, dans les secteurs des technologies de l’information et des communications, des biotechnologies, de l’électronique, des produits pharmaceutiques et de la machinerie. Le but du parc consiste à favoriser la création et la collaboration d’affaires entre l’industrie locale, les universités et le gouvernement. Il joue le rôle de carrefour d’innovation dans la région en assurant le regroupement et le réseautage d’experts locaux et en leur permettant d’utiliser des installations et de l’équipement. M. Matsuo a décrit la diversité des institutions et des entreprises (tant publiques que privées) qui travaillent au parc. Il a expliqué comment les services du parc peuvent apporter du soutien aux petites et moyennes entreprises, aux entreprises en démarrage et aux entrepreneurs. Les installations comprennent des locaux à bureaux, des laboratoires de recherche-développement ainsi que des salles de conférence et de réunion.

Au cours de sa visite au Japon, la délégation a été en mesure de promouvoir les intérêts du Canada et d’explorer, avec ses homologues japonais, des occasions de poursuivre la collaboration entre les deux pays dans différents secteurs, comme le commerce, la sécurité, l’environnement, la recherche ou les relations entre les habitants des deux pays. Les délégués sont revenus au pays avec une meilleure compréhension des moyens de promouvoir la collaboration Canada-Japon et de traiter les principaux problèmes qui menacent la paix et la sécurité dans la région de l’Asie-Pacifique. Au nom de la délégation, les coprésidents ont exprimé leur gratitude à leurs hôtes japonais pour leur accueil lors de cette rencontre bilatérale couronnée de succès. Les coprésidents leur ont également transmis une invitation dans l’espoir qu’ils envoient une délégation au Canada en 2018 à l’occasion de la 21e rencontre bilatérale.

Respectueusement soumis,

L’hon. Paul J. Massicotte, sénateur Coprésident Groupe interparlementaire Canada-Japon M. Terry Sheehan, député Coprésident Groupe interparlementaire Canada-Japon