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Section canadienne de l'Assemblée parlementaire de la Francophonie

Rapport

La Section canadienne de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (la Section) a participé à la 38e Assemblée Régionale Amérique de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF) à Bâton Rouge, en Louisiane, du 5 au 7 septembre 2023. La délégation canadienne était composée de sept parlementaires :

  • • Francis Drouin, député, Président de l’APF et président de la Section;
  • • Darrell Samson, député, vice-président et président délégué de la Section;
  • • René Villemure, député, vice-président de la Section;
  • • l’honorable Jean-Guy Dagenais, sénateur;
  • • l’honorable Éric Forest, sénateur;
  • • Joël Godin, député; et
  • • Marie-France Lalonde, députée.

Ils étaient accompagnés par deux membres du personnel de la Section : Julie Pelletier, secrétaire et Dominique Montpetit, conseillère.

Au total, 10 sections de l’APF étaient représentées, rassemblant plus de 20 parlementaires.

RÉUNION DE LA CONFÉRENCE DES PRÉSIDENCES DE SECTION

Le 5 septembre 2023, Francis Drouin, Président de l’APF et Darrell Samson, président délégué, ont participé à la Conférence des présidences de section (la Conférence) au nom de la Section canadienne de l’APF. Cette réunion a été l’occasion de faire le suivi des travaux entamés lors des réunions précédentes de la Conférence, de faire un retour sur les travaux accomplis lors des dernières réunions statutaires de l’APF et d’entamer des discussions sur les activités futures de la Région Amérique.

Le secrétaire général de l’APF, Damien Cesselin, a présenté des informations détaillées sur les récents travaux des instances de l’APF. De plus, les participants à la Conférence ont échangé au sujet des Statuts révisés, du nouveau cadre stratégique 2023-2030 et de la Déclaration sur la mobilité citoyenne dans l’espace francophone, tous trois adoptés lors de la Session annuelle de l’APF en juillet 2023.

Par la suite, le délégué régional Amérique, Stéphane Sarrazin, député (Ontario), a présenté les faits saillants des activités de la Région Amérique de l’APF pour la période allant de mars à août 2023. Il a entre autres noté qu’une activité de rapprochement avec la Chambre des députés et le Sénat du Mexique avait eu lieu en mars 2023. Le délégué régional Amérique a également présenté les rapports sur les recettes et déboursés du fonds de la Région Amérique pour les années financières 2022-2023 et 2023-2024 ainsi que les prévisions budgétaires pour l’année 2023-2024.

La Conférence a par la suite tenu une période d’échanges sur l’actualité parlementaire des sections de la Région Amérique. Darrell Samson a partagé de l’information sur la situation au Parlement du Canada. Il a notamment partagé des détails sur l’adoption du projet de loi C-13, qui modifie la Loi sur les langues officielles dans le but de mieux servir les communautés de langue officielle en situation minoritaire partout au Canada. M. Samson a noté que cette modernisation de la Loi permet de renforcer les obligations de bilinguisme des institutions fédérales ainsi que le droit à l’instruction dans la langue minoritaire, améliore l’accès à la justice dans la langue officielle de son choix et donne plus de pouvoir au Commissariat aux langues officielles. M. Samson a terminé son intervention en partageant de l’information sur deux autres projets de loi qui ont occupé les travaux parlementaires au printemps 2023 : la Loi sur la diffusion continue en ligne, qui a été adoptée le 27 avril 2023 et la Loi sur les nouvelles en ligne, qui a été adoptée le 22 juin 2023.

Les participants à la Conférence ont ensuite échangé sur différents points à l’ordre du jour, notamment sur l’échéancier de la révision du Règlement de la Région Amérique (qui a été approuvé par les participants), l’inscription de la thématique de développement durable dans le Cadre stratégique 2023 2030 de l’APF (sur proposition de la Région Amérique) et la Déclaration sur la situation politique en Haïti qui a été adoptée par le Bureau de l’APF en janvier 2023.

Par la suite, les participants à la Conférence ont participé à un atelier visant à identifier les orientations stratégiques et les actions à inclure dans le plan de travail de la Région Amérique pour la période 2023 2030. Durant cette discussion, Darrell Samson a proposé d’arrimer la période du plan de travail avec celle du cadre stratégique de l’APF, soit 2023-2030; une proposition qui a été adoptée par les participants. D’autres consultations auront lieu au sujet des priorités et des activités à prévoir à l’automne 2023.

Finalement, Darrell Samson a rappelé aux participants à la Conférence que la prochaine Session annuelle de l’APF aura lieu à Montréal (Québec, Canada) à l’invitation du Parlement du Canada. Il a invité toutes les sections de la Région Amérique à y participer et à venir en grand nombre.

38E ASSEMBLÉE RÉGIONALE AMÉRIQUE

L’Assemblée régionale Amérique s’est tenue les 5 et 6 septembre 2023 sous le thème « La place du français, de l’école à la vie professionnelle et politique ». Mike Huval (représentant, Louisiane) et Francis Drouin, Président de l’APF ont ouvert la rencontre, qui a permis aux participants d’échanger et d’en apprendre davantage sur la francophonie louisianaise et sur les efforts pour promouvoir le français dans cet État.

Conférence d’ouverture

Les travaux ont débuté par une présentation intitulée « Entre frontières et identités : Vers de nouveaux horizons d’appartenance dans la Francophonie » de Claire-Marie Brisson, une Franco-Michiganaise, professeure de français à l’Université Harvard. Durant sa présentation, Mme Brisson a mis l’emphase sur le fait que les langues et les identités ne sont pas confinées par les frontières. Souvent, les identités sont comparées à des racines, mais Mme Brisson a plutôt présenté le concept d’identité « rhizomatique ». Le concept de pensée rhizomatique suggère que les individus ne sont pas définis par des identités fixes, mais plutôt que ces identités sont complexes et fluides. Pour favoriser le sentiment d’appartenance à la francophonie des Amériques, Mme Brisson a noté qu’il est important de garantir que les projets de coopération bilatéraux sont aussi inclusifs et vibrants que possible et qu’ils sont nourris par les communautés elles-mêmes. Elle a ajouté qu’il est important de penser à de nouveaux horizons d’appartenance et de donner une nouvelle visibilité au sujet francophone dans les Amériques dans le but de convaincre les anglophones de la nécessité de protéger et de promouvoir le français.

Une période d’échanges a eu lieu après la conférence d’ouverture. Francis Drouin a demandé à Mme Brisson si elle avait travaillé sur le phénomène des jeunes qui apprennent désormais plusieurs langues et s’il y avait des différences à cet égard entre l’Europe et l’Amérique du Nord. Mme Brisson a noté que pour promouvoir l’apprentissage et l’utilisation du français chez les jeunes, il est important d’être fier du bilinguisme et de promouvoir le français comme langue de commerce, d’éducation et d’échanges.

De son côté, Darrell Samson a souligné combien le système d’éducation pouvait permettre d’apprendre l’histoire et promouvoir le sentiment d’appartenance à la francophonie. Mme Brisson a ajouté qu’en plus de l’école soit importante, d’autres ressources sont aussi disponibles pour atteindre ce même but, par exemple la radio ou la télévision. Elle a ajouté que la francophonie se vivait aussi à l’extérieur de l’école et qu’il ne s’agissait pas seulement d’une réalité académique; l’école doit mettre de l’avant les bénéfices à long terme d’apprendre une autre langue.

De son côté, Joël Godin a demandé à Mme Brisson d’identifier sa priorité d’action pour les législateurs des Amériques en matière de promotion et de défense de la langue française. Mme Brisson a répondu qu’il était important de s’ouvrir à toutes les francophonies, incluant celles qui sont en dehors des espaces géographiques traditionnellement francophones.

Mme Brisson a ensuite demandé aux parlementaires présents d’identifier des actions qu’ils envisagent de prendre pour promouvoir la langue française. L’honorable Éric Forest a mentionné qu’il est crucial de valoriser le sentiment d’appartenance envers la francophonie des Amériques et de développer la fierté d’être francophone. L’honorable Jean-Guy Dagenais a souligné l’importance de la culture, y compris la musique, pour arriver à ce but. Finalement, René Villemure a souligné qu’une des problématiques auxquelles le monde francophone est confronté est l’attractivité de l’anglais et la facilité d’utiliser cette langue par défaut. Mme Brisson a noté qu’il est important de promouvoir le français comme une langue d’avenir et d’opportunité.

Séances de travail

La renaissance de la langue française à l’école : le cas de la Louisiane

Le thème de la première séance de travail était « La renaissance de la langue française à l’école : le cas de la Louisiane ». Les panélistes invitées étaient Michèle Braud (superviseure des programmes de langues au ministère de l’Éducation de la Louisiane) et Peggy Feehan (directrice générale du Conseil pour le développement du Français en Louisiane, administratrice du Centre de la francophonie des Amériques et Sherpa de la Louisiane pour la Francophonie). Les panélistes ont présenté un aperçu de l’histoire linguistique de la Louisiane, en soulignant notamment les explorations françaises et espagnoles ainsi que l’arrivée des esclaves ouest-africains, des Acadiens et des Haïtiens sur le territoire. Elles ont ensuite mis l’emphase sur le développement de différentes initiatives linguistiques visant à préserver et promouvoir les « langues patrimoniales », incluant le français. Par exemple, elles ont souligné le mandat de loi sur l’enseignement du français et l’arrivée des premiers enseignants de français au début des années 1970. Elles ont d’ailleurs mentionné l’importance du Louisiana International Associate Teacher Program dans la mise en œuvre de la vision éducative linguistique de la Louisiane.

À la suite de la présentation, Francis Drouin a noté les similitudes entre l’histoire de l’enseignement du français en Louisiane avec celle de l’Ontario, où l’enseignement du français a aussi été interdit dans le passé.

L’essor du tourisme francophone culturel

La deuxième séance de travail était dirigée par Joseph Dunn (entrepreneur et directeur des relations publiques et du marketing de la plantation Laura) et par Lawson Ota (fondateur de Tours by Marguerite). La séance avait pour thème « L’essor du tourisme francophone culturel ». Des millions de touristes francophones visitent la Louisiane chaque année. Cette séance avait pour but d’aborder les différentes façons de promouvoir l’usage de la langue française dans le milieu touristique en Louisiane. Durant leur présentation, les panélistes ont mis l’emphase sur l’importance de proposer une expérience francophone aux touristes. L’offre d’un service en français, mais aussi le développement de matériel en français (et non seulement la traduction de matériel), peut mener à des retombées importantes pour les lieux touristiques : à la plantation Laura, l’augmentation de l’offre francophone a mené à une augmentation de la fréquentation du site par des touristes francophones (augmentation de près de 10 % entre 2022 et 2023). Toutefois, les panélistes ont identifié certaines lacunes dans l’industrie touristique en Louisiane qui affectent la capacité d’augmenter l’offre en français, notamment le manque de formation universitaire ou professionnelle en français, l’absence de priorisation ou de politique d’embauche favorisant les candidats ayant des compétences en français et le manque de personnel francophone dans les administrations touristiques (au niveau de l’État ou des villes).

À la suite de la présentation, René Villemure a noté que l’absence de service touristique en français pouvait être un frein pour plusieurs personnes désirant visiter la Louisiane. Les panélistes ont répondu que la volonté politique de s’assurer que des services soient disponibles en français n’est pas présente et qu’il est malheureusement difficile de développer une offre s’il n’y a pas de demande officielle pour ces services.

L’honorable Éric Forest a demandé des précisions sur l’importance de l’industrie touristique pour l’économie de la Louisiane et sur les données existantes pour mesurer l’importance du fait français pour l’économie de la Louisiane. Il a expliqué que ces données pourraient informer les décideurs politiques et les convaincre du bien-fondé d’investir dans le tourisme francophone. Les panélistes ont indiqué qu’un sondage était en cours à ce sujet. Ils ont ajouté qu’un sondage sur l’économie culturelle a été mené en 2008-2009, mais qu’à l’époque on n’avait pas pensé inclure une question sur les langues. Ils ont précisé qu’il est difficile de faire considérer les langues comme une ressource économique aux États-Unis.

Darrell Samson a souligné qu’il est possible que la collecte de données sur l’importance du tourisme francophone en Louisiane puisse permettre de faire valoir l’argument que le développement d’une offre touristique en français augmenterait les retombées économiques pour la Louisiane. Il a donné l’exemple de communautés en Nouvelle-Écosse où des francophones sont engagés pour la période estivale, lorsque la saison touristique bat son plein.

Le rôle de la politique et de la diplomatie pour la pérennisation de la francophonie dans les Amériques

La troisième séance de travail était dirigée par Philippe Gustin (ancien directeur du Conseil pour le développement du Français en Louisiane et du Centre international de Lafayette). La séance avait pour thème « Le rôle de la politique et de la diplomatie pour la pérennisation de la francophonie dans les Amériques ». Les panélistes ont souligné le besoin pour la Louisiane d’avoir des femmes et des hommes politiques à tous les niveaux municipal, régional et étatique pour faire avancer la francophonie. Ils ont chacun présenté l’histoire de leur engagement envers la francophonie louisianaise. À la suite des présentations, Darrell Samson a noté que pour les politiciens francophones, le sujet de la langue était omniprésent dans toutes les sphères de leur activité, contrairement aux politiciens anglophones au Canada qui n’ont pas toujours ces mêmes préoccupations linguistiques. Dans cette situation, les leaders communautaires francophones jouent un rôle d’importance pour sensibiliser les politiciens à la réalité francophone et pour pérenniser les échanges francophones.

Finalisation des travaux de l’Assemblée régionale Amérique

Au terme des travaux, l’Assemblée régionale Amérique a adopté trois déclarations :

  • Déclaration pour la valorisation des langues francocréolophones;
  • Déclaration de solidarité avec la Région Afrique;
  • Déclaration de volonté d’implication de la Région Amérique.

La Déclaration de solidarité avec la Région Afrique a été proposée par Darrell Samson au nom de la Section canadienne de l’APF. Dans cette déclaration, l’Assemblée régionale Amérique :

  • réaffirme son soutien indéfectible envers la démocratie, l’État de droit et les droits de la personne, principes établis dans les Déclarations de Bamako et de Saint-Boniface;
  • condamne les coups d’État et le recours à la force comme mode de résolution des conflits et d’accès au pouvoir, ainsi que toutes formes de violence envers les parlementaires et appelle au retour à l’ordre démocratique constitutionnel au sein des sections membres de l’APF;
  • propose au délégué régional Amérique d’offrir au délégué régional Afrique d’instaurer un dialogue en vue de bonifier leur coopération, et demande au délégué régional Amérique de faire rapport sur les conclusions de ce dialogue.

Les participants ont ensuite adopté les rapports des recettes et déboursés du Fonds de la Région Amérique pour les années 2022-2023 et 2023-2024 ainsi que les prévisions budgétaires modifiées pour 2023-2024.

Pour terminer la rencontre, les participants ont échangé sur les prochaines activités de la Région Amérique. Lucille Collard (députée, Ontario) a invité les participants à la prochaine Assemblée régionale Amérique qui aura lieu à Toronto en août 2024. Darrell Samson a pris la parole pour rappeler aux participants que la prochaine Session annuelle de l’APF aura lieu à Montréal (Québec, Canada) à l’invitation du Parlement du Canada. Il a invité toutes les sections de la Région Amérique à y participer et à venir en grand nombre. Il a d’ailleurs rappelé qu’un Parlement francophone des jeunes sera organisé conjointement à la Session annuelle.

VOLET CULTUREL

Le 7 septembre 2023, les participants à l’Assemblée régionale Amérique ont eu l’occasion de visiter plusieurs sites au pays cadien en Louisiane et d’en apprendre davantage sur les liens entre l’Acadie et les Cadiens louisianais. En particulier, les participants ont eu l’occasion d’échanger avec le représentant Mike Huval (Chambre des représentants de la Louisiane) et de rencontrer des artistes cajuns lors d’une visite dans son comté.

Les participants ont aussi visité le centre artistique et culturel NUNU où ils ont pu rencontrer des membres de la communauté francophone de la région. Ce centre, situé à Arnaudville (Louisiane), favorise le développement d’une culture vivante en combinant l’art, la musique, la danse et le français. Selon le site Web du centre, 40 % des résidents de la région parlent le français au quotidien[1].

Les participants ont également visité la Maison Stéphanie, aussi située à Arnaudville, où ils ont pu en apprendre davantage sur l’histoire francophone et cadienne de la région ainsi que de l’établissement. La Maison Stéphanie a été complétée vers 1795 et a été donnée à Martin Milony Duralde, un Français de la région basque, par le gouvernement espagnol[2]. Au fil du temps, la maison a accueilli plusieurs familles francophones.



Respectueusement soumis,




M. Francis Drouin, député

Président de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie

Président, Section canadienne de l'Assemblée parlementaire de la Francophonie



[1] NUNU Arts and Culture Collective, History [EN ANGLAIS].
[2] Maison Stéphanie, About Maison Stéphanie [EN ANGLAIS].