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L’Association parlementaire canadienne de l’OTAN (AP OTAN) a l’honneur de présenter son rapport sur les réunions du Séminaire conjoint du Groupe spécial Méditerranée et Moyen-Orient (GSM) et de la Sous-commission sur les relations économiques transatlantiques (ESCTER), qui ont eu lieu à Florence, en Italie, du 26 au 28 novembre 2015. Le sénateur Raynell Andreychuk y représentait le Parlement du Canada.
SUJETS
- Élaboration d’une stratégie globale en vue de vaincre Daech et les autres mouvements terroristes djihadistes.
- Gestion de la crise des réfugiés; recherche de stabilité en Libye; les relations de l’Iran avec l’Occident.
- Les femmes et le développement.
- Les récentes percées dans le secteur de l’énergie.
APERÇU
Deux semaines après les multiples attaques terroristes qui ont tué 130 personnes à Paris, des législateurs des pays membres de l’OTAN et des pays de la Méditerranée et du Moyen-Orient se sont rencontrés à Florence, en Italie, en vue de prendre part au séminaire annuel du Groupe spécial Méditerranée et Moyen‑Orient (GSM) de l’AP OTAN. Les législateurs ont discuté d’une gamme de sujets suscitant des préoccupations dans la région euro‑atlantique et la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA). Le séminaire de haut niveau d’une durée de deux jours, organisé par le Parlement de l’Italie, a rassemblé plus de 250 participants, dont 100 législateurs de 38 pays. L’élaboration d’une stratégie globale visant à vaincre Daech et les autres mouvements terroristes djihadistes, la gestion de la crise des réfugiés, la recherche de stabilité en Libye, les relations de l’Iran avec l’Occident, les femmes et le développement, ainsi que les récentes percées dans le secteur de l’énergie étaient au cœur des discussions. Le présent rapport du séminaire fournira de l’information sur les discussions qu’y ont menées les parlementaires, les représentants gouvernementaux et militaires, les spécialistes et les représentants de la société civile.
M. Dario Nardella, maire de Florence, a accueilli les délégués dans une ville où la culture et le dialogue ont joué un rôle central tout au long de l’histoire. Selon lui, les enjeux d’aujourd’hui en matière de sécurité sont radicalement différents de ceux auxquels l’OTAN était confrontée pendant la guerre froide, la principale menace – le terrorisme – cherchant à exploiter les éléments et les valeurs de la démocratie. La complexité des enjeux fait en sorte qu’on ne peut les résoudre seul; elle exige coordination et coopération avec des partenaires de tous les niveaux. Quelques semaines avant la tenue du séminaire du GSM, le maire Nardella a organisé la Conférence mondiale des maires pendant laquelle les maires ont aussi discuté de la façon dont les villes doivent composer avec les groupes terroristes djihadistes et les attentats terroristes. M. Nardella a fait valoir que la préservation et l’avancement de l’art, de la culture et de l’identité jouent un rôle primordial dans la lutte contre la menace terroriste. C’est de cette façon que Florence s’est taillé une place dans l’histoire mondiale.
M. Gilbert Le Bris, président du GSM, a souligné que les législateurs des deux côtés de la mer Méditerranée – et au-delà – se réunissaient dans un esprit de dignité, confrontés à un ennemi commun dont ils pleurent les victimes. La rencontre avait plusieurs objectifs pour lui : renforcer la mobilisation politique entre tous les pays représentés; cerner les personnes qui peuvent apporter des changements démocratiques dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA); jouer un rôle de chef de file dans le dialogue entre toutes les parties.
M. Pietro Grasso, président du Sénat italien, a présenté sa vision des difficultés qui assaillent la région euro-atlantique et la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA) : faiblesse des institutions, lutte contre Daech, financement du terrorisme, crime organisé, migration et tensions entre la Turquie et la Russie. Toutes les personnes présentes dans la salle ont reconnu leur responsabilité partagée dans l’échec de l’établissement d’une stratégie et de politiques cohérentes pour prévenir ces difficultés. M. Grasso a toutefois poursuivi en disant qu’il est mal avisé de se concentrer uniquement sur les aspects négatifs. D’excellentes occasions s’offrent à la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA), et la communauté euro-atlantique doit être objective si elle veut construire des ponts, tant physiques que psychologiques. Les outils militaires ne seront pas suffisants pour lutter contre Daech et les autres groupes terroristes djihadistes : le renforcement des institutions et de l’État est nécessaire; la logique du « choc des civilisations » doit être rejetée; tous les mécanismes juridiques et opérationnels visant à s’attaquer à la criminalité transnationale doivent être mis à profit. Les États européens ne peuvent pas remettre en question leur obligation morale d’accueillir des réfugiés. Il faut empêcher les terroristes de s’infiltrer, mais il ne faut pas considérer que les migrants sont automatiquement des terroristes en puissance.
Le vice-amiral Michael T. Franken, commandant adjoint des Opérations militaires (DCMO) auprès du Commandement des forces des États-Unis en Afrique (AFRICOM), à Stuttgart, a présenté son point de vue sur la lutte contre les groupes terroristes djihadistes, qui est l’un des axes d’intervention de l’AFRICOM. Il a confié aux participants qu’un nombre croissant de membres de Daech se dirigent vers la Libye. Il ne s’agit pas d’un phénomène nouveau, mais d’une conséquence de la stratégie générale de Daech. En Afrique, le groupe terroriste djihadiste le plus meurtrier demeure Boko Haram. Tout de même, au Mali, al-Qaïda a perpétré une attaque mortelle contre un hôtel quelques jours à peine après les attentats de Paris, ce qui montre que le groupe possède toujours une capacité opérationnelle et est toujours engagé dans une lutte organisationnelle avec Daech.
Le vice-amiral a soutenu que Daech excelle à recruter de nouveaux combattants. Le sentiment d’isolement que vivent les recrues dans leur pays d’origine est un facteur clé. Cependant, pour fonctionner, Daech et les autres organisations terroristes ont besoin d’États en déroute ou d’États défaillants, ainsi que de régions plongées dans des guerres civiles en permanence ou bien où le gouvernement n’a aucune emprise. Ces groupes ne pourraient pas fonctionner dans des sociétés libres et stables. La communauté internationale ne peut lutter contre eux sans l’aide des populations locales. Ainsi, l’appui aux activités d’application de la loi, le développement économique, la bonne gouvernance, les contrôles frontaliers et les initiatives de lutte contre la corruption et le crime organisé représentent certains des axes d’intervention de la communauté internationale. Le vice-amiral Franken a conclu en disant que la lutte contre les groupes terroristes djihadistes sera un travail de longue haleine qui demandera patience, souplesse et créativité.
Pendant la discussion, le vice-amiral Franken a affirmé que les États-Unis possèdent raisonnablement de bons renseignements sur la présence de Daech en Libye. Il a reconnu que des erreurs ont été commises et que la difficulté consiste désormais à trouver la manière de les corriger.
Mme Roberta Pinotti, ministre de la Défense de l’Italie, a soutenu que la communauté internationale doit réfléchir plus en profondeur aux enjeux d’aujourd’hui en matière de sécurité. La communauté internationale doit certes gérer les urgences, mais elle ne doit pas s’attaquer uniquement à cela. L’Italie est très attachée à la lutte contre Daech, mais l’armée ne peut être qu’un des outils utilisés dans la stratégie globale. En ce qui concerne les enjeux en matière de sécurité dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA), Mme Pinotti a fait valoir que même si la plupart des pays ont fait preuve d’une grande ouverture au début du printemps arable, ils se concentrent désormais davantage sur les risques qui en ont découlé. La ministre a fait un tour d’horizon des enjeux actuels en matière de sécurité. Elle a soutenu que l’Occident doit agir très prudemment dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA) compte tenu du passé qu’elle y traîne. Elle a souligné le rôle des médias sociaux dans l’établissement d’un discours contre les djihadistes radicaux. En outre, elle a insisté sur l’importance d’une plus grande coopération en matière de renseignements, puisque la prévention du terrorisme et les enquêtes à ce sujet sont essentielles. Elle a conclu en disant qu’il est possible de vaincre Daech à titre d’organisation, mais que sa défaite ne signera pas la fin du terrorisme international.
Respectueusement soumis,
M. Jean Rioux |